Jonas Hassen Khemiri découvert avec «
Montecore, un tigre unique », un livre qui m'avait séduite, à la fois,
De par sa forme originale, où nous suivons l'évolution de ce qui va devenir un livre, comment à partir d'une succession d'échanges de courriers, va se construire le récit d'une vie ou plutôt de celle d'une famille avec les papas, les mamans, les petits frères et lui,
De par son contenu, il nous parle de la différence, de l'intégration ou de tentative d'intégration, de ce qu'est devenue la Suède au fil du temps, avec l'immigration qui petit à petit ronge les valeurs de la sociale démocratie, de l'importance de l'art dans la réalisation de sa vie, de ce qu'est la filiation.
Nous voici donc devant l'ovni littéraire suivant «
la clause paternelle » … prix Médicis étranger 2021.
Ovni de par la formulation du nom des protagonistes … une fille qui est une soeur qui est une mère … le père qui est un grand père … un fils qui est un père … une formulation lourde qui nous oblige à freiner la vitesse de la lecture, (de qui parle-t-on là ?), à resituer chacun dans son rôle passé, présent et même avenir, à nous projeter dans les vies de cette famille explosée et les accompagner dans leur quotidien.
De par certains passages, l'écriture me rappelle celle d'un auteur norvégien
Karl Ove Knausgård, celui qui a écrit sa propre autobiographie pour présenter ses quarante première année de vie et qui est très doué pour raconter l'ordinaire de son existence et nous la faire partager.
Jonas est aussi très doué pour nous plonger dans son quotidien de père au foyer débordé par sa progéniture, dépassé par l'ampleur de la tâche à accomplir le long d'une simple journée pour maintenir un semblant d'ordre au désordre ambiant.
On sourit, on se rappelle les nuits sans sommeil, les mêmes histoires lues et relues, les mêmes menaces jamais mises à exécution devant des bambins un peu esclavagistes.
On sourit, on se rappelle les relations parfois conflictuelles entretenues avec des parents qui ne partagent pas la même vision des relations à avoir avec ses enfants, pas les mêmes interdits, pas les mêmes langages.
L'histoire de cette famille rend songeuse et pointe la justesse du vocabulaire utilisé … un jour on est un enfant … puis on devient une père ou une mère qui a été un enfant … et on devient un grand-père ou une grand-mère qui a été un père ou une mère qui a été un enfant … et on parle toujours de la même personne !