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Citations sur Wonder Lover (15)

Il n'avait pas seulement trois épouses, trois Adam et trois Evie dans trois villes différentes . Il avait également trois dentistes, trois médecins de famille, trois comptables. Trois notaires. Il avait trois bouchers et boulangers de quartier, trois garagistes , trois hommes à tout faire, trois plombiers, trois électriciens, trois agendas distincts. (...) Non, il n'avait pas de place pour une autre.
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Le jour où nous avons eu affaire pour la première fois à un formulaire, à l'école ou en camp de vacances, et qu'il a fallu remplir la case "profession du père", comme la plupart de nos camarades, nous avons ressenti cette panique qui pousse à improviser. Une fois, copiant sur le voisin, nous avons griffonné "comptable". Une autre fois, comme nous avions entendu parler de ce mot fourre-tout qui peut s'appliquer à tout métier n'ayant pas de nom à proprement parler, nous avons gribouillé "consultant".
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Peut-être a-t-il cru qu'il restait de la place pour une de plus. Une dernière.
Ou peut-être qu'un homme comme lui, le gardien du dernier mot, voudra aussi nécessairement connaître un dernier amour. Peut-être cherchait-il depuis toujours celle qui allait causer sa perte.
Ainsi, le malheur s'abattit sur notre père. Il tomba amoureux.
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Il était l'Homme Le Plus Lâche Du Monde.
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Après le cent vingt-septième anniversaire de Dorothy Ellen O’Oagh, notre père reprit son train-train quotidien avec un sentiment de gratitude envers le destin. C’était bien simple : il avait l’impression de s’être fait tirer dessus et d’avoir réussi à éviter la balle. Son existence était suffisamment bousculée pour ne pas la compliquer encore avec une quatrième épouse. La bousculade, d’ailleurs, était le principe qui régissait sa réalité – ses réalités. Il courait sans cesse d’une vie à l’autre, s’acquittant au mieux de ses devoirs de mari et de père, sans aucune reconnaissance bien entendu, mais ce n’était qu’un détail dans le prix de plus en plus exorbitant qu’il avait à payer ; car être remercié pour cela revenait à être compris, et être compris était tout bonnement impensable.
Par conséquent, en son for intérieur, il se félicita d’être un homme si consciencieux. Il avait supprimé toute forme de distraction. Il n’avait pas de frères et sœurs, pas d’amis, encore moins de relations avec ses collègues de bureau, au-delà de la politesse de rigueur. Nous repensons à toutes les années qui se sont écoulées ainsi, à l’identique, ancrées dans l’immuabilité de sa routine, lui filant entre les doigts l’une après l’autre ; pourtant, lui, notre père, devait supporter chaque journée. Et ces journées étaient d’une complexité infernale. À la moindre interaction avec autrui, il devait d’abord procéder à une évaluation mentale : cette personne peut-elle se révéler une menace ? Y a-t-il des chances pour que la situation m’échappe ? Si la personne en question passait le test, elle était admise dans son orbite. Le reste de son temps, John Wonder le consacrait aux détails pratiques. Il n’avait pas seulement trois épouses, trois Adam et trois Evie dans trois villes différentes. Il avait également trois dentistes, trois médecins de famille, trois comptables. Trois notaires. Il avait trois bouchers et boulangers de quartier, trois garagistes, trois hommes à tout faire, trois plombiers, trois électriciens, trois agendas distincts. La gestion de ces vies n’était plus aussi risquée qu’auparavant, car il en maîtrisait les exigences, il était même devenu un expert. En revanche, c’était terriblement, et de plus en plus, fatiguant. La gymnastique intellectuelle – dont il s’était persuadé pendant des années qu’elle était bonne pour lui, comme une séance de sport obligatoire – commençait à l’épuiser. Avoir tant de choses à se rappeler, vous imaginez les conséquences sur un cerveau ?
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Quand nous étions petits, notre père s’asseyait sur l’un de nos lits, le soir, et déchargeait son sac à histoires.
Il éteignait notre lampe. Il ne commençait pas tant que nous n’avions pas les yeux fermés. L’obscurité venait confirmer son absence totale d’odeur, que ce soit cosmétique ou animale, même si cette absence nous frappe plus aujourd’hui qu’à l’époque. Impossible de le sentir dans le noir, mais cela n’avait rien d’inhabituel pour nous. Les pères étaient inodores, voilà tout.
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Sandy avait exaucé son premier rêve, celui de connaître un premier amour qui allait devenir un amour durable, suffisant pour toute une vie. Paulina lui avait offert un autre rêve : celui de la stimulation intellectuelle et spirituelle à une époque où il s'était ramolli et laissé aller à l'autosatisfaction. A elles deux, elles formaient un concept hégélien : Sandy était la thèse, la partie initiale, vierge de tout, et Paulina l'antithèse, la remise en question de tout ce que notre père incarnait, la réponse vivante à ses actes. Incapable de choisir entre une existence et l'autre, il avait cherché à vivre les deux.
Dans cette équation, Kim était la synthèse : une réconciliation de ses opposés. Au mépris de tout sens commun et moral, de toute déontologie et vertu, papa se sentit basculer dans un autre rêve : un rêve d'expiation, un rêve dans lequel il réparait tous ses torts. [...] désormais, il se rêvait comme l'allégorie d'un autre genre humain : de même que Kim incarnait les souffrances de la femme, il incarnait les outrages commis par l'homme.
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"C'est ce que je t'ai toujours dit. T'es un spectateur. Tu ne t'impliques pas. Tu passes à côté de ta vie."
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"Le truc incroyable, en fait, c'est que les lieux, c'est comme les corps. Ils ont tous leur odeur, mais la seule qu'on arrive pas à renifler, c'est la sienne. Vous avez jamais remarqué ça ? Votre odeur, elle est si familière que vous êtes incapable de la sentir. Et donc, mon vieux, c'est la seule façon de savoir que vous êtes arrivé chez vous. Vous savez que vous êtes chez vous, parce que vous n'arrivez pas à sentir l'endroit où vous êtes."
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Il nous disait au revoir d’un geste de la main. Pendant que nous restions à la cuisine, notre mère escortait notre père dans le salon, puis dans l’entrée. Nous entendions des bruits, une conversation chuchotée, des baisers sonores. Il embrassait notre mère sur la bouche si elle ne s’était pas encore maquillée, sinon sur la joue, en homme prévenant. Nous nous efforcions de graver ces baisers dans notre mémoire. Quand elle revenait, elle avait la lèvre inférieure qui pendait comme un haricot rouge et le regard momentanément ébloui. On aurait dit qu’elle avait reçu une décharge électrique et été téléportée à une autre époque. Parfois, lorsqu’elle avait déjà mis son rouge à lèvres, notre père déposait tout de même un minuscule bisou sur sa bouche, aussi léger qu’un frottement d’ailes de papillon, si tendre que ce souvenir nous faisait tenir longtemps. C’était du combustible pour nos cœurs.
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