C'est vrai que je manque de courage. M'élancer me fait peur. Me balancer m'effraie. Plonger me terrifie. Je courbe l'échine, je me recroqueville, je me roule en boule...
C'est si facile, une galipette...
Voilà, ma vie sera telle une galipette : je courberai le dos, j'avancerai en roulant sur les événements de la vie, sans jamais lever la tête, et j'arrêterai d'avancer dès que je rencontrerai un obstacle sur ma route.
Ça ne me dit pas vraiment, une vie pareille !
Moi aussi je veux pouvoir décider de ma vie, la prendre en main, réussir à aller là où j'ai envie et ne pas simplement me laisser porter.
Pourtant, si l’on avait pas cherché à nous comparer, on m’aurait trouvé plein de qualités. Maman aurait que je faisais un peu de dessin, comme elle, et que j’avais un joli coup de crayon. J’aurais montré quelques croquis et les adultes se seraient exclamés :
- Quelle enfant sage et souriante ! Et c’est une artiste en plus, comme sa maman ! Bientôt, elle nous fera d’aussi beaux tableaux.
Mais il y a ma sœur, alors je passe inaperçue.
Et quand je suis avec Sophie et Élodie, c’est pareil. Je semble insignifiante. C’est sûr qu’avec elles ; ça ne me valorise pas. Les garçons ne remarquent qu’elles.
Quoique, Sophie, on finit par la trouver grande gueule.
Et Élodie, elle est déjà prise, tout le monde le sait.
Alors, quelqu’un pourrait bien se tourner un peu vers moi ?