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Quand deux losers camés se retrouvent en possession d'un paquet de fric et de drogue, l'affaire ne peut que mal tourner... Thad est traumatisé par sa guerre au Moyen-Orient, Aiden est perdu, sans parents, sans attaches, mais trop intelligent pour tout ça...
Un déchaînement de violence va embarquer les deux garçons, dans ce roman qui est un instantané de quelques jours de leurs vies.
Un énorme coup de coeur que ce roman, une ambiance à la Breaking Bad qui m'a énormément plu. Style efficace, un contexte de cet Amérique qui souffre si bien rendu désormais dans de nombreux romans. Un auteur que je suis ravie d'avoir découvert !
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J'étais passé à côté du premier roman de David Joy. Celui avait été couvert d'éloges. Dès de la sortie de ce nouvel opus, j'ai donc décidé de m'attarder sur son cas.

La région des Appalaches est le décor de cette aventure. On fait la connaissance de Thad et Aiden, des jeunes hommes du cru. Ils vivent chichement dans cet environnement plutôt austère. Ils portent tous deux des passés assez lourds et traumatisants. La misère est omniprésente dans cette histoire. Elle entraîne les protagonistes sur les routes de la débrouille et de l'embrouille. Constamment drogués, ils agissent toujours sur un fil et à la limite de la catastrophe.

Avec leurs idées de liberté, ils prennent sans cesse les mauvaises décisions et s'enterrent encore plus dans leur détresse. Tous les évènements semblent se combiner pour leur appuyer la tête sous l'eau. L'auteur humanise ses acteurs en exposant leurs faiblesses. le lecteur en vient alors à se prendre de sympathie pour ses perdants pourtant incorrigibles. Tout au long du récit, on espère que le destin va tourner et qu'enfin la chance va leur sourire. On s'accroche même à l'idée d'une rédemption…

Le roman est sombre, vraiment sombre. Une atmosphère de médiocrité repose sur les épaules des personnages. L'ambiance est étouffante mais grâce à des dérapages et à de la violence incontrôlée, l'aventure part à plusieurs reprises en vrille. Cela donne lieu à des scènes aussi déstabilisantes que jouissives qui rythment la lecture.

Il est vrai que je ne peux pas lire ce type de livre trop souvent, par peur de tomber en dépression. Il est vrai aussi qu'un certain nombre d'écrivains, tels que Donald Ray Pollock ou Ron Rash, se sont déjà illustrés avec succès dans ces romans ruraux noirs. Mais David Joy prouve avec ce « Poids du monde » qu'il a gagné le droit de figurer dans la liste des maîtres du genre. Il m'a bluffé avec son réalisme rustique au service de personnages attachants et d'une histoire rondement menée. Les Appalaches ont un nouvel ambassadeur !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Thad et Aiden sont des amis de longues dates, et se considèrent comme des frères. Après avoir assisté au meurtre de sa mère perpétré par son propre père et s'être enfui du foyer dans lequel il avait été placé, Aiden a habité avec Thad dans un mobile home au fond du jardin de sa mère. Tous les deux ont très mal démarré dans la vie. Aiden pour les raisons citées ci-dessus et Thad rejeté par sa propre mère, qui a accepté sans broncher que son compagnon expulse son propre fils de la maison pour l'exiler au fond du jardin, dans un mobile home.
Jeune adulte, Thad s'est engagé dans l'armée et s'est retrouvé en mission en Afghanistan. En raison de son casier judiciaire, Aiden n'a pas pu s'engager. Pendant l'absence de Thad, Aiden a vivoté jusqu'à ce que la bulle immobilière s'effondre et qu'il n'ait plus de travail. Thad est revenu de mission handicapé et perclus de douleurs. La seule façon d'oublier ses souffrances est de recourir à l'alcool ou à la drogue. Leur principale source de revenu est de récupérer le cuivre dans les maisons laissées à l'abandon par la crise immobilière. Mais, alors qu'Aiden souhaiterait mettre de l'argent de côté pour sortir de la galère et quitter une bonne fois pour toute leur village natal des Appalaches, Thad claque le peu d'argent qu'il peut avoir en stupéfiant ou en bouteilles. Lorsqu'après une nuit de vol de métaux, ils échangent le peu d'argent obtenu en échange de drogue, leur dealer se tue accidentellement et ils se retrouvent en possession d'une certaine quantité d'argent et de drogue. Ce sera alors la dégringolade dans la violence, l'argent et la drogue qu'ils possèdent ne pouvant leur attirer que des ennuis.
Ce roman est très noir, avec des passages très difficiles tant la violence est bien décrite et nous conduit à vivre en direct ses scènes. On ne peut qu'être touché par la vie sans avenir de Thad et d'Aiden, par l'impossibilité qu'ils ont de se frayer un chemin pour sortir de cette galère. Comment peut-on sortir indemne de ce qu'ils ont vécu ? Comment surtout Thad peut-il oublier d'avoir tué une enfant même si au final elle est responsable du décès d'un de ces compagnons d'arme ? Et l'état américain ne fait rien pour aider ses soldats à reprendre une place dans la société. Comme dit Thad : « Ça en dit long quand un pays préfère verser une allocation d'handicapé à quelqu'un plutôt que de le soigner pour qu'il puisse trouver du boulot ». Même si, comme constaté par Aiden : « Y a pas de boulot de toutes façons ».
Belle découverte de cet auteur grâce au #PicaboRiverBookClub.
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L'auteur porte un patronyme trompeur. Ce n'est vraiment pas la joie dans ce trou perdu des Appalaches. le poids du monde est un digne représentant de cette mouvance du rural noir qui déferle sur les USA.

Deux jeunes hommes, dans les 25 ans, davantage que des amis, mieux que des frères. Liés par leurs enfances difficiles. Dans ce coin des États-Unis, leurs liens auraient pu les sauver. Mais est-ce possible dans une région où les habitudes semblent immuables, et où la drogue fait des ravages sur un terrain dévasté par la crise des subprimes….

David Joy décrit ce pays profond, loin du rêve américain. Des vies tombées en décrépitude, en dégénérescence. Comment croire encore en l'avenir quand vous ne savez même pas comment aller au bout de la journée ? Comment trouver un sens à des existences qui se sont perdues en chemin ? Destins tout tracés, où la survie est le maître mot et le désespoir l'aigre soupe à avaler au quotidien.

Ce roman est l'histoire de cet accablement, à travers trois personnages décrits sans manichéisme. Deux amis / frères qui dérivent vers les ténèbres, et la mère d'un d'entre eux qui tente de surnager. Ils traînent tous les trois de grosses casseroles dont les bruits résonnent en cascade. La pesante masse de leurs univers est un fardeau qui les tirent toujours plus bas, sans qu'ils ne demandent rien d'autre que de résister à une échéance fatale.

L'écrivain a un très joli talent pour créer décrire ces contrées désenchantées et ces personnages marqués au fer rouge. Sur 300 pages, il ne nous préserve de rien, ni de leurs passés meurtris, ni de la violence de leur quotidien. Souffrance, brutalité intrinsèques et extrinsèques (il faut dire qu'un des deux revient du Moyen-Orient et souffre de stress post-traumatique).

Certaines scènes sont particulièrement dures, sans que jamais l'auteur ne tombe dans la surenchère gratuite. Il faut dire que les rais de lumières sont tellement rares dans ces vies brisées qu'ils passent presque inaperçus.

Nous, lecteurs, sommes les témoins extérieurs de ces destins, nous détenons certaines clés que les protagonistes ne possèdent pas. Elle servent à entrevoir les raisons, mais surtout à ne pas juger trop facilement ces excès de violence, d'alcool et de drogues.

David Joy dépeint avec talent cette Amérique profonde en pleine déliquescence. Il brosse un tableau plus vrai que nature de ces destins brisés et de leurs descentes aux enfers. Il est difficile de survivre quand on à l'impression de devoir porter au quotidien le poids du monde sur ses épaules. Violent et saisissant, voilà un roman noir qui vient des tripes et qui décrit parfaitement ce que peut être le désespoir.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Traduit de l'anglais ( américain) par Fabrice Pointeau.
Plongée en plein coeur d'une Amérique "laissée pour compte", traumatisée, sur laquelle vient s'abattre le chaos du monde.
Little Canada. USA. Minnesota.
Années 2000. le rythme de cette spirale infernale sur lequel Davaid Joy a choisi de faire tourner ce road-movie singulier nous entraîne dans l'oeil d'un cyclone : celui de la violence.
Une héritage ? Une malédiction?
Qui porte le poids du monde? , qui saura s'en décharger?
une excellent roman, très bien mené, intelligemment construit.
Opératiion Furet du Nord. Club des lecteurs. Rentrée littéraire 2018.
Astrid Shriqui Garain
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Encore une histoire de bouseux, de « redneck » évoluants au sein de cette Amérique de la marge dont on entend de plus en plus parler. En dépit d'une floraison d'ouvrages traitant le sujet, on aurait tord d'éprouver une certaine lassitude qui nous pousserait à passer à côté de quelques textes superbes reflétant le talent d'auteurs qui sont parvenus à capter toute la douleur et toute la violence d'une classe sociale défavorisée que l'on a dissimulée derrière le lourd rideau du rêve américain. Pourtant le phénomène ne date pas d'hier et l'on pense bien évidemment à quelques romanciers emblématiques comme Jack London, John Steinbeck, Horace Mc Coy ou Earl Thompson pour n'en citer que quelques uns qui se sont employés à dépeindre cette Amérique profonde peu reluisante. C'est avec Daniel Woodrell qu'est apparu l‘expression country noir pour désigner un genre prenant pour cadre quelques villes méconnues ou quelques régions reculées, comme Denver, Cincinnati, la région des Appalaches ou des monts Orzacks, sur fond de violences et de détresses sociales en partie dues au trafic et à la consommation de crystal meth quand ce n'est pas tout simplement l'alcool qui ravage ces populations précarisées. de ce courant ont émergé quelques grands auteurs à l'instar de Ron Rash, Donald Ray Pollock et Benjamin Whitmer qui décrivent sans fard cette fureur, cette marginalité et cette souffrance imprégnant l'ensemble de leurs récits. Une liste loin d'être exhaustive puisque l'on peut y intégrer David Joy qui nous livre avec son second roman, le Poids du Monde, un sublime récit emprunt d'une noirceur terrible, se déroulant dans l'univers déliquescent de paumés toxicomanes évoluant sur les contreforts des Appalaches, du côté de Jackon county, terre d'élection de l'auteur.

Après avoir abattu sa mère, son père lui a lancé un dernier je t'aime et avant de se tirer une balle dans la tête. Puis Aiden McCall s'est empressé de fuir son foyer d'accueil pour trouver refuge dans une caravane dans laquelle Thad Broom a été relégué par son beau-père qui ne le supportait plus tandis que sa mère April hantée par le viol qu'elle a subit dans sa jeunesse, semble incapable de lui manifester la moindre preuve d'affection. Les années passent et depuis sa démobilisation, après avoir été engagé dans les combats en Afghanistan, Thad peine à se réinsérer dans la vie civile. Ainsi les deux garçons vivent d'expédients avec, à la clé, un avenir incertain, ponctué de journées festives à base d'alcool et de drogue. Mais avec la mort accidentelle de leur dealer, les choses pourraient changer en raflant une quantité de drogue et d'argent qui constituent un butin inespéré. Mais en matière de stupéfiants les choses peuvent rapidement mal tourner. Thad et Aiden vont l'apprendre à leurs dépens.

Pour les lecteurs en quête de fusillades enragées et de délinquants déjantés possédants un certain charisme dans la nature de leurs actions sadiques, le Poids du Monde ne répondra pas à leurs attentes puisque l'auteur s'est focalisé sur l'ordinaire d'individus que la vie n'a pas épargné en les dotant d'un passif pesant trop lourd sur leurs épaules. le souvenir du drame familial pour Aiden, La réminiscence des combats pour Thad et la résurgence du viol dont a été victime April dans sa jeunesse, on perçoit à chaque instant, cette charge écrasante fixant ainsi la destinée précaire de ces personnages qui sont privés de l'essentiel et qui trouvent quelques échappatoires dans la consommation de méthamphétamine. Avec une tension latente qui émane principalement de Thad, tout en colère contenue, le destin bascule subitement avec la mort accidentelle de ce dealer permettant à l'auteur de donner son point de vue quant à la détention et au maniement irresponsable d'armes à feu. On devine déjà que la découverte providentielle d'argent et d'un stock de drogue ne résoudra pas les problèmes de Thad et d'Aiden, bien au contraire. Un enchaînement de circonstances sordides, de règlement de comptes tragiques contribuera à mettre en exergue toute la rage et toute la douleur de ces trois marginaux en quête d'une vie meilleure sans pouvoir s'accorder sur les moyens d'y parvenir.

Avec un texte à la fois sobre et puissant, David Joy parvient à mettre en scène la chronique d'une vie ordinaire qui tourne à la débâcle, en mettant en évidence les failles d'un système qui n'apporte aucun secours à ces petites gens qui n'ont pas d'autre choix que de s'entraider, même si parfois ce soutient tourne court en laissant des stigmates qu'ils ne parviennent plus à effacer. de victimes, certains d'entre eux deviennent bourreaux pour infliger la somme de douleur qu'ils ne peuvent plus supporter et qui découle pourtant le plus souvent des choix qu'ils font que du courant d'un destin incertain qu'ils ne sauraient maîtriser. Vengeance, fuite en avant et désespoir, l'auteur parvient à insuffler, sans excès, une tension permanente, entrecoupée de quelques éclats de violence émaillant ce terrible récit, tout en nous offrant par moment, de beaux instants lumineux qui éclairent la noirceur d'un roman dressant le portrait acéré d'une Amérique perdue, sans rêve et sans espoir.


David Joy : le Poids du Monde (The Weight Of This World). Editions Sonatine 2018. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau.

A lire en écoutant : Black de Pearl Jam. Album : Ten. 1991 Sony Music Entertainment Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Après le très bon "Là où les lumières se perdent", mon premier David JOY, j'avais hâte de lire "Le poids du monde".
L'auteur reste dans la région des Appalaches, nous montrant une face des Etats-Unis très noire, où il est plus question de survie que de vie.
Thad et son meilleur ami Aiden sont inséparables. le premier revient de la guerre au moyen-orient, le second n'est jamais parti du trou où ils vivent. Mais Thad n'est plus vraiment lui-même depuis son retour et Aiden a du mal à gérer le comportement de son ami.
Au fur et à mesure de la lecture ils vont aller de galère en galère, se mettant toujours un peu plus dans une situation qui ne pourra pas s'arranger.
Ce sont des compagnons de misère, beaucoup de tristesse, de violence, de drogue... et si peu d'amour.
Je pense que l'auteur nous brosse un portrait assez réaliste des gens qui vivent dans la "campagne" américaine. Il aborde le syndrome de stress post-traumatique des soldats mais aussi la présence importante des drogues dures qui ravagent les Etats-Unis.
On part de situations familiales bancales qui ne donnent pas les meilleurs chances pour réussir sa vie. Des enfants malheureux qui deviennent des adultes tristes et sans vraiment de but dans la vie. Un cadre de vie qui à lui seul donne envie de se mettre une balle dans le crâne. On s'en prend plein la tête. Il n'y a jamais de happy end dans ces histoires là.
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*Lecture recommandée par le Picabo River Book Club*

Le premier roman de David Joy avait été une véritable révélation pour moi, un gros coup de coeur et j'avais hâte de le retrouver pour un deuxième livre.

Le Poids du monde confirme tout le talent de ce grand romancier. Un auteur essentiel qui nous offre un portrait sincère, dur, émouvant, violent et fort des Appalaches, un écrivain qui donne une voix à ceux qui n'en ont pas.

Dans les deux romans de cet auteur il y a cette atmosphère saisissante, cet aspect désespéré omniprésent qui prend littéralement aux tripes. Nous sommes en présence d'une fiction dans le genre du roman noir et pourtant la vérité, la réalité n'est jamais très loin.

Ce livre met en exergue la situation impossible de ces coins reculés mais il recèle d'autres points forts. En effet David Joy a le don de créer des protagonistes très complexes, ambivalents et qui sont loin d'être manichéens. Des êtres désoeuvrés, au bord du gouffre ou qui ont déjà plongé dedans. Des êtres brisés, écoeurés, en colère. Des êtres abandonnés comme Thad qui est revenu de la guerre, comme Aiden qui ne trouve pas de travail.

David Joy est indéniablement un des plus grands auteurs du "country/rural noir", chacun de ses livres apporte sa pierre à l'édifice et permet au lecteur une prise de conscience primordiale afin de comprendre les Etats-Unis de nos jours. Enfin cet écrivain nous percute à chaque fois au travers d'un dénouement terrible et surprenant, un dénouement parfait qu'on ne peut oublier.

En définitive, j'ai adoré ce nouveau roman de David Joy ! Foncez en librairie (et si vous ne l'avez pas déjà : prenez aussi Là où les lumières se perdent).
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Il y a deux ans de cela, en découvrant Là où les lumières se perdent, on se disait que David Joy était un jeune écrivain très prometteur. Il le confirme avec ce second roman.
Thad et Aiden, amis d'enfance, vivent sur la propriété d'April, la mère de Thad, au flanc d'une colline dans le comté de Jackson, en Caroline du Nord. « Il y avait deux types de vie, et Aiden et lui étaient nés dans celui où les tests d'aptitude au service militaire avaient plus de sens que les tests d'admission à l'université ».
Thad est parti combattre en Afghanistan et en est revenu poursuivi par de sales souvenirs. Aiden n'a pas eu besoin de partir pour cela. Il a assisté au meurtre de sa mère par son père et au suicide de ce dernier alors qu'il était encore à l'école primaire. Les deux garçons se sont toujours serrés les coudes et Thad a tout fait, jusqu'à convaincre sa mère, pour qu'Aiden, après la mort de ses parents, puisse rester dans la petite communauté de cette partie du comté que l'on appelle Little Canada.
Ancrés sur cette terre qui n'a pourtant rien à leur offrir, les deux jeunes hommes vivent d'expédients et font passer le temps en fumant de la méthamphétamine. C'est la mort accidentelle de leur dealer, qui laisse derrière lui un petit stock de drogue et quelques milliers de dollars, qui va précipiter les choses : faire entrapercevoir à Aiden une issue, la possibilité de se refaire ailleurs, pousser Thad à s'engager plus avant sur la mauvaise pente, faute de pouvoir même envisager la possibilité d'une autre vie que la sienne. Entre les deux, April, après s'être oubliée des années durant, est bien décidée à s'extraire enfin de l'existence morne dans laquelle elle ne supporte plus d'être enfermée.
Les amateurs d'action, de grandes scènes de poursuite ou de fusillades passeront. le propos de David Joy n'est pas de proposer une intrigue de polar débridée mais bien de coller au plus près des états d'âmes de ses personnages et de les suivre dans ce qui pourrait bien être des impasses. Écrasés par le poids du monde qui donne son titre au roman et qui, de la lourdeur d'un ciel d'été chargé de nuages noirs à la manière dont, plus on avance, plus les bâtiments semble prêts à s'effondrer en même temps que les personnages ou sur eux, devient de plus en plus prégnant, Thad, Aiden et April tentent de lever la tête, de se redresser. Mais ce que l'on charrie est parfois bien trop lourd.
Si David Joy choisit de montrer l'Amérique des perdants, des petits blancs écrasés par un système qui leur est finalement aussi étranger que ces pays où on les envoie se battre, retournant leur haine ou à tout le moins leur dépit vers plus pauvres qu'eux, il n'en fait pas pour autant de simples victimes. C'est là tout l'intérêt de ce roman. Il y a certes un indéniable déterminisme social, mais il y a aussi des choix personnels qui peuvent tenir autant à la peur de l'inconnu qui empêche de tenter de fuir qu'à la fuite en avant ou, au contraire, aussi douloureux que cela puisse être, à la décision de couper définitivement et brutalement avec ce monde. Sans pathos inutile, sans démonstrations lénifiantes, Joy parle des gens, tout simplement, comme ils sont et non pas comme ils rêveraient d'être ou comme on voudrait qu'ils soient. Ce faisant, tout au long de roman noir et émouvant, il offre de beaux moments de grâce littéraire.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Caroline du Nord, de nos jours. L'Amérique dans ce qu'elle a de plus sombre et de plus triste : l'histoire de deux garçons devenus grands mais qui se retrouvent sans repère et sans modèle.
Aiden McCall a vu son père tuer sa mère puis se suicider lorsqu'il avait douze ans. Après une fugue du foyer où il avait été placé, il s'est réfugié chez son meilleur ami, Thad Broom, qui vit dans un mobile home en contrebas de la maison où vit sa mère et son nouveau mari. Son père? Un inconnu, un Cherokee aime-t-il à raconter.
En grandissant, les deux jeunes hommes se retrouvent sans emploi, Thad blessé physiquement au dos mais aussi moralement après son passage dans l'armée américaine et sa participation au conflit en Afghanistan.
Beaucoup de problèmes sont soulevés dans ce roman : l'alcool, la drogue, la débrouille lorsqu'on est sans emploi,l'attachement au lieu également, le déclin de la famille, ... : on est loin du rêve américain!
J'ai découvert cet auteur avec beaucoup de plaisir, et même si l'atmosphère est pesante, j'en lirai d'autres.
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