C'est avec répugance que je vois que la destruction a eu mon père pour origine. Elle a pris racine dans l'intérêt exclusif qu'il portait à mes facultés d'expression, et la grande ambition qu'il nourrissait pour ma renommée et mon succès. Jusqu'à l'époque de sa mort j'ai cru que sa fierté pour ma poésie provenait de son amour pour moi, mais ensuite j'ai vu qu'il était sincèrement jaloux de mon oeuvre et ne s'intéressait à moi que comme une manifestation de lui-même, et qu'il n'avait pas réussi à s'exprimer lui-même. Ma vocation était sa justification, son excuse. (...)
De même qu'il était nécessaire à l'amour-propre de mon père que j'exprimasse quelque chose, il était nécessaire à l'intégrité virile de mon mari que je ne le fisse pas. (p.24)