The Forever People

Taaru
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Ce tome comprend les 11 épisodes de la série, initialement parus en 1971/1972, tous écrits et dessinés par Jack Kirby, qui en était également le responsable éditorial. Les épisodes 1 à 6 ont été encrés par Vince Colletta, les épisodes 7 à 11 par Mike Royer. Al Plastino a repris une partie des visages dans les épisodes 1 et 2. le nom du metteur en couleurs n'est pas indiqué. Cette série fait parie de la saga appelée Quatrième Monde, avec New Gods by Jack Kirby, Superman's Pal, Jimmy Olsen by Jack Kirby et Mister Miracle by Jack Kirby. le tome se termine avec 11 pages de Who's Who avec une illustration de Kirby pour chacune, quatre illustrations en pleine page de Kirby, et 4 pages de crayonnés.

Au milieu d'une route dans une zone rurale, un son strident se fait entendre, de plus en plus fort, et un étrange phénomène visuel à base de cercles se produit au milieu de la route. le phénomène culmine avec un gigantesque Boooom, et un groupe de 4 individus surgit sur un énorme véhicule à 3 roues appelé Super-Cycle. Il s'agit de Big Bear, Mark Moonrider, Serifan et Vykin the Black, quatre jeunes en provenance de New Genesis. Mark fait observer qu'ils ne sont pas matérialisés au bon endroit, et il indique à Big Bear qu'une voiture vient droit sur eux. Big Bear dématérialise le Super-Cycle à temps, mais l'autre conducteur a été déconcentré et sa voiture quitte la route de corniche au tournant. Vykin empêche la chute de la voiture en utilisant Mother Box. Puis ils expliquent au couple dans la voiture qu'ils viennent de Supertown et qu'ils sont à la recherche de Beautiful Dreamer qui a été enlevée par Darkseid. Après avoir pris une photographie du groupe, le couple repart en voiture. Serifan se trouve mal et s'évanouit. Mark Moonrider en déduit qu'il a établi un contact mental avec Beautiful Dreamer et qu'ils pourront avoir son message quand il reprendra conscience. À leur insu, ils sont observés par deux hommes de main de Intergang et un chef. Ce dernier prend ses ordres auprès de Darkseid qui lui indique de ne pas assassiner les jeunes, mais de les suivre car Serifan va les mener à Beautiful Dreamer.

À Metropolis, Clark Kent reçoit le champion de boxe Rocky, dans son bureau. Alors qu'ils se serrent la main pour se quitter, l'interview étant terminée, Clark demande à Rocky pour quelle raison il a l'air chagriné. Il lui répond que l'existence de Superman fait perdre toute signification aux exploits des boxeurs, en les rendant dérisoires. Alors qu'il est en train de compatir, il est interrompu dans ses réflexions par l'arrivée de Jimmy Olsen qui lui apporte les photographies de ses copains, celles prises par le couple montrant les quatre jeunes. Clark scrute les photographies avec sa vision et détecte la silhouette de Supertown à l'extrémité du Boom Tube. Il est fasciné par la possibilité de cette ville et demande à Jimmy de tout lui raconter dans l'ordre depuis le début. Ayant compris où les photographies ont été prises, il congédie Jimmy, se change en Superman et s'y rend en volant. En plein ciel, il est détecté par le petit groupe d'Intergang en hélicoptère, qui décide de le suivre, sur les ordres de Darkseid. Arrivé sur place, il se pose à côté de Mark, Sefiran, Vyking et Big Bear. Intergang lui tire dessus avec une arme futuriste, depuis l'hélicoptère. Superman se présente, alors que la Mother Box a détecté la présence Beautiful Dreamer non loin. Superman met en action sa super-vue pour trouver la jeune femme, et pour impressionner ses nouveaux amis.

Quand il arrive chez DC Comics, Jack Kirby impressionne les responsables éditoriaux et lecteurs en lançant concomitamment 3 séries et en en reprenant une autre, qui apparaissent vite être liées, car mettant en scène des personnages appartenant à une même mythologie inventée par l'auteur. Depuis 1971/972, l'éditeur DC Comics réédite régulièrement ces épisodes, soit un recueil par série, soit par omnibus reprenant l'ordre de parution des épisodes, entremêlant ainsi les séries. Celle consacrée aux Forever People apparaît un peu à part dans l'héritage car ce groupe de personnages n'a bénéficié que d'une seule minisérie par la suite, en 1988, par JM DeMatteis & Paris Cullins, alors que les autres sont revenus de manière récurrente, Darkseid devenant même un des principaux antagonistes de la Justice League. Pourtant ils sont intégrés de manière centrale dans cette mythologie : il s'agit de 5 néo-dieux en provenance de New Genesis. Ils combattent Darkseid, et sont même frappés par ses rayons Omega. Ils sont torturés par Desaad. Ils croisent même un être humain disposant d'une portion de l'équation d'anti-vie et parvenant à s'en servir de manière intuitive. À l'époque, il s'agit de la série qui se vend le moins des quatre, et il est possible que par la suite, les responsables éditoriaux aient jugé les personnages trop connotés pour savoir qu'en faire, que les scénaristes qui ont suivi n'aient pas eu d'idée ou de concept permettant de les remettre au goût du jour. Pourtant, c'est bien du Kirby pur jus.

Certes le lecteur se rend bien compte lors de deux ou trois pages de l'épisode 1 et de l'épisode 2 qu'un responsable éditorial s'est senti mal et a ordonné que Superman soit redessiné. Les raccords d'al Plastino tranchent nettement avec le reste des planches. En outre, selon sa sensibilité le lecteur peut estimer que l'encrage un peu fin de Vince Colletta n'est pas le plus adapté pour rendre compte de la puissance des traits du dessinateur. Il faut également quelques épisodes à Mike Royer pour oser encrer au plus près des crayonnés de Kirby, chose qu'il fera avec plus d'aisance et de naturel par la suite, dans la série The Demon par exemple. le lecteur retrouve la forme adoptée par l'auteur à l'époque : un dessin en pleine page pour ouvrir chaque épisode (sauf le 1), suivi par un dessin en double page pour les épisodes 1, 3 à 5, 7 et 11, et encore un dessin en pleine page pour la page de titre. Il en prend plein les yeux : l'arrivée en trombe des 4 sur le Super-Cycle, la ferveur incroyable de Glorious Godfrey, la bonne humeur préfabriquée du parc d'attraction, le vaillant Sonny Gumo contre un robot gigantesque dans une arène, Highfather recevant une délégation dans le grand hall de New Genesis, etc. Pendant cette période, Jack Kirby est en grande forme graphique, avec une narration aussi efficace que spectaculaire, des personnages mémorables, une énergie inépuisable.

Cette série se distingue des trois autres par les personnages mis en scène : un groupe de cinq jeunes adultes habillés de costumes haut en couleurs, assez près du corps, mais pas des costumes de superhéros pour autant. Ils viennent d'Apokolips et se distinguent surtout par leur apparence et leur pouvoir, car leur personnalité n'est guère développée. Ils se battent donc contre les machinations de Darkseid et contre son âme damnée Desaad, ainsi que contre ennemis à leur solde, comme Glorious Godfrey et Intergang. Arrivée à l'épisode 9, la série part dans une autre direction pour deux épisodes avec une variation sur le monstre de Frankenstein et la présence de Deadman (Boston Brand), pour revenir dans la mythologie du Quatrième Monde dans le dernier épisode. D'ailleurs en revenant en arrière, le lecteur constate également une petite perte de direction en remarquant que Infinity Man n'apparaît que dans les épisodes 1, 2, 3 et 11 sans que cela n'inquiète grand monde. Il se demande aussi ce qu'il advient de Sonny Sumo. Il est tenté de croire qu'effectivement les responsables éditoriaux ont demandé à l'auteur de faire durer les séries, au-delà de ce qu'il avait prévu. Cela n'empêche pas de prendre grand plaisir à voir l'inventivité de Jack Kirby fuser dans tous les sens. Il s'amuse bien avec des éléments enfantins comme les cartouches du chapeau de Serifan, ou les pouvoirs de Mother Box. Il invente des pièges cruels pour chaque héros dans le parc d'attraction. Il transporte ses héros dans des lieux variés, de la campagne à la ville, et même des époques variées aux côtés de John Wilkes Booth (1838-1865) se rendant dans la loge d'Abraham Lincoln, ou dans un groupe de conquistadors, passant de la capture d'un étalon fougueux à la reconfiguration du Super-Cycle.

Le lecteur enamouré de l'oeuvre de Jack Kirby ne peut pas passer à côté de la découverte de cette série. Il raconte l'histoire qu'il souhaite avec une grande liberté puisqu'il est son propre responsable éditorial, même s'il doit avaler quelques obligations (intégrer Deadman) et subir quelques retouches intempestives. Elle fait partie de la mythologie du Quatrième Monde dont elle présente plusieurs éléments majeurs. L'auteur est très en verve dans sa narration visuelle comme dans toutes les séries de cette époque. Enfin il est impossible de résister à la curiosité de découvrir cette équipe de personnages, tellement atypiques que seul JM DeMatteis aura réussi à en écrire une autre histoire. Les concepts varient d'enfantins (le Super-Cycle prêt à se reconfigurer comme un jouet transformable) à plus conceptuels, comme les 5 Forever People s'unissant pour former un être plus puissant, l'union faisant la force, et le tout étant supérieur à la somme des parties. Il comprend mieux pourquoi cette série a été si rarement rééditée pour elle-même, du fait des idiosyncrasies qui la rendent si particulière.