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3,72

sur 749 notes
L'Amour sans le faire c'est quand on aime sans le dire. C'est quand on s'étonne de se lire dans un autre différent qui n'a pas son pareil pour penser de concert avec nous. C'est l'amour dans un souffle, un frôlement, un tintement. C'est fuir les non-dits, de ceux qu'un jour on a dits pourtant, en déversant le trop-plein d'un coeur en tempête. C'est partir loin pour retrouver ici ce qu'on connaît si bien et qu'on n'a pas trouvé ailleurs. C'est un langage trop riche pour des silences béants. C'est simple comme dans la vie de tous les jours, entre nostalgie et espérance, c'est pour hier où pour demain.
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Ce livre de Serge Joncour m'a laissé une impression mitigée…

Sur le versant positif, il y a la pudeur de cette écriture, par touches, qui jamais ne fait dans le pathétique ou le spectaculaire ou le mélo facile alors même que le sujet s'y prêterait particulièrement et presque " naturellement ".

Il y a aussi cette façon très élégante de traiter le sujet de la difficulté de communiquer entre le personnage principal, Franck (qui vit à Paris) et ses parents (agriculteurs dans le sud-ouest). J'y ai trouvé, malgré l'impossibilité de communiquer concrètement, un réel amour, à tout le moins une réelle tendresse, ce qui n'était pas le cas, ce me semble, d'Annie Ernaux, par exemple, sur une thématique comparable.

À telle enseigne que ce même personnage principal revient, d'une certaine façon, en quête de sens, en quête de lui-même sur ses terres natales, preuve s'il en est besoin, de l'importance que l'auteur (via son personnage principal manifestement fortement inspiré de lui-même) attribue à ce milieu d'origine.

Sur le versant négatif, il y a, selon moi, cette écriture pas très soignée quant au style, avec des formulations un peu passe-partout, voire des répétitions assez peu raffinées qui me donnent une impression de trop grande facilité d'exécution.

Il y a aussi la construction qui fait très " amenée ", horlogerie faite pour sonner à l'heure dite. C'est toujours gênant quand ça se voit beaucoup, au sens propre, ça fait un " deus ex machina " ou, comme on dit " téléphoné ". Donc ce point m'a gênée un peu.

(Exemples de ces points qui me paraissent téléphonés : le fait que Louise et Franck ne se soient jamais côtoyés auparavant, que le motard surgisse précisément à tel moment crucial, que les parents ultra casaniers aient précisément décidé de partir à ce moment-là, qu'une mère laisse si facilement son fils à la garde de sa belle famille, que les Berthiers surgissent eux aussi toujours au bon moment, de même que les sangliers, ou encore que le licenciement survienne précisément à ce moment également. Ça fait beaucoup de coïncidences et de hasards bienvenus sur le chemin de cette histoire.)

Enfin, si le troisième personnage principal, c'est-à-dire l'enfant nommé Alexandre, m'a semblé très crédible, j'ai trouvé que le second personnage principal, Louise, était assez peu convaincant psychologiquement. Je ne sais finalement presque rien d'elle, ni de ce qu'elle pense vraiment, comme si elle n'avait pas été suffisamment creusée, du moins j'aurais aimé qu'elle le soit davantage.

L'histoire, très rapidement, est celle de Franck, expatrié depuis de nombreuses années sur Paris en qualité de caméraman (d'après ce que j'ai compris) dont le couple a capoté depuis longtemps et dont la santé elle aussi défaille.

Il décide de passer voir ses parents avec lesquels il est brouillé depuis dix ans. Parallèlement, une certaine Louise qui végète pareillement dans son existence entreprend de passer quelques jours de vacances…

Je ne souhaite pas en dévoiler davantage pour celles ou ceux qui n'ont pas lu cet ouvrage. Et, comme toujours, gardez à l'esprit que ceci n'est que mon avis, fruit d'une très haute subjectivité, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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- Pépite, coup de coeur. Ceci n'est pas (seulement) une histoire d'amour, c'est beaucoup plus !

Trois destins. En quelques mots :

- Franck, cameraman récemment frappé par la maladie revient voir ses parents agriculteurs, après dix ans de brouille. Sur la route, il se laisse gagner par ses souvenirs d'enfance auprès de son frère Alexandre, de six ans son cadet.

- Louise est veuve depuis 10 ans, la plaie du deuil reste béante, elle travaille en ville dans une usine "fantôme", avec quelques femmes qui attendent désespérément une commande, un petit quelque chose pour ne pas être payées à ne rien faire, et qui se serrent les coudes pour supporter l'invivable... Louise a un petit garçon, élevé par ses beaux-parents, loin d'elle, à la campagne.

- Cet enfant pétille, déborde d'énergie, d'humour, de joie de vivre.

Bien sûr, ces personnages sont liés, par le passé, par le présent...

Quel dommage que ce titre soit si réducteur, se rapporte si peu à l'atmosphère du livre, et n'en concerne qu'une petite partie, mineure à mes yeux ! Quoi qu'il en soit, si vous voulez une belle histoire sans sirop, laissez-vous tenter, en revanche si vous espérez de l'Harlequinade, ne vous arrêtez pas au titre, vous seriez déçu...

On assiste ici à de jolies rencontres, notamment entre un enfant adorable, bavard, vif, et un adulte qui ne connaît rien aux "petits" et est vite conquis. L'ouvrage est également prétexte à de formidables descriptions réalistes et vivantes du monde rural, de la vie à la ferme (la "vraie", pas celle de la TV), des difficultés du monde ouvrier à l'heure de la crise et des délocalisations, de la spontanéité de l'enfance, des relations parents-fils adulte, etc.

Un petit air de 'A l'angle du renard', et d'un 'vieux' film avec Nathalie Baye que vous reconnaîtrez sans doute si vous lisez le livre (mais chut, ça dévoilerait le suspense...).

De cet auteur, j'avais aimé 'UV', très différent, et le recueil de nouvelles 'Combien de fois je t'aime', dont, là encore, le contenu riche et pertinent n'a strictement rien à voir avec le titre et la couverture neuneus à souhait...
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Franck a quitté sa région natale depuis des années et n'a pas pris contact avec ses parents depuis son départ. L'envie soudaine lui prend de les appeler. Quelle n'est pas sa surprise d'entendre un petit garçon prénommé Alexandre répondre au téléphone. Ce prénom lui fait remonter à la surface de nombreux souvenirs car c'est ainsi que s'appelait son frère, mort bêtement dans un accident de chasse. Il ne lui en faudra pas plus pour décider sur un coup de tête d'aller à la rencontre de ce petit garçon et de comprendre ce qu'il fait chez ses parents...
Louise est une jeune femme pleine d'entrain. Elle travaille à l'usine où elle va pointer tous les jours malgré l'arrêt des machines depuis que les commandes ont cessé. Mais ses collègues et elles continuent de s'y rendre, espérant peut-être une reprise de l'activité. Mais, pour le moment, elle ne songe qu'à une chose: aller retrouver son petit garçon Alexandre qu'elle a confié aux parents de Franck. Un petit être prénommé ainsi en mémoire d'Alexandre, son tendre amour, disparu trop tôt...
Ces deux-là vont inévitablement se retrouver dans un lieu qui leur est si cher...

L'amour sans le faire ou la rencontre fortuite de deux personnes réunies autour d'une personne disparue. Franck et Louise sont deux êtres timides, un peu désenchantés, peu ouverts sur la vie mais dont la rencontre fera basculer leur histoire. Il suffit d'un été ensoleillé et d'un petit garçon plein de vie pour qu'ils se découvrent enfin et profitent des petits plaisirs du quotidien. Pudique, sensuel, profondément humain, Serge Joncour nous dépeint en finesse et avec beaucoup de tendresse l'âme humaine qui s'éveille à la vie. Sur une narration alternative donnant la parole à chacun d'eux, on les découvre petit à petit et subtilement, se dévoilant et s'apprivoisant au fil des pages.

L'amour sans le faire... c'est déjà beaucoup...
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Loin de moi l'idée de vous dévoiler toute l'histoire, toute cette superbe histoire ! L'auteur a voulu tellement préserver l'intimité de Franck et Louise que je m'en voudrais de m'avancer avec mes gros sabots. Même s'il s'agit d'une ferme.

Roman intimiste, donc, où les 2 protagonistes, se connaissant à peine et se parlant pour la 1ere fois, avancent à pas feutrés dans le domaine de l'autre, osant à peine effleurer leur propre passé à vif et pataugeant dans leur présent écorché. Et ces obstacles, ces pierres d'achoppement, ces accidents terribles de leur parcours ne nous sont révélés que peu à peu.

J'ai parlé d'une ferme. Celle des parents qui deviennent vieux, regrettant la mort de leur fils cadet qui lui, aurait pu la reprendre. Qui refusent de la céder aux voisins gourmands. Qui acceptent avec fatalisme l'éloignement de leur fils ainé.
Ce fils ainé revient, justement, pour quelques jours. Pourquoi ? Il s'était pourtant « juré de ne plus les revoir, de ne plus y foutre les pieds, dans ce trou, tout ce qu'on se dit pour se convaincre qu'on a raison, qu'on est comme neuf, même si on se blesse à penser ça, sans se douter qu'à la longue ça fait un mal fou d'en vouloir aux autres ». Il veut renouer les liens, mais surtout il va faire la connaissance de Louise, l'ex-compagne tant aimée de son frère cadet. Louise qui revient, elle aussi, quelques jours...
La rencontre des coeurs se fera grâce au trait d'union pétillant qu'est le fils de 5 ans de Louise.

Rencontre des coeurs, oui, mais pas (encore) des corps. L'amour sans le faire, c'est bien de ça qu'il s'agit.
Car Louise ne « supporterait plus cette manière d'affoler l'affection, ce risque fou auquel ça expose d'aimer ». Quant à Franck, alors que tout le porte vers elle, il musèle cette attirance, pour lui monstrueuse et sacrilège, puisqu'elle était la femme de son frère.

Alors, l'amour sans le faire ? Oui, si c'est pour exulter dans cette « passion non encore franchie, dans cet amour non réalisé mais ressenti jusqu'au plus intime ».
Oui ! Quand pour moi il s'agit d'entrer dans l'univers brûlant des sentiments retenus que nous livre cet auteur au coeur juste, Serge Joncour.

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Louise,une femme seule,un enfant conçu par hasard qu'elle a délaissé à ses ex-beau-parents,un travaille précaire à mi-temps....
Franck,un homme seul,qui a volontairement coupé ses racines,qui filme continuellement,comme pour rattraper le temps présent,dont il ne profite pas...
Ca a l'air triste,mais c'est Serge Joncour qui écrit....Il aime ses personnages,méme dans la solitude ,méme dans le pétrin,il les couve,les guette,les enveloppe dans un cocon qui donne cette atmosphère agréable qui aére la lecture.
On sent que le chemin de ces deux personnages(liés par alliance) vont se croiser et alors?
"L'amour sans le faire" est un roman pudique sur ce qu'il y a de plus beau dans l'amour,une sensualité à fleur de peau et une grande douceur.Aidé par la nature sauvage et la présence d'un enfant qui bouscule les silences,Franck et Louise,deux êtres désenchantés,timides et silencieux vont réapprendre à aimer la vie.
Un trés beau roman qui fait du bien !
Je remercie Erveine dont la trés belle critique m'a fait découvrir ce livre!
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"L'amour sans le faire " est mon premier roman de Serge Joncour. Un auteur totalement inconnu de moi.
" L'amour sans le faire " est l'histoire de deux personnes Franck et Louise, tous deux bousculés par la vie. Ils ne se connaissent pas.
" L'amour sans le faire " c'est une suite de non - dit, de rancoeur , de maladresse.
Franck le frère aîné a coupé les ponts avec ses parents agriculteurs, des gens rugueux, âpres comme la terre qu'ils travaillent.
Louise est perdue, elle ne se remet pas de la mort d'Alexandre le frère de Franck. Elle s'accroche tant bien que mal à la vie .
"L'amour sans le faire " c'est une nature omniprésente, un parfum de terre, cette terre grasse et nourricière, ces sous-bois écrasés de chaleur, cette rivière bienfaitrice, fraîche, ces soirées apaisantes entouré par la nuit qui vient, les insectes qui revivent.......
"L'amour sans le faire " c'est l'enfant, le petit Alexandre, le petit gosse bavard, plein de questions à la bouche.
J'ai eu la chance de rencontrer monsieur Joncour à la fête du livre De Saint Étienne, ce fut bref, le temps d'une dédicace.
"L'amour sans le faire " de Serge Joncour un grand moment de lecture.




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Les choses qui vont sans se dire vont tellement mieux en les disant.
Serge Joncour écrit tellement bien ces choses que ses mots envoûtants et rassurants à l'acuité et la lucidité indéniables vont faire accoucher des évidences et évacuer des torrents de divergences et de querelles.
Chaque confidence respire l'authenticité, chaque aveu révèle le vécu.
Cet écrivain me touche profondément, intensément. Chaque propos adhère à ma peau.

« Alors ne serait-ce que pour briser les habitudes, que les choses soient dites pour une fois. »

Louise et Franck sont liés par la terre, la terre des aïeuls pesante, collante, amoureuse comme la glaise sur la pelle.
Les parents de Franck n'ont jamais pardonné son manque d'intérêt pour la ferme et son départ en ville dont on ne revient pas ou si peu.
Louise était très amoureuse du frère de Franck, disparu trop bêtement et trop tôt. Son avenir tracé, balayé d'un coup.

Deux vies farouches, meurtries vont télescoper leur passé et apprendre à apprivoiser le présent dans ce décor rustique et sauvage que Serge Joncour affectionne particulièrement et qu'il dépeint d'une sauvagerie parfois plus apaisante que la bestialité humaine empreinte de tyrannie inexistante dans la nature.

« Ne pas pouvoir s'aimer et encore plus fort que de s'aimer vraiment. »




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Ce roman est un concerto pour flûte et hautbois digne du grand Mozart.
Deux instruments se relaient tour à tour pour nous jouer leur mélodie.
Le hautbois mâle au ton grave et désespéré c'est Franck, cadreur parisien qui s'est coupé de ses racines corréziennes et qui entame un dernier pèlerinage sur la terre de ses ancêtres.
La flûte fine et élégante c'est Louise, jeune femme fragile dont le coeur s'est verrouillé à double tour le maudit soir où elle a perdu tragiquement son compagnon, Alexandre, frère de Franck.
Ces deux-là, réunis dans leurs silences et leurs chagrins vont nous jouer une bien curieuse mélodie, deux solistes dont l'harmonie et la complicité même muettes finiront par nous émouvoir profondément.
Jamais je n'aurais lu ce livre sans la merveilleuse critique d'Erveine ni les très émouvantes citations semées comme autant de petits cailloux par les uns et les autres. C'est le fabuleux effet du partage que nous alimentons au fil des jours et qui nourrit nos plaisirs littéraires.
L'amour sans le faire est une belle découverte et je rends hommage aux "passeurs" qui ont guidé mes pas vers ce petit trésor de la littérature.
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Le jour de l’enterrement de son jeune frère, Franck se fâche avec ses parents et part en claquant la porte.

Dix ans plus tard il leur téléphone et tombe sur une voix enfantine... La surprise s’appelle Alexandre; elle est haute comme trois pommes, possède une vivacité et une curiosité qui sied bien à son âge.

Alexandre est le fils de Louise, celle qui fut la compagne du frère décédé. Elle a confié le petit garçon à ses beaux parents qui vivent leur retraite d'agriculteurs en Auvergne.

Franck décide de renouer avec ses racines et entreprend le voyage vers la ferme familiale.

Poussée par ses collègues attentionnées de la Scomex où elle travaille Louise s'octroie une semaine de congé.

L'amour sans le faire est la rencontre de ces deux êtres esseulés en proie au doute et au manque de confiance.
Il y a des livres qui percutent et sont de vraies gifles, à l’inverse il y a des histoires qui sont des caresses. L’amour sans le faire est de celles-là, la pression d’une main bienveillante qui s’attarde sur l’épaule. Il y a de la délicatesse, de la pudeur et du respect dans ce roman. La force, le miracle de la nature qui font que deux personnes se sentent bien là où la ville peut faire mal. Comme si les vraies valeurs, la source du bonheur pouvaient ne se trouver que là.

L'amour sans le faire est aussi malice et fraîcheur dans les yeux de ce gamin qui, mine de rien, aide les adultes à se positionner les uns par rapport aux autres.

Ce roman est un un baume, une huile essentielle qui s'applique par petits massages à même la peau... Faites-vous du bien!
Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
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Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

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