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3,72

sur 749 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'Amour sans le faire c'est quand on aime sans le dire. C'est quand on s'étonne de se lire dans un autre différent qui n'a pas son pareil pour penser de concert avec nous. C'est l'amour dans un souffle, un frôlement, un tintement. C'est fuir les non-dits, de ceux qu'un jour on a dits pourtant, en déversant le trop-plein d'un coeur en tempête. C'est partir loin pour retrouver ici ce qu'on connaît si bien et qu'on n'a pas trouvé ailleurs. C'est un langage trop riche pour des silences béants. C'est simple comme dans la vie de tous les jours, entre nostalgie et espérance, c'est pour hier où pour demain.
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- Pépite, coup de coeur. Ceci n'est pas (seulement) une histoire d'amour, c'est beaucoup plus !

Trois destins. En quelques mots :

- Franck, cameraman récemment frappé par la maladie revient voir ses parents agriculteurs, après dix ans de brouille. Sur la route, il se laisse gagner par ses souvenirs d'enfance auprès de son frère Alexandre, de six ans son cadet.

- Louise est veuve depuis 10 ans, la plaie du deuil reste béante, elle travaille en ville dans une usine "fantôme", avec quelques femmes qui attendent désespérément une commande, un petit quelque chose pour ne pas être payées à ne rien faire, et qui se serrent les coudes pour supporter l'invivable... Louise a un petit garçon, élevé par ses beaux-parents, loin d'elle, à la campagne.

- Cet enfant pétille, déborde d'énergie, d'humour, de joie de vivre.

Bien sûr, ces personnages sont liés, par le passé, par le présent...

Quel dommage que ce titre soit si réducteur, se rapporte si peu à l'atmosphère du livre, et n'en concerne qu'une petite partie, mineure à mes yeux ! Quoi qu'il en soit, si vous voulez une belle histoire sans sirop, laissez-vous tenter, en revanche si vous espérez de l'Harlequinade, ne vous arrêtez pas au titre, vous seriez déçu...

On assiste ici à de jolies rencontres, notamment entre un enfant adorable, bavard, vif, et un adulte qui ne connaît rien aux "petits" et est vite conquis. L'ouvrage est également prétexte à de formidables descriptions réalistes et vivantes du monde rural, de la vie à la ferme (la "vraie", pas celle de la TV), des difficultés du monde ouvrier à l'heure de la crise et des délocalisations, de la spontanéité de l'enfance, des relations parents-fils adulte, etc.

Un petit air de 'A l'angle du renard', et d'un 'vieux' film avec Nathalie Baye que vous reconnaîtrez sans doute si vous lisez le livre (mais chut, ça dévoilerait le suspense...).

De cet auteur, j'avais aimé 'UV', très différent, et le recueil de nouvelles 'Combien de fois je t'aime', dont, là encore, le contenu riche et pertinent n'a strictement rien à voir avec le titre et la couverture neuneus à souhait...
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Loin de moi l'idée de vous dévoiler toute l'histoire, toute cette superbe histoire ! L'auteur a voulu tellement préserver l'intimité de Franck et Louise que je m'en voudrais de m'avancer avec mes gros sabots. Même s'il s'agit d'une ferme.

Roman intimiste, donc, où les 2 protagonistes, se connaissant à peine et se parlant pour la 1ere fois, avancent à pas feutrés dans le domaine de l'autre, osant à peine effleurer leur propre passé à vif et pataugeant dans leur présent écorché. Et ces obstacles, ces pierres d'achoppement, ces accidents terribles de leur parcours ne nous sont révélés que peu à peu.

J'ai parlé d'une ferme. Celle des parents qui deviennent vieux, regrettant la mort de leur fils cadet qui lui, aurait pu la reprendre. Qui refusent de la céder aux voisins gourmands. Qui acceptent avec fatalisme l'éloignement de leur fils ainé.
Ce fils ainé revient, justement, pour quelques jours. Pourquoi ? Il s'était pourtant « juré de ne plus les revoir, de ne plus y foutre les pieds, dans ce trou, tout ce qu'on se dit pour se convaincre qu'on a raison, qu'on est comme neuf, même si on se blesse à penser ça, sans se douter qu'à la longue ça fait un mal fou d'en vouloir aux autres ». Il veut renouer les liens, mais surtout il va faire la connaissance de Louise, l'ex-compagne tant aimée de son frère cadet. Louise qui revient, elle aussi, quelques jours...
La rencontre des coeurs se fera grâce au trait d'union pétillant qu'est le fils de 5 ans de Louise.

Rencontre des coeurs, oui, mais pas (encore) des corps. L'amour sans le faire, c'est bien de ça qu'il s'agit.
Car Louise ne « supporterait plus cette manière d'affoler l'affection, ce risque fou auquel ça expose d'aimer ». Quant à Franck, alors que tout le porte vers elle, il musèle cette attirance, pour lui monstrueuse et sacrilège, puisqu'elle était la femme de son frère.

Alors, l'amour sans le faire ? Oui, si c'est pour exulter dans cette « passion non encore franchie, dans cet amour non réalisé mais ressenti jusqu'au plus intime ».
Oui ! Quand pour moi il s'agit d'entrer dans l'univers brûlant des sentiments retenus que nous livre cet auteur au coeur juste, Serge Joncour.

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Les choses qui vont sans se dire vont tellement mieux en les disant.
Serge Joncour écrit tellement bien ces choses que ses mots envoûtants et rassurants à l'acuité et la lucidité indéniables vont faire accoucher des évidences et évacuer des torrents de divergences et de querelles.
Chaque confidence respire l'authenticité, chaque aveu révèle le vécu.
Cet écrivain me touche profondément, intensément. Chaque propos adhère à ma peau.

« Alors ne serait-ce que pour briser les habitudes, que les choses soient dites pour une fois. »

Louise et Franck sont liés par la terre, la terre des aïeuls pesante, collante, amoureuse comme la glaise sur la pelle.
Les parents de Franck n'ont jamais pardonné son manque d'intérêt pour la ferme et son départ en ville dont on ne revient pas ou si peu.
Louise était très amoureuse du frère de Franck, disparu trop bêtement et trop tôt. Son avenir tracé, balayé d'un coup.

Deux vies farouches, meurtries vont télescoper leur passé et apprendre à apprivoiser le présent dans ce décor rustique et sauvage que Serge Joncour affectionne particulièrement et qu'il dépeint d'une sauvagerie parfois plus apaisante que la bestialité humaine empreinte de tyrannie inexistante dans la nature.

« Ne pas pouvoir s'aimer et encore plus fort que de s'aimer vraiment. »




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Ce roman est un concerto pour flûte et hautbois digne du grand Mozart.
Deux instruments se relaient tour à tour pour nous jouer leur mélodie.
Le hautbois mâle au ton grave et désespéré c'est Franck, cadreur parisien qui s'est coupé de ses racines corréziennes et qui entame un dernier pèlerinage sur la terre de ses ancêtres.
La flûte fine et élégante c'est Louise, jeune femme fragile dont le coeur s'est verrouillé à double tour le maudit soir où elle a perdu tragiquement son compagnon, Alexandre, frère de Franck.
Ces deux-là, réunis dans leurs silences et leurs chagrins vont nous jouer une bien curieuse mélodie, deux solistes dont l'harmonie et la complicité même muettes finiront par nous émouvoir profondément.
Jamais je n'aurais lu ce livre sans la merveilleuse critique d'Erveine ni les très émouvantes citations semées comme autant de petits cailloux par les uns et les autres. C'est le fabuleux effet du partage que nous alimentons au fil des jours et qui nourrit nos plaisirs littéraires.
L'amour sans le faire est une belle découverte et je rends hommage aux "passeurs" qui ont guidé mes pas vers ce petit trésor de la littérature.
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Le jour de l’enterrement de son jeune frère, Franck se fâche avec ses parents et part en claquant la porte.

Dix ans plus tard il leur téléphone et tombe sur une voix enfantine... La surprise s’appelle Alexandre; elle est haute comme trois pommes, possède une vivacité et une curiosité qui sied bien à son âge.

Alexandre est le fils de Louise, celle qui fut la compagne du frère décédé. Elle a confié le petit garçon à ses beaux parents qui vivent leur retraite d'agriculteurs en Auvergne.

Franck décide de renouer avec ses racines et entreprend le voyage vers la ferme familiale.

Poussée par ses collègues attentionnées de la Scomex où elle travaille Louise s'octroie une semaine de congé.

L'amour sans le faire est la rencontre de ces deux êtres esseulés en proie au doute et au manque de confiance.
Il y a des livres qui percutent et sont de vraies gifles, à l’inverse il y a des histoires qui sont des caresses. L’amour sans le faire est de celles-là, la pression d’une main bienveillante qui s’attarde sur l’épaule. Il y a de la délicatesse, de la pudeur et du respect dans ce roman. La force, le miracle de la nature qui font que deux personnes se sentent bien là où la ville peut faire mal. Comme si les vraies valeurs, la source du bonheur pouvaient ne se trouver que là.

L'amour sans le faire est aussi malice et fraîcheur dans les yeux de ce gamin qui, mine de rien, aide les adultes à se positionner les uns par rapport aux autres.

Ce roman est un un baume, une huile essentielle qui s'applique par petits massages à même la peau... Faites-vous du bien!
Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
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Que dire de nouveau... après tant de chroniques éblouissantes et
émouvantes, de ce roman éperdument poétique et attachant ??

Je prends mon courage à deux mains... et trace la 142 ème critique...
ou plus exactement mon simple ressenti...que j'ai envie de retenir un peu plus longtemps !

Le troisième texte que je lis de cet écrivain, en ayant débuté
par son tout dernier , puis j'ai poursuivi avec autant de plaisir
par "L'Ecrivain national"...
Au tout début, nous faisons connaissance avec deux parcours
de vie: celui de Franck et celui de Louise, dont on ne déduit pas
de suite le lien qui peut exister entre eux...

Franck, vit seul, séparé d'Héléna, avec qui il a vécu dix années,
se retrouve après des soucis de santé, dans une période charnière
de bilan très mélancolique. Il se rappelle du grand absent: son
frère Alexandre, mort prématurément, marié à Louise,
ayant repris la ferme familiale..., et lui, Franck, l'aîné, ayant
déserté cette campagne, n'ayant aucun goût ni aucune
considération pour la ferme et ses parents agriculteurs...

Il partira, fuira ce monde qu'il trouve limité, et terne... A la
mort de son frère, il ne fera aucun effort pour comprendre et
aider ses parents sur l'exploitation, après ce drame.


S'ensuivront 10 longues années de brouille. Soudainement,
il éprouve le besoin de les revoir, de revenir sur ces terres de
son enfance...
Et surprise, il téléphone... tombe sur une voix enfantine, qui
l'intrigue. Voix d'un petit garçon, qui surprise supplémentaire
porte le même prénom que son frère décédé: Alexandre...

il arrivera chez ses parents "taiseux"... qui feront comme si
ces dix années de silence n'avaient jamais existé... Franck
rencontrera ce fameux petit Alexandre, facétieux et pleine
de vie, son neveu en quelque sorte... Et Louise, sa belle-soeur,
veuve d'Alexandre... Les circonstances feront qu'ils se
retrouveront tous les trois, quelques jours, dans une sorte
de parenthèse, de bulle, pleine de bienveillance et de
complicité quasi silencieuse... ces deux êtres , dans une
période chahutée, malmenée, tristounette... vont s'offrir
naturellement, sans véritable conscience de ce qui se joue,
une authentique flambée d'espoir et d'envie de "renaître",
de sortir d'une sorte de "sous-vie", débordant de tristesse, de
désamour, de difficultés et d'isolement.....tout cela dans
une relation platonique, pleine de silence et d'harmonie
immédiate. Comme une sorte de miracle qui va induire
un début de cicatrisation, de baume pour ces deux êtres,
en mal-d'être....


"La curiosité, pour l'un comme l'autre, c'était de se retrouver face
à un être un peu jumeau. Ils en étaient au même point. Il n'y avait
presque rien à se dire, ils se comprenaient par le simple fait de
regarder en soi. Souvent quand on se rencontre, on se parle, on se
dit beaucoup de choses, on se livre
, puis petit à petit on ne se dit plus rien, on se tait, on se devine.
Là c'était comme s'ils n'avaient pas eu besoin de la première étape.
(...) Il n'était pas le seul à se sentir perdu. Et cette complicité lui donnait
ce qu'il faut de lucidité pour de nouveau tout envisager. "(p. 291)

Un roman au style fluide, léger, follement poétique et
regorgeant de sensibilité ainsi que de finesse psychologique...
avec de surplus, des descriptions magnifiques du monde
de la terre...

Une rencontre imprévue que celle de Franck et Louise...
qui offre comme un extraordinaire arc-en-ciel, après trop
d'averses...pour l'un et l'autre. Une impulsion pour continuer
et "réinventer sa vie".- Un très beau coup de coeur !

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Il y a des choses que je ne m'explique pas. J'ai lu "repose-toi sur moi" de Serge Joncour que j'ai beaucoup aimé et pourtant " l'amour sans le faire" est seulement mon deuxième roman. Je pense que je vais cette fois-ci revenir vite vers sa plume qui me touche. Son style me plait parce que c'est une plume qui n'use pas de fioriture et qui amène, avec un certain naturel, à vivre ce que l'on lit, tout comme si l'auteur avait une caméra sur l'épaule et nous faisait vivre ce qu'il vit et ce que les personnes ressentent. Cela n'est sans doute pas un hasard si Franck, celui qui revient à la ferme de ses parents, soit caméraman.
Ce retour après 10 ans d'absence va être l'occasion de faire connaissance avec Alexandre, fils de Louise la veuve d'Alexandre, le frère décédé de Franck. Cela peut paraître alambiqué mais il n'en est rien, c'est juste moi qui suis maladroite dans mon billet. Je n'aime pas et ne sais pas résumer.
Je ne peux pas dire comme François Busnel que c'est incontestablement le meilleur de Serge Joncour puisque je n'en suis qu'à mon deuxième mais il est incontestablement agréable à lire. La tendresse émane de tous les personnages et bien qu'ayant tous une fragilité, ce sont des personnages forts, denses.
La pudeur des sentiments, la retenue, est belle et contraste avec l'élan naturel du jeune Alexandre qui, plein de vie, fait le lien entre tout le monde.
Roman très touchant.
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Que de belles choses dans ce livre intime et descriptif, nous invitant à partager la vie de deux êtres un peu cabossés, leurs désirs, leurs peines, leur difficulté à vivre, ou simplement survivre.

Tout est immobile, la campagne sous la canicule, l'usine quasi désaffectée, la vie semble arrêtée comme en suspens, à l'image de ces campagnards solides, courageux, taiseux, pudiques à l'excès et introspectifs.

Peu de dialogues, beaucoup de ressenti, de sensibilité pour les choses simples des journées, de sérénité et de fraternité, un livre calme, porté par une écriture belle et imagée.

On retrouve des sensations intimes et personnelles, comme un parfum d'enfance.
Des phrases magnifiques pour évoquer l'absent trop tôt disparu, le sentiment de perte et l'évocation de plénitude du bonheur perdu.

Très belle lecture, dont la tristesse latente est compensée brillamment par l'espoir en l'Homme et la Nature.
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Après dix ans de silence, Franck téléphone un soir à ses parents. Curieusement, c'est un petit garçon qui décroche. Plus curieusement encore, il s'appelle Alexandre comme son frère disparu des années auparavant.
Franck décide alors de revenir dans la ferme familiale.
Louise, elle a prévu d'y passer quelques jours avec son fils.
Franck et Louise, sans se confier semblent se comprendre.
« On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste » pense Franck en arrivant. Mais dans le silence de cet été ensoleillé et chaud, autour d'un enfant de cinq ans, « insister » finit par ressembler à la vie réinventée.
« L'amour sans le faire », c'est une histoire de tendresse en même temps qu'un hymne à la nature, une nature sauvage, imprévisible qui invite à changer et pourquoi pas à renaître ?
Une histoire simple, une histoire où les silences en disent plus que les trop longues phrases.
Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, mais il y passe beaucoup de poésie, de tendresse et d'amour !

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