Avant toute chose, ce livre n'est pas une Reconquista fantasmée mais un prélude fantasmé de la Reconquista. C'est important à dire car j'ai eu l'impression d'avoir fait erreur sur la marchandise. Ce livre n'est pas mauvais, c'est juste que je suis passé à côté... L'intrigue est bonne, les personnages sont bons ou en tout cas représentés à grands traits. le problème, c'est que je m'attendais à un niveau comme Erikson ou
Scott Bakker. J'ai été très déçu sur le coté historique tant vanté qui a été mis comme étiquette à ce livre. Je n'ai pas retrouvé un contexte arabisant comme j'ai pu le trouver avec Sharakai. Je n'ai trouvé qu'un contexte historique approximatif, ca c'est du contexte sur la Reconquista https://www.youtube.com/watch?v=o9UnQa0m8pQ mais pas ce livre...
Mes attentes ont été grandes et vite refroidies, on suit le capitaine d'une bande de mercenaires nommé Rodrigo qui a été exilé pendant 2 ans à cause d'une vengeance familiale qui a mal tourné. Il va s'exiler dans une grande cité de l'al Rassen et prêter ces services à cette cité. En parallèle, on retrouve le vizir Ammar qui lui aussi a été exilé dans la même ville que Rodrigo. Je pense que c'était censé être une amitié ou une fraternité tragique mais désolé, les capitaines de mercenaire comme Rodrigo. A force, c'est le genre de personnage qu'on retrouve dans toutes les oeuvres (Blacwing, la compagnie noire...). Ammar est un personnage politique lui inspiré des personnage de GRR Martin, je l'ai trouvé plus intéressant, certainement car je n'ai pas lu assez de livre inspiré de Got (oui je sais c'est ASAIF, Got c'est la série).
Censé représenter leur culture respective, l'un les musulmans, l'autre les chrétiens. La plupart de leurs cultures respectives sont des caricatures d'intolérance et de haine pieuses, tandis qu'Ammar et Rodrigo sont des hommes bons, honorables et ouverts d'esprit. Ainsi, alors qu'Ammar est Asharite et Rodrigo est Jaddite, ils trouvent toujours un moyen de travailler ensemble. Type de relation vu et revu... Les cultures respectives se limitent juste au nom du dieu et s'ils auront ou non du vin avec le dîner. Les Kindath (juifs) ont eux la particularité de se faire persécuté et... rien d'autre. Non je suis désolée mais je ne vois pas ou il y a un quelconque travail historique ici.
Il y a aussi un autre énorme problème, à aucun moment je ne me suis imaginé un monde médiéval, tout les personnages agissent et réfléchissent comme des personnages du 20/21 siècles. Ah et puis la médecine de l'époque, le père de Jehane, Ishak, un célèbre médecin Kindath effectue une césarienne et une chirurgie du cerveau réussie, bien que les connaissances médicales musulmanes et juives aient été relativement élevée, des années-lumière au-delà de toute tradition chrétienne. Je ne peux tout simplement pas y croire. Et puis il y a aussi le gros point fort, des personnages féminins forts et intéressants, mais à aucun moment on ne ressent de misogynie. J'ajoute que la description des femmes de pouvoir est très mauvaise.
Parce que oui, au Moyen Age, l'égalité homme femme, pas trop ça... J'ai l'impression que le livre est mal rythmé, quand nos deux guguss débarquent dans la cité. L'enjeu c'est l'attente de fin d'exil, ils sont réputés pour être deux monstres d'une rare valeur sur la péninsule. Et ce roi musulman, il ne s'en sert pratiquement pas. A part quelques échauffourées (des assassinats et quelques escarmouches) et une romance pas trop casse-pieds. J'ai l'impression que je me suis fait arnaquer la, j'attendais une bonne grosse Reconquista avec des bon gros croisés qui déboite tout. A la place, j'ai ceci. le roman aurait dû se faire sur l'épilogue et ce truc aurait dû être un contexte de 200 pages en fait.
J'ai encore la pilule dans la gorge, m'enfin il faut rendre à César ce qui lui appartient. Il n'y a pas de manichéisme, alors certes on nous manipule. Rodrigo et Ammar ne font rien de mauvais tout le long du livre, et certaines révélations vont même retirer des actions méchantes à certains personnages. Alors du coup, on va quand même se retrouver avec des "gentils" et des "méchants", la nuance ne se fait que par résumer de chose passé ou dans l'épilogue (pour Rodrigo). On nous tue quelque personnages secondaires qui ne m'ont pas touchés et il y a final que j'ai vu venir à trente kilomètres avec une fin tout aussi prévisible (et encore heureux c'est celle ci) mais qui ne m'a pas du tout touché non plus. On me l'a aussi vendu comme un roman bourré d'epic, je ne l'ai pas trouvé.
Concrètement, j'ai l'impression que j'ai lu un mauvais livre, que je me suis trompé dans l'achat. Ce fut ma première expérience avec GG Kay et on va dire que la surprise fut de taille. Franchement déçu par ce livre, mes attentes ont été peut être trop grandes... Et ma dernière lecture trop imposante, et oui même un mauvais Erikson vaut bien plus que ce livre. Je lirais
Tigane un jour mais GG Kay n'est désormais plus une priorité pour moi.