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John Watkiss (Illustrateur)
EAN : 9781534301542
208 pages
Image Comics (02/05/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
In a world on the brink of medical collapse, healing just got sicker...
What do you get if you cross a far right British government with an antibiotic apocalypse riot and a gruesome murder? The birth of Surgeon X and her renegade practice. Extreme times call for extreme medicine.

Sara Kenney, acclaimed documentary, factual drama and animation filmmaker (ANGELS AND GHOSTS) and master artist John Watkiss (SANDMAN, CONAN, DEADMAN) join forces with... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, écrits par Sara Kenney, dessinés et encrés par John Watkiss, avec une mise en couleurs de James Devlin. Les dessins du dernier épisode ont été complétés par Warren Pleece, du fait de la maladie et du décès de John Watkiss (1961-2017). Ce tome comprend également une postface d'une page rédigée par Sara Kenney, ainsi que 8 pages d'études graphiques réalisées par John Watkiss.

L'histoire se déroule en 2036, et commence à Londres. Jim Powell et Dominic Obasanjo s'apprêtent à prononcer leur discours de candidats pour l'élection du maire de Londres. Il se produit une émeute, avec des individus armés représentant le parti Lionheart L'un des enjeux de la campagne réside dans la gestion des hôpitaux et l'accès au soin, à tous, ou restreint à quelques-uns, du fait de la pénurie de médicaments, et du faible nombre de souches antibiotiques encore actives sur les bactéries. Conduite par son frère Lewis, Rosa Scott arrive sur place et décide de venir en aide à Obasanjo grièvement blessé, ce qui n'est pas du goût de Nuella Powell, la femme de l'autre candidat qui a également été grièvement blessé.

Quelques semaines plutôt, Rosa Scott avait déjà fait des siennes dans l'hôpital où elle était employée en tant que chirurgienne, ce qui lui avait valu des réprimandes du médecin-chef. Elle avait décidé de démissionner et d'installer sa clinique clandestine pour traiter les patients comme elle l'entend, en particulier en ce qui concerne les priorités et les méthodes. de son côté, Martha Scott (la soeur de Rosa) intervient devant ses étudiants pour évoquer l'histoire des antibiotiques depuis leur découverte par Alexander Fleming. Lewis (le frère de Martha et Rosa) souffre de schizophrénie et est persuadé qu'il y a une sorte de complot contre la monarchie anglaise. L'inspecteur Caspar Moss vient trouver Rosa pour lui dire qu'il continue d'enquêter sur le meurtre de sa mère, assassinée dans des conditions troubles. John Scott vient trouver ses filles Martha et Rosa pour évoquer la cérémonie au cours de laquelle le roi Charles va lui remettre une distinction officielle.

La page de garde répertorie pas moins de 26 consultants exerçant les métiers de chirurgien, microbiologiste, neurologue, assistant sociologue, chimiste, immunologue, pharmacien, philosophe de l'éthique, etc. La lecture de cette histoire montre que Sara Kenney (réalisatrice de films et de documentaires) a bien écrit un récit d'anticipation, plutôt qu'un documentaire. Toutefois elle souhaitait que les problématiques mises en jeu soient pertinentes, plutôt que de simples élucubrations. le point de départ repose sur la résistance aux antibiotiques qui constitue effectivement un enjeu sanitaire majeur, et une problématique de pharmacorésistance. Lorsqu'il découvre que le scénario a été confié à une créatrice issue d'un autre média, le lecteur sait qu'il s'agit d'une opportunité saisie par l'éditeur pour essayer d'attirer d'autres acheteurs potentiels, même si l'écriture des comics ne relève pas des mêmes mécanismes qu'un film ou un livre.

Effectivement, le lecteur plonge dans une histoire en bonne et due forme, avec des personnages qui évitent de pérorer pendant des cases entières, avec des émotions et des objectifs, avec plusieurs points de vue, sans bulles de pensée, et avec des intrigues secondaires. Parmi ces dernières, se trouvent les élections pour la mairie de Londres, le parti Lionheart, le mode de gestion de la clinique clandestine, les priorités pour choisir les patients, l'intervention dans un module spatial par l'entremise d'une technologie de réalité virtuelle, la rencontre avec le roi Charles, l'enquête sur les circonstances de la mort de Rosa et Martha. le lecteur se rend compte que ces fils narratifs peuvent courir pendant tout le récit (la mort de la mère), ou disparaître en cours de route (les élections). Pour ces dernières, il suppose que la scénariste en a tiré tout ce qu'elle souhaitait développer, mais aussi qu'ils n'ont plus d'incidence prépondérante sur la vie des personnages.

L'histoire bénéficie des dessins d'un artiste avec une personnalité graphique marquée. John Watkiss a également illustré des épisodes de la série Sandman Mystery Theatre (épisodes 5 à 8, dans Sandman Mystery Theatre Book One), l'épisode 39 de la série Sandman de Neil Gaiman, et la série Deadman de Bruce Jones. Au premier regard, les dessins de cet artiste donnent l'impression d'avoir été réalisés au burin, parce qu'il utilise souvent des traits épais et des aplats de noir qui semblent avoir été réalisés avec un large de pinceau. Il complète ces traits épais, avec des traits fins pour certaines parties du contour, créant ainsi un fort contraste. Il s'en dégage une impression entre un dégrossissement rapide, et des zones plus peaufinées. le dessinateur réussit ainsi à combiner une sensation de spontanéité, et de précision, dans un tout parfois surprenant. En y prêtant attention, le lecteur constate effectivement qu'il intègre parfois un bon niveau de détails : différentes façades de bâtiment, la hauteur sous plafond dans Buckingham Palace, le restaurant de luxe dans lequel déjeunent John Scott et Aki, la cuisine de l'appartement de Rosa Scott, les cuisines du restaurant indien, etc.

Le lecteur apprécie vite l'apport des aplats de noir aux formes irrégulières, car ils ajoutent de la densité et de la noirceur dans les dessins. L'émeute lors du débat politique en plein air devient cauchemardesque avec ces éléments noircis, attestant d'une forme d'impact et de destruction, sans qu'il soit possible d'en mesurer l'ampleur. La fuite de la mère de Martha et Rosa, dans la jungle, devient angoissante car les dessins donnent l'impression que l'oeil ne peut pas saisir tous les détails de l'environnement, comme si l'esprit était trop accaparé par la situation, sans pouvoir assimiler toutes les informations. La fuite de Lewis Scott dans les rues de Londres devient chaotique car il n'est pas possible de saisir le détail de ses mouvements. John Watkiss s'avère être un bon directeur d'acteurs car il utilise avec parcimonie les cases ne comportant qu'une tête en train de parler, préférant montrer ce que font les personnages, ainsi que l'environnement dans lequel ils évoluent. Il n'utilise pas trop les cases spectaculaires, préférant les mettre au service de la narration. Mais le lecteur repère quand même quelques dessins plus impressionnants que d'autres dans la mise en scène : le masque utilisé par les agitateurs du parti Lionheart, l'opération d'une fracture ouverte au tibia, la conduite d'une opération chirurgicale avec un casque de réalité virtuelle, une marche dans la lande écossaise, une cabane dans les bois, etc.

Les dessins donnent corps à un Londres d'anticipation très proche du nôtre, avec quelques détails futuristes. le scénario indique que la médecine est plus que jamais un enjeu politique majeur, traversant une catastrophe de grande ampleur, avec la réduction des antibiotiques efficaces à une seule souche, et l'accès au soin devenu un luxe. Sara Kenney met en scène 2 jeunes femmes, soeurs, ayant chacune ses convictions et son caractère. Elle développe son récit sur la base d'une intrigue entremêlant plusieurs fils narratifs qui se nourrissent les uns les autres. le mode narratif s'avère assez sophistiqué et très facile à appréhender. le suspense est entretenu à la fois par le mystère qui règne autour de la mort de la mère des 2 soeurs, mais aussi par le devenir professionnel de Rosa Scott, et du développement de sa clinique. La scénariste sait utiliser quelques conventions du genre pour nourrir son récit, sans en devenir l'esclave, à commencer par le problématique ravitaillement en médicaments, qui s'effectue avec une prise de risque importante. le lecteur ressent vite de l'empathie pour Martha et Rosa, moins pour les autres personnages. Alors qu'il en est encore à se demander s'il doit s'investir dans la candidature de Nuella Powell, ce fil narratif est laissé de côté, au profit d'un autre. Alors qu'il s'interroge sur le traitement possible de la schizophrénie de Lewis Scott, il se rend compte que l'auteure en fait un individu imprévisible, complexe, mais impossible à vraiment apprécier.

Cette histoire est donc habitée par de vrais personnages, au comportement adulte et complexe, tricotant une intrigue immersive et intrigante. le lecteur se rend compte que le thème abordé ne se limite pas à la gestion de la politique en matière de médicaments. de temps à autre, il découvre une remarque anodine qui vient enrichir la problématique principale. Il peut s'agit des apparitions à répétition d'un virus prenant la forme d'un hologramme évoquant Hippocrate, et énonçant une phrase du serment qui porte son nom, faisant écho à un événement du récit. Il peut s'agir d'une remarque en passant (Rosa indiquant qu'elle ne pourra être prise au sérieux en tant que chirurgienne que si elle se laisse pousser une barbe et des testicules), trouvant un écho plus loin dans le récit (une mention de Rosalind Franklin dont le rôle a été minimisé dans la découverte de la structure de l'ADN par James Dewey Watson et Francis Crick en 1953). Ces 2 observations ont leur place naturelle dans la séquence où elles sont prononcées, et rattachées avec la mention d'Elizabeth Garrett Anderson (première chirurgienne en 1865), elles établissent un arrière-plan sur l'histoire de la médecine et la place des femmes dans cette discipline.

En arrivant à la dernière page le lecteur constate qu'elle laisse la possibilité d'une suite dont il espère bien qu'elle se concrétisera. Il a côtoyé des personnages attachants, dans une intrigue bien ficelée, originale et dégageant un bon suspense, avec une mise en images personnelle et au service du récit, et des thèmes d'actualité, traité avec intelligence.
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