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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
(...) Fantômes est un grand roman sur la mémoire historique et familiale, l'un de ceux qui me hanteront encore longtemps.

Dans ce roman relativement court mais d'une intensité et densité remarquables, Christian Kiefer tisse un drame familial déchirant en s'inspirant d'une période méconnue de l'histoire américaine, à savoir l'internement dans des camps de dizaines de milliers de Nippo-Américains au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor.

Lorsqu'en 1945 le jeune soldat américain d'origine japonaise Ray Takahashi rentre enfin chez lui dans le nord de la Californie, personne n'est là pour l'accueillir. Après avoir été expulsés de leur maison et enfermés au camp de Tule Lake, ses parents et ses deux soeurs ont en effet refait leur vie dans la baie de San Francisco; quant aux Wilson, les anciens voisins et amis proches de la famille Takahashi, ils refusent catégoriquement de lui parler. Peu après, Ray disparaît sans laisser de traces.

En 1969, John Frazier rentre lui aussi du front. Traumatisé par le Vietnam, il tente de se reconstruire à travers l'écriture. Suite à une rencontre fortuite avec une parente éloignée, il se retrouve involontairement et inextricablement lié au destin de Ray Takahashi.
(...)
En alternant constamment et de façon non linéaire trois périodes temporelles selon le point de vue et le vécu de John, Christian Kiefer nous dévoile progressivement l'histoire de deux familles voisines autrefois amies que l'Histoire a tragiquement et durablement séparées. Au gré des recherches de John sur Ray Takahashi et grâce à une habile superposition narrative entre passé et présent, nous découvrons petit à petit l'ampleur des non-dits, des mensonges et de la trahison, immense.

Les fantômes sont nombreux dans ce roman et revêtent différentes formes selon les personnages et leur vécu. Tous sont hantés par le passé et ont vu leur vie se briser, que ce soit par la guerre, la peur et le rejet de l'autre, l'absence, la perte et le deuil, les secrets et la trahison. Par la culpabilité enfin.

Fantômes est un roman d'une très grande force, brillamment construit et écrit. Un roman bouleversant qui marque durablement.

Lien : https://livrescapades.com
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Un grand merci au #PicaboRiverBookClub et aux Éditions Albin Michel - Terres d'Amérique qui m'ont permis de découvrir ce petit bonbon !

Premier coup de coeur de cette année, j'ai été bouleversée par la lecture de ce roman.

Je vais essayer de faire un topo qui n'en diras pas trop pour ne pas vous gâcher le plaisir de ce roman que vous devez ABSOLUMENT lire.

La famille Wilson loge sur ses terres la famille Takahashi, japonais s'étant installés en Amérique. Les pères de ces 2 familles ont réussi à créer des liens d'amitié mais les mères sont plutôt distantes l'une de l'autre. Jimmy et Helen (enfants des Wilson) grandissent avec Ray (fils aîné des Takahashi) et leur amitié se transformera même en amour entre Helen et Ray à l'adolescence.
En 1942, après Pearl Harbor, les Nippo-Americains présumés être un danger pour le pays sont isolés dans des camps d'internement où ils vivent dans la plus grande précarité et privés de leur liberté.
Les Takahashi sont déportés également à Tule Lake et leurs amis Wilson leur promettent de garder leur logement et d'essayer de faire le nécessaire pour qu'ils reviennent rapidement.
Mais leur internement se prolonge et les liens avec les Wilson se trouvent rompus du jour au lendemain.
Ray et Jimmy s'engagent dans l'armée chacun de leur côté. le premier mobilisé en Europe et l'autre dans le Pacifique.
En 1945, Ray rentre de la guerre et se rend sur les terres des Wilson et il disparaîtra soudainement sans aucune explication.

En 1969, John Frazier, rentre du Vietnam chargé d'un lourd traumatisme lié aux horreurs de la guerre. Neveu de Mrs Wilson, il prend connaissance de la disparition de Ray Takahashi vingt-sept ans plus tôt et souhaite savoir ce qui c'est vraiment passé en 1945.

Ce roman parle d'amour, de mort, de trahisons de secrets, d'addictions, de liens familiaux, d'amitié, de ségrégation, de traumatismes, de guerre, d'Histoire.

Kiefer présente un fait d'Histoire dont je n'avais pas connaissance et dépeint ainsi l'état d'un pays qui par peur injustifiée d'autrui pouvait aller jusqu'à interner des être humains qui eux s'engageaient dans l'armée et faisaient preuve de loyauté envers leur patrie.
L'écriture est riche et très documentée. L'auteur distille habillement des éléments cruciaux de l'intrigue qu'il détaille bien plus tard afin d'attiser la curiosité du lecteur et de créer une délicieuse dépendance qui vous empêche de fermer ce livre. Les personnages sont incroyablement réalistes : j'en ai sincèrement aimé certains et réellement détesté d'autres.

« Fantômes » est un OVNI par son genre, il est indéfinissable, du moins je n'ai pas réussi à lui coller une étiquette. C'est un roman simplement humain.
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1945. Après la guerre, Ray Takahashi revient à Newcastle, la ville où il a grandi. Il découvre assez brutalement à quel point ce n'est plus chez lui, car l'Amérique a été odieuse avec ses citoyens d'origine japonaise, jusqu'à les interner dans des camps. Il s'en va, blessé. Personne ne le reverra.

Ce roman raconte la tragédie des japonais qui avaient fait le choix de s'installer aux États-Unis. Ce pays qu'ils avaient choisi devint pour eux une terre de douleur et de honte, traités comme des ennemis, puis effacés des mémoires de ceux dont ils avaient été les voisins et peut-être les amis.
C'est plus précisément le drame des Takahashi et des Wilson qui nous est narré, des vies et des amitiés détruites par des dirigeants imbéciles, sectaires et étroits d'esprit parce qu'effrayés par tous les japonais, quels qu'ils soient.

Il y a de la beauté malgré tout dans ce récit, des amitiés sincères et immédiates, et sans doute des remords, racontés par une écriture magnifique. Cette écriture qui nous fait si bien ressentir toute la beauté des sentiments, de la vie, et sa lourdeur parfois aussi.

Que c'est difficile de parler d'un tel roman ! Il contient des émotions d'une telle densité que je me suis demandé si j'allais pleurer ou hurler de rage. Rage face à la bêtise, lorsque le qu'en-dira-t-on prend le pas sur le respect, la dignité, la vie, les élans du coeur, pour ne laisser qu'un trou béant.
Un roman où chaque mot est le bon, à la bonne place pour exprimer la profondeur des sentiments et de la douleur, pour nous permettre d'étreindre des concepts impalpables tels que le temps qui passe et à jamais perdu, l'injustice, la peur, la souffrance et les faire notre.

Cette histoire nous immerge aussi dans l'horreur de la guerre, dans ce qu'elle a d'absurde et d'injuste, à travers la mort de tous ces jeunes, sacrifiés, au nom de quoi ?.. Par le récit de John Frazier, originaire de Newcastle, revenu du Vietnam en 1969 avec ses démons intérieurs, - qui s'intéresse au destin de Ray Takahashi -, et dont les silences et le refus d'y retourner même en pensées sont bien plus forts que des descriptions détaillées. Par contre, les représentations minutieuses des carnages dans la jungle vietnamienne m'ont donné l'impression d'appartenir à une espèce furieuse et dénaturée.

Au fil des pages on va découvrir le terrible secret d'Evelyn Wilson…
Humiliation, trahison, honte, chagrin, désespoir, peur, c'est tout cela qui nous est raconté ici, mais aussi dignité, amour et fidélité. Hélas, l'ampleur de la connerie humaine nous saute à la figure tout au long de ce récit.

Ce roman est une énorme claque, et dans ce cas j'adore les claques ! Il m'a fait traverser dix mille émotions, bonnes ou mauvaises, et m'a permis de découvrir un auteur extrêmement talentueux dont la prose est sublimement poétique.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Voici une confirmation totale de l'immense talent de conteur de Christian Kiefer. Il a su ici nous offrir une nouvelle intrigue d'une grande profondeur émotionnelle. La très grande qualité de ce livre repose sur la mise en avant d'un morceau d'Histoire qui n'a jamais été réellement abordé. Au travers de ce roman, l'auteur donne une voix à ceux qu'on a oublié, il permet de lever le voile sur une partie de l'Histoire que certains auraient aimé oublier.

En 1945, Ray Takahaski revient de la guerre, ses parents ont dû vivre dans un camp, ils ont dû partir, quitter leurs repères. Ray n'a plus de terre, sa petite-amie ne lui parle plus. Il reste, il persiste et puis...il disparaît. Plusieurs années plus tard, le narrateur (John Frazier) revient du Vietnam et apprend l'histoire de Ray, découvre son lien étroit avec sa propre famille et il décide d'enquêter, de comprendre ce qui a pu se passer.

J'ai été très émue par cette histoire qui remonte le temps, qui nous explique l'histoire des parents de Ray, l'histoire de deux familles dont les destins vont se mêler pour le meilleur et surtout le pire. C'est l'histoire d'une forme de rédemption, c'est surtout l'histoire de secrets familiaux, de secrets qui vont ronger les personnages et qui doivent être révélés.

Les fantômes du passé hantent les lieux et les êtres jusqu'au dénouement final qui nous offre une dernière révélation déchirante. J'ai aimé la finesse psychologique de ce livre qui met en avant des portraits intimes de chaque protagoniste, qui n'hésite pas à mettre en lumière leurs failles et même leur cruauté. le lecteur ne peut sortir indemne d'un tel livre où la violence, les mensonges et les trahisons forment une alliance écrasante.

En définitive, j'ai adoré ce roman pour sa narration très immersive et personnelle, pour ces différents destins brisés et surtout pour la mise en avant nécessaire du destin réservé aux Américains d'origine japonaise qui ont subi le racisme et l'exclusion de façon atroce. C'est un roman très important, un roman percutant.
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A la fin de la seconde guerre mondiale, le jeune soldat américain d'origine japonaise, Ray Takahashi, revient sur les lieux de son enfance, bien qu'il sache pertinemment que sa famille en a été chassée au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor, pour être internée dans un camp. Pourquoi Ray, plutôt que d'aller rejoindre sa famille installée à Oakland, s'est-il rendu sur la propriété des Wilson, et surtout, qu'est-il advenu de lui par la suite ?
Ces questions, John Frazier, narrateur/écrivain de cette histoire, va s'efforcer d'y répondre. Comme Ray, John est un vétéran, mais d'une autre guerre : celle du Vietnam, qui hante ses nuits. A son retour du Vietnam, John se rend chez sa grand-mère, la seule personne qui lui soit suffisamment proche pour l'aider à surmonter ses traumatismes. La rencontre avec une parente, Evelyn Wilson, révèle à ses yeux des secrets concernant Ray Takahashi, et détermine son envie de connaitre toute l'histoire du jeune homme…
J'avais beaucoup aimé Les Animaux, et attendais avec une impatience grandissante le nouveau roman de Christian Kiefer. Mes attentes ont été plus que comblées : Fantômes est un roman absolument magnifique. Au-delà de la page d'histoire Américaine, les histoires personnelles sont très intéressantes et pertinentes, les contours des personnages extrêmement bien dessinés, et si l'on ressent a minima de l'agacement vis-à-vis du comportement de certains d'entre eux, l'auteur se garde bien de porter un quelconque jugement. Les fantômes qui hantent les lieux et le narrateur vont me hanter longtemps.
Car les fantômes sont nombreux dans le roman : ceux des protagonistes d'un passé que cherche à élucider le narrateur ; les ombres des soldats et des civils morts au Vietnam ; mais les Phantoms, ce sont également les bombardiers américains qui larguaient du napalm sur les civils au Vietnam, avions que John Frazier était chargé d'appeler en renfort. le narrateur en ressent une immense culpabilité, dûe également au soulagement qu'il pouvait éprouver en voyant arriver ces Phantoms qui prenaient la vie de civils innocents pour épargner la sienne. John Frazier porte aussi en lui la culpabilité de ce que les Wilson (sa famille éloignée), ont fait subir aux Takahashi. Il tente de trouver dans l'écriture et dans la recherche de la vérité une sorte d'apaisement ; il semble redonner aux ombres des disparus une vie de papier.
Après l'attaque de Pearl Harbor la population d'origine Japonaise semble cristalliser toutes les peurs de la population américaine rurale ici décrite, conduisant à la rupture de liens pourtant très forts entre communautés, et à la passivité des blancs lors de la déportation de leurs voisins et amis nippo-américains. Christian Kiefer raconte avec beaucoup de justesse les sentiments communautaristes, dont l'Amérique peine à se défaire, encore aujourd'hui.
L'écriture est absolument splendide et restituée dans toute sa beauté par Marina Boraso. le ton est empreint d'empathie et de nostalgie ; la narration saute habilement d'une époque à l'autre, conjuguant ainsi une sorte d'universalité des souffrances.
C'est pour moi un très grand coup de coeur ; je ressors bouleversée et enchantée par cette lecture.
Je remercie Léa Guignery du Picabo River Book Club et les éditions Albin Michel pour l'envoi de ce nouveau bijou en Terres d'Amérique, qui jamais ne m'ont déçue !
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« Fantômes », c'est l'histoire d'un déchirement. En 1942, au lendemain de Pearl-Harbor, les Etats-Unis décident de déporter et d'interner les Nippo-Américains, les arrachant à leurs maisons, leurs travails, leurs amis. Mais c'est surtout une histoire de trahisons qui se font jour petit à petit, et dont les conséquences sont abyssales pour deux familles. Un grand récit, absolument bouleversant, sous fond d'un pays lui-même fracturé par ses contradictions.
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Magnifique. Un livre impressionnant par la richesse de son contenu. La situation des américains d'origine japonaise après Pearl Harbour à travers l'histoire de la famille Takahashi, la guerre en Europe vécue par le fils Ray et la guerre du Vietnam vécue par le conteur de l'histoire. Tout cela raconté dans un style d'écriture superbe, des phrases magnifiques imprégnées d'émotion et de poésie. Des passages particulièrement beaux que j'ai relu plusieurs fois pour renouveler le plaisir de lecture. Un grand merci à la librairie de Mâcon "Le Cadran Lunaire" pour cet excellent conseil de lecture.
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Suis ressortie complètement sonnée de la lecture de ce livre. Les fantômes du passé et les F-4 Phantoms se côtoient et s'entremêlent dans le roman.
C'est l'histoire de deux familles qui vont se déchirer, c'est la terrible histoire des japonais qui ont été parqués dans des camps, c'est l'histoire de ces hommes nés aux Etats-Unis et soudain confrontés au racisme antinippon dont la vie s'effondre, c'est la fracture entre l'avant et l'après. C'est l'histoire de deux familles que la guerre a détruites, d'amitiés et d'amour fracassés.
A son retour de la guerre du Vietman, le jeune John Frazier est totalement perdu, accro à la drogue et à alcool. Sa rencontre avec une tante éloignée va le plonger au coeur du mystère d'une disparition survenue 27 ans auparavant. En plus de ses propres cauchemars, de ses propres démons, de sa culpabilité, de ses morts et de ses fantômes, il va se trouver plongé dans les secrets et les mystères de cette disparition, celle d'un homme appelé Ray Takahashi. Il va petit à petit en apprendre de plus en plus sur la vie de cet homme, de sa famille qui habitait à coté de sa famille, des sentiments profonds qui liaient à l'époque les enfants des deux familles, sans se soucier du fait que les uns étaient américains et les autres japonais.
La tante, Evelyn Wilson, qui était la propriétaire de la maison dans laquelle habitaient les Takahashi avant leur déportation dans le camps et la mère des Takahashi, Kimiko sont à mon avis les deux personnages les plus importants du roman : elles sont à la fois dans le passé et le présent et ont vécu toutes deux la même période historique, de chaque côté de la « barrière » et toutes deux avancent avec le fardeau du passé sur les épaules, même si le fardeau est bien différent : d'un côté le manque, de l'autre la culpabilité, le poids des non-dits mais les deux sont rongées par les tragédies de la vie. Et un autre personnage important est la grand-mère qui va accueillir John à son retour du Vietnam, le prendre sous son aile, assurer aussi le lien entre Evelyn et Kimiko.
Un roman qui se déroule comme une enquête sur une disparition mais qui révèle surtout des manifestations de racisme et de cruauté inimaginables.
Je ne vous en dirait pas plus mais sachez que vous n'en ressortirez pas indemnes et qui met en lumière une partie peu glorieuse de l'histoire des Etats-Unis.
Par moments, surtout au début, j'ai eu un peu de mal à démêler les vies des uns et des autres mais cela n'a pas duré. Ce que j'ai apprécié c'est que l'auteur, alors qu'il met l'accent sur le racisme anti-nippon ne juge pas et accorde presque des circonstances atténuantes à ceux que l'on pourrait facilement considérer comme des monstres…
Poignant, bouleversant, révoltant, historique… une vraie réussite.
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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