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Qu'est-ce que c'est, une « tête d'écraseur d'enfant » ?
Une tête de petit magouilleur, traficoteur de bétail malade ? Ou une tête de procureur du Roi, bien propre sur lui, bien lisse ?

Cet enfant, c'est une petite fille à la bouche de cerise, aux cheveux de soie, cette petite Clara claire et fraîche, qui, le dimanche 17 juillet 1960 entre midi et midi quart, s'élançait vers le garage de son père, de l'autre côté de la route, à la demande de sa mère.
Un chauffard l'écrase.
Un chauffard l'écrase...et prend la fuite.

Un chauffard prend la fuite...et c'est l'univers qui se déchire.
La culpabilité se lève du fond des consciences et des inconscients. Chaque personne proche de Clara se sent concernée. La maman et le papa, d'abord, mais aussi le grand frère.
Et puis le chauffard...mais lequel est-ce ? le juriste irréprochable ou le magouilleur ? C'est qu'ils sont mariés, ces deux-là, et leurs femmes s'en mêlent et s'emmêlent...
Une lourde bourbe remue en chacun des personnages - tous ceux qui, de près ou de loin, sont mêlés au drame - une insidieuse remise en question commence à les tenailler : leur passé ressurgit, leurs drames et leurs déboires, leurs petites vies si anodines et pourtant si vastes.

Avec un sens inné de la justesse et de la profondeur, sans tomber dans le pathos mais avec toute l'humanité du monde, Armel Job m'a encore une fois emmenée dans le magma intense des sentiments. Intense, oui. Et terrible.
Sous couvert d'une écriture légère et perlée de poésie, Armel Job touche la véritable nature des choses, la véritable nature humaine, ô combien complexe.
Le tout ancré dans un petit village, coin de verdure où coule une rivière. Ce village, c'est en Belgique, dans les Ardennes ; je viens d'y passer 2 jours, c'est un paradis de calme et de douceur. Et pourtant, c'est là qu'Armel Job a choisi d'y planter son drame, détonateur d'implosions intimes.

« On est tous coupables, d'une façon ou d'une autre. Chacun doit se débrouiller avec ses propres fautes ».
Je conseille ce livre pénétrant à ceux qui n'ont pas peur de creuser en eux-mêmes. Ils y trouveront réponse à des questions, peut-être, et un vif plaisir, certainement.
Un chef-d'oeuvre !

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Clara, huit ans, si merveilleuse quand elle joue Schumann, traverse la grand route du village, accident, personne n'a rien vu.
Les parents culpabilisent, leur dispute, c'est la mère qui a envoyé Clara chercher son père, mais il y a aussi le chapeau qu'on fait porter à Carlo tellement saoul qu'il ne se souvient pas avoir planté le van quelques kilomètres après la traversée du village, le procureur Lagerman bien trop rapide dans sa Jaguar, hanté par le visage souriant de Clara quand elle a bondi sur la route et aussi Hector, père de Clara, carrossier, découvrira-t-il des indices sur la Jaguar?

Armel Job construit des personnages vrais, avec leurs drames, leurs souffrances, leur médiocrité parfois avec des remises en questions qui en font de vrais 'grands'.

C'est magnifique!
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Le bon coupable sommeillait depuis longtemps dans ma PAL...un petit voyage en Ardenne au bord de la Semois, avec de jolies lumières d'après l'averse - éclats doux sur les ardoises, et fusées de lumière dans les bois de feuillus et de pins mêlés- a soudain réveillé mon envie de le lire...

Une fois de plus, je ne suis pas déçue du voyage!

De sa belle écriture lisse et perlée, à peine teintée d'une légère ironie, Armel Job fait revivre un dimanche de juillet, en 1960 dans un petit hameau ardennais.

Dès les premières lignes, malgré la douceur des lumières, la quiétude dominicale du village au bord de l'eau, malgré les cloches qui sonnent la messe et les oies du dimanche qui fristouillent dans les fourneaux , le lecteur sait qu'il assiste à un compte à rebours.

le destin va frapper: chaque personnage se met en place sur l'échiquier de la fatalité.

Une enfant en robe bleue qui court chercher son père pour le repas de midi, une route dangereuse, un village assoupi de chaleur et désert, une voiture trop rapide, une autre trop mal conduite...Et c'est l'accident, la mort d'une petite fille joyeuse et innocente. le chauffard prend la fuite..mais lequel? Qui a tué et pris la fuite? Lequel des deux est le vrai coupable?

Et puis d'abord, les hommes -et les femmes- ne le sont-ils pas tous, coupables?

Est-ce que la petite société de Malemaison ne l'est pas tout entière, coupable, elle qui traîne le passif des années de guerre qui empoisonnent, 15 ans après, les " insouciantes" années 60? Plutôt que de chercher le vrai coupable, ne vaudrait-il pas mieux un coupable idéal, un Bon Coupable qui mettrait tout le monde d'accord, y compris le bouc émissaire lui-même ?

Avec cette cruauté lisse qui renvoie chacun dos à dos, Armel Job scrute les âmes et les coeurs..et dynamite tous les clichés! Les femmes adultères ont de la moralité...et des talents certains pour le lâcher de pantalons! Les tondues de la Libération ont de la fierté et une inébranlable solidarité. Les carrossiers les plus méticuleux n'ont pas les yeux en face des trous et les cantatrices les plus suaves ont l'empathie d'une bûche. Les palefreniers marrons ont des scrupules et les procureurs des ruses de malfrats...seuls les enfants échappent au massacre..mais c'est eux qu'on envoie en pension, qu'on renie ou..qu'on écrase !

Quant au lecteur, friand de justice et de bons sentiments, Armel Job, avec son imperturbable élégance formelle, l'envoie se faire pendre, fort courtoisement...

Tous coupables, on vous dit!
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Un village belge mais il pourrait être français , tous les habitants se connaissent mais qui sait vraiment ce qui se passe une fois la porte close : disputes, infidélités , tricheries et magouilles ... le lot ordinaire et peu reluisant de la nature humaine .

Dimanche midi, le 17 juillet 1960, Clara va chercher son père parti se réfugier dans son garage après une nouvelle brouille avec sa femme , une voiture passe trop vite dans la ruelle et l'enfant est projetée sans vie sur le trottoir.
Le chauffard s'est enfui, personne n'a rien vu .
Qui est coupable ? les parents qui se servent de l'enfant comme le messager de leur mésentente, le maquignon filou qui boit trop et qui mérite cent fois la prison, le procureur du Roi qui se dit irréprochable mais quitte précipitamment sa maitresse pour retrouver Bobonne et le rôti du dimanche et pense être, du fait de sa fonction, au dessus des lois ?

Sur fond de fait divers dramatique, Armel Job dresse un portrait sans concession de nos petits arrangements avec la morale, nos mesquineries et notre vision parfois raccourcie de la notion de justice.


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C'est un livre qu'il est difficile de lâcher une fois qu'on l'a ouvert!
Une petite fille de dix ans est fauchée par un chauffard, un dimanche vers midi. L'homme a pris la fuite et il n'y a aucun témoin dans cette petite ville de campagne.
Deux hommes sont susceptibles d'avoir commis cet accident: l'un est un alcoolique notoire, l'autre un magistrat.
Armel Job offre alors à son lecteur une peinture sociale, une analyse psychologique fine des personnages et c'est vraiment cette écriture qui fait la force du livre: Inspiré ou non d'un fait réel, qu'importe! Chacun de nous se retrouvera dans les faiblesses et les forces des protagonistes.
Un livre fort, et terriblement humain.
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Deuxième lecture d'Armel Job,
deuxième bel enthousiasme.
Cet auteur sait vraiment nous
raconter des histoires,.
Les contextes sociologiques sont finement
travaillés, les personnages
saisis dans leurs contradictions ....
On entend chanter Brel.
On retrouve l'empreinte de Simenon.
Il a un regard acéré sur nos petites médiocrités
Ici, la raison du plus fort...
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Un fait divers atroce en 1960. Il n'y a pas autant de voitures qu'aujourd'hui sur les routes, mais les conducteurs sont tout aussi inconscients. Une fillette innocente en sera la victime.

L'enquête qui suivra l'accident et dont on connait dès le départ les tenants et les aboutissants sert de prétexte à l'auteur pour décrire les deux suspects et leur entourage. Peu à peu, l'auteur plonge dans le passé des protagonistes et tisse leur histoire en même temps que celle du village où ils habitent. On découvre peu à peu les relations que les villageois entretiennent entre eux, leurs secrets, leurs blessures, leurs remords... A la manière de Simenon, Armel Job se penche sur des gens ordinaires, au destin ordinaire et les regarde vivre avec leur conscience. Prennent-ils leurs responsabilités ? Font-ils face à la vie ? Et quand un dilemme moral survient, comment le gèrent-ils ? L'étude psychologique des personnages finement amenée, nous pousse à voir chacun au-delà des apparences. Ils se dévoilent petit à petit et les non dits sont plus parlants encore.
le fait d'avoir placé cette histoire dans le passé permet aussi de se distancier des événements et des personnages et de se dire que c'était une autre époque. Mais ce serait trop facile. Armel Job nous pousse à l'introspection. Conscience, culpabilité, responsabilité, morale... cela nous concerne tous, ici ou ailleurs, jadis ou aujourd'hui. Ce drame est intemporel.

Et il ne pouvait pas rester impuni. Il fallait trouver le coupable. Ou du moins un coupable. Parce qu'il faut pouvoir lui donner un visage au mal quand il s'abat sur vous. C'est tellement simple quand la société le désigne d'emblée. La vindicte populaire n'a plus qu'à s'exprimer.

Même si certains côtés caricaturaux de la société décrite m'ont agacée – je n'aime pas le manichéisme - j'ai pris plaisir à lire ce roman dont l'écriture et le style sont soignés et qui porte à une réflexion intelligente et d'une grande pertinence. Un tout bon Armel Job dans le style auquel il nous a habitués : élégant.


Lien : http://argali.eklablog.fr/le..
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Je me souviens que jeune gamine, le médecin de famille avait prévenu mon père que la fille (ou la nièce) d'un de ses amis avait été victime d'un accident mortel avec délit de fuite. le coupable, une fois découvert, s'avéra être un notable de la région. J'étais trop jeune pour me souvenir de tous les détails mais lorsque j'ai fait lire le roman à ma maman, elle a pu remettre les noms corrects sur plusieurs personnages et m'a affirmé que la jeune victime était un membre de la famille d'Armel Job. Je n'ai pas apprécié que celui-ci nie s'être inspiré d'un fait réel. C'est peut-être pour cela que je n'ai pas apprécié le roman, passant mon temps, en le lisant, à chercher les détails (noms, prénoms, lieux, descriptions...) qui réveilleraient mes souvenirs.
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17 juillet 1960. Midi. Clara, 8 ans, est violemment percutée par une voiture alors qu'elle sort d'une ruelle de la Malemaison pour rejoindre le garage de son père. Deux voitures sont passées par là au moment de l'accident, aucune des deux ne s'est arrêtée : Carlo dans sa jeep et Langerman dans sa jaguar. le premier picole un peu trop et n'a pas très bonne réputation ; le second est procureur du roi. Lequel des deux est responsable de cette tragédie ? Les apparences sont-elles ce qu'elles sont ou sont-elles trompeuses ?

Les apparences, c'est bien ce dont il est question dans ce roman. Au delà de ce que l'on voit, que sait-on réellement de la vie des gens que l'on croise ou que l'on côtoie au quotidien ? Quels sentiments se cachent derrière les non-dits ? Alma et Hector, les parents de Clara, Franz, son frère, Carlo et sa femme Valentine, Langerman, son épouse Betty et Rita sa maîtresse, tous les personnages du roman vont passer sous la loupe d'Armel Job, qui avec sa finesse d'analyse, décortique les apparences et nous propose des personnalités et des histoires personnelles plus complexes qu'il n'y paraît de prime abord. Chacun est profondément humain, avec ses faiblesses, ses défauts, ses doutes, ses problèmes.

J'ai beaucoup apprécié ces multiples facettes que l'auteur nous propose d'aborder même si ce roman m'a un peu moins convaincue : quelques lenteurs, un suspense moins marqué, un goût amer que j'ai senti monter de loin et qui m'a laissé présagé la fin.

Il n'empêche : « le bon coupable » d'Armel Job est, encore une fois, un excellent roman pour aborder la vie de gens ordinaires qu'un simple « fait divers » peut faire basculer en un instant.
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Nous sommes le 17 juillet 1960 dans le village de Malemaison dans les Ardennes Belges.
C'est dimanche et tout est calme, les villageois sont à la messe. C'est en rentrant de celle-ci que Lisa Knapen découvre le corps sans vie de la petite Clara Labasse projeté dans la petite ruelle devant chez elle. L'accident s'est produit entre midi et midi dix. Clara allait chercher son père Hector à l'atelier.
Il passe peu de voitures sur cette route le dimanche.


L'enquête commence, il faut un coupable au plus vite, un suspect est trouvé, il est le coupable idéal.

A votre avis : Carlo Mazure à la vie misérable ou un procureur aimant la vitesse ?

C'est au départ d'un malheureux fait divers qu' Armel Job va nous démontrer que les apparences sont souvent trompeuses. Il va avec brio nous faire découvrir la vie des différents protagonistes, des personnages "vrais", profonds, la véritable nature humaine.

Les personnages sont bien construits, aboutis. Ils nous amènent à nous questionner sur la responsabilité morale de chacun, notre culpabilité. Armel Job décrit chaque individu en profondeur, leur vie, leur drame, leur souffrance, leur histoire. Tous sans exception ont des regrets, des remords, des blessures. Personne n'est complètement blanc, ni complètement noir, l'esprit humain reste mystérieux.

Ce roman c'est aussi l'occasion de s'interroger sur la justice, la façon dont elle est rendue, ce qui mène à l'inculpation ; l'intime conviction qui parfois fausse tout.

N'oublions pas que nous sommes dans un village ardennais en bord de l'Aisne, dans les années 60, la guerre et ses blessures sont toujours présents. L'écriture est sensible décrivant la nature à merveille; celle des lieux et celle des gens. C'est intelligent, très bien mené, passionnant, de quoi vous garantir un bon moment.

Ma note : 9.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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