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Citations sur La Chambre noire de Longwood (23)

"La mélancolie de Napoléon cache un deuil très ancien."Toujours seul, au milieu des hommes, je rentre pour rêver avec moi-même, et me livrer à toute la vivacité de ma mélancolie. De quel côté est-elle tournée aujourd'hui ? Du côté de la mort." Ces lignes datent de 1786 lorsqu'il était lieutenant.p.140
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[dialogue entre l'auteur (JPK) et Amy (A), une touriste anglaise arrivée par le même bateau que l'auteur et qu'il croisera à plusieurs reprises au cours de son séjour]
A - Je ne comprends pas chez vous ce fétichisme du lieu, cette obsession que vous avez pour les vestiges. Je vous ai étudié depuis le début, ah oui ! Quelle prétention ! Mais pour qui vous prenez-vous ? Une sorte d'Hercule Poirot qui remonte le temps ?
JPK - Pour le fétichisme du lieu, vous avez raison. Mais pour Hercule Poirot, vous avez tort. Ce qui m'excite justement, c'est ce passé que je n'atteindrai jamais, le pittoresque que je ne pourrai jamais reconstituer. Comprenez-vous que c'est ce "jamais", définitif, irréparable, sans retour qui m'exalte ? D'ailleurs vous vous trompez, ce ,'est pas l'indice que je recherche mais l’imprégnation. Connaissez-vous le commissaire Maigret ?
Elle acquiesce.
JPK - Eh bien ! je serai plutôt de son école. Sentir, humer. Absorber, les bruits, les odeurs, les images. C'est le dépôt qui se forme sur le passé qui me passionne. La coloration, le vernis qui recouvrent les objets et les lieux. Mais la patine du passé, on ne peut l'enlever. Cette impossibilité matérielle me fascine. Saisissez-vous cette contradiction ?
A - Non. Mais j'aime bien votre commissaire Maigret. Il est si français ! Ce que vous me racontez aussi est très français. Il vous faut à tout pris heurter le bon sens. Votre passion pour le paradoxe... C'est votre manière à vous, Français, de vous croire intelligents.
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MÉLANCOLIE NAPOLÉONIENNE:

"Le visage de Napoléon a la même expression intensément absente que dans Le Cimetière d'Eylau, première figure de la mélancolie napoléonienne que le baron Gros a saisie avec tant de profondeur. Les yeux plafonnent étrangement, le blanc du globe oculaire souligne la fixité hébétée du regard. "C'est le portrait le plus magnifique et assurément le plus exact qu'on fait de lui", prétend Delacroix. En tout cas, c'est le plus inquiétant. Gros ne dévoile qu'une partie du secret. A mots couverts, il nous livre quelques signes de la tristesse impériale. Le mystère de Saturne à cheval. Tandis que qu'au loin l'incendie s'achève de consumer Eylau, Napoléon étend sa main gantée sur le champ de bataille. Le ciel est sombre, des tourbillons de fumée s'élèvent de la plaine éteinte. Chez un peintre, c'est toujours la lumière qui signe le tableau. Tout est noir dans cette toile. La neige pareille à de la suie, le visage blême de l'Empereur mangé par une barbe charbonneuse. Cette figure paraît brûlée de l'intérieur"."p158-159,
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À l’instant même où il a appris sa déportation à Sainte-Hélène, le 31 juillet 1815, Napoléon s’est-il consolé, entrevoyant le prestige qu’il allait tirer de son malheur? Plus tard, il dira: "L’infortune seule manquait à ma renommée. J’ai porté la couronne impériale de France, la couronne de fer de l’Italie; et maintenant l’Angleterre m’en a donné une autre plus grande encore et plus glorieuse — celle portée par le Sauveur du monde —, une couronne d’épines."
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Pauvre royaume de l'absence ! L'imagination, ce miroir ardent qui déforme et enflamme les figures du passé, a fait ici des ravages. L'imagination … A lire les récits des compagnons, on voit bien qu'il s'agit d'une tentative désespérée pour réunir ce qui est à jamais disloqué. Dans cette atmosphère de décomposition tropicale, il importe de se battre contre l'anéantissement.
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Gourgaud écrit le 15 janvier (1817) une scène pathétique. L'Empereur feuillette " l'Almanach impérial" pour vérifier un chiffre. Son regard s'attarde à des noms qui lui étaient familiers : " C'était un bel empire ! j'avais quatre-vingt-trois millions d'êtres humains à gouverner, plus que la moitié de la population de l'Europe entière ! " Et voilà que, pour cacher son émotion il se met à chanter , Gourgaud est bouleversé. " Quel homme , quel courage, quelle chute ! "
Quand les choses vont mal à Saint-Hélène, on peut parier que Waterloo n'est pas loin. Le 25 février 1817, il refait une fois de plus la bataille. " J'aurais dû mettre Soult à la gauche... Je n'aurais pas dû employer Vandamme. "
Toutes ces phrases commencent par le conditionnel passé. Le 8 mars , il n'a qu'un mot : " Travaillons Waterloo" Gourgaud n'est pas en forme.
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Un long silence s'établit dans la salle à manger. Le temps est gris. Une pluie acariâtre tombe méchamment sur les jardins. Le vent frappe sur les huisseries des portes, battement obsédant qu'accompagne l'éternelle déploration de l'alizé. En cette fin de repas, la mélancolie de Longwood s'écoule suavement , goutte à goutte, comme la sourde percussion de la pluie qui tombe du toit sur le sol. Je commence à m'habituer à cet infini ruissellement , c'est la mélopée de Longwood. Elle s'insinue dans les êtres comme une paisible contrariété , un tourment presque bienfaisant.
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Le soir à Longwood, on s'entretient solennellement de l'amour, de Dieu, de la matière, de la langue française, du destin... Les témoins se poussent des coudes pour ne pas éclater de rire.
" J'entendais les " Dialogues des morts ", raille Albine de Montholon. Gourgaud est chargé sérieusement par Napoléon de réorganiser l'artillerie française. Un jour, le captif désoeuvré se met en tête de réformer l'infanterie. Il prévoit le moindre détail, allouant par exemple pour chaque compagnie des morceaux de tôle pour faire cuire des galettes de blé. Mais l'Empereur et Gougaud se chicanent sur un détail. La réforme de l'infanterie restera en plan.
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Les seules choses certaines en ce monde, ce sont les coïncidences. (Leonardo Sciascia)
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Il est bavard comme beaucoup de misanthropes. Ce genre de solitaires aiment se débonder pour s'être trop longtemps contenus, puis ils se repentent de leur prolixité.
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