Citations sur Lune de papier (14)
C’est ça, avoir commis un crime, en vint-elle à penser. Cela ne libérait pas, mais enfermait dans un lieu bien plus exigu que soi-même.
Jusqu’à présent, qu’avait-elle pris pour la liberté ? Ce qu’elle ressentait maintenant, cette liberté formidable, infinie, était-elle due aux sommes énormes qu’elle n’aurait jamais pu gagner mais qu’elle avait dépensées, ou au fait qu’elle avait abandonné tout ce qu’elle avait, y compris un endroit où revenir et ses livrets de banque ?
Le monde entier était doux et aimable comme jamais. Elle se mit à penser que c’était ainsi que les gens riches voyaient la vie. […] Ces gens qui riaient de bon coeur, qui ne haussaient jamais le ton, qui n’écrasaient pas les autres, qui faisaient vite confiance, qui ne montraient ni n’exprimaient aucune malveillance, qui ne pensaient même pas que quelqu’un puisse leur vouloir du mal. Elle était convaincue qu’ils avaient passé leur vie dans cette ambiance éthérée que procurait l’argent.
c'est ça, avoir commis un crime, en vint-elle à penser. Cela ne libérait pas, mais enfermait dans un lieu bien plus exigu que soi-même.
L’argent, plus on en a, moins on le voit, pour une raison inexplicable. Quand on n’en a pas, on y pense sans arrêt, mais quand on en a beaucoup, on trouve immédiatement cela naturel.
L'argent, plus on en a, moins on le voit, pour une raison inexplicable. Quand on n'en a pas, on y pense sans arrêt, mais quand on en a beaucoup, on trouve immédiatement cela naturel.
Puisqu'elle ne pouvait plus reculer, la seule chose à faire était d'avancer, se dit-elle comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Elle n'avait pas le choix. Elle repensa à ce jour où il avait si chaud. De l'instant où elle avait emprunté temporairement 50 000 yens pour acheter des produits de beauté, de la sensation des billets sous ses doigts.
Tu ne trouves pas que c’est idiot de laisser l’argent dominer notre vie, à force de trop penser à l’avenir ?
Pourquoi pense-t-on toujours que ce qui est plus plaisant que la réalité est un rêve, se demanda Rika sans le dire tout haut. Pourquoi ne pense-t-on pas le contraire ? Que là où ils retourneraient tous les deux demain était un rêve moins plaisant que la réalité ?
Il ne lui offrait pas ce voyage pour compenser ses absences mais pour affirmer sa supériorité. De la même manière qu’il l’avait emmenée dans un restaurant de sushis de luxe après qu’elle l’avait invité dans un bistrot près de chez eux. Il voulait la lui faire sentir. Lui montrer qu’il lui était supérieur, par lui-même, par le contenu et l’importance de son travail, et par son salaire qui dépassait de loin le sien.