–Eh bien moi je n'applaudit pas, dit une jeune femme qui était venu s'asseoir pendant que Jérémie racontait, pourquoi applaudir, où est-il maintenant, le peuple révolutionnaire, où se cache-t-il, il n'y a plus de peuple, il n'y a que des consommateurs, le marché est le seul horizon, tous aliénés.
L'hôpital va mal, tout va mal, parce que notre époque ne connaît plus la civilité, ne reconnaît plus ses dettes, ces devoirs, chacun est arrogant, se croit tout permis.
- Mais dites-nous pourquoi ces émeutes, dit Luca
- Pour moi, dit Myriam, la question n’est pas pourquoi des émeutes, mais plutôt pourquoi pas d’émeutes.
« Si vous convient à Monsieur, toi convient a citoyen », mais la liberté alors, tutoyer pourquoi, citoyen citoyenne, rabattre l’arrogance, le côté injurieux des uns vis-à-vis des autres, le mépris, empêcher ça, mais peut-on l’empêcher.
Dès le moment vous aurez prononcé le mot esclave, dit Robespierre, vous aurez prononcé votre propre déshonneur et le renversement de votre constitution.
Le mot esclave. Il le souligne. Pas de liberté sans prendre les mots au sérieux.
L’appropriation privée de tout, du travail et de la terre, de l’air, de l’eau, des acquis scientifiques, des œuvres artistiques, non seulement ça empêche de vivre aujourd’hui mais ça met en danger la planète, les générations à venir…
Alors il y a ceux qui profitent du régime, qui sont pris dedans, prisonniers, volontaires ou pas du tout volontaires, mais il y a aussi la difficulté à sortir de cette référence, le marché.
L’inégalité suppose qu’on sait à l’avance qui est l’autre, il est moins que soi, défini, relégué, enfermé dans une catégorie.
On aime l’égalité parce que c’est avec un égal qu’il y a un autre, une rencontre, quelqu’un à découvrir, inconnu, nouveau.
C'est très difficile à penser, le changement du cadre dans lequel on pense, dans lequel on vit.