La pensée est sous la dépendance du language.
Ce serait présomption ridicule et injustifiée que de prétendre que nous avons plus d'énergie ou d'intelligence que les anciens : la matière de notre savoir s'est accrue, l'intelligence, nullement. Aussi sommes-nous, en présence d'idées nouvelles, aussi bornés que les hommes des périodes les plus obscures de l'antiquité. Nous nous sommes enrichis en savoir, pas en sagesse. Le centre de notre intérêt s'est déplacé pour se porter tout entier vers la réalité matérielle; l'antiquité préférait une pensée plus proche du type imaginatif. Tout, dans l'esprit antique, est encore pénétré de mythologie, quoique déjà la philosophie et les débuts des sciences de la nature aient, à ne s'y point méprendre réalisé un "travail de clarification".
La question de savoir d’où proviennent la tendance et l’aptitude de l’esprit à s’exprimer en symboles a conduit à distinguer deux sortes de pensée, la pensée dirigée et adaptée et la pensée subjective que des motifs intimes mettent en mouvement.
Dans le sacrifice, la conscience renonce à la possession et à la puissance au bénéfice de l’inconscient. Ainsi devient possible une union des contraires qui a pour conséquence un déclenchement d’énergie.
Régression, c’est glissement dans le passé par suite d’une dépression dans le présent. Il faut considérer la régression comme un phénomène inconscient de compensation dont le contenu, pour atteindre sa pleine efficacité, devrait être rendu conscient. Cela peut se produire si l’on obéit à la tendance régressive et rétrograde en pleine conscience : ainsi on intègre à la conscience les réminiscences réveillées. Ce qui correspond à l’intention poursuivie par la régression.
L’homme ne se métamorphose pas en sa forme immortelle, mais […] il est déjà les deux dans la vie, le moi et le soi.
La tendance à l’autonomie a pour conséquence que l’anima anticipe des idées et des décisions de la conscience masculine, de sorte que celle-ci se trouve continuellement en présence de situations qu’elle n’a pas cherchées, et qu’apparemment elle n’a pas provoquées.
On sent un glissement et l’on se met à lutter contre ce penchant, à se défendre du sombre flot de l’inconscient qui monte et de sa séduction invitant à la régression, qui se dissimule, trompeuse, sous des idéaux sacrés, des principes et des convictions. […] Les convictions se transforment en platitudes, rengaines ; les idéaux, en habitudes endurcies ; et l’enthousiasme, en un geste automatique. La source d’eau vitale s’écoule goutte à goutte. […] S’il arrive que l’on ose regarder vers l’intérieur, […] alors on peut avoir un pressentiment de besoins, aspirations et appréhensions, dégoût et obscurité. Le cœur cherche à s’en détourner, mais la vie aimerait à s’y enfoncer. […] mais le devenir nous précipite et fait de nous des traîtres à l’idéal qui était le nôtre jusqu’alors et à nos meilleurs convictions ; traîtres à nous-mêmes tels que nous croyons nous connaître. C’est la catastrophe pure et simple parce qu’elle est un sacrifice non voulu. Mais les choses se déroulent autrement quand le sacrifice est fait volontairement. Car alors il n’est plus effondrement, « transmutation de toutes les valeurs », destruction de tout ce qui fut une fois sacré, mais métamorphose et conservation. […] Nul ne peut nier le danger de la descente, mais cette descente, on peut la tenter. Ce n’est pas un devoir de la tenter, mais on est certain que quelqu’un l’osera. Quiconque doit opérer cette descente devra la faire les yeux grands ouverts. Alors c’est un sacrifice qui fléchit même le cœur des dieux. A chaque descente succède une montée.
On dirait qu’il a été donné [à Nietzsche] le pressentiment, ou l’aptitude, de sentir et de réaliser à nouveau, sous les mots de notre langue d’aujourd’hui et dans les images qui se pressent à sa fantaisie, les ondes impérissables de mondes spirituels depuis longtemps disparus.
L’assimilation de la tendance du sexe opposé devient une tâche qu’il faut résoudre pour maintenir la libido en progression. Cette tâche consiste à intégrer l’inconscient, c’est-à-dire à faire la synthèse du « conscient » et de « l’inconscient ».