AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 343 notes
5
50 avis
4
13 avis
3
9 avis
2
3 avis
1
0 avis
Un roman presque historique qui se déroule en effet dans un monde imaginaire, même si géographiquement très semblable à l'Espagne (appelé Espéragne). D'ailleurs la carte fournie au début du livre nous permet de reconnaitre aisément les contours de l'Europe, la période ressemble elle fortement à la fin du 11ème siècle, et les trois religions doivent sans doute quelque chose à nos religions Musulmane, Chrétienne et Juive.

En fait on peut dire que ce livre se déroule dans un univers aux limites de l'historique et du fantastique, même si la part du premier est largement la plus importante.

Cette trame historique ne sert d'ailleurs que de toile de fond à ce roman épique qui nous retrace une guerre de religion dans laquelle vont avoir du mal à trouver leur place les 3 personnages principaux qu'au départ tout doit séparer, et dont les destins vont continuellement se croiser entre amour et haine, admiration et combat, honneur et horreur.

Personnellement j'ai absolument adoré. le meilleur roman que j'ai lu depuis un bon moment, avec un auteur qui s'amuse continuellement à nous laisser dans le doute sur ce qui s'est passé auparavant, et qui dissémine des indices qui nous mènent parfois sur la bonne voie, mais aussi parfois sur de fausses pistes. Tout ça fait que pour une fois on peut difficilement deviner la suite de l'histoire avant de la lire, et nous oblige même parfois attendre quelques pages pour savoir ce qui s'est finalement passé.
Lien : http://www.amazon.fr/review/..
Commenter  J’apprécie          100
Les nombreux avis positifs sur Guy Gavriel Kay et sur ce roman m'ont donné envie de me pencher sur ses livres mais j'avais jusque là été découragée par leur taille, souvent de gros pavés. Puis j'ai lu le dernier rayon du soleil que j'ai beaucoup apprécié. Il se passe dans le même univers que Les lions d'Al-Rassan, on y retrouve le même Dieu appelé Jad, le dieu soleil, deux lunes et très très peu de surnaturel.

Ce roman a été réédité par l'Atalante en août 2017 mais il date de 1995. Il fait partie des romans les plus connus de Guy Gavriel Kay. L'auteur s'est inspiré de l'Espagne du Cid et de la Reconquista après la chute du califat de Cordoue au XIe siècle pour ce livre. Cependant, ce n'est pas le Cid de Corneille que l'on retrouve ici mais bien une version plus proche de la réalité.

Le roman situe son action en Esperagne, pays déchiré entre plusieurs peuples et religions différentes : les jaddites (faisant fortement penser aux catholiques) que l'on trouve surtout dans le nord du pays, les asharites qui sont venus des pays du sud et ont conquis une grande partie du pays, et enfin les kindaths en minorité dans le pays. L'assassinat du dernier calife a provoqué un chaos dans un pays déjà en proie aux luttes intestines et où les rois veulent toujours plus de pouvoirs. Dans cette situation difficile, plusieurs personnages vont se croiser et vivre de plein front les batailles d'un pays en guerre.

Les personnages sont nombreux dans le roman mais 3 personnages principaux se détachent vite: le capitaine Rodrigo Belmonte, de religion jaddite, grand guerrier qui va être amené à être en exil temporaire de son pays, Ammar Ibn Khairan, poète et guerrier de religion asharite qui lui aussi va se retrouver en exil et une femme médecin Jehane bet Ishak de confession kindath. Les exils des 2 guerriers et la situation politique du pays vont amener ces 3 personnages à se côtoyer puis à se lier d'amitié alors que leurs cultures et leurs loyautés sont divisées. Ces trois personnages sont un des gros points forts du roman de Guy Gavriel Kay. Ils sont très travaillés, complexes, très attachants, et très humains. Leurs réactions sont presque trop parfaites à certains moments, sans colère ni mots plus hauts que les autres. Cependant, cela ne leur enlève pas leur charme.

L'autre point très appréciable du roman est le fait qu'il n'est jamais manichéen, on trouve différents points de vue, des personnages de tous horizon, sans aucun jugement de morale. L'auteur arrive à nous parler de religion sans prendre parti, sans condamner. En cela, il dénonce également le fanatisme religieux avec des sujets malheureusement toujours actualité de nos jours. le fait d'avoir choisi 3 personnages de religion différente et de montrer leurs ententes contribue à cela. le roman dénonce aussi les nombreuses horreurs commises dans un pays en guerre et les victimes de tout âge faites par la guerre.

Le début du roman est un peu lent et l'auteur prend son temps pour mettre la situation en place mais on se laisse par la suite vite happer par ce monde qui ressemble au notre sans l'être vraiment. Certains moments sont très intenses et on a du mal à se sortir de la lecture. Je regrette juste à certains moments l'excès d'aisance des protagonistes pour résoudre certains évènements, ce qui a fait que à la fin je ne craignais plus trop pour la santé des personnages. Je ne suis pas sadique, loin de là, mais j'aurai aimé un tout petit peu plus d'adversité, de souffrance, un peu moins de happy end, de perfection. La fin du roman est poignante mais tout est un peu trop parfait.

Guy Gavriel Kay prouve à nouveau tout son talent avec Les lions d'Al-Rassan proposant un monde réaliste de fantasy historique dans un pays proche de l'Espagne du XI ème siècle. le récit prend son temps pour nous présenter ses personnages très attachants et nous plonger dans un conflit à plusieurs variables. Une belle réussite!
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
Commenter  J’apprécie          90
Une fantasy… sans fantasy, aux trois protagonistes extrêmement vivants et crédibles, et à la technique narrative très habile

Commençons par le commencement : à quel genre littéraire ce livre appartient-il ? La question est un peu plus épineuse qu'il n'y paraît. C'est classé en fantasy, mais en fait, à part deux lunes dans le ciel et un don de Vision d'un des personnages secondaires, il n'y a aucun élément associé traditionnellement à la fantasy classique. Pas d'elfes, pas de dragons, pas de magie, rien.

En lisant la quatrième et en regardant la carte au début du bouquin, on comprend très vite qu'on est quasiment sur du… roman historique en fait. Plus précisément sur une reconstitution romancée de la Reconquista (= la reconquête par les Chrétiens des deux tiers de l'Espagne moderne conquis et administrés par les Maures sous le nom d'Al-Andalus entre 711 et 1492, un lieu d'apports majeurs à la culture Islamique médiévale, avec par exemple la mosquée de Cordoue, l'Alhambra ou encore la pensée révolutionnaire d'Averroès). La différence avec un VRAI roman historique, c'est que le changement de quelques noms de peuples / religions / villes / pays / civilisations, ainsi que le fait de redessiner vaguement les cartes de l'Europe, fait que l'auteur n'a pas besoin d'avoir la précision universitaire qui rend les romans historiques si compliqués à écrire, du moins si on ne veut pas se faire démolir par les critiques pro et les historiens. Là, il suffit « juste » de préserver l'esprit, l'esthétique, les coutumes et la situation générale de l'époque, et on est bon. Chose que Guy Gavriel Kay a parfaitement réussi à faire.

Au final, on a forgé un nouveau genre rien que pour Kay : la Fantasy historique. En gros, c'est quasiment un roman historique, mais comme les noms et les cartes changent et qu'il peut y avoir quelques éléments surnaturels, ça relève également de la fantasy. Personnellement, je classifierait aussi ça dans ce que j'appellerais de la soft-Fantasy, c'est-à-dire de la Fantasy sans beaucoup de surnaturel ou d'éléments typiques du genre. Au passage, vous remarquerez que ce type de roman, particulièrement lorsqu'il a en plus les qualités littéraires des Lions, peut servir de très bonne porte d'entrée à une personne désirant découvrir le genre et / ou réfractaire à la Fantasy plus classique.

Un mot sur le contexte donc : il y a trois religions, les Jaddites (traduisez Chrétiens) au nord, ex-propriétaires de l'ensemble de la péninsule d'Espéragne (traduisez l'Espagne) qui se sont fait exproprier à la pointe du cimeterre des 2/3 du territoire par les Asharites (traduisez Musulmans), qui eux-mêmes tolèrent sur leur territoire les Kindaths (traduisez Juifs). Si ces derniers n'ont pas d'Etat à eux, les deux autres sont loin d'être unis (sauf face à l'ennemi infidèle) entre eux, et sont divisés en royaumes ou principautés en rivalité permanente, y compris militaire. le contexte (réel) de la Reconquista, aussi bien religieux que social, ainsi que les intrigues de cour, sont très bien rendus, très riches de détails qui sonnent vrai. Globalement, l'histoire commence alors que l'état d'équilibre qui existait jusque là entre religions et royaumes rivaux est sur le point de se briser définitivement.

On suit le déroulement de la Grande Histoire de cet univers au travers des yeux et de l'histoire (avec un petit h) de trois personnages, un de chaque culture / religion : Ammar l'Asharite, Rodrigo (traduisez le Cid) le Jaddite et la belle Jehane, le médecin Kindath. L'immense force de ce roman, outre son excellent contexte, sa très belle écriture, et sa très habile narration (nous allons y revenir), c'est la crédibilité et la force de ces trois personnages, dont les destins vont s'entremêler au travers des années. J'ai rarement vu des personnages aussi profonds, aussi réalistes, aussi vivants, aussi passionnants. Au passage, que ce soit Jehane ou les autres personnages féminins, on ne peut que se satisfaire de la large place laissée aux personnages féminins dans l'intrigue, et plus généralement de la qualité des personnages secondaires, féminins ou masculins.

L'écriture de Kay, en plus d'être prenante, est d'un style très agréable. Son tableau doux-amer, des destins croisés de trois beaux personnages, de la grandeur et de la décadence de peuples, de nations et de civilisations, est magistral et poignant. Il sait aussi exceller dans tous les registres, de l'intrigue politique à l'action et aux batailles, en passant par la romance et l'amitié. A ce sujet, il a brillamment évité l'écueil sur lequel se fracassent bien trop de romanciers de Fantasy (ou de SF) d'ailleurs au sujet de leurs protagonistes féminins, c'est-à-dire soit en faire des damoiselles en détresse tenant plus de la potiche que d'autre chose, soit des furies badass. Jehane est courageuse, une femme à la personnalité forte et indépendante (notamment sur le plan sexuel), ce n'est pas une potiche, mais ce n'est pas pour ça qu'elle va se mettre à tuer de l'orc (pardon, de l'Asharite ou du Jaddite) à tour de bras telle une Arwen ou une Tauriel.

Là où Kay brille vraiment, c'est sur sa technique narrative. Il déploie un art consommé et réellement admirable pour nous inciter à croire certaines choses, alors que la vérité se révélera souvent différente et qu'en allant relire les passages en question, on se dira que ce diable d'homme nous a bien eu. Il nous a habilement conduit à tirer nos propres conclusions hâtives et erronées sans jamais réellement nous induire en erreur : en gros, pas une tournure mensongère, juste suprêmement ambiguë MAIS sans JAMAIS avoir l'air de l'être ! C'est tout simplement le roman de Fantasy le plus habilement construit et rédigé qu'il m'ait été donné de lire, et j'espère en retrouver un jour un autre de ce calibre là. Chapeau bas, l'artiste.

EN RÉSUMÉ

Il s'agit quasiment d'un roman historique (à deux éléments surnaturels près), où on change juste les noms et l'aspect des cartes mais où fondamentalement, on raconte, de façon romancée, l'histoire d'une époque ou d'une civilisation terrestre, mais sans s'encombrer de la lourde précision nécessaire aux vrais romans historiques. Si vous voulez un équivalent, pensez au tome 1 de la Trilogie de l'Empire de Feist (mais attention, pas aux tomes 2 et 3, bourrés de magie). Les personnages que ce soit les secondaires ou, surtout, les trois protagonistes, sont extrêmement vivants et crédibles. le style est très prenant, l'histoire très belle et douce-amère, la narration en trompe-l'oeil remarquablement habile. Bref, on se fout qu'il n'y ait pas d'elfes et de dragons, c'est complètement recommandable et un des meilleurs romans (de genre ou pas) qu'il m'ait été donné de lire. Et pour terminer, c'est une excellente porte d'entrée pour quelqu'un qui voudrait se mettre à la Fantasy.
Lien : https://lecultedapophis.word..
Commenter  J’apprécie          93
Ce n'est pas très original mais je dois dire que je suis parfaitement d'accord avec tout ce qu'a écrit Cyrallen au sujet des Lions d'Al-Rassan. Et j'irai même un peu plus loin en classant ce roman dans la catégorie des chefs-d'oeuvre !
Tout est réuni en effet pour le faire rentrer dans cette catégorie : une épopée épique, une écriture parfaite (doublée d'une excellente traduction de Élisabeth), des personnages parfaitement détaillés dans leurs actes et dans leur esprit et, surtout, un parallélisme très habile avec l'Histoire réelle de l'Espagne, et des religions qui ont fait ce qu'elle est devenue aujourd'hui.
Le roman débute alors que l'Espéragne (l'Espagne donc) est sous la coupe des Asharites (qui rappellent étrangement les musulmans). Or, dans les faits, ce qui domine l'histoire de l'Espagne médiévale c'est l'invasion musulmane de 711 qui aura des conséquences très importantes aux niveaux politique, social, religieux et moral.
Dans le nord de l'Espéragne règnent encore les Jaddites, apparentés aux chrétiens de l'Histoire réelle. Ceux-ci sont totalement désunis depuis que l'Espéragne est tombée aux mains des Asharites, mais ils finissent généralement par se mettre d'accord sur leur dessein commun : reconquérir l'Espéragne.
A la fois chez les Asharites et chez les Jaddites vit indifféremment une minorité religieuse, les Kindaths (les juifs), la plupart du temps tolérée, parfois exterminée par l'une ou l'autre des deux autres religions… On trouve chez eux les meilleurs médecins de cette Espéragne/Espagne médiévale.
Tout le roman s'articule sur les rapports entre Asharites, Jaddites et Kindaths. Mais cela ne se résume pas à une croisade de 583 pages ponctuée de massacres gratuits de la minorité Kindath. Guy Gavriel Kay préfère nous décrire comment la rencontre de ces trois religions va conduire à la naissance d'une civilisation différente, plus tolérante, et qui, on le sait, conduira l'Espagne réelle à un rayonnement culturel pendant quelques siècles.
Les trois personnages principaux représentent chacun une religion. Ils sont magnifiquement dépeints dans leurs actes, leurs sentiments et leurs déchirements. On a vraiment l'impression d'être à leur place à la lecture du roman, impression accentuée par les légers flash-back d'une scène à l'autre. Même les personnages secondaires ne sont pas en reste et participent activement à l'impression de force qui émane de toute cette oeuvre.
Superbe !
Commenter  J’apprécie          90
Un début prometteur, un art de la narration et de la mise en place des situations qui laissait augurer d'un plaisir de lecture.
Mais peu à peu, les personnages deviennent trop caricaturaux ou déjà-vus, les scènes répétitives ou les situations totalement invraisemblables. Même avec la plus grande imagination, un minimum de cohérence psychologique permettrait de ne pas se lasser.
Le dépaysement n'est pas total, les pays de la carte d'Al-Rassan ressemblant de trop près aux cartes réelles, ce qui donne un effet un peu trop démonstratif, avec un goût de géopolitique actuelle déguisée sous la fantasy. Un mélange des genres décevant.
Commenter  J’apprécie          80
Le contexte historique :
La Reconquista est le nom donné à la période allant de 722 à 1492 durant laquelle s'est produite la reconquête, par les royaumes chrétiens, des territoires de la péninsule Ibérique et des îles Baléares occupés par les musulmans. Quoiqu'il soit compliqué de différencier la reconquête de la conquête sur une période si longue, la Reconquista ne représente pas une période unie et cohérente, car les combats ne sont pas continus. En 711 a lieu dans la péninsule Ibérique la première invasion musulmane. Celle-ci arrive d'Afrique du Nord par le détroit de Gibraltar, qui doit précisément son nom actuel à Tariq, général qui commande l'expédition, et que le roi Rodéric (Rodrigo en espagnol), l'un des derniers des rois Wisigoths, combat personnellement. Pour en savoir plus clic.

L'intrigue :
L'assassin Ammar ibn Khairan tue le dernier khalife d'Al-Rassan permettant l'essor de multiples rois dans la péninsule.

15 ans plus tard, est venu le temps de la reconquête. le roi le plus puissant de l'Al-Rassan est Almalik de Cartada, mais cette puissance va tourner court après un acte d'une grande atrocité énervant la mauvaise personne, cet évènement sera marqué dans les mémoires comme étant le Jour de la Douve. Cet épisode signera la fin d'un règne, le fils d'Almalik Ier fait assassiner son père, dès lors les loups de tous horizons veulent récupérer le territoire, ce n'est pas une mais deux guerres saintes qui se profilent, les Jaddites veulent reconquérir ces terres qui leur appartenaient jadis, les Asharites les plus chevronnés veulent reprendre les rênes et remettre dans le droit chemin leurs frères dévoyés, entre ces deux feux, les Kindaths seront éternellement rejetés.

La réécriture de l'Histoire et des religions :
Le personnage de Rodrigo Belmonte est sûrement tiré du roi du même nom cité dans la partie du contexte historique bien que ce ne soit pas le roi dans l'histoire mais un officier militaire, Capitaine de la compagnie des Cavaliers de Jad.

Guy Gavriel Kay utilise également les 3 grandes religions monothéistes que nous connaissons à sa sauce. le peuple Kindath, surnommé le peuple Errant et qui adore les deux lunes représente les juifs, le peuple Asharite appelé également Fils des Etoiles représente la religion musulmane et pour les chrétiens, le symbole est le soleil dont le peuple s'appelle les Jaddites.

Les personnages :
Ammar ibn Khairan est asharite. Tour à tour assassin, conseiller, soldat et poète, il a plus d'une corde à son arc. Cet homme raffiné garde sur ses mains et son image le crime qu'il a commis sur la demande de son roi, assassiner le dernier khalife de l'Al-Fontina.

Jehanne bet Ishak est une kindath. Elle est médecin dans la ville de Fezana. le Jour de la Douve a marqué un tournant dans sa vie ainsi que sa rencontre avec 2 hommes d'exception. de Fezana à Ragosa, Jehanne va découvrir Husari sous un nouveau jour et se lier d'amitié avec Alvar. Son coeur va balancer mais on ne peut pas parler de triangle amoureux je vous rassure tout de suite. J'ai énormément apprécié ce personnage mais je pourrai dire ça de chacun d'eux tellement ils étaient bien travaillés.

Alvar de Pellino, jaddite. Il vient d'entrer dans la compagnie des Cavaliers de Jad sous les ordres du Capitaine Rodrigo Belmonte. Il se fait gentiment bizuté mais son père (ancien cavalier) l'avait préparé et il s'en sort parfaitement avec beaucoup d'humour. Après avoir surpris une conversation qu'il n'aurait jamais dû entendre, il restera l'un des meilleurs hommes de Rodrigo dans son analyse de la situation et son audace.

Rodrigo Belmonte, jaddite. Rétrogradé au rend de Capitaine avec sa propre compagnie après un changement de politique au Vallédo, il est l'un des officiers les plus craints de son temps, la simple vue du drapeau de sa compagnie fait trembler l'ennemi. Son exil à Ragosa sera l'occasion d'une rencontre au sommet avec son double d'arme. Il souhaite également engager Jehanne dans sa compagnie comme médecin. Sa femme Miranda est un incroyable petit bout de femme qui le tient d'une main de maître et ses jumeaux sont autant espiègles que têtes brulées.

Ces quatre personnages sont les principaux mais il y en a bien entendu beaucoup d'autres qui gravitent autour et je n'ai pas trop parlé des guerriers du désert qui prônent un retour au source du culte d'Ashar ainsi que des dissensions internes comme la famille de Rada en bisbouille avec les Belmonte, la magnifique Ragosa avec Badir et le conseiller Mazur qui la font prospérer.

En bref, c'était magnifiquement écrit, une brique énorme qui passe toujours mieux bien entourée et avec un savant découpage. Ah, et cette fin…un petit chouille la larme à l'oeil. Si vous avez l'occasion, lisez-le !
Lien : https://lemondedelhyandra.co..
Commenter  J’apprécie          80
Le dosage. Tout là-dedans est une question de dosage.
Guy Gavriel Kay a su créer un monde avec sa personnalité tout en s'inspirant du notre (ce qui est donc de la fantasy ET PAS DE L'UCHRONIE - où sont mes tranquillisants ? -), mais il ne l'a pas fait n'importe comment. Trop de nuances dans la géographie, les idéologies, le changement de noms des lieux, et nous n'aurions pas eu un monde qui ressemble tant au notre au temps de la Reconquista, pas assez et on se serait retrouvés avec un fade copier-coller. Trop de lyrisme et nous nous serions retrouvés avec un pavé assommant, pas assez et il n'aurait pas su retranscrire toute la mélancolie douce-amère qui teinte le livre. Il a lui fallu aussi doser parfaitement les temps morts comme ceux de combat, les moments de suspense et ceux d'action, la répartition de l'histoire entre les personnages.
Mais il arrive aussi que ce dosage lui fasse défaut. Comme par exemple l'arc narratif du carnaval, qui s'étire un peu trop avant sa chute brutale. Ou encore le fait d'expliciter des situations quand c'est totalement inutile (). Mais surtout, il y a une scène de tension très réussie en particulier qui se conclut trop vite au profit d'un deus ex machina certes bien amené mais évacuant bien vite la tension. Et le fait d'évoquer aussitôt après des tasses de chocolat chaud, ce qui est un anachronisme et un anatopisme majeur, m'a fait temporairement complètement sortir du récit.
Malgré tout pour le reste, ce que j'ai trouvé dans ce livre, c'était presque un must-have de tout ce que j'ai lu auparavant. Une plume poétique et multipliant les intrigues sans pour autant devenir absconse comme celle de Thimothée de Fombelle avec "Vango", un questionnement autour de la religion sans enfoncer le clou aussi profond qu'"Ayesha", une fantasy historique avec une personnalité bien plus marquée qu'Henri Loevenbruck et "Gallica", des personnages profonds et nombreux dont les liens se tissent au fil du temps sans jamais tomber dans l'ennui ou le gnan-gnan sentimental. Côté intello, pour un l'comme moi aussi, c'est un vrai régal : un festival de litotes, d'antiphrases et de non-dits. Même si les détracteurs du livre diront parfois que ça manque de subtilité (ce à quoi je répondrais : Pas plus que "Candide"), Kay ne prend pas ses lecteurs pour des cons, et ça se fait sentir.
Ajoutez à ça une documentation approfondie et deux-trois traits d'humour, et vous comprendrez pourquoi "Les lions d'Al-Rassan" n'a vraiment pas volé sa réputation (trop) petite mais coriace de référence dans les littératures de l'Imaginaire. Ce n'est pas juste un grand roman de fantasy, c'est un grand roman tout court. Et ça mérite d'être rappelé.
Commenter  J’apprécie          80
J'ai mis à peu près un mois pour venir à bout de cet ouvrage. Ce n'est pas par lassitude, ni même par déception. Je dirais plutôt que je l'ai dégusté comme un grand cru, pages par pages, en raison des nombreux lieux, personnages et péripéties. C'est une chose que je fais souvent avec les histoires riches et compliquées. J'aime découvrir petit à petit les événements, sans trop m'encombrer la tête, et j'aime imaginer les suites possibles.

Comment en présenter un résumé précis et concis ? Difficile avec cette histoire mais je vais tâcher de faire au mieux.
L'Empire Al- Rassan a éclaté en plusieurs petits états, lesquels veulent unifier l'Ésperagne en y apposant leur propres religions, coutumes et pouvoirs. On y distingue trois peuples: les asharites du Sud qui ont conquis la péninsule, les jaddites du Nord qui estiment avoir perdu leur territoire, et les Kindath peuple mineur méprisé de tous.

Il y a foule de personnages dans cette intrigue. Certains sont très creusés, attachants, complexes. D'autres le sont un peu moins, et peuvent se montrer méprisables.
On y dénombre ma favorite, qui est Jehane, jeune médecin Kindath. Avide de connaissances, elle est aussi prête à tout pour aider les autres. Elle a un fort caractère, et assume pleinement son statut de femme, pour mon plus grand plaisir.
Ensuite, nous avons Ammar Ibn Khairain soldat, assassin et poète à ses heures perdues. J'ai aimé son attitude taquine et nonchalante, ce qui en fait un personnage haut en couleurs et surprenant.
Enfin, le dernier de ce trio principal est Rodrigo Belmonte, grand guerrier Jaddite, attaché à sa famille et doué au combat.
On y note des personnages plus secondaires tels que Alvar, Mazur, Zabira ou encore Tarif Ibn Hassan.

Que dire de cet ouvrage ? Je crois pour moi que le point fort de cette histoire est la complexité des relations qui lient les personnages de cette intrigue. Les relations se font et se défont, avec leurs lots de problèmes, de conséquences, ou d'avantages. Cela concerne les relations diplomatiques, mais aussi les relations amoureuses. J'ai trouvé celles-ci assez nombreuses dans le livre, ce qui allège beaucoup le sujet premier du livre: la reconquête d'un territoire.
Ce que j'ai aussi beaucoup aimé dans ce livre, c'est le panel de thèmes abordés: la religion, les arts, la médecine, l'art de la guerre, la diplomatie, la gastronomie, etc. Jamais je me suis ennuyée, et le suspense est crescendo jusqu'aux dernières lignes.
Il y a juste un petit "mais", ou plutôt deux en ce qui me concerne. Au début de ma lecture, j'ai dessiné un petit schéma fléché, avec les liens entre les différents personnages, et les territoires. Cela m'a permis de mieux m'immerger dans l'histoire et de ne plus confondre certains prénoms comme Alvar/Ammar par exemple. Ce n'est, pour moi, pas un livre à lire cinq minutes par-ci par- là sur un coin de table. Non, pour moi, c'est une aventure à grignoter petit à petit, pour ne perdre aucune miette, aucune bribe d'information. L'autre petit point, c'est que je dois admettre que je n'ai aucune connaissance historique sur la période dont est inspirée cette histoire. Je suis ébahie de voir en lisant les critiques les plus "aimées" sur cet ouvrage à quel point certains lecteurs ont fait des corrélations entre certains personnages/lieux et la réalité. Je pense que si je n'avais pas de lacunes à ce niveau, j'aurai sans doute mieux compris les enjeux de toute cette histoire, et les distinctions entre Jaddites/Asharites et Kindaths auraient été plus claires je pense. Il ne me reste plus qu'à m'instruire, pour peut-être l'apprécier encore davantage (si possible), lors d'une probable relecture un jour.

Quoi qu'il en soit, les Lions d'Al-Rassan est un ouvrage très riche, aux personnages très travaillés et complexes. Les relations sont le point fort de cet ouvrage pour ma part. Petite précision: inutile de vous attendre à des dragons, des orques, des elfes, non. Les deux seuls éléments fantastiques sont un don de vision et la présence de deux lunes dans le ciel. Si c'est ce que vous recherchez impérativement, passez votre chemin. Si ce n'est pas forcément le cas, je vous conseille de vous lancer dans l'Histoire de l'Al-Rassan... Bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          82
Il est certains livres dont il est illusoire d'essayer de faire un commentaire objectifs. Pour moi, les lions d'Al-Rassan est de ceux-là, un des rares sur lesquels j'ai du mal à prendre du recul pour en distinguer les défauts et les faiblesses (mais elles sont en toute subjectivité très rares). ^^
C'est dû en partie à l'auteur : Guy Gavriel Kay est après tout mon écrivain préféré, et même ses ouvrages de jeunesse sont à mon sens supérieurs à bien d'autres livres. Et çela peut paraître ridicule à dire, mais ce manque affligeant d'objectivité est aussi dû au livre lui-même, à son contenu, à son écriture et à son style narratif. Aux personnages qui l'habitent, à la tristesse et aux larmes que certains paragraphes font immanquablement naître en moi.
Bref, vous être prévenu, je suis totalement partiale en ce qui concerne ce livre.


Les Lions est ce que l'on appelle un roman de fantasy-historique, terme qui a été me semble-t-il tout spécialement inventé pour qualifier les oeuvres de GGK. Ses romans ont en commun de se situer dans un monde imaginaire s'inspirant très fortement de périodes historiques très définies, aux enjeux clairement identifiés. La magie et le surnaturel sont très peu présents, voire absents, contrairement à la fantasy classique. La mosaïque de Sarrance se joue par exemple dans une Byzance qui pourrait être celle de l'Empereur Justinien.
En ce qui concerne Les Lions d'Al-Rassan, le livre se situe en Espagne, plus précisément de la fin de la période du califat de Cordoue, et s'inspire notamment de la vie de Rodrigo Diaz de Bivar dit le Cid.
De cette période historique sont tirés les motifs, les thèmes qui parcourent le livre : la fin d'un monde et d'un temps, d'une beauté aimée. La rencontre entre trois religions que tout oppose, par le biais de personnages que leur humanité rapproche.
Les lions parle de choix que l'on doit prendre, et des désirs qui guident les personnages, désirs entre ce qu'ils voudraient, entre leurs appartenances, les impératifs qui font partie du plus profond de leur être. Car même le soleil se couche, et la fin de l'Al-Rassan aux cités chatoyantes ne peut que venir sur fond de guerre de religion.

Les Lions d'Al-Rassan est porté par trois personnages principaux magnifiques, et quelques très beaux personnages secondaires, notamment Husari le marchand, et Alvar, un jeune soldat Jaddite narrateur récurent, qui suit tous les éléments de près et dont l'évolution au cours du livre est impressionnante.
Mais revenons aux personnages principaux, le triumvirat autour duquel s'articule le livre et qui est évoqué dans le résumé :
Rodrigo Belmonte, le Capitaine Jaddite, Fléau d'Al-Rassan que ses hommes suivraient jusqu'en Enfer aller et retour sans sourciller est un homme intelligent et rigoureux, férocement intègre et fidèle à son code de l'honneur (ainsi qu'a sa femme qui est un personnage féminin des plus exceptionnel et des plus terrifiants).
Il y a Jehane, fille d'un médecin Kiddath renommé et médecin elle-même, courageuse et déterminée, dont le peuple ne peut sortir indemne de la guerre, quelque soit le vainqueur.
Et enfin il y a Ammar Ibn Khairan l'Asharite, soldat et poète, aussi brillant orateur que bretteur et stratège, qui en assassinant le dernier Khalife quinze ans plus tôt a mis un terme au règne des Lions sur l'Al-Rassan.
Ce sont trois des personnages les plus profondément humains qui m'ont été donné de lire, exceptionnels chacun à leur façon, et les liens qui se tissent entre eux au cours du livre sont forts et subtils, pleins de non dit.
A vrai dire ils forment un peu mon OT3 ultime-de-tous-les-temps, mais c'est un autre sujet.

Que dire d'autre ? GGK à un style narratif très particulier et assez caractéristique, avec cette espèce de prise de distance et de relativisation des évènements, et en même temps une énorme empathie pour les personnages. C'est une manière d'écrire que je n'ai jamais rencontré ailleurs et que j'adore, qui donne un côté poignant aux évènements, les creuses et fait bien ressentir leur importance, l'impact qu'ils ont sur les personnages. Il a également un talent assez illégal pour mener le lecteur par le bout du nez et lui faire croire certaines choses, grâce a un système narratif un peu en décalage très efficace.


Pour conclure, je ne prétendrais pas que tout le monde tombera follement amoureux de ce livre en le lisant comme je l'ai fait, mais Les lions reste une très bonne lecture, et un roman tout a fait captivant. Un must selon moi (mais souvenez vous, je suis désespérément partiale ;) )
Commenter  J’apprécie          80
Un véritable coup de coeur pour ce livre qui m'a déchiré...
Guy Gavirel Kay nous relate l'histoire d'une rencontre entre trois univers à travers trois personnages. C'est l'histoire d'une parenthèse enchantée dans la merveilleuse cité de Ragosa en Al-Rassan où séjourne un temps la médecin Jehane, et deux exilés, l'assassin du dernier kalif Ammar Ibn Khairan, et le glorieux chef de guerre Rodrigo Belmonte alors que hors des murailles de la ville se rapproche l'écho de la guerre sainte. C'est une histoire d'amours et d'amitiés interdits entre eux alors que sur leur péninsule s'affrontent à mort leurs contrées, l'Al-Rassan morcelée et les rois d'Espéragne.
Le récit est très bien construit, le rythme est bien mené, addictif, et c'est bien écrit, un plaisir de lecture. L'écriture est emprunte d'une beauté mélancolique, en nous plongeant dans un monde librement inspiré de l'Espagne de l'Al-Andalus et de la Reconquista. Et on a l'intime et l'amer sentiment que l'auteur nous fait ressentir l'effondrement annoncé de la beauté d'une contrée, Al-Rassan, et celui d'une profonde amitié entre trois magnifiques personnages décrits avec pudeur et tendresse.
Il est difficile de bien expliquer mon ressenti parce que l'histoire a tendance à me faire perdre mes mots tant elle m'a déchiré dans sa dernière partie. Vous êtes laissé orphelins de ses personnages, dévasté par leurs destins qui priment sur les liens qu'ils ont tissé et sur leurs sentiments les uns envers les autres. C'est une belle leçon sur la tolérance, la découverte de l'autre, le pardon et la reconnaissance d'un frère, d'une âme soeur au delà de toutes les différences. Mais tout est impitoyablement broyé dans le cours d'une histoire plus grande que les désirs de ces personnages. On nous laisse juste entrapercevoir ce que cela pourrait être si les Hommes se regardaient comme des égaux au delà de tout ce qui les sépare. Les dernières pages laissent entre-voir la douce amertume d'une fin douloureusement apaisée... J'ai été bouleversée. Cette histoire ne peut que vous marquer.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1060) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2498 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}