Calpurnia

_ Il ne me reste pas beaucoup de jours à vivre, m'avait-il dit un soir que nous étions assis dans la bibliothèque. Pourquoi les passerais-je à m'occuper de drainage ou de factures impayées? Je dois économiser mes heures, et ne les employer qu'à bon escient. Je regrette de ne pas m'en être rendu compte bien avant mes cinquante ans. Calpurnia, tu ferais bien d'adopter cette attitude à un age moins avancé. Emploie sagement chacune des heures qui te sont imparties.

L'action du climat semble à première vue être absolument indépendante de la lutte pour l'existence ; mais le climat pouvant agir directement sur la diminution de la nourriture, il entraîne une lutte acharnée entre les individus... (p. 413)

Il prit un livre recouvert d'épais maroquin vert joliment piqueté d'or. Il l'essuya avec sa manche, bien qu'il me parût dépourvu du moindre grain de poussière. Cérémonieusement, grand-père s'inclina et me l'offrit. Je le regardai. De l'origine des espèces. Ici, dans ma propre maison. Je tendis les deux mains pour le recevoir. Il sourit.

En arrivant à la rivière, j'enlevais mes vêtements et restais en chemise, puis je flottais sur le dos, ma chemise ondulant doucement autour de moi dans le faible courant. Je m'abandonnais avec délice à la fraîcheur de l'eau. J'étais un nuage de rivière, qui tournoyait doucement dans les tourbillons. Je levais les yeux vers les nids soyeux des chenilles d'écailles fileuses, loin au-dessus de moi, dans le feuillage luxuriant des chênes qui se penchaient sur la rivière. Les cocons semblaient me refléter, flottant dans leurs propres ballons de gaze dans le ciel d'un turquoise clair.

Je me redressai dans mon haut lit en cuivre, et il me vint l'idée soudaine que les grosses sauterelles jaunes devaient être une espèce entièrement nouvelle, complètement distincte des sauterelles vertes, et que moi, Calpurnia Virginia Tate, je l'avais découverte. Or, le découvreur de toute nouvelle espèce n'avait-il pas le droit de lui donner son nom ? Je serais célèbre ! Mon nom résonnerait haut et fort dans le monde. Le gouverneur me serrerait la main. L'université me décernerait un diplôme.

Nous apprenons la lecture, l’orthographe, l’arithmétique, et la calligraphie. Oh, nous avons des leçons de savoir-vivre, aussi. J’ai eu « acceptable » pour le maintien, mais « insuffisant » pour l’usage du mouchoir et du dé à coudre. Mère n’était pas contente du tout. (p. 43)

Il prit un livre recouvert d'épais maroquin vert joliment piqueté d'or. Il l'essuya avec sa manche, bien qu'il me parût dépourvu du moindre grain de poussière. Cérémonieusement, grand-père s'inclinat et me l'offrit. Je le regardai. De l'origine des espèces. Ici, dans ma propre maison. Je tendis les deux mains pour le recevoir. Il sourit. C'est ainsi que commença ma relation avec bon-papa.

-Lequel es-ce déjà, ce Travis ? demanda-t-il.
-Celui qui a dix ans. Celui qui pleure sans arrêt ces derniers temps.
-Ah, c'est donc ça qui n'allait pas chez lui ! Je pensais qu'il devait avoir des vers.

Nous devrions fêter notre échec présent, car il indique clairement que notre voyage de découverte n'est pas encore fini.

Il me parla des méthodes qui permettent de trouver la vérité dans toutes sortes de domaines, et qui ne consistent pas simplement à rester assis et à réfléchir comme Aristote (un monsieur grec intelligent quoique confus), mais à sortir, à regarder de ses propres yeux, à émettre ses propres Hypothèses, à concevoir ses Expériences, à tester par l'Observation, et à aboutir à une Conclusion. Ensuite, il fallait sans cesse remettre en question cette Conclusion. (p. 44)