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3,88

sur 632 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il se fait appeler Turambo du nom du village où il était né dans les années 1920. Adolescent, sa famille s'installe à Oran. Turambo traîne dans les rues, fait des petits boulots jusqu'au jour où, remarqué dans le milieu de la boxe, il entame une carrière de boxeur et pourrait être le futur champion d'Afrique du Nord.
J'ai vibré avec Turambo, j'ai vécu avec lui, ressenti toutes ses émotions que l'écriture de Yasmina Khadra a révélé parfois avec pudeur, parfois avec violence mais toujours avec beaucoup d'humanité.
Dans son roman, il dépeint l'ambiance de l'époque, le racisme, le fossé entre Algérois et Français avec justesse et à-propos. Arrivée au terme de ma lecture, « Les anges meurent de nos blessures » resteront bien vivants dans ma mémoire. A lire !
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"Je m'appelle Turambo et, à l'aube, on viendra me chercher." Et vu ce qui suit, on comprend très vite qu'on ne va pas l'emmener en promenade Turambo.
C'est à l'échafaud qu'on l'emmène.
Quelle entrée en matière ! Yasmina Khadra ne perd pas une seconde et nous plonge tout de suite dans le vif du sujet. Les quatorze pages de l'introduction sont percutantes, brillantes, saisissantes.
S'ensuit un long flashback dans lequel Turambo raconte sa vie. Et quelle vie !
La vie de Turambo n'est pas un long fleuve tranquille, loin s'en faut. Certaines personnes sont douées pour le bonheur, elles enchaînent les heureuses coïncidences, tout leur sourit. Pour Turambo, c'est tout le contraire.
Comme pour bien signifier qu'il sera sans arrêt le jouet des éléments et des hommes, qu'il ne maîtrisera rien dans sa vie, Yasmina Khadra n'a même pas donné de nom à son héros : Turambo est le surnom qu'un boutiquier lui a donné car c'est le nom du village dont il est originaire.
Le lecteur ne peut que s'attacher à ce personnage qui ne possède même pas ce que tout être humain, même le plus démuni, possède : un nom. D'autant plus qu'il n'a pas grand-chose d'autre.
Il est attachant ce Turambo dans sa quête de réussite sociale, sa quête d'amour, sa quête de gloire. Pur et naïf, il est une victime facile : victime du sort et victime de personnes sans scrupules.
Il essaie de toutes ses forces de s'élever, mais ses efforts ne sont jamais payés en retour : Turambo retombe invariablement, jusqu'à la chute finale.
Yasmina Khadra est un auteur que j'aime particulièrement. J'aime le lire et j'aime entendre ses interventions télévisées ; il y a, je trouve, une grande intelligence dans ses propos.
Les anges meurent de nos blessures est un roman surprenant. S'il paraît à première vue plus léger que d'autres ouvrages du même auteur tels que L'attentat ou Les hirondelles de Kaboul, sa force est certaine, et il laissera en moi une trace durable.
Au-delà du héros, Yasmina Khadra a mis en scène une belle galerie de personnages : DeStefano l'entraîneur de boxe, l'ami Gino, le grand amour Irène, l'infâme Zane ("De l'avis d'un marabout, lorsque Zane rendra l'âme en gardant ses péchés, il n'ira ni en enfer ni au paradis puisque le Seigneur niera en bloc l'avoir créé.") et bien d'autres.
Le tout dans l'Algérie coloniale des années trente, dont l'auteur nous donne un bel aperçu.
Un beau tableau, un beau roman.
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Yasmina Khadra ne m'a jamais vraiment déçu.
On ne saurait constamment côtoyer l'excellence mais le présent roman se positionne incontestablement en haut du classement.
D'emblée l'auteur nous saisit à la gorge, nous invitant brutalement à partager l'attente anxieuse d'un condamné à la peine capitale.
S'ensuit un récit rondement mené où nous accompagnons pas à pas, sans jamais le quitter d'une semelle, Turambo, héros pathétique de ce drame, du misérable douar de ses 11 ans à ce lugubre couloir de la mort un quart de siècle plus tard.
Tour à tour, sans que cela soit contradictoire, le lecteur est amené à le percevoir : victime pitoyable d'une malédiction ancestrale, perpétuellement à l'étroit dans son corps, d'une naïveté abyssale, perclus de culpabilité, d'une incroyable capacité à rebondir, gladiateur des temps modernes fonctionnant en permanence à l'affectif, à l'instinct et ce jusqu'à l'aveuglement, Icare du ring se brûlant les gants au contact des cordes d'une arène aux fauves que nul gong ne viendra sauver d'un naufrage inévitable.
Yasmina Khadra excelle à user (sans en abuser) de toutes les ficelles de la tragédie classique, jonglant habilement avec les mots d'une langue française qu'il maîtrise à la perfection.
Le tout est finement ciselé, débordant fréquemment d'un humour décapant mais toujours judicieusement inspiré.
Rien ne m'a semblé excessif, stéréotypé ou caricatural.
Le regard qu'il porte sur l'Algérie de l'entre-deux-guerres est d'une lucidité féroce, implacable ce qui ne l'empêche pas de faire preuve d'une réelle empathie, dépourvue de tout angélisme, pour les damnés de sa terre natale.
Deux petits bémols cependant :
1) Les propos tenus par certains protagonistes sont quelquefois trop "littéraires" pour être vraiment crédibles au risque également de paraître un tant soit peu anachroniques ;
2) le tomber de rideau final m'a aussi laissé perplexe.
Je ne puis vous en dire davantage sans déflorer le roman mais je ne l'ai pas trouvé d'une grande valeur ajoutée ni particulièrement inspiré.
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Yasmina Khadra…. voilà un homme particulier, courageux, plein d'humanité que j'aime beaucoup. J'avais vu son passage sur la Grande Librairie de France 5 pour présenter son dernier ouvrage « Les anges meurent de nos blessures »… et j'avais été enthousiasmée. Et puis rien que les titres de ses ouvrages sont déjà tout un programme, une invitation au voyage, une poésie des mots, … car avec Yasmina, c'est un bonheur pour ceux qui aiment la langue française… qu'il écrit bien ! c'est un délice de le lire…
Bref, mon envie de le lire était au maximum….
Pour être honnête, le début, voire une moitié du livre est bonne, toujours aussi bien écrit, un personnage attachant, Turambo… mais c'est lent… Yasmina prend son temps, peut être plus qu'à son habitude… je ne sais pas…
Non il faut que je dise tout… le tout début est très très fort….il arrache les tripes… nous prend d'emblée, le souffle court… j'aimerais vous dire comment, mais cela serait réduire un suspens, votre future découverte du livre… mais c'est fort, je peux vous le dire !
Donc après le début, on retourne dans le passé, et on suit Turambo, de son village natal jusqu'à Oran, dans son quotidien, ses galères, grosses galères, ses espoirs, ses rêves, ses amis, sa découverte de la vie… Et puis une sorte d'accélération se sent, une grosse intensité nous emmène comme sait le faire Yasmina…. et on est emporté jusqu'au final avec force….
J'aurais beaucoup de choses à dire encore, mais j'ai peur de « spoiler » comme on dit maintenant, vous révéler trop de détails.
La fin est dure… mais logique quelque part… Yasmina nous livre encore beaucoup de vérités, difficiles, sur la nature humaine… sur l'histoire de l'Algérie aussi, sur l'occupation de l'Algérie,… des vérités aussi sur le racisme, dégoûtant, inadmissible, mais qui était si commun, si quotidien dans cette Algérie française… qu'en est-il resté de nos jours ? Ça pose beaucoup de questions… ça remet les idées en place. Oui ça interroge. C'est ça aussi la littérature, et c'est tant mieux !
Bref, un livre à lire…. Laissez-vous emporter par la magie de la langue de Yasmina Khadra.
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Turambo, non je ne m'appelle pas Turambo. Simplement Turambo est le nom de mon village de naissance englouti un jour par les éléments, drame duquel mes parents se sortiront comme ils le pourront et dont il faudra bien que moi aussi je me sorte.
Et voilà issu de cet univers de malheur comment Turambo est devenu mon nom.
Echapper à ma condition, je ne pouvais compter que sur moi pour cela et le parcours allait être dur. J'étais prêt à tout pour gagner ma vie et effectivement ce fut dur.
La chance finit pourtant par me sourire un jour, par un hasard incroyable en me révélant un don qui me surprit moi-même, celui la boxe !
Ca y était, bien encadré par le Duc et Gino j'allais connaître le succès, l'argent, la gloire, tout ce dont un « Turambo » peut rêver quoi… Et le succès vint effectivement.
Mais pour autant je restais Turambo avec cette candeur que mes origines avaient dessinées dans mon être et en proie avec l'envie de sortir de ce nouvel univers sans savoir comment et qui allait finalement m'enfermer.
Malgré Irène ma tendre Irène, avec laquelle j'allais vivre heureux une vie à laquelle je n'aurais jamais pensé. Mais non quand on s'appelle Turambo, les choses ne se passent pas comme ça, pas comme on le voudrait. Irène le savait et elle avait raison elle voulait m'y aider, et ainsi les choses ne se passèrent pas du tout comme je l'imaginais.
Yasmina Khadra nous enchaine ici à un parcours humain à la foi attachant et terrible tout en nous faisant découvrir une Algérie que sans doute peu de lecteurs auront connue, c'est aussi l'autre grand intérêt de ce beau roman .

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Cette histoire se déroule dans l'Algérie des années 1920/1930. A travers la vie de Turambo, jeune garçon pauvre et analphabète issu d'une bourgade proche de Sidi Bel Abbès, on découvre ce que fût la cohabitation entre Arabes, Juifs et colons français à cette époque.
De par sa condition, Turambo ne peut prétendre s'élever dans la société. Mais, grâce ou à cause de sa naïveté, et à sa propension au rêve, il parvient à connaître la gloire. En effet, après avoir déménagé à Oran, il est repéré lors d'une rixe pour son crochet du gauche. Une écurie de boxeurs lui ouvre ses portes et en fait un champion. Cependant, après avoir connu la richesse et la gloire, ce sera la déchéance, et la prison.
L'amour tient une grande place dans la vie de Turambo. Il tombe d'abord amoureux de Nora, qui lui sera refusée car il est trop pauvre. Puis d' Aïda, une prostituée qui l'évincera car elle ne veut pas changer de condition ; enfin d' Irène, pour qui il accepte de renoncer à son métier de boxeur. Turambo est alors le plus heureux des hommes, et parle avec Irène de projets de mariage. Rien ne se passera comme ils l'avaient prévu.
C'est un livre riche, profond et passionnant, éclairant l'histoire de l'Algérie des années 20/30 du point de vue d'un jeune autochtone, avec toujours, la sublime plume de Yasmina Khadra.
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Mon avis : Yasmina Khadra est un auteur que j'aime tout particulièrement et je lis ses nouveautés assez régulièrement depuis quelque temps. J'ai passé encore un excellent moment de lecture avec son dernier roman.

Algérie pendant l'entre deux guerres, Turambo est un jeune Algérien miséreux au village englouti par un glissement de terrain et au père revenu de la guerre complètement mort de l'intérieur.

Vivotant de petits travaux souvent mal ou pas payés, mis plus bas que terre par un neveu devenu chef de famille, il va traîner son mal être de petits boulots en petits boulots. Jusqu'au jour ou il va rencontrer Destefano un entraineur de boxe.

Plus haut sera la gloire, plus bas sera la chute.

Un roman choquant très dur, noir et violent, violent dans les propos mais aussi dans les actes. Turambo est toujours le jouet de quelqu'un, il aura été exploité même dans ses moments de gloire et abandonné au moment de sa déchéance. Naïf, incrédule, amoureux transi, c'est un personnage extrêmement attachant.

Une Algérie colonialiste de l'entre deux guerres où le racisme est omniprésent, l'auteur nous montre comment une personne peut être un bougnoule même dans son propre pays.

Une histoire et des propos révoltants, une culture et une religion très importante. J'ai vraiment apprécié ce roman.

Lien : http://lisalor.loulou.over-b..
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"Je m'appelle Turambo et à l'aube on viendra me chercher". On viendra le chercher pour "la bascule à charlot", c'est à dire la guillotine ! voilà qui éclaire de façon lumineuse le parcours de ce Turambo, dont la première phrase du livre nous annonce la fin ....
Mais qu'a donc fait cet homme pour mériter ce destin ?
Ce qu'il a fait ? eh bien, rien, ou plutôt, si ! il a encaissé ...
Déjà d'être né au mauvais endroit, d'une famille pauvre, au fin fond de l'Algérie coloniale, où être "araberbère" selon l'expression de l'auteur, vous condamne quasi immanquablement à la servitude, en tout cas à être à la botte du colon, celui qui tient le haut du pavé dans cette province française qu'était l'Algérie dans les années vingt et trente du vingtième siècle.
Obligé, dès sa dixième année, inculte et analphabète, de gagner son pain pour amener son écot à la gamelle familiale, le garçon va trimer de petit boulot en petit boulot en se faisant exploiter. Turambo est un bon garçon, gentil, naïf, voire très crédule ... mais il a pour lui un atout magistral, un poing percutant, une gauche foudroyante, qui à son corps défendant va le mener sur le ring, où il sera sérieusement pris en main par des professionnels de la boxe, qui feront de lui un champion du "noble art" !
Yasmina Khadra nous entraîne dans le sillage de son héros, ce garçon si attachant que ses déboires, ses désillusions, ses défaites... nous allons les prendre en plein coeur et souffrir avec lui des coups que le destin lui réserve. L'auteur en trace un portrait émouvant, égratigne au passage le monde de la boxe, le "noble art" n'apparaissant alors que comme un sport bien pourri, bien tordu, particulièrement cruel.
A travers le personnage charismatique de Turambo, luttant pour survivre dans ce monde où il ne parvient pas à trouver sa place, Yasmina Khadra fait revivre l'Algérie d'entre-les-deux-guerres. Il évoque avec bonheur la lumière et les fragrances de cette terre riche et généreuse que les colons, dans leur arrogance, étaient persuadés de posséder éternellement. Il dépeint ces années trente sous un jour bien amer où l'on sent palpiter les prémices du futur embrasement de l'Algérie.
Un roman passionnant, histoire d'une vie mais aussi chronique douloureuse d'un monde disparu dans le fracas de la guerre d'indépendance, pourvoyeuse de morts et destructrice d'illusions.
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J'ai retrouvé la plume du Yasmina Khadra d'il y a quelques années, du temps des "Hirondelles de Kaboul"!

Je trouvais depuis, son écriture un peu plus faible, moins imagée, mais toujours plaisante, je retrouve son style particulier ici.
Une belle histoire qui nous fait réfléchir sur la conditions de ces algériens de l'entre-deux guerres, rejetés dans leur propre pays avec des règles dignes de l'appartheid!
On ressent les coups que reçoit Turambo, au physique comme au figuré...

Une lecture prenante!

Je trouve cette rentrée littéraire pleine de bonnes surprises et ce n'est qu'un début ; une seule chose m'ennuie : lequel choisir pour la suite! :)
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Certains romans de Yasmina Khadra traitent, sous couvert de romans, de situations actuelles géopolitiques (Algérie, Irak, Afghanistan, Territoires Occupés, …), d'autres sont plus historiques. « Les anges meurent de nos blessures » est de ceux là.
Nous sommes en Algérie (euh non, officiellement c'est un département français à cette époque !) dans les années 1920 – 1930. Les Algériens (araberbères, comme les spécifie Yasmina Khadra) ne sont pas chez eux. Même pas la condition de citoyen français, juste celle d'exploité et de méprisé. C'est pour l'essentiel de la masse, surtout en zone rurale, la misère la plus noire. C'est le cas de Turambo (abréviation tirée du nom duquel on qualifiait son village : Arthur Rimbaud !) que nous allons suivre depuis son état de petit garçon qui va se retrouver avec sa famille (moins son père qui va très vite abandonner tout le monde) déraciné du village, dévasté par une crue d'orage.
Il vient donc avec mère, oncle, tante, grossir les rangs de ceux qui s'agglutinent dans les bidonvilles aux limites des villes. Pas plus de chance de s'en sortir à vrai dire. Turambo va faire un apprentissage de cireur de chaussures, avec le succès économique qu'on peut attendre d'une telle … promotion !
Mais le tournant de sa vie se produira lorsque, lors d'une bagarre, il est repéré par un colon gérant une salle de boxe. C'est que notre Turambo a une gauche dévastatrice. Hélas, son mental n'est pas à la hauteur de sa gauche et, au fur et à mesure qu'il va gravir des échelons dans le monde professionnel de la boxe, il va se révéler incapable de prendre des décisions ou d'effectuer des choix qui lui permettraient, peut-être, de réellement s'élever de sa condition.
Il va s'élever très haut sur le plan sportif, suscitant même l'intérêt – et une intervention fugitive dans ce roman – de Ferhat Abbas pour l'inciter à conquérir le titre de Champion d'Afrique du Nord afin de montrer au monde que les indigènes aussi existent.
Mais les choses ne vont pas du tout se passer ainsi et même les histoires d'amour de Turambo seront malheureuses. La fin est un raccourci accéléré que j'ai trouvé par trop rapide mais qui démontre combien peu d'espoir pouvaient avoir les colonisés.
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