Un rien les affolait, même les yeux calmes et les bois du cerf accroché au mur en haut de l'escalier. Cette bête n'avait jamais été aussi incongrue qu'au moment où les étrangers se sont arrêtés pour la regarder. Pas une seule fois auparavant n'avions-nous songé à ce qu'il était advenu du reste de son corps, ni à ce que le cerf avait été à une autre période de sa vie, en tant que faon disons, lorsqu'une telle créature n'a aucun moyen de savoir ce que lui réserve l'avenir.
Ce matin, la rosée brille cruellement sur l'herbe. Comme si elle voulait nuire et savait qu'elle ne disposait pour ça que d'un créneau de temps réduit.
Le jeune est plus mystérieux. Il est moins apprécié, mais personne ne saurait dire pourquoi. Lors de la pause café, nous testons des noms différents. Aucun ne lui convient. C'est aussi futile que d'essayer d'appeler un éléphant ou une antilope par un autre nom. Cela dit, "étranger" ne colle pas non plus. C'est comme quand on cherche à entendre le bruit de l'eau, alors qu'on entend seulement ce qui fait obstruction au courant.
Une chambre d’hôtel doit accueillir un client comme s'il était le tout premier à y dormir.
Katie et moi allons souvent au zoo. [...]
Les animaux ne nous détestent pas. Ils oscillent entre perplexité et ennui. Prenez par exemple le rapace africain, réputé pour son "envol acrobatique et artistique". Il dresse les ailes pour prendre son envol. Il ne peut plus ignorer la futilité de l'exercice et pourtant, dans la mesure où il peut s'imaginer un avenir, il cherche à le rallier. Ses puissantes serres orange plantées dans le perchoir, il bat vigoureusement des ailes. Un ancien désir cherche à ressurgir. Le souvenir et l'instinct de sa musculation sont assujettis à un monde révolu.
Je suis envahi d'un sentiment d'insécurité. J'ai une conception éphémère de ce que je vaux.
Il faut reconnaître qu'à ce jour, avoir conscience de leur détresse n'a rien fait changer. A quoi sert notre compassion si elle n'entraîne aucun changement de situation ?
L'exercice paraissait si simple. S'adresser à la catastrophe pour qu'elle parvienne à se nommer.