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Citations sur La Parade des enfants perdus (8)

Le propriétaire du cirque, la femme qui me fixait d'un air dégoûté, le géant assis sur la chaise - comme les personnages d'une histoire que me lisait ma mère.
Un cirque en pleine guerre, ça existe donc encore ?
J'aurais été moins surprise de me retrouver sur la lune.
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- Tout va bien. C'est un beau bébé, a répondu le médecin.
Je n'étais pas censée voir l'enfant, mais quelque chose clochait dans sa voix, son front plissé, ses yeux fixés sous le drap. En me penchant, j'ai aperçu deux yeux noir charbon qui n'avaient rien d'aryen. J'ai compris le désarroi de l'accoucheur : mon enfant n'entrait pas dans les canons de la race parfaite. Des gènes lointains avaient ressurgi pour lui donner ces yeux sombres et ce teint olivâtre. Il n'appartiendrait jamais au Lebensborn.
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Les troupes de forains existent depuis l'Antiquité, notre tradition est ancestrale. Nous avons survécu au Moyen Age, aux guerres napoléoniennes, à la Grande Guerre. Assurément, nous survivrons à celle-ci.
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j’ai toujours eu un corps musclé jusqu’à ce que la grossesse arrondisse mes formes. Je m’étais toujours crue insignifiante, avant que l’Allemand me murmure des mots doux à l’oreille.

Je me suis confiée à la vieille dame, sur ma grossesse, la réaction de mes parents, mon départ. C’est elle qui m’a conseillé d’aller à Wiesbaden et qui a griffonné sur un papier que je portais un enfant du Reich. Pas une seconde je n’ai songé à refuser son aide ou que l’Allemagne puisse se révéler dangereuse. « Des couples se languissent d’enfants qui te ressemblent », répétait-elle. Mes parents auraient préféré mourir plutôt que d’accepter l’aide des Allemands. Mais la dame a insisté, elle a expliqué qu’on m’hébergerait. Moi, je ne savais pas où aller.
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Le milieu du cirque égalise les races, les classes, les origines. On est tous pareils, le talent fait la différence.
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J’ai passé six mois à lire, aider aux travaux ménagers jusqu’à ce que mon ventre soit trop rond. Le bâtiment, moderne, propre, était conçu pour accueillir les naissances de bébés sains et blonds, des bébés pour le Reich. J’ai fait la connaissance d’Eva, une fille costaude, plus avancée que moi dans sa grossesse. Une nuit, elle s’est réveillée dans une mare de sang. Ils l’ont transportée à l’hôpital, je n’ai jamais revu Eva. Après ça, je me suis renfermée. Aucune de nous n’était destinée à rester longtemps, de toute façon.
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Par chance, on cherchait une femme de ménage à la gare. Je dors sur un matelas jeté à même le sol du petit abri. Je porte la même robe depuis des mois. Une seule différence : maintenant, elle bâille sur le devant. Je jure que ça changera : je trouverai un autre boulot qui paye plus que le minimum vital, et une vraie maison aussi.
La porte vitrée me renvoie mon reflet. J’ai l’allure qu’il faut avoir : des cheveux blonds qui s’éclaircissent encore au soleil, des yeux bleus. Ma pâleur me gênait, ici c’est un atout.
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La gare est nichée au creux d’un vallon, trois pentes recouvertes de sapins aux branches alourdies par la neige. Le ciel ressemble à un collage ivoire et gris, des flocons menacent en cette nuit de février. Une légère odeur de brûlé flotte dans l’air. Avant la guerre, Bensheim était juste un arrêt sur la voie ferrée, les voyageurs le remarquaient à peine. Mais les Allemands exploitent le moindre lieu : celui-ci est bon pour le stationnement des trains et l’entretien des motrices, surtout la nuit.

Je suis ici depuis quatre mois. L’automne était plutôt agréable, et moi bien contente de trouver un toit après qu’on m’eut congédiée avec rien de plus qu’un baluchon contenant deux jours de pitance, trois en me serrant la ceinture.

J’ai atterri dans un foyer pour jeunes filles quand mes parents ont compris que j’étais enceinte. C’était forcément dans un trou perdu, au nom de la sacro-sainte discrétion. En me relâchant, la directrice aurait pu me conduire jusqu’à Mayence ou dans une ville. Mais non, elle a juste ouvert la porte, je suis partie à pied. J’ai marché jusqu’à la gare, et là j’ai réalisé que je n’avais nulle part où aller. Pendant ma grossesse, j’ai souvent pensé à rentrer à la maison pour supplier que l’on me pardonne. Je ne suis pas si fière, je me serais même jetée à genoux si ça avait pu aider. Mais le jour où mon père m’a flanquée dehors, j’ai lu dans ses yeux que son cœur s’était claquemuré. Je n’aurais pas supporté un second bannissement…
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