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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur avait 11 ans et son frère Alexandre 9, lorsque leur père, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, fut enlevé, le 22 mai 1985, par le Hezbollah à Beyrouth.

Dans son ouvrage, Grégoire Kauffmann, reconstitue cet événement dramatique dans son contexte historique et familial. Comment sa mère, Joëlle Brunerie, gynécologue et féministe, son frère et lui ont vécu cet épisode angoissant de leur existence.

La nouvelle de la disparition de son père, dès son arrivée au Liban, entre l'aéroport et son hôtel, ne fut connue bien plus tard. de même que celle du sociologue Michel Seurat, qui était à bord du même vol. Dans un premier temps, la consigne était de ne rien entreprendre pour ne pas compromettre des pourparlers avec les autorités et des médiateurs à Beyrouth.

Deux mois auparavant, le 22 mars 1985, les diplomates français Marcel Carton et Marcel Fontaine avaient été enlevés par le Jihad islamique, une cellule clandestine du Hezbollah dans ce noeud de vipères qu'était Beyrouth à l'époque et des tractations secrètes étaient sûrement en cours dans la capitale libanaise.

Relativement vite, sa mère créa cependant le groupe "Les Amis de Jean-Paul Kauffmann", avec à sa tête l'architecte-urbaniste Michel Cantal-Dupart, qui a tenu le 6 juin suivant sa première conférence de presse.

À partir de ce moment, la vie devient "une tempête de faits, de visages nouveaux, de flashs d'infos qui crépitent, de téléphone qui sonne encore et encore, le ballet d'adultes en pleine fièvre avaient remplacé la vie d'avant" pour les Kauffmann juniors.
"Les moments d'intimité qui nous réunissent, Alex, ma mère et moi, s'ourdissent à l'écart du grand cirque." Note l'auteur à la page 77.
Mais, l'ombre de l'absence du père s'incruste de plus en plus. Il y a ses livres et ses vêtements qui traînent...

Joëlle Kauffmann-Brunerie déclarera à ce propos à France Culture, le 10 mars 1988, deux mois avant la libération de son époux : "Dans les tout premiers jours, j'ai essayé de leur faire supporter leur chagrin en leur disant : mais c'est une aventure, vous verrez, Jean-Paul va revenir dans quelques semaines et il nous racontera. J'essayais d'exploiter le côté... Tintin, de l'affaire."

N'empêche que l'absence inquiétante de leur père a constitué pour Grégoire et Alex Kauffmann une rude épreuve, comme il ressort avec beaucoup de tact du récit qu'en a fait l'auteur.

Je rappelle que Jean-Paul Kauffmann a été finalement libéré le 4 mai 1988, au bout de 3 longues années de captivité, qu'il a évoquée dans son ouvrage "La maison du retour" paru en 2007.
Michel Seurat, par contre, est mort en captivité de maladie grave et de manque de soins. le Hezbollah a annoncé sa mort le 5 mars 1986. Il avait à peine 38 ans.
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L'auteur est le fils du journaliste et écrivain Jean-Paul Kauffmann, qui fut retenu otage au Liban de 1985 à 1988, pendant quasiment trois ans. Grégoire était alors un tout jeune adolescent. En se fondant sur les archives familiales et des témoignages de premières mains, il nous raconte ici la bataille qui fut menée par les proches de Jean-Paul, à commencer par son épouse Joëlle, pour mettre fin à sa détention.
On découvre une épouse investie totalement dans cette cause, une inlassable combattante, faisant feu de tous bois et pouvant frapper à n'importe quelle porte susceptible d'être efficace. On y découvre aussi des hommes politiques soit indifférents (Roland Dumas), soit méprisants (Charles Pasqua), soit même manipulateurs et intéressés, tel Jacques Chirac et les siens allant jusqu'à contrarier ou retarder la libération des otages à des fins bassement politiques. On y découvrira aussi l'impact de cette situation sur les deux jeunes frères Kauffmann qui en souffriront au point de mettre en péril leurs études.
Un témoignage passionnant sur un épisode qui toucha et émut les Français pendant de si nombreux mois.
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En 2018 avant d'écrire ce livre, Grégoire, 50 ans aujourd'hui et historien -fils de Jean-Paul- désirait avant tout répertorier et classer tous les documents du comité de soutien à son père avec l'aide de Yann Potin, son ami archiviste. Remisés dans une malle, il s'est alors pris de trouble lors de leur exhumation, et c'est ainsi qu'il décide d'en livrer un témoignage écrit, interrogeant ses souvenirs associés aux nombreux articles présents, archives de l'INA et notes personnelles de sa mère. C'est le récit de 3 années, pour lui et son frère Alexandre, cadet de 2 ans, d'une aventure à la fois douloureuse, mais pleine de rebondissements, qui les ont fait passer de l'enfance heureuse et insouciante à une préadolescence bouleversée. Malgré tout protégés par le soutien d'une mère responsable, cette mère, Joëlle Brunerie-Kauffman, qui se mit en totale disponibilité pour créer, entretenir et porter le combat jusqu'à la libération de son mari, le père de ses enfants. Enlevé à Beyrouth par un commando du Jihad islamique téléguidé par le Hezbollah libanais, sous l'influence de l'Iran (pour l'affaire Eurodif), Jean-Paul, otage au Liban de 1985 à 1988 est le sujet constitutif du document, or, il n'y apparaît qu'en filigrane.
À l'enlèvement de son père, Grégoire a 11 ans. Dans la narration, il revient sur les 3 années qui suivent l'enlèvement, mêlant ses souvenirs d'enfant et de préadolescent à son analyse d'historien. Certains anecdotiques, cependant médiatisés : la disparition de Philippe de Dieuleveult au Zaïre (la chasse au trésor), l'emballage du pont neuf par Christo, et d'autres plus personnels : son entrée pistonnée (puis celle de son frère), à Henri IV. Mauvais élève, il dit « C'était impossible qu'on aille bien ». N'est jamais éthique le comportement des journaux à sensation : Paris Match, quand il s'agit du vol et de la diffusion de clichés familiaux intimes ! Plus politique, il s'attaque à l'ombre portée de Mitterrand, Roland Dumas, dénué d'empathie, voire même de respect envers les proches. Mais il y eut les soutiens actifs des pairs dont L'évènement du jeudi et JF Khan, celui du Journal télévisé de 20 heures sur Antenne 2 où chaque soir était rappelé le nom des otages. Il y eut la présence agissante des amis, de la famille et la combativité inépuisable de Joëlle. de par son activisme, son mari était devenu un « diamant ». Wahid Gorgji, alors diplomate d'Iran lui aurait déclaré : « Vous avez eu tort. Votre mari, c'était personne, on pouvait l'échanger contre un plat de lentilles. Maintenant, vous en avez fait un diamant et c'est plus cher ».
Entre 1985 et 1987 à Paris, le Hezbollah libanais multipliera les attentats meurtriers, ce qui ne fait qu'intensifier la tension chez les familles d'otages, car le nombre a augmenté : Jean-Louis Normandin, Philippe Rochot, Aurel Cornéa, Georges Ancel, puis Camille Sontag et enfin Roger Auque (journalistes), s'ajouteront aux précédents : Jean-Paul Kauffman, Michel Seurat (sociologue, mort en 1986), Marcel Carton et Marcel Fontaine (diplomates).
C'est aussi la période de cohabitation Mitterrand-Chirac et l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 1988. Qui de la droite (Pasqua-Marchiani) ou de la gauche (Védrine-Dumas), a le plus manigancé par intérêt politicien pour aboutir à la libération de chacun ?
Car l'histoire n'a pas encore livré tous ses secrets, archives verrouillées à l'historien G. Kauffman. Il y a une immense opacité sur les contreparties qui ont été exigées pour la libération des otages, souligne Grégoire Kauffmann. La France a négocié avec l'Iran, mais on ne sait pas exactement sur quoi elle a transigé.
Fin heureuse du sinistre feuilleton le 4 mai 1988. Fin de la commémoration festive du retour le 4 mai 2018, manifestation célébrée par les otages, les amis, voire même Jean-Charles Marchiani, reçu comme un membre de la « famille » !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Je n'ai que des souvenirs flous des années 1985, je me rappelle pourtant bien du rappel quotidien des otages aux infos.
Et là j'ai découvert l'envers du décor. L'histoire est menée de telle façon que je découvre les différentes facettes des problèmes d'une famille d'otage. L'impuissance, sauf quand on s'appelle Joëlle Kaufmann. L'angoisse, le devoir de continuer à vivre.
Un peu de honte me poursuit d'avoir accordé aussi peu d'attention aux médias, cela me paraît injuste, et en même temps qu'aurais-je pu faire ?
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