"Trois ou quatre jours plus tôt, Sata Takichirô, le père de Chieko, avait trouvé refuge dans un monastère de religieuses, caché au fond des collines de Saga. [...]
Dans ce monastère, Takichirô avait loué une pièce, et, à ce point de son existence, qui sait s'il ne ressemblait pas à ce monastère... ?
Enfin, quoi qu'il en soit, commerce en gros de tissus de kimono qui font la célébrité de Kyôto, la maison Sata était située dans le quartier de Nagagyô, dans le centre. Comme les magasins voisins devenus généralement des sociétés anonymes, celui des Sata était, par la forme, une société. [...] Survivaient, néanmoins, la plupart des usages des « boutiques » à l'ancienne mode.
Takichirô, depuis son plus jeune âge, avait le comportement d'un homme hors du commun. Au demeurant, misanthrope. Exposer, par exemple, les étoffes tissées et teintes à partir de ses maquettes, était une ambition qu'il n'eut jamais. D'ailleurs, il aurait eu beau les exposer, ses créations trop originales pour l'époque eussent été difficiles à vendre."
"L'Univers dans un vase" est une très ancienne légende chinoise, que Chieko connaissait. Le vase renferme un palais d'or et des tours de perles, des nectars exquis et les mets rares de monts et des mers ; le vase clos était un "autre monde" coupé de la réalité qui est nôtre, un lieu enchanté.
C'était une journée de printemps tout en douceur, où le ciel s'embrume comme arbre en fleur.
" Oui mais j’y pensais encore aujourd’hui, prends les fabricants de ceintures de kimono, et une maison comme Izukura. C’est un bâtiment à l’occidentale, trois étages, une véritable industrie moderne. Nishijin deviendra comme ça. En un jour, ils font cinq cents ceintures; bientôt, les employés vont participer à la direction, alors que la moyenne d’âge est, paraît-il, dans les vingt ans… Un travail comme celui que nous faisons chez nous à domicile, sur des métiers à main, dans vingt ans, trente ans, est-ce que ça existera encore ?
- Ne dis pas des choses stupides !
- Et si je subsistais, ce serait en tant que " trésor national vivant ", ou quelque chose dans ce goût-là ".
"Chieko, agrippée à la porte ocre de la claire-voie, la suivit longtemps du regard. Naeko ne se retourna pas. Sur les cheveux de Chieko tomba, légère, un peu de neige qui aussitôt disparut. La ville , évidemment, baignait encore dans le sommeil."
C'était une journée de printemps tout en douceur, où le ciel s'embrume comme arbre en fleur
Les fleurs vivent. Vie brève, mais vie évidente. Les années reviennent et les boutons s'ouvrent - comme vit la nature.
- Quand je demandai d'entrer à l'Université, mon père se récria : "L'Université pour notre fille, celle qui héritera de nos biens, ça n'a aucun intérêt. Regarde plutôt comment se traitent les affaires..."
Une fois, j'ai pensé que c'est un infini à vivre ou une éternité à attendre ..
Qu'écrire d'autre, je vous le demande ..
"De l'autre côté du pont il y a un cerisier que j'aime."
Ses doubles fleurs pourpres étaient d'une extrême beauté. C'était un arbre célèbre. Les branches retombaient à la manière du saule pleureur, puis se déployaient largement. Lorsqu'ils furent sous l'arbre, une brise imperceptible dispersa des pétales aux pieds de Chieko, sur ses épaules.
Déjà, à l'ombre de l'arbre, les fleurs étaient tombées, éparses sur le sol. D'autres dérivaient à la surface de l'étang. Mais quelques-unes seulement, sept ou huit, peut-être...