Les enquêtes de Middleton et Grice, tome 1 : Petits meurtres à Mangle Street

— Vous écrivez ? demandai-je.
Il haussa modestement les épaules.
— J’essaie et je dois dire que votre œuvre m’a laissé penser qu’un ancien médecin militaire pouvait composer un bon personnage dans l’histoire que je suis en train d’écrire.
— De quel genre de récit s’agit-il ?
Il coupa le bandage et déchira l’extrémité en deux.
— Je ne saurais dire, fit-il en nouant les deux pans, mais votre tuteur constitue un sujet fascinant.

— Je me demande parfois si je ne travaille pas dans un institut pour les déficients mentaux. Mais ne vous avisez pas de raconter à monsieur Grice que j’ai dit ça !

— Surveillez un peu vos paroles et attendez-nous ici, dit l’inspecteur Pound. Mademoiselle Middleton, vous feriez mieux de me donner le bras. Ainsi, nous pourrons tomber à l’eau ensemble.
— Cela ne peut pas être plus humide, dis-je en passant mon bras sous le sien.

— C’est tout droit, m’sieur. Quand vous commencerez à nager, c’est que vous serez allé trop loin sur la gauche.

— Savez-vous, March, ce que je trouve le plus terrifiant à propos de ce quartier ? Il n’y a pas de salon de thé à moins de cent mètres à la ronde.

— Voulez-vous du thé, inspecteur ?
— Ne buvez-vous jamais rien de plus fort ?
— Lors d’occasions spéciales, je ne suis pas contre une bonne dose de café.

— Ben, le Diogène. Monsieur Grice m’a dit comment dire ça, dit-elle fièrement. Il reste souvent là-bas quand il est perplexifié. Y a pas de femmes et pas de parlottes. Il dit qu’il aime beaucoup ces règles.

— J’aimerais que vous ayez un accident digne de votre nom, monsieur Grave. Venez, mademoiselle Middleton.

— Je suis parfaitement rationnel, dit mon tuteur en claquant des mains. Injuste, méchant et grossier, je vous l’accorde, mais mes capacités de raisonnement ne m’ont jamais fait défaut.

— Je ne vous paie pas pour croire, jeune fille du sous-prolétariat. Si c’était le cas, je demanderais à être remboursé.