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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Pour les survivants »
Nous voilà prévenus. La claque est monumentale digne du prix Pulitzer.
«  On m'appelle Demon copperhead », c'est l'Amérique, celle de la ruralité et des rêves en miettes.

A peine né et déjà condamné par une mère toxicomane et un statut de pèquenaud et de miséreux dans un comté où la population vit sous perfusion, ne reste plus qu'à s'accrocher à un surnom qui en jette et à des espoirs lointains d'évasion et d'océan pour Damon. le chemin sera tortueux, semé de détresses et de morts mais aussi éclairé par des personnages lumineux plein de bonnes volontés, percutés à leur tour par l'indicible. Damon, narrateur, jeune héros imparfait, nous bouleverse par son incroyable lucidité et par sa volonté de sortir du gouffre malgré son impuissance face à un monde qui écrase tout et donne envie de s'évader autrement, parfois pour toujours.

Agriculteurs harassés soumis à la loi des lobbys du tabac, mineurs ou ouvriers bouffés par la maladie ou estropiés, services sociaux débordés, scandale des antalgiques distribués comme des bonbons à une population ou des sportifs au bout du rouleau, racisme, le portrait de l'Amérique est au vitriol mais terriblement réaliste et instructif.

Un roman qui questionne jusqu'au bout. Peux-t-on réellement s'en sortir quand tout est perdu d'avance? Brillant!
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"Tout le monde vous le dira, les enfants de ce monde sont marqués dès la sortie, tu gagnes ou tu perds."
Un déterminisme auquel le jeune Demon Copperhead, a bien du mal à échapper : une mère de 18 ans accro à la drogue, un père mort avant la naissance, il vit dans un mobil-home, au fin fond de la Virginie. C'est lui, de sa voix originale et pleine de verve, qui prend en charge le récit de sa jeune existence misérable, porte-parole des oubliés de l'Amérique rurale, qu'ils se noient dans la misère, la violence, le racisme ou les opiacés.

Comme la très grande majorité des personnages qui l'entourent, Demon s'en prend plein les dents, mais dans les mots de Barbara Kingsolver, il ne renonce jamais, s'entête et parvient même à vivre des moments pas trop moches.
Ce David Copperfield au pays des Rednecks n'a rien à envier à son illustre cousin anglais : il est balotté de malheurs en tragédies, de traversées du désert en victoires éphémères, croisant sur sa route des personnages aussi cruels que misérables, et quelques belles âmes aussi.

Avec cette histoire extrêmement touchante, incarnée par une tripotée de personnages parfaitement campés, B. Kingsolver compose un grand roman américain, une fresque sociale d'un réalisme poignant sur l'Amérique, revenant notamment sur le scandale de l'Oxycontin, cet antidouleur dérivé de l'opium, distribué très largement, à grand renfort de marketing et de dissimulations, qui a provoqué la mort par overdose de près d'un demi-million d'Américains. L'autrice dénonce également le poids du déterminisme social, aggravé par des services sociaux défaillants et l'échec du système scolaire.

Un très beau roman qu'on dévore, avec appréhension souvent, tendresse toujours et fébrilité à chaque rebondissement, et qu'on referme avec l'impression d'avoir rencontré un personnage magnifique. Inoubliable Demon Copperhead, son carnet à dessin, sa tignasse rousse et son envie irrépressible de voir l'océan.

Une première rencontre très réussie avec cette autrice et un Pulitzer amplement mérité !
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Un nouveau livre magnifique de Barbara Kingsolver. Une réécriture de "David Copperfield", située dans les Appalaches dans les années 1990. Les dégâts de la pauvreté générée par le système minier et la crise des opiacés nouent le ventre. Mais l'élan de vie de Demon et l'humanité immense de certaines des personnes qu'il rencontre nous emportent. Et contrairement à toutes attentes c'est une lecture pendant laquelle on rit !
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Depuis son premier roman, L'arbre aux haricots paru chez Rivages en 1994, Barbara Kingsolver n'aura eu de cess de bâtir une oeuvre où résonnent les thèmes qui lui sont chers : la défense de l'environnement, la place des femmes, les luttes sociales...

Son nouveau livre, sorti en février dernier , a été salué comme son chef-d'oeuvre absolu.

Couronné par le prix Pulitzer, le Women's Fiction Prize, et le Prix des libraires britanniques, ce roman a suscité un engouement exceptionnel chez les lecteurs aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne, et ailleurs dans le monde.

Dans ce livre, elle fustige la façon dont l'Amérique, et plus largement nos démocraties, ont abandonné le combat contre la pauvreté, et délaissé une grande partie de la population l'exposant ainsi aux pires fléaux.

Inspiré de David Copperfield, mais retranscrit dans les Appalaches, "On m'appelle Demon Copperhead" de Barbara Kingsolver a été couronné du Prix Pulitzer 2023.

Et la lecture du roman est réellement marquante. On suit le parcours du jeune Demon, depuis la naissance dans le mobil-home de sa mère, jeune junkie vivant dans les Appalaches. le père, un Melungeon, est mort et Demon passe les premières années de sa vie avec sa mère, paumée.

Le jeune Demon est le narrateur de l'histoire. On suit son évolution jusqu'à l'âge adulte et toutes les épreuves qu'il doit affronter.

Avec son parcours, on voit aussi qu'on peut partir de rien, arriver à se sortir de ce schéma sombre, puis tout perdre. Ce roman noir évoque l'enfance dans cette région des Appalaches, une des plus pauvres des États-Unis, sinistrée et ravagée par les opioïdes, où les enfants se retrouvent placés en familles d'accueil.

Une lecture profondément marquante qui semble hélas tellement réaliste et proche du quotidien de certains habitants de cette région.


Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Ce qui frappe, c'est la tendresse de la plume et la rudesse du propos. Damon Fields se raconte au fil de 600 pages, que l'on ne voit pas défiler, pour devenir Demon Copperhead.

S'il y a du Charles Dickens ou du Steinbeck dans la trame du roman de Barbara Kingsolver, l'existence de Demon dévoile une réalité contemporaine de la vie dans la magnifique région des Appalaches. Désindustrialisation, misère sociale, manque d'accès aux soins, facilité d'accès aux opioïdes. Un cocktail d'injustices dévastateur pour un jeune homme prometteur.

Tant de courage et de résilience face à l'adversité nous accroche au destin de Demon forgé à l'Oxy et l'amitié de Tommy, Maggot, Angus et des personnages solaires, June, M. Dick, Mrs Peggot qui réchauffent son chemin chaotique.

Aucun temps mort dans la narration de l'auteure, du concret, du réalisme à outrance dans cette Amérique rurale mais pas d'overdose, la magie opère, au bout de la route, il y a le bleu océan.

Merci à Babelio et son opération Mass Critique pour cette belle découverte.
Lien : https://mespetitesetagerespa..
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Après une lecture d'une telle densité, c'est un peu un ami que je laisse en chemin. J'ai passé une semaine avec Demon et il y a bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé.

Couronné du prix Pulitzer, ce roman est typiquement ce que l'on peut qualifier de « grand roman américain ». Un roman social qui emprunte à Dickens le thème de l'enfance malheureuse dans un Amérique gangrenée par la crise des opioïdes.
Le récit de la vie de Demon, racontée à la première personne avec la fraîcheur de l'enfance pour les premiers chapitres, happe tout de suite le lecteur. le style fleuri et non dénué d'humour de cet orphelin donne un ton foisonnant de vie malgré la noirceur de son parcours. Demon est un « cassos des mobiles homes », un pèquenaud parmi tant d'autres rednecks des Appalaches, terre oubliée aux habitants humiliés. Rien ne lui sera épargné malgré son incroyable capacité de résilience. On s'indigne, on s'exalte, on est ému.

Un roman ambitieux et remarquable qui couronne une autrice dont le talent ne faisait déjà aucun doute.
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« … Charles Dickens, un type hyper vieux, mort depuis un bail et étranger en plus de ça, mais putain, il les connaissaient, les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne avait rien à branler. T'aurais cru qu'il était d'ici. » (p. 419).

C'est sans doute une des raisons pour laquelle l'autrice a eu l'ingénieuse idée de proposer une adaptation moderne du célèbre roman « David Copperfield » en le situant dans le comté De Lee en Virginie, des années 1990 au début des années 2000.

Si vous n'avez pas lu D. Copperfield, pas de stress car Demon Copperhead, né Damon Fields sur le sol d'un mobil-home, a son histoire bien à lui, sorti du ventre de sa mère toxico, encore dans la membrane amniotique, « se débattant à l'intérieur d'un sac pour en sortir comme un petit boxeur tout bleu ». Une naissance qui présage déjà des combats qu'il va devoir mener dans la vie.
Car devenir orphelin très jeune à la mort de sa mère n'augure déjà pas un avenir radieux et encore moins dans cette région pauvre, abandonnée par les pouvoirs en place où les habitants sont traités de ploucs ou de péquenauds par le reste des Etats-Unis, où les services sociaux sont surchargés, l'éducation minimale et la douleur tant physique que morale résolue à grands coups d'opiacés faisant les choux gras des entreprises pharmaceutiques et de certains médecins peu scrupuleux et engendrant des dépendances non seulement aux opioïdes mais à toutes les autres drogues plus faciles à se procurer. C'est tout cela que raconte ce roman qui nous emmène dans les coins les plus sombres de ce pays.

Si vous avez lu D. Copperfield, c'est la cerise sur le gâteau. Car même si l'effet de surprise est un peu moins présent puisqu'il s'agit de la même trame à quelques petites exceptions près, on peut découvrir la subtilité avec laquelle les scènes et les personnages qu'on reconnaît immédiatement ont été transposés pour correspondre au cadre et à l'époque, à commencer par Demon, garçon débrouillard et à l'humour cynique alors que nous avions affaire à un David plutôt naïf chez Dickens.

Ce roman d'apprentissage est en effet moins romanesque que l'original par ses sujets très durs.

Mais les zones rurales des Appalaches possèdent une richesse que personne ne pourra leur enlever: la solidarité et l'humanité de ses habitants attachés à la famille et à la terre. Une lueur au bout du tunnel qu'il est possible d'atteindre si on rencontre les bonnes personnes. Une petite note optimiste qui rend un bel hommage au roman de Dickens.

Epoustouflant!
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Un coup de coeur pour ce roman et un amour renouvelé pour son autrice Barbara Kingsolver!
Dans Demon Copperhead, l'autrice réimagine David Copperfield et le transpose de nos jours dans les Appalaches. Elle raconte d'ailleurs que c'est Dickens lui-même qui lui aurait conseillé de laisser l'enfant raconter l'histoire, car personne ne remet sa parole en doute.
Comme pour David Copperfield, l'histoire de sa vie commence par sa naissance, dans son cas dans une caravane, auprès d'une mère adolescente, sans le sou, sobre un jour sur quatre. L'autrice lui fait vivre l'enfer, les placements en famille d'accueil, les brimades, la dépendance aux opioïdes, ...
Au delà de son histoire personnelle, c'est le portrait d'une région que dresse l'autrice, qui a longtemps enduré l'exploitation et la condescendance. L'essor puis le déclin des industries du tabac et du charbon ont laissé ce territoire exsangue. Je vous conseille au passage l'excellent essai de l'autrice sur les femmes sur les piquets de grève contre l'industrie minière dans les années 80.
C'est sa région que l'autrice raconte, elle qui a grandit dans une ville rurale du Kentucky. Elle nous propose une visite guidée d'une Amérique de la misère et des inégalités sociales, avec les services sociaux inexistants face aux familles d'accueil incompétentes voire maltraitantes, mais aussi la violence ordinaire ou la crise des opioïdes.... de l'Angleterre victorienne à l'Amérique des Appalaches, plus d'un siècle s'est écoulé certes mais peu de choses semblent avoir changé, d'où la remarque de Demon après lu Dickens : "putain, il les connaissait les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne avait rien à branler. T'aurais cru qu'il était d'ici." Elle nous décrit la pauvreté certes, mais le lien aussi, la solidarité entre les personnes, indéniable lorsque les Peggot recueillent Damon/Demon/Diamant ... Oui, faites attention aux noms du roman, ils sont loin d'être choisis au hasard!
La parole de Demon vaut de l'or en effet, sa truculence et son esprit permettent une narration et une description pleines de nuances, sans jugement mais au contraire avec beaucoup d'humanité, souvent avec une touche d'humour. Les personnages sont nombreux certes mais tellement bien cernés qu'ils semblent pouvoir se matérialiser !
Je ne peux que vous conseillez cette lecture, Prix Pulitzer 2023, mais aussi tous les autres romans de Barbara Kingsolver!
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Découvrir Barbara Kingsolver, c'est comme ouvrir une veille malle oubliée dans un grenier poussiéreux, détailler chaque objet et se souvenir.


Découvrir la vie de Demon, c'est s'apprêter à effectuer un voyage à travers l'horreur. Celle que l'on refuse de voir, souvent, celle que l'on rejette, tant qu'elle nous ne touche pas, celle que l'on refuse d'approcher. Peut-on parler de fatalité, lorsqu'on naît dans une famille dysfonctionnelle où la drogue sévit ? Peut-on parler de chance lorsqu'elle sourit ?


J'ai été touchée par l'abnégation de Demon. Malgré toutes les péripéties traversées, il subsiste en lui cette petite étincelle, cette flammèche, où l'espoir survit. Il en faut de la débrouillardise pour se sortir de la misère et de la violence, pour se donner la chance de vivre et d'oser braver ses démons.


Barbara Kingsolver est une conteuse prodigieuse. Elle sculpte les personnages avec une finesse magistrale. Chaque relief a une histoire particulière, chaque imperfection témoigne. Elle nous oblige à porter notre attention sur tous les aspects. C'est fort. C'est ingrat. C'est douloureux. Une sombre beauté. Elle raconte l'abject. Elle raconte les oublié.es. Elle raconte l'innommable et l'indicible. Une longue balade tumultueuse. Un épanchement lugubre où pourtant tout reste à bâtir.
Lien : https://desmotspourtoujours...
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J'ai beaucoup entendu parler de Barbara Kingsolver sans avoir d'occasion de la lire avant de recevoir ce service presse. Et cette découverte me donne incroyablement envie de renouveler l'expérience tant sa plume, le choix de ses sujets et la richesse de ses personnages m'ont émue. Avant de vous présenter mon avis sur "On m'appelle Demon Copperhead", je tiens à éclaircir un point : oui, ce roman est très lié à "David Copperfield" (1850) de Charles Dickens mais il serait dommage de le limiter à cela tant il est une grande oeuvre par et pour lui-même !

Alors qu'il commence à raconter sa vie, Demon Copperhead tutoie autant qu'il rudoie le lecteur, le mettant face à un monde où toutes les illusions finissent par s'effondrer, et pourtant ce surprenant narrateur ne s'arrêtera jamais de rêver. le lecteur ne tarde pas à comprendre que le véritable démon de cette histoire est la société américaine qui exclut et stigmatise les Red Necks, les péquenauds, les ploucs. La camisole de misère dans laquelle elle les enferme charrie son lot d'enfants abandonnés, de filles-mères, d'abus de drogue, de violence. Et c'est là que l'humanité et la bienveillance de l'autrice rayonnent tant il faut les aimer pour aussi bien parler d'eux.

L'histoire de ce fils de junkie ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil et tombant dans les pires addictions est classique, presque prévisible, mais la langue avec laquelle elle nous est racontée est si vivante et spontanée qu'elle m'a donnée l'impression de me tenir assise en face de Demon chaque jour lorsque j'ouvrais ce livre ! Ses souffrances dénoncent le drame d'une société non pas mise en échec mais qui a fui ses responsabilités, laissant à elle-même une partie de sa population qui, ne trouvant aucun secours auprès d'infrastructures sociales insuffisamment équipées et financées, s'est tournée vers l'oxycodone.
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