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Sophie Rèfle (Traducteur)
EAN : 9782330149352
336 pages
Actes Sud (07/04/2021)
3.6/5   56 notes
Résumé :
Mariée depuis peu, Rika tente avec beaucoup d’humilité de correspondre à l’image qu’elle se fait du bonheur conjugal, mais ne tarde pas à percevoir l’inélégance de son mari. À cela la jeune femme ne voit qu’une parade : réintégrer le monde du travail pour assumer ses propres dépenses, être relativement autonome, et retrouver un semblant de vie sociale. Dès lors, elle prépare un examen qu’elle obtient haut la main et entre dans une banque où lui est rapidement attrib... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Quand s'ouvre le roman, Rika a fui le Japon pour passer la frontière japonaise. La presse titre sur une affaire de détournement de fonds à hauteur de 100 millions de yens ( près de 800.000 euros ) alors qu'elle travaillait dans une banque comme responsable de clientèle auprès de personnages âgées.

Rika est un personnage d'une formidable opacité. Jolie, mal mariée mais épouse modèle, sans enfant, une vie bien banale comme tant d'autres. Mitsuyo Kakuta construit son récit à coup d'analepses pour essayer de comprendre ce qui a pu amener la très réservée et droite Rika à basculer dans l'indignité. Elle focalise l'attention et pourtant, c'est progressivement un petit choeur de femmes ( toutes ont connu Rika ) qui se forme et raconte la condition féminine japonaise et plus largement la société du pays : soumission au mari, emprise des crédits à la consommation, addition à la société de consommation, conformisme social y sont décryptés minutieusement, l'air de rien.

C'est là que le roman se nimbe d'une subtile subversivité avec le récit d'une femme qui s'émancipe en volant des personnages âgées qui lui vouent une confiance quasi filiale. Même si au départ, elle est animée par des motivations superficielles et égoïstes, elle brise une myriade de tabous et contraintes inhérentes à une société japonaise très corsetée et réglementée, comme lorsqu'elle ose inviter son mari dans un restaurant cher, un affront assimilé à une volonté de l'humilier comme s'il n'avait pas les moyens de le faire.

Cette rébellion buissonnière est racontée d'une écriture plutôt lapidaire et froide, ce qui crée une tension, certes légère, mais toujours présente qui fait grandir une sensation de malaise devant cette quête de liberté et d'être soi. le lecteur flotte au dessus des personnages dans une ambiance à la fois ouatée et violente psychologiquement.Ce n'est pas un roman qui vous fait vibrer d'émotion mais réfléchir. Rika ne suscite certes pas d'empathie, elle reste terriblement hermétique, et pourtant, on a l'impression de la comprendre dans sa dérive qui n'en est d'ailleurs pas forcément une. C'est ce qui fait toute la beauté des dernières pages, consacrées non pas à Rika mais à Aki, son amie, magnifiquement éclairée alors qu'elle aussi a chuté aux yeux des conventions japonaises.

Un roman troublant et subtil.
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La vie avec un mari distant ne lui apportant pas le bonheur espéré, Rika décide de s'investir dans un emploi. Devenue chargée de clientèle dans une banque, elle visite régulièrement à domicile les personnes âgées qui lui font confiance pour leurs opérations bancaires et la gestion de leur épargne. Sa hiérarchie et ses clients l'apprécient, mais le vide de sa vie privée devient de plus en plus obsédant. Pour tenter de le combler, elle noue une relation extra-conjugale avec un jeune homme et, insensiblement, se retrouve occupée à détourner des sommes de plus en plus importantes…


A travers Rika, mais également les autres femmes du roman, tout aussi ingénument engagées dans une vie maritale dont elles n'imaginaient pas le poids des désillusions, c'est la vacuité du quotidien ordinairement réservé aux Japonaises, que l'auteur nous dépeint ici avec férocité. Au foyer ou employée le plus souvent à mi-temps, avec ou sans enfants, aucune, dans ce récit, n'était préparée à la somme des renoncements qui l'attendait, alors que toutes se retrouvent liées à des époux absents, exclusivement accaparés par leur carrière professionnelle et pétris de la certitude de leur prééminence masculine. Dans cette histoire, aucune communication n'existe au sein du couple, chacun vaque à ses occupations parallèles au détriment même, parfois, de toute intimité conjugale. Les maris décident et disposent sans partage, partent plusieurs années à l'étranger sans se préoccuper de ce qu'il advient à la maison, divorcent rarement, mais alors abandonnent leur ex-conjointe sans ressources pour confier la garde des enfants à leurs propres parents.


Dans ces couples cimentés principalement par le souci des apparences et des conventions sociales, sans doute parce que chacun pense compenser ses manques affectifs par davantage de satisfactions matérielles, c'est finalement autour des questions d'argent que se cristallisent tensions et conflits. Tel mari craint l'ombre d'une épouse capable de gagner sa vie, tel autre est mal considéré par sa belle-famille parce que ses revenus sont insuffisants, le dernier se résout au divorce – si rare au Japon -, en raison des achats compulsifs de sa femme. Quand, depuis les années quatre-vingt, beaucoup de Japonais se retrouvent prisonniers des crédits à la consommation et du surendettement, c'est dans un tout autre engrenage que la si sage Rika, sans intention malhonnête initiale, se laisse happer, dans une irrésistible escalade qui installe un sentiment de malaise et tend imperceptiblement le récit : en rébellion à sa morne et insignifiante existence, la jeune femme succombe elle aussi au mirage de l'argent, en se transformant en improbable escroc. Par ses malversations, c'est de la société japonaise toute entière, de ses hypocrisies et de son corset de convenances, que Rika tente en réalité de s'affranchir…


Au travers de ses personnages féminins, réduits à tromper l'indigence affective de leur couple et à s'inventer un semblant d'affirmation de soi par une surconsommation de biens matériels, Mitsuyo Kakuta pointe du doigt l'écrasante pression sociale qui poursuit les Japonais jusque que dans leur relation maritale, sacrifiée à l'hypertrophie du carriérisme masculin. Une lecture fascinante et troublante, où sous ses apparences lisses et policées, la société japonaise, tout comme cette histoire, se révèle d'une incommensurable violence psychologique.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Pas facile d'être une femme indépendante au Japon.
Visiblement, la norme c'est de se marier et ensuite de quitter son emploi afin de devenir mère.
Mais qu'arrive t'il à celles qui ne veulent ou ne peuvent enfanter ?
Rika fait donc partie de ces femmes qui ont du quitter leur emploi après s'être mariées, mais le bébé tardant à venir et les journées étant très longues, elle va finalement reprendre un petit boulot, car c'est tout ce qu'elle peut espérer, les postes importants étant réservés aux hommes.
J'ai beaucoup aimé suivre le quotidien de Rika, qui bien qu'occupant un emploi, n'est pas considérée comme une personne à part entière par son mari.
Celui-ci considère qu'elle ne gagne pas grand-chose et que c'est donc lui qui fait vivre le foyer et qui est donc à mème de prendre toutes les décisions relatives au couple, le choix des restaurants, des sorties, des voyages, des achats….
Le travail et l'argent gagné jouent un rôle important dans la place sociale qu'occupent les individus au Japon, et les femmes ne sont donc pas considérées comme des personnes ayant un pouvoir important au sein des familles, elles ne sont bonnes qu'à élever des enfants et à dépenser l'argent de leur mari.
Pas étonnant alors que certaines aient envie de sortir des rails et de mener une vie « hors-norme », histoire de regagner confiance en elle et de pouvoir réaliser leurs rêves.
C'est ainsi que Rika va devenir « hors la loi » et détourner l'argent de ses clients.
Plus que l'histoire d'une voleuse, ce roman est l'histoire d'une femme qui en a eu marre d'être considérée comme un être inférieur et qui a eu envie de se choisir une vie différente, faite de luxe certes, mais surtout de liberté.
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Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de Lune de papier, mon dernier coup de coeur littéraire et une lecture qui va rester longtemps dans ma mémoire dans j'ai adoré ce roman.

Dès les premières pages, on sait que le personnage central Rika, a détourné une très grosse somme d'argent dans la banque qui l'employait. Elle est en cavale et se cache dans des pensions miteuses en Thaïlande. Elle va peu à peu nous raconter son histoire et surtout comment elle en est arrivée là. En parallèle, on découvre des personnages qui l'ont connu au lycée ou à l'université et qui s'interrogent eux aussi sur Rika et sa descente aux enfers.

C'est un roman passionnant dans son ensemble. Tout d'abord, la construction qui apporte lentement les différents éléments de l'intrigue mais juste assez pour happer le lecteur et que l'on puisse sentir la tension monter.

Rika est attachante, et malgré son détournement d'argent qui peut sembler un geste complètement fou et incompréhensible, on peut facilement s'identifier à elle. Elle se sent seule, délaisser par un mari qui ne la regarde pas, qui ne lui donne pas d'amour et qui pour combler son manque de virilité a un besoin constant de l'a rabaissé. Et ensuite c'est un enchainement de petites choses qui font que le destin de Rika bascule sans retour en arrière possible.

J'ai adoré découvrir différentes facettes de la société nippone : les relations hommes-femmes que je trouve toujours très compliqués, relations ou l'on communique peu ou pas du tout. le rapport à l'argent dans le couple, ou il est important pour l'homme de gagner plus que son épouse. Cette société de surconsommation ou prendre un crédit à la consommation est tellement simple. le rapport à la beauté et au shopping et pour avoir été au Japon il y a quelques années, j'étais déjà extrêmement surprise du nombre de boutique de luxe et de la coquetterie des femmes.

C'était une première rencontre avec l'auteure, Mitsuyo Kakuta et j'ai adoré son style et sa plume. Il est certain que je lirais très vite un autre de ses romans mais une chose est sure c'est qu'elle a placé la barre très haute avec celui-ci et j'espère que je ne serai pas déçue avec les prochains.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Traduit du japonais par Sophie Refle

Bon, bon, bon, que dire ?
Comment me suis-je retrouvée avec ce livre, je ne m'en souviens pas. Peut-être était-il sur le présentoir des nouveautés à la bibliothèque et que la couverture m'a plu. Je ne sais plus mais peu importe.
Je suis allée jusqu'au bout de ma lecture, mais sans aucun plaisir. Les noms des lieux et des personnages sont impossibles à retenir pour moi, tous se mélangent, sauf celui de Rika, encore heureux.
J'ai trouvé l'histoire banale. Plusieurs personnes ont attrapé la fièvre acheteuse. Ce livre est un tourbillon de yens. Il y est tout le temps question d'argent, de la valeur des choses, de ce qui a été dépensé etc. Quel intérêt ? Aucun.
Ce qui m'a un peu intéressé, par contre, c'est le fonctionnement de la société japonaise et la place des femmes dans cette société. C'est l'unique raison pour laquelle j'ai terminé, laborieusement, ce livre.
Perso, je ne le conseille pas, mais tous les goûts sont dans la nature.
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critiques presse (2)
LeMonde
21 mai 2021
Rika, seule à Chiang Mai, peut respirer, enfin. Elle fuit l’existence rangée qu’on attend d’elle. Un roman entre lumière et ombre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
FocusLeVif
21 mai 2021
Mitsuyo Kakuta trace dans un roman sinueux le portrait d'une femme transparente décidant de s'émanciper. Vertigineux.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
C’est ça, avoir commis un crime, en vint-elle à penser. Cela ne libérait pas, mais enfermait dans un lieu bien plus exigu que soi-même.
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Le monde entier était doux et aimable comme jamais. Elle se mit à penser que c’était ainsi que les gens riches voyaient la vie. […] Ces gens qui riaient de bon coeur, qui ne haussaient jamais le ton, qui n’écrasaient pas les autres, qui faisaient vite confiance, qui ne montraient ni n’exprimaient aucune malveillance, qui ne pensaient même pas que quelqu’un puisse leur vouloir du mal. Elle était convaincue qu’ils avaient passé leur vie dans cette ambiance éthérée que procurait l’argent.
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Jusqu’à présent, qu’avait-elle pris pour la liberté ? Ce qu’elle ressentait maintenant, cette liberté formidable, infinie, était-elle due aux sommes énormes qu’elle n’aurait jamais pu gagner mais qu’elle avait dépensées, ou au fait qu’elle avait abandonné tout ce qu’elle avait, y compris un endroit où revenir et ses livrets de banque ?
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Il ne lui offrait pas ce voyage pour compenser ses absences mais pour affirmer sa supériorité. De la même manière qu’il l’avait emmenée dans un restaurant de sushis de luxe après qu’elle l’avait invité dans un bistrot près de chez eux. Il voulait la lui faire sentir. Lui montrer qu’il lui était supérieur, par lui-même, par le contenu et l’importance de son travail, et par son salaire qui dépassait de loin le sien.
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Puisqu'elle ne pouvait plus reculer, la seule chose à faire était d'avancer, se dit-elle comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Elle n'avait pas le choix. Elle repensa à ce jour où il avait si chaud. De l'instant où elle avait emprunté temporairement 50 000 yens pour acheter des produits de beauté, de la sensation des billets sous ses doigts.
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Videos de Mitsuyo Kakuta (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mitsuyo Kakuta
Mitsuyo Kakuta, mention spéciale du Prix Émile Guimet de littérature asiatique 2021
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