Jeanne d'Albret fut bien plus que la mère d'Henri IV, rôle auquel l'histoire a tendance à la réduire parfois. Elle fut une princesse de France, une souveraine, héritière en son nom propre de la Navarre, une ardente réformée, une femme amoureuse et trahie, un caractère fort dans un corps qui l'était bien moins. Dotée d'une force de caractère bien supérieure à celle d'Antoine de Bourbon son volage époux, volage autant côté femme que côté religion, elle ne cessa jamais de lutter, pour la Réforme, pour ses États, pour son fils, et forme une figure vraiment fascinante.
Cette biographie a en plus l'intérêt de revenir un peu sur l'histoire de la Navarre, ce petit royaume bien mal coincé entre deux puissants voisins, et sur les débuts de la Réforme en France.
Très intéressant!
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On a expliqué leur désastreuse mésentente tout d'abord pour les raisons les plus simples. Antoine ne cessa que très peu de temps d'être l'homme de sa nature réelle, un libertin. Il aima d'abord sincèrement sa petite épouse ardente, puis ses exigences, ses jalousies, son goût bizarre de l'absolu le lassèrent. On a dit aussi que leurs convictions religieuses différentes les éloignèrent l'un de l'autre, mais comme nous le verrons, c'est plutôt leur animosité grandissante qui les porta à embrasser avec fureur des fois opposées. [...] Le drame de la reine, après tant d'euphorie aveugle, ce fut de devoir admettre la faiblesse de caractère irrémédiable d'Antoine, faiblesse longtemps camouflée par sa réelle bravoure physique. L'image qu'il lui avait d'abord proposée d'un hardi chef de guerre, modèle de virilité pour toutes les jeunes filles, se ternit bientôt. Ce héros séduisant, beau parleur, galant, se révéla un brouillon sans énergie, sans persévérance, sans projet, girouette tournant au moindre vent, n'ayant aucune des qualités requises pour s'imposer comme ce roi de Navarre qu'il avait exigé d'être. Ce genre de désillusion, pour une femme d'un caractère aussi entier que Jeanne, ne pouvait se pardonner. Ce fut une tragédie intime assez brève, qui se termina par la catastrophe nécessaire, la mort d'Antoine.
De grandes fêtes se préparaient à la Cour pour un double mariage, décidé en conclusion du traité, celui du roi d'Espagne avec Élizabeth, la fille aînée de Henri II et celui de Marguerite, sa sœur avec le duc de Savoie. Un jour que Monluc se trouvait à Nérac, chez le roi de Navarre, celui-ci lui montra une lettre qu'il venait de recevoir du duc de Guise qui lui donnait le programme des joutes où le roi devait prendre part.
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Mû par cette incantation, un petit garçon était apparu, le moins "rechigneux" qui fût jamais. Le roi, poursuivant sa mise en scène, s'en empara prestement après avoir accroché au cou de sa fille la chaîne d'or.
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Françoise Kermina : "J'ai lu les Confessions de Rousseau sans pouvoir m'en arracher"