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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le vent glacial contre le soleil qui murit doucement la vigne. La bestialité contre la grâce. Les rictus de haine contre les sourires bienveillants. La force brutale contre la ruse subtile. Les vociférations des fanatiques contre les doux refrains des élégants troubadours. L'exécration contre l'amour courtois qui célèbre la beauté féminine. Un Dieu guerrier plein de certitudes contre une Déesse aimante pétrie de doutes.
Quatre saisons, quatre petites saisons, pour sauver le pays d'Arbonne du feu, de l'épée et de la hache.
J'ai beaucoup aimé ce long roman. On y rit, on y boit, on y chante… On y célèbre la beauté des corps et des sentiments… On ressent cette douce mélancolie qui s'empare des fêtards et des amants arrivés au bout de la nuit. On s'attarde, assis à l'ombre, sur de vieux bancs en pierre…
Tout serait tellement formidable s'il n'y avait pas au nord la folie destructrice du pays du Gorhaut dont les légions vont bientôt se ruer au coeur du pays d'Arbonne.
Je n'oublierai pas tous ces personnages généreux au rire clair qui, par pudeur, savent si bien dissimuler leurs blessures. le roi brutal du Gorhaut aura fort à faire pour parvenir à vaincre de tels caractères.
Le talentueux duc troubadour de Talair, provocateur, charmeur et sensuel, qui perd ses nuits à essayer de retrouver un amour perdu ; la fragile Cygne de Barbentain, comtesse d'Arbonne, maîtresse du temps ; Blaise ! Blaise le rustre, Blaise le nordique qui se révolte contre l'inéluctable ; le spadassin Rudel, la douce Lisseut et le fidèle Valéry… Tant d'autres encore aux vies fracassées mais qui vont se retrouver pour défendre leur pays.
Jusqu'à l'ultime bataille, la mère des batailles qui décidera de leur sort.
J'aurais bien aimé vivre en pays d'Arbonne.
Superbe roman.

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Encore une fois, j'ai été happé, emporté, transporté, bringuebalé dans l'univers de Guy Gavriel KAY.
Je me suis laissé prendre au jeu des ménestrels et troubadours, je les ai écouté chanter des récits épiques, des récits douloureux, des faits d'armes héroïques ou des duels fougueux.
Dans cette aventure, comme lorsque j'ai lu Tigane, je me suis retrouvé dans ces paysages et ces ambiances qui nous sont proches et pourtant si lointains.
On file de page en page sans se rendre compte du nombre de pages avalées. On avance avec les protagonistes, on les accompagne, on les suit et on chante avec eux.
J'ai été le captif volontaire de tous ces personnages hauts en couleurs et pour cette fois seulement, j'ai aimé la captivité.
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Wouah ! Magnifique !

J'avais tellement aimé Les Lions d'Al-Rassan, j'avoue que je redoutais de ne pas être autant émerveillée cette fois-ci.
Et bien, c'est également le vrai coup de coeur pour cette Chanson d'Arbonne que j'ai adoré et eu le plaisir de découvrir en compagnie de Srafina.

Ah ! L'Arbonne… élément essentiel du récit, un territoire qui fleure bon comme le Midi. Un petit pays chaleureux qui cultive ses vignes et ses oliveraies grâce à son soleil généreux. Un petit pays comptant plusieurs châteaux de ducs et barons, et où les troubadours et ménestrels sont toujours à l'honneur dans leur salle de banquet pour chanter l'Amour Courtois, une tradition insufflée par la comtesse de Barbentain qui gouverne l'Arbonne.

Et oui, une femme à la tête de ce pays. Et cela semble bien irriter son voisin nordique le Gorhaut, bien plus austère. Des terres froides où l'on ne semble guère apprécier autant la musique… ni tolérer qu'une femme puisse avoir un quelconque pouvoir.

« Jusqu'à ce que meure le soleil et que tombent les lunes,
l'Arbonne et le Gorhaut ne vivront pas en harmonie côte à côte. »

Et c'est pourtant par les yeux de Blaise du Gorhaut, mercenaire qui a fui son pays, que l'on va découvrir cette Arbonne si insolente à leurs yeux, et bien d'autres choses en encore. Mais chut…

Ce livre a vraiment tout pour me plaire.

Tout d'abord la plume magnifique de Guy Gavriel Kay. Je l'avais déjà savourée dans les Lions d'Al-Rassan, c'est encore ici un régal de suivre ses mots plein de poésie quand il fait chanter ses troubadours dans une taverne ou lorsqu'il décrit un paysage, une scène de bataille ou même une rencontre à la lumière d'une bougie. On se laisse porter par le récit, tantôt lumineux et plein de sensualité, tantôt sombre et glaçant.

Et puis les personnages. L'auteur les travaille en profondeurs avec chacun leur personnalité, leur force et leur faiblesse, leur blessure et leur secret. Certains sont haïssables à souhait, d'autres sont terriblement touchants et attachants. On vit les évènements avec eux, on ressent leurs émotions, leurs interrogations et leurs inquiétudes. J'ai adoré suivre et accompagner Blaise, Bertran, Rudel, Ariane, Rosala ou encore Lisseut.

Et enfin, on ne s'ennuie pas une minute dans cette lecture. Les chapitres sont longs, certes, il n'y en a que 19 pour plus de 600 pages, mais chacun apporte son lot de surprises, d'émotions, d'aventure, de complot, de mystère et d'intrigue. Les rebondissements sont perpétuels - mention spéciale pour le chapitre 12, la succession théâtrale des évènements dans la chambre était jouissive - jusqu'à la dernière page. La tension monte au fil du récit, on ne peut, ni ne veut le lâcher.
Il y aurait bien d'autres choses à dire, mais le mieux est de le découvrir soi-même.

Ma prochaine lecture de cet auteur sera Tigane, j'ai grande hâte de découvrir dans quel univers Guy Gavriel Kay va nous faire voyager.
Merci à Srafina pour les échanges, je suis ravie d'avoir fait cette magnifique balade avec elle.

Challenge Duo d'auteurs SFFF : Isaac Asimov - Guy Gavriel Kay
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Après Les Lions d'al Rassan de Guy Gavriel Kay, que j'ai adoré, je me lance dans La chanson D'Arbonne en très bonne compagnie : à savoir Nadou ma chère co-lectrice.

Cette année le challenge Duo auteurs SFFF le met à l'honneur avec un autre grand de la SFFF, Isaac Asimov.

Ici nous n'allons pas dans les grands espaces intersidéraux, mais dans le doux pays d'Arbonne, pays des troubadours et de l'amour courtois. Transposition médiévale des Cours occitanes et de la langue d'oc. La chevalerie, les troubadours, la transmission des exploits guerriers et des rois et chevaliers.
Ce roman est cela, en ce sens qu'il est écrit comme une éloge aux exploits de nos héros. Une chanson, un refrain, une histoire de sang, de haine, de vengeance, mais aussi d'amour et de tendresse. Il est tout à la fois.
Blaise de Garsenc est un coran (chevalier) consacré à Corannus dieu du Gorhaut ; Pays qui vénère son dieu guerrier au sens le plus strict du terme. le Primat du Gorhaut, Galbert de Garsenc, son père, ne le laisse pas oublier à son peuple, en pratiquant l'intimidation (l'inquisition) et la peur avec les meurtres, bûchers (ça ne vous rappelle rien?)
Blaise n'est pas d'accord avec la conception de son père ni sa manière de faire. Fils cadet il devient mercenaire et se loue aux autres contrées. En arrivant en Arbonne, il méprise plus ou moins, la manière douce et joyeuse de ses habitants. Mais douceur et bonté ne veulent pas dire mièvrerie et faiblesse.
Tout cela sera un apprentissage pour Blaise.
Il rencontre des personnages hauts en couleurs, Bertran de Talair, gentilhomme désenchanté et si attachant, troubadour et guerrier à la fois. Ariane, la reine de la cour d'Amour, Cygne, la reine d'Arbonne, son ami d'armes Rudel, et tant d'autres comme Lisseut, jeune femme troubadour pleine de charme et d'amour de la musique. Et bien sûr tous les troubadours qui font rêver et enchantent leur auditoire.
Toute cette histoire est une vaste chanson entourée d'une belle mélodie, l'écriture de Guy Gavriel Kay qui sait mettre tout cela en musique. Son écriture nous transporte dans ce pays de douceur et de cocagne que lorgne leurs voisins du Nord.
Excellent moment de lecture avec Nadou, nous n'arrêtions pas d'échanger nos impressions. Les personnages sont courageux, truculents, plein d'humour, l'auteur nous les livre en profondeur : leur caractères, leurs aspirations, leurs faiblesses et leurs doutes. L'action est présente à chaque chapitre, le suspens bien entretenu, les révélations tombent les unes après les autres et quelles révélations !!! j'ai adoré. Un beau coup de coeur.
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Whouah. Voilà mon expression avoir terminé ce livre. le lecteur se retrouve plongé dans la région imaginaire de l'Arbonne, très similaire à notre chère Provence médiévale, l'auteur ayant pour habitude de replacer ses romans historiques dans des régions bien réelles et à différentes époques. L'Arbonne est le pays baigné de soleil, d'amour courtois, de chansons et de beauté, où les femmes règnent en maitresse sur la politique et sur les coeurs. Mais cette belle région riche en vignes et en oliviers est en proie à un conflit interne, entre les ducs Bertran de Talair et Urté de Miraval, à cause d'une très ancienne histoire d'amour qui a mal tourné et qui n'a pas fini de révéler tous ses secrets. Si la belle comtesse Cygne de Barbentain, maitresse de l'Arbonne, fera de son mieux pour régner sur son pays, elle ne pourra pas empêcher le Gorhaut, pays au nord de l'Arbonne et rival ancestral, de vouloir envahir cette si belle région, convoitant ses précieux ports et souhaitant anéantir cette cour dominée par des femmes.

J'ai beaucoup apprécié le fait que l'auteur oppose deux mondes radicalement différents, deux visions qui ne peuvent coexister en paix. En Arbonne, les femmes sont égales aux hommes, placées à des postes politiques et sociétaux clés. On y vénère Rian, belle déesse de l'amour, de la mort et de la vie. Au Nord toutefois, les femmes ne peuvent s'exprimer en public, elles ne sont même pas considérées et l'on y vénère Corannos, le dieu puissant de la guerre qui aime les hommes. Ces derniers tentant, forcément, de vouloir brûler ces femmes impies et machiavéliques qui peuplent l'Arbonne. Il est difficile de ne pas voir ici une critique claire de notre monde dominé par des hommes, souvent misogynes, et de toutes les répercussions que cela a aujourd'hui dans l'équilibre géopolitique....

Et des femmes parlons-en : ENFIN, des femmes fortes, libres et indépendantes dans un roman historique ! Sans tous les citer ici, La Chanson d'Arbonne fait partie de ces très rares ouvrages dans lesquels plusieurs personnages féminins occupent la première place et sont véritablement bien écrits, ne servant pas simplement de « cadres » ou de « potiches » autour d'enjeux uniquement masculins. Et bon sang, qu'est-ce que ça fait du bien !

Néanmoins, nous suivons principalement l'histoire de Blaise, un coran – c-a-d un guerrier mercenaire bien entrainé, fidèle au dieu Corannos – venu du Gorhaut et qui va découvrir petit à petit l'histoire et les traditions de l'Arbonne, si éloignées de son pays natal. Alors qu'il parait assez « brutus », taciturne et froid dans les premières parties du roman, Blaise apparait finalement de plus en plus sensible, avec un coeur courageux et brave, fidèle et, il faut le dire, extrêmement attachant. Il en est de même pour tous les autres personnages de l'histoire. En effet, la richesse du roman est que l'auteur nous fait partager la vision de beaucoup d'autres protagonistes tels que Lisseut, la jolie ménestrel tête brûlée, Ariane la reine de la Cour d'Amour, le vaillant duc Bertran ou encore le duc gorhautien Ranald, fils du vilain prélat de Corannos... S'il est aisé de se perdre dans tous les noms énoncés, l'histoire suffisamment bien ficelée et le talent de l'auteur ne permettent pas d'égarer très longtemps le lecteur. Tant de personnalités et de caractères sert d'ailleurs pertinemment bien l'histoire et le fil des évènements, chacun ayant son rôle à jouer dans cette guerre.

Car il s'agit bien d'une guerre, voire de guerreS, dont il faut parler. D'abord entre deux personnages masculins aux coeurs brisés, jamais remis de l'histoire tragique les liants à la belle Aëlis de Miraval, héritière de l'Arbonne, pour qui leur coeur n'a jamais cessé de battre. Puis, et surtout, entre l'Arbonne et le Gorhaut, atroce pays nordique qui ne rêve que de conquête et d'anéantissement, de suprématie du dieu Corannos et de la répression de la condition féminine. Dans une interview, Guy Gavriel Kay fait état de son inspiration ici entre les rivalités du Nord et du Sud de la France. Etant moi-même originaire du Sud, je ne peux que prendre le parti de l'Arbonne et cela me convient parfaitement ! Néanmoins, cette dualité tellement pugnace dans tout l'ouvrage met en exergue la cruauté, la méchanceté gratuite, la corruption et la trahison permanente des personnages gorhautiens. Jusqu'au tout dernier chapitre, le lecteur sera amené à détester (viscéralement pour ma part) ces êtres répugnants, dont la palme revient à Galbert de Garsenc, conseiller du roi Adémar du Gorhaut.

(Si ce n'est pas le cas pour vous, posez-vous des questions...)

L'histoire de ce roman se déroule sur une année entière, commençant par le printemps et finissant l'hiver. le rythme des saisons est aussi celui de l'histoire et des personnages, tantôt envoutant et suave, au coeur du festival de Tavernel, tantôt sanglant et froid, dans les cols séparant le Gorhaut de l'Arbonne. Cette scansion, maline, des 4 saisons convient parfaitement et trouve écho dans le rythme de lecture. le rythme est également accompagné par la musique. Car ce roman est une véritable ode à la musique médiévale, aux poètes, aux ménestrels et aux troubadours. Éminemment présente dans l'intégralité du roman, elle n'est jamais superflue et joue un rôle prépondérant dans le déroulé des évènements, tant par les paroles que par les personnages qui lui sont liés.

En conclusion:
Au final, ce livre est dingue. Certes, c'est un beau pavé, mais les 100 dernières pages sont incroyables et je n'ai pu détourné les yeux de la lecture, prise dans le rythme effréné des évènements. Il s'agit là de ma première lecture d'un roman de Guy Gavriel Kay, mais nul doute que je lirai d'autres pavés de cet auteur canadien.
Lien : https://leslivresdelecturine..
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Si j'étais un livre, je serais un roman de Guy Gavriel Kay ...

Je crois que ma critique va commencer un peu comme celle de Bazar. Désolée, mais je ne peux absolument pas nier l'évidence...

C'est la première fois que je lis un roman de Guy Gavriel Kay et pourtant, il m'a paru si familier...Bazar dit ( je lui dois bien de le citer car c'est sa critique qui m'a donné envie de lire ce livre) que "très peu d'auteurs parviennent à le faire rentrer en résonance avec leurs romans" et que Kay en fait désormais partie.

Ben, pour moi...Tout pareil !
A tel point que je me suis demandée à certains moments si cet auteur ne lisait pas dans ma tête. Si je devais écrire un roman un jour, il est fort à parier qu'il ressemblerait en de nombreux points à un roman de Guy Gavriel Kay. J'ai trouvé fort déroutant d'ailleurs de découvrir qu'un auteur, à des milliers de kilomètres de moi, puisse avoir un imaginaire aussi proche du mien.

je vais essayer de me procurer "Le dernier rayon du soleil" car rien qu'en lisant le résumé, je suis persuadée que ce roman "résonnera en moi" tout autant que La chanson d'Arbonne, voire plus.

Bon, je parle beaucoup de moi et très peu de l'histoire...

La chanson d'Arbonne me fait beaucoup penser à une série historique que j'ai adoré il y a quelques années " La malédiction des Trencavel" de Bernard Mahoux qui est une magnifique biographie très romancée de Roger Trencavel, vicomte d'Albi, Carcassonne et Béziers, seigneur un peu rustre et peu scrupuleux et de son épouse Adélaïs, comtesse de Toulouse amoureuse passionnée d'un chevalier troubadour...
Pour ceux qui ont lu La chanson d'Arbonne, je pense que vous comprendrez aisément le rapprochement.
Peut-être cette histoire a t-elle inspiré Guy Gavriel Kay.
Sans nul doute, les Cours d'amour qui avaient lieu en territoire occitan puis en vogue sur tout le territoire français sous l'influence d'Aliénor d'Aquitaine l'inspirèrent également.

La chanson d'Arbonne, telle une chanson de geste, déroule sous nos yeux tout le lyrisme médiéval des épopées chevaleresques mais ce n'est pas que cela.

C'est surtout un roman de fantasy. Car si Guy Gavriel Kay prend pour toile de fond le clivage entre pays d'Oc et pays d'Oïl, il n'en reste pas moins qu'il y tisse un univers propre. Il y réinvente des dieux, des coutumes, des traditions, des lieux imaginaires...où ses personnages vont évoluer de la manière la plus cohérente qui soit.
Oui, parlons-en des personnages ; car c'est aussi ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce roman. Chaque personnage est investi et approfondi. Guy Gavriel Kay permet à ses lecteurs de s'identifier et d'être en osmose avec chacun des personnages. Il prend le temps de nous dire ce qu'ils pensent, ce qu'ils ressentent, ce qui les a façonnés..tout en préservant bien sûr des zones d'ombre qui entretiennent certains mystères et attisent l'envie d'en savoir plus.
Même si le dénouement ressemblait beaucoup à celui que j'imaginais, il m'a tout de même un peu surprise et même laissé un peu sur ma ...FIN.
Et c'est aussi ce que j'aime. Que l'auteur laisse aux lecteurs la liberté de faire vivre ses personnages à leur propre fantaisie. On pourrait même dire à leur propre fantasy...


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Je poursuis ma découverte des romans de Fantasy historique de Guy Gavriel Kay grâce à notre LC commune avec Elhy et le Lutin. Et en ce mois de janvier, c'est La Chanson d'Arbonne qui était à l'honneur. Cette fois, point d'inspiration de l'Italie de la Renaissance ou de l'Espagne de la Reconquista, mais l'Occitanie des XIIème et XIIIème siècle. Et devinez quoi? J'ai adoré!

Un roman de Fantasy historique inspiré de l'Occitanie des XIIème et XIIIème siècle

Comme à son habitude, l'auteur canadien introduit une carte de l'univers de son roman au début de l'ouvrage pour que le lecteur puisse suivre les lieux principaux de l'intrigue.
L'Arbonne s'inspire de l'Occitanie ou du Pays d'Oc, un territoire auparavant situé dans le sud de la France et composé de la Provence, le Languedoc et l'Aquitaine. le nom d'Arbonne vient de son fleuve éponyme qui pourrait être rapproché du Rhône et d'un point de vue géographique et agricole, cette région se caractérise par un taux d'ensoleillement important, sa culture de la vigne et des olives. L'auteur mentionne également un arc construit par les Anciens sur les berges du lac Dierne, une référence évidente aux constructions romaines comme par exemple l'Arc de Glanum, situé près de St Rémy de Provence.
Une seconde carte en bas à droite, figurent l'Arbonne et ses voisins : ainsi, le Gorhaut pourrait être le royaume de France, le Gotzland pour le St Empire Romain Germanique, le Portezza pour l'Italie, l'Arimonda pour l'Al-Andalus et le Valensa pour l'Espagne.

Une intrigue toute en finesse

L'intrigue de la chanson d'Arbonne est divisée en quatre parties et se déroule sur un an. Comme d'habitude avec l'auteur, il est toujours un peu difficile d'appréhender immédiatement la trame principale du récit tant il donne corps à la construction de son univers, la description des us et coutumes des civilisations qu'il aborde et le développement des sous-intrigues qui s'imbriquent les unes dans les autres. le point négatif est la présence gênante de longueurs (pour ma part, j'ai trouvé la partie dite de « L'automne » un peu longue parfois). Mais ce serait oublier que Guy Gavriel Kay est un véritable orfèvre qui ne laisse rien au hasard, même le plus infime détail ou le moindre dialogue ont leur importance et participent à la construction minutieuse de son récit. Et le point d'orgue de l'intrigue se situe dans les cent dernières pages lorsque les évènements se précipitent au point qu'il est impossible pour le lecteur de lâcher le roman pour aboutir à un final épique et époustouflant.

Des personnages d'exception

Enfin comme dans Tigane et Les lions d'Al-Rassan, les personnages sont nombreux et représentatifs de la société dépeinte par Guy Gavriel Kay que ce soit au niveau du genre (hommes et femmes sont bien représentés) ou socialement (le lecteur côtoie autant les puissants que les gens plus modestes : du paysan, au soldat, au troubadour, prêtre, bourgeois, noble ou souverain).
– Ces personnages possèdent tous une certaine épaisseur qu'elle soit psychologique ou biographique et évoluent tout au long du récit. Par exemple, si Blaise possède beaucoup de préjugés vis à vis des hommes arbonnais au début (en gros, des faibles dominés par leur femme), il change d'avis par la suite au point d'éprouver à l'égard de Bertran de Talair ou d'Urté de Miraval, une certaine forme de respect.
– Ils sont également très attachants ce qui permet au lecteur de ressentir à leur égard de l'empathie notamment dans les situations dramatiques : je citerais par exemple la fuite de Rosala du royaume de Gorhaut (mention spéciale d'ailleurs au dialogue d'une intensité remarquable entre la jeune femme et son beau-père Galbert de Garsenc). Pour ma part, ma préférence allait vers le personnage de Cygne qui est d'un charisme fou et arrive à imposer son autorité aux deux ducs récalcitrants Bertran de Talair et Urté de Miraval.

En conclusion, lisez Guy Gavriel Kay si ce n'est pas déjà fait! S'il est vrai que je n'avais pas trop aimé Tigane mais eu un coup de coeur pour Les lions d'Al-Rassan, La Chanson d'Arbonne se situe au milieu des deux. Inspirée de l'Occitanie des XIIème et XIIIème siècle, l'intrigue finement ciselée, la profondeur de son univers et de ses personnages, les dialogues savoureux et la plume inspirée de l'auteur auront vite fait de vous embarquer. Pour ma part, ma prochaine incursion sera dans l'Empire byzantin avec la première partie parue chez l'Atalante : Voile vers Sarance.

Pour une chronique plus développée, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
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La chanson d'Arbonne est un roman qui met en confrontation deux pays aux coutumes extrêmement différentes notamment en ce qui concerne la place de la femme. Méprisées d'un côté et adulées de l'autre, les femmes ont réellement une place centrale dans ce récit. Ce roman nous emmène donc sur les traces de femmes fortes, intelligentes et puissantes et représente une très belle ode à la figure féminine. le récit est brillamment mené avec un rythme parfois un peu inégal, mais compensé par de forts enjeux et une belle fresque de personnages très variées et présentant une belle diversité.


Lien : https://sometimesabook.wordp..
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♫ Je m'en vais vous conter la Chanson d'Arbonne.
Célébrée sous Riannon la bleue, et la blanche Vidonne,
ses deux lunes qui, dans les cieux, se font la révérence,
quand vient de se coucher, l'éclatant soleil de Provence.
Le récit est, de la toute première ligne, à l'ultime mot posé,
empli des douces fragrances du sud, et subtilement chanté.

Imaginez d'abord le pays : la France d'un 13ème siècle revisité,
que l'auteur met ici à l'honneur, et de manière bien inspirée.
En une région semblable à celle de notre Occitanie médiévale,
il y peint un tableau à la gloire du charme provençal,
un temps où l'histoire savait se passer de vains discours,
préférant laisser la gloire aux élégants mots des troubadours.

Mais si vous croyez que dans les pages de ce récit,
on ne parle qu'amour courtois, musique, et poésie,
sachez que sur les terres sillonnées par les ménestrels,
s'enracinent aussi haines tenaces, et vieilles querelles.
Que ce soient dettes d'honneur, ou tristes deuils de coeur,
en Arbonne, les comptes se régleront à une certaine heure.

Pendant qu'au Nord, les guerriers du Gorhaut rêvent de conquête,
et que leur roi stupide, d'un prélat devient la marionnette,
dans la douceur du Sud, c'est derrière le son du luth,
que l'on écoute La Grande Prêtresse, pour anticiper la lutte.
Aveugle, sur son île de la Déesse, elle fait appel à ses visions,
et perçoit un homme, toujours au coeur de ses prédictions.

À la Cour d'Amour, ce sont les femmes qui usent de pouvoir,
elles savent manigancer, avec habilité, charme, et devoir.
Quand les hommes d'honneur et d'art, iront seuls contrer,
les hordes de ces barbares, venus allumer des bûchers,
Qui, de la déesse Rian, ou du sombre Corannos,
prélèvera le plus de sang dans cette bataille féroce ?

Et plutôt que de vous attarder sur cette insignifiante ritournelle,
C'est vers La Chanson d'Arbonne que doivent vous porter vos ailes ! ♫
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Il y a très peu d'auteurs qui parviennent à me faire entrer en résonance avec leurs romans, pour lesquels chaque chapitre m'atteint avec la joie ou la force d'un mouvement parfait d'une symphonie de Beethoven ou d'un quatuor de Schubert.
David Gemmell y parvient, Poul Anderson aussi à un niveau un peu moindre.
Après avoir lu les Lions d'Al-Rassan il y a deux ans et la Chanson d'Arbonne aujourd'hui, je peux ajouter Guy Gavriel Kay à la liste.

J'ai pourtant failli me fourvoyer dans mon angle d'attaque au début. L'auteur a pour marque de fabrique de déployer des fantasy qui s'appuient sur un socle historique solide mais dont les détails détournés, fantasmés, diffèrent de l'original. Cela lui donne une grande marge de liberté dans la chanson qu'il nous écrit.
Et au début donc, je voulais à tout prix retrouver le détail de l'original. Je voyais bien percer le 13ème siècle médiéval en France, le Midi et sa civilisation riche et chantante, où les femmes pouvaient gouverner à l'instar d'une Aliénor d'Aquitaine, où les troubadours apportaient leurs lettres de civilisation et où l'amour chanté avait droit de cité. Je voyais bien l'écho du catharisme organiser la vie d'une partie de ses habitants ; je voyais bien le Nord se préparer à la croisade, prêt à étouffer l'hérésie dans son sang et à s'emparer de ses terres aux dépends des seigneurs dévoyés du Sud.
Mais les détails n'étaient pas là, ou ils étaient là trop déformés. le Gorhaut faisait un royaume de France beaucoup trop excessif dans sa folie religieuse, dans son animosité pour les femmes, dans sa description d'un roi Adémar trop infâme et vulgaire pour ressembler à quelqu'un de connu. Arbonne de son côté exacerbait les qualités du Midi à un point extrême. Il était tout simplement trop beau pour être réel.

Mais rapidement, j'ai cessé de chercher la musique que j'attendais pour écouter celle que l'on me donnait à entendre.
Et c'était magnifique.
Tout comme son Al-Rassan, Guy Gavriel Kay fait vivre l'Arbonne. Il nous offre ce qu'un pays presque utopique a de mieux à offrir dans les temps de paix : les carnavals où le ménestrel a plus de poids que le seigneur, les jeux amusants et bêtes de taverne, les concours d'agilité sur le fleuve et sur la mer qui n'ont pas été sans me rappeler les joutes sétoises.
Et les chansons.
Et les poèmes.
Qu'il est triste de n'avoir que le texte et pas la musique qui l'accompagne. Certaines scènes de chants sont de pures merveilles profondément émouvantes.

Ce sont les personnages de l'auteur qui font rayonner l'Arbonne. Ils ont une substance indéniable composée de beaucoup de courage, de l'honneur, de l'éthique, de l'intelligence et d'un peu de manichéisme. Composée surtout de beaucoup d'amour, d'un peu de colère, et de regrets. Blaise, Bertran, Cygne, Lisseut, Valéry, Ariane, Rudel, les nommer ne vous apportera rien mais participe à la mélodie. Il faut les lire pour les voir vivre et interagir.
Par contraste, les quelques « méchants » sont sans nuances, ce qui ne veut pas dire sans intelligence.
Même chez eux, la rédemption est possible.

Je l'ai dit au début de ce billet, chaque chapitre est d'une richesse émotionnelle confondante, au point que je ne pouvais en avaler plus de deux en une journée, de peur de saturer. Certains changent d'émotion en cours de route, commençant gaiement, se poursuivant dans une tension d'inimitié choquante par contraste, s'atténuant dans la poésie pour repartir en point d'orgue violent. Certains sont dignes de comédie de boulevard tant les personnages surjouent diplomatiquement. Certains sont aussi de l'action pure, car la bataille s'invite après la chanson.
Les rebondissements permanents font penser à une partie de squash. Les coups de théâtre ne cessent jamais, étonnent, foudroient, ou amusent.
Font pleurer parfois.

Je ne sais pas quoi dire de plus. Plutôt que des faits, je voulais vous faire entendre la musique de ce roman.

La lecture, je l'ai réalisée en association avec Fifrildi qui a de l'oreille. Nous avons partagé nos émotions à chaque chapitre. Elle a dû ralentir son rythme de lecture pour m'accompagner. Ce n'est pas un mince sacrifice. Grands mercis à elle.
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