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3,45

sur 459 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dès l'incipit, le récit s'impose : « Oscar est mort parce que je l'ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d'une balançoire, comme les enfants dans les faits divers. »

C'est intrigant, dérangeant, et c'est avec une certaine inquiétude que l'on pourvoit la découverte de l'ado qui s'est ainsi livré au lecteur. Et l'on découvre une personnalité plutôt ordinaire, peut-être un peu plus angoissé que la moyenne, mais avec les mêmes préoccupations, plaire, s'intégrer, mais pas trop, pour conserver une part de mystère. La vie quotidienne d'un futur adulte. A ceci prêt qu'il s'est ajouté une charge mentale énorme, en laissant celui qui n'était même pas son pote et qui était passablement bourré, mourir sous ses yeux. Il fait même pire et cela je ne le révèle pas. le texte est suffisamment court et dense, pour laisser au lecteur le soin de découvrir les moments clés de l'histoire.

Roman très habile pour insuffler des sentiments contradictoires d'empathie et de rejet pour le jeune garçon coupable sans l'être mais qui s'enferme dans une impasse invivable, tandis que la vie au camping continue dans sa banalité et ses trivialités ordinaires. A la fois lucide et insensé, le passage à l'acte n'est qu'un reflet de sa détresse dans un monde qu'il ne reconnait pas comme le sien.

Grand art également pour la chute, mais chut!
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On suffoque un peu, il fait chaud mais on est aussi mal à l'aise dans la peau du personnage de Léonard.
Quand il découvre un corps tout va mal pour lui, sa tête se déglingue et il se conduit bizarrement.
Les vacances au camping de Léonard c'est l'enfer, la chaleur et les filles qui chamboulent sont taux de testostérones.
La vie continue mais dans quelles conditions insupportables.
Les mots se bloquent, son état de tourmente l'empêche de respirer et de profiter de ses vacances.
"Oscar est mort!"
L'auteur nous emporte dans la tourmente d'un jeune homme mal dans sa peau et un poids dans sa conscience pèse jusqu'à la fin de son séjour.

Une lecture agréable et prenante, un bon premier roman que je vous conseille de lire.


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Quoi ? Un camping des Landes fin août ? Vraiment... ?

Avec ce premier roman "coup de poing", Victor Jestin réussit un premier pari sacrément osé : tenir le lecteur durant la dernière journée de vacances de son personnage dans un camping des Landes. Parents, jeune frère, petite soeur et le chien. Toile de tente et vaisselle derrières les sanitaires. Animateur déguisé en lapin rose, pétanque, apéro. Tout ça. le narrateur n'a que mépris pour ce camping, mais s'y résigne et ne cherche pas à nous le faire détester. On s'y attache presque : par habitude (rapide), par désintérêt (tout est camping, mais le camping n'est pas si présent)...

Tout est ainsi construit dans le très court roman de Victor Jestin. Peu de mots, peu d'images. Rien que l'essentiel : faire ressentir, furtivement, pour installer, efficacement. Il construit ainsi un personnage captivant : Léonard, dix-sept ans, anti-héros à rebours de l'adolescence, introverti et solitaire, volontiers mélancolique. Mais également envieux, jaloux, égocentrique.

Alors qu'il regarde Oscar s'étrangler sous ses yeux, sans réagir, il se demande s'il l'a tué. La question, probablement philosophique, n'a d'intérêt que pour servir le véritable sujet du récit : l'adolescence. Tout dans ce camping sert la démonstration : les groupes et les solitaires, les jeunes populaires et les autres. Les filles surtout et l'obsession sexuelle estivale.

Surtout, la chaleur. Cette chaleur accablante du sud-ouest, terriblement pesante jusque dans l'écriture, à l'économie d'énergie. La chaleur qui ralentit les corps mais électrise les âmes. Dans son introversion, Léonard place une telle intensité qu'il se révèle, finalement, l'archétype adolescent, coincé sur des montagnes russes duales, qu'il subit en partie, qu'il se construit aussi, jusqu'à l'extrême. Et la chaleur crée le lien, tisse la trame et nivelle le récit, augmentant l'insignifiant et normalisant le plus dérangeant.

Un roman bref, incisif et puissant, qui aurait pu être largement approfondi. On regrettera que les autres personnages ne soient tous que secondaires, présents pour le seul service du portrait et du parcours de Léonard.

Heureux de découvrir, grâce à cette nouvelle rentrée littéraire, un jeune auteur à suivre, avec attention. Malgré la brièveté du récit et une écriture simple et feutrée, il s'autorise quelques fulgurances délicieuses : "il n'y avait plus qu'Oscar. Il cadavrait"
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Quel choc ! Ce roman court, mais combien audacieux, a eu le mérite de chambouler mon esprit en 2 heures de lecture alors que je somnolais dans un train. J'en suis restée complètement abasourdie de tant de sentiments mêlés, de mots dits et tus, de violence et de tendresse inavouée. Prodigieux de pouvoir ainsi en 139 pages vous emmener d'une rive à l'autre d'émotions aussi contradictoires. Bravo à cet auteur de 25 ans que je salue avec admiration.
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Vraiment j'ai beaucoup aimé ce roman décisif, dans lequel l'adolescence joue un rôle important.
Il fait chaud, la famille de Léonard va bientôt rentrer en Bretagne et le garçon assiste au "suicide"? de Oscar, un jeune sur le même camping.
Ce roman met en évidence le drame vécu par cet adolescent en proie aux sentiments troubles de cet âge.
L'atmosphère est fort bien décrite: les parents s'amusent, les enfants suivent...
Un très bon roman.
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« Oscar est mort parce que je l ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d une balançoire. »

Dès les premiers mots, le lecteur est embarqué dans cette histoire d'une banalité terrible, celle d'un ado qui a franchi la frontière invisible entre le comportement civilisé et la barbarie.

Léonard est un ado assez ordinaire, vivant dans une famille tout aussi ordinaire : trois enfants, un chien, des vacances au camping. Rien ne semble le prédisposer à cet acte insensé, laisser mourir un autre ado sans intervenir et cacher son corps. le jeune homme a un téléphone portable, il s'intéresse aux filles, se rend aux soirées du camping - passage obligé de tout ado qui se respecte - et aime sa famille.

Pourtant, cette nuit-là, Léonard passe du côté obscur, sans se l'expliquer à lui-même.

La chaleur est le récit à la première personne de quelques jours d'errance de l'ado dans ce camping où tout lui semble surjoué, où la détresse affleure sous les dehors d'une joie artificielle. Dans la touffeur d'un été finissant, Léonard ne comprend pas le monde, son monde. Il voudrait en faire partie mais ne maîtrise ni les codes ni l'intérêt des comportements de ses pairs. Il se laisse porter par les évènements, sans empathie, sans ressentir la douleur de la mère d'Oscar ou le manque affectif de Luce. La culpabilité qui tente de se frayer un chemin jusqu'à sa conscience est noyée par le mal-être du jeune homme. Il s'enfonce dans une série d'actes aussi fous et inexplicables les uns que les autres.

Tour à tour effrayant et pathétique, Léonard décrit ses journées qui sourdent d'une violence psychologique effarante, violence qu'il s'inflige à lui-même et aux autres. Portrait d'un ado à la dérive, sans réelle raison, ce roman montre de façon implacable à quel point le basculement dans une forme de sociopathie est facile pendant cette période charnière de l'adolescence. On a envie de le secouer, de le gifler, de le prendre dans les bras.

Victor Jestin a reçu le Prix des Lycéens pour ce livre en 2019. Pour ma part, je ne le mettrais pas dans les mains de tous les jeunes, seulement à ceux qui ont déjà passé le cap de la crise d'adolescence. Très bien écrit, on ne sort
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Coup de coeur pour ce court roman ultra percutant, à lire absolument!

Leonard passe un été interminable en compagnie de sa famille dans un camping des landes. Là, tout l'accable : la chaleur, le bruit des fêtes sur la plage, la promiscuité, et, surtout, cette éclatante joie de vivre que les autres semblent afficher en toute circonstance, heureux de profiter d'un bel été. Une nuit d'insomnie, alors qu'il erre dans le camping en trainant sa mélancolie, il est témoin d'une scène choc : il aperçoit Oscar, un jeune du camp, en train de suffoquer sur une balançoire, les cordes emmêlées autour du cou. Tétanisé, Léonard ne bouge pas d'un pouce et assiste à la longue agonie d'Oscar, sans lui venir en aide…

En quelques 140 pages, Victor Jestin réussi à nous embarquer, dès les premières lignes, dans une histoire hyper forte et prenante, avec cette scène incroyable de la mort d'Oscar.

J'ai adoré l'atmosphère si particulière qui se dégage de ce roman ; les personnages semblent crouler sous la chaleur, oppressés par un soleil impitoyable qui annihile toute réflexion. Les paysages sauvages des landes se font menaçants, comme si le héros était pris au piège en un lieu qu'il ne pourrait jamais plus quitter. C'est ce petit côté huis-clos qui m'a finalement le plus marqué.

Les états d'âme du héros, ainsi que la culpabilité qu'il ressent pour être resté passif face à la détresse d'Oscar, soulèvent également de vraies questions : qu'est ce qui a motivé cette réaction incroyable ? Pourquoi Léonard est-il resté cloué sur place, en spectateur malsain, fasciné par l'agonie d'un camarade – certes qu'il méprisait – mais tout de même. Comment expliquer qu'il l'ai regardé droit dans les yeux sans lui venir en aide, comme absent à cette scène, privé de ses facultés de réactions. J'ai été fascinée par le récit des heures qui suivent la mort d'Oscar et le comportement de Léonard, ses mécanismes de défense psychique pour tenir à distance l'impensable.

Un instantané de l'adolescence dans ce qu'elle a de plus complexe, où les sentiments sont exacerbés et passent d'un extrême à l'autre en un claquement de doigts.
Lien : https://unlivredanslapoche.h..
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Léonard, 17 ans, passe l'été au camping avec ses parents. Il attend surtout que ça se passe, terrassé par le soleil, par l'ennui, par le dégoût des congénères qui se trouvent dans l'obligation du bonheur. Un soir, en errant sur la plage, il passe à côté d'Oscar en train de s'étouffer avec les cordes d'une balançoire, et il ne fait rien, ne bouge pas, avant de réaliser l'action qui le poursuivra par la suite : il enterre le corps d'Oscar sous le sable. Les vingt-quatre heures qui vont suivre seront celles de la torture. A qui avouer ? Quand ? Comment réagir face à Claire, la mère d'Oscar s'inquiétant pour l'absence de son fils ? Comment résister à Luce, la fille fatale à laquelle tous les minots se brûlent les ailes ?

Avec une plume claire, tranchante, Victor Jestin livre là un sacré premier roman. Un livre qui fait ressentir avec intensité la chaleur, la lourdeur, la moiteur de ce temps de l'été qui nous voit succomber au silence, aux rêves, aux exceptions, aux peurs aussi... Il met le plein soleil sur ces corps adolescents, qui ne sont pas que des corps, qui voient leurs esprits en lutte avec tout.

Puis ce crime qui n'en est pas vraiment un, ce seul événement qui vient prouver que le malheur existe jusque dans ce camping, qui vient rappeler la cruauté de la vie, qui vient clore un âge d'enfance. C'est un roman très bien maîtrisé, vraiment plaisant à lire, vingt-quatre heures de la vie d'un jeune homme qui se savourent.

Lien : https://chezlorraine.blogspo..
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« La chaleur », Victor Jestin, RL2019, Flammarion

C'est en apnée que j'ai lu cet ovni littéraire. Rien n'est plaisant dans ce récit et je m'en suis pourtant délecté.

Léonardo, un adolescent de 17 ans, oppressé par l'injonction au bien-être, commet une « bêtise » innommable, lui, si sage, si lisse.
Il nous entraine 24 heures dans la poisse ambiante de son camping, étouffé par la chaleur caniculaire, l'odeur de la baraque à frites, la sueur qui colle et qui empeste, la musique de mauvais goût qui vrille les tympans. Ça suinte et ça écoeure, mais impossible de s'en éloigner, tant tout est vivant, tant on veut savoir. Pourquoi Oscar… quand Luce… comment Louis…

Victor Jestin, du haut de ses 25 printemps, a une plume douce et évocatrice, maitrisée et prometteuse.
Il a su me faire ressentir la souffrance de cet adolescent, qui ne comprend pas le monde et que le monde ne comprend pas, isolé dans cette société où le bronzage, le tourisme de masse, les fêtes sur la plage entre jeunes et les beaux corps sont la norme.
Le regard de Victor Jestin est « houellebecquin » et d'une étonnante maturité.

C'est un coup de coeur.
Lien : https://carpentersracontent...
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Un camping dans les Landes, des jeunes en manque d'amour, des vacances touchant à leur fin, des jeux, la plage... Et la chaleur. Cette chaleur qui fait tourner les têtes, et suinter les corps. Qui assomme.
Premier roman de l'auteur, court, qui intrigue dès le début, et que l'on ne veut plus lâcher. Pour savoir.
Le lecteur est lui aussi témoin de Léonard et du huit-clos qui se joue pendant deux jours afin de cacher - ou dévoiler ? - l'horreur.

J'ai beaucoup aimé ce roman (et sortir de mes lectures jeunesse/YA habituelles ), curieux, dérangeant, mais addictif.
Et l'histoire reste en tête, une fois la dernière page tournée.
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