Les hommes-couleurs

En 1989, l'ingénieur Joshua Hopper rencontre à New York un ancien ouvrier mexicain : Gris Bandejo qui a travaillé au chemin de fer de la Pullman dans les années 1945 et, Josh va profiter de l'expérience de ce passeur de courrier pour revivre et nous conter l'histoire des ces hommes qui y ont travaillé !
Il faut aussi commencer par la rencontre de Florence ( américaine ) avec Georges Bernache accompagné de son fils adoptif Nino dans l'allée des Morts à Mexico ( 1945 ), leur mariage, leurs enfants : Suzanne et ensuite.. les jumeaux .
Georges ( ingénieur français ) va être envoyé par Gabriel Gould, le patron de la Pullman pour creuser un tunnel et poser des rails...mais en fait, le "deal" de son départ à Minas Blancas est de préparer un tunnel pour faire passer un oléoduc et envoyer du pétrole aux USA.
Le chantier ne sert à rien : c'est juste " un masque " avait dit Gould pour piller le sous-sol qui devait rester au Mexique ! " En surface le train fantôme et par dessous le pétrole " !
Le tunnel va servir à faire évader des milliers d'hommes de toutes races , de toutes origines vers les US...
Pendant que le couple Bernache vit à Minas Blancas, confortablement installés dans un havre de verdure et de confort, loin du désert aride et inhospitalier, à la frontière du Mexique et des états unis, les hommes creusent et fabriquent dans des ateliers de faux objets " archéoloqiques ", des céramiques de toutes les couleurs pour financer le chantier !
Le récit de Cloé korman est chaotique, les thèmes abordés tels la culture Maya, l'immigration, la ségrégation, la foi inébranlable des mexicains pour leur Vierge, les fêtes votives, les rites ne mènent à rien car ils sont appréhendés sans logique, en " bric à brac " comme les objets...le lecteur est "cahoté " tout au long du roman...mais une fois que vous avez décidé de " lâcher prise " face à cette histoire non structurée : il y a des "pépites" exceptionnelles à découvrir tant au niveau des personnages, des lieux , des objets, des couleurs et des descriptions " léchées" de paysages, des situations magiques !
C'est un roman surréaliste, poétique, romanesque,
attachant qui ne laisse pas indifférent !
A creuser ! ! !

Tout commence en 1945 au Mexique.
Dans un coin reculé, Florence, une jeune femme rencontre Georges, ingénieur pour la mythique Pullman et Nino, petit indien que Georges a adopté dans des circonstances tragiques que l'on apprendra bien plus tard dans le roman.
C'est le coup de foudre entre Georges et Florence. le travail « officiel » de Georges est de construire une voie de chemin de fer pour la Pullman, dans les faits sa mission est tout autre (je ne le dis pas pour ne pas dévoiler l'histoire).
L'histoire progresse en parallèle entre la vie de Georges et Florence de 1945 à 1990 et ce que raconte un des ouvriers du chantier, Gris (un des fameux hommes-couleurs du titre) à Joshua, un enquêteur de la Pullman qui cherche des traces de la fameuse ligne de chemin de fer (ligne qui a coûté des milliards dans les comptes de l'entreprise mais qui n'existe pas...)

J'ai trouvé ce roman passionnant par bien des côtés : l'histoire de Florence et Georges et leurs enfants, l'histoire de plusieurs de ces hommes-couleurs qui font avancer le chantier, Rojo, Azul, Amarillo et bien sûr Gris, l'histoire de ces mexicains misérables et mourants de faim souhaitant immigrer vers les USA, tout proches....

De petites choses m'ont parfois un peu gênée comme parfois une impression de confusion (voulue par l'auteur je pense) : à un moment entre réalisme magique et mensonges de Gris, on ne sait plus trop où se situe la réalité (s'il y en a une)

A part ce petit bémol, un excellent roman qui m'a permis de découvrir l'histoire récente du Mexique et ses relations compliquées avec son riche voisin les USA .

"Les hommes-couleurs" de Cloé Korman est un voyage impressionnant en compagnie des fantômes de passants mexicains vers une terre promise d'autant plus qu'elle y raconte la surprenante construction du tunnel qui y mène.
Cloé Korman connait bien le Mexique et elle mérite vraiment son prix du Livre Inter 2010 (même si je n'ai malheureusement pas été sélectionnée comme jury cette année-là).

Deux récits en alternance nous entraînent dans une enquête palpitante sur les traces de Georges Bernache qui a quitté définitivement la France avant la fin de la deuxième guerre pour le Mexique, a adopté un petit indien et a été embauché par la grande compagnie Pullman pour superviser la construction d'un métro à Mexico, et de sa femme Florence, architecte américaine, avec laquelle il fonde une nouvelle famille. Un ingénieur américain qui travaille pour la société qui a racheté Pullman en faillite découvre le dossier de Georges et part à la recherche d'acteurs de cette histoire, apparemment tous disparus ou oubliés. Il découvre rapidement que le chantier a couvert d'énormes intérêts financiers secrets. Dans l'ombre de ces manipulations, le couple Bernache emploie toute son énergie à servir une cause noble et idéaliste auprès de ces émigrés mexicains toujours plus nombreux à passer la frontière vers les Etats-Unis. Un beau récit onirique et poétique à la rencontre des aztèques mais aussi de la main d'oeuvre mexicaine exploitée et méprisée, thème toujours d'actualité.

Une idée originale, prenante et surprenante, autour de laquelle Cloé Korman tisse la trame de son roman, non sans brio. Résultat intéressant. Chapeau bas.

De la couleur, Cloé Korman sait en donner à son récit tout entier. Par un habile jeu entre les personnages dont les destins s'entrecroisent tout au long de son roman, elle sait aussi captiver le lecteur.
On se laisse surprendre par cette histoire d'un couple qui en 1948 a assuré la surveillance des travaux de la construction d'un tunnel, racontée plusieurs années après par un vieil indien acteur au moment des faits à un ingénieur chargé d'enquêter sur ce mystérieux chantier. Minas Blancas, la petite bourgade mexicaine où se déroule la construction du tunnel, située non loin de la frontière américaine se verra le témoin d'un mouvement migratoire clandestin qui, avec ses drames mais aussi tous ses espoirs, nous maintient en haleine tout au long de la lecture.
Avec délicatesse, mais aussi sans concession, l'auteur abordant le sujet de l'immigration clandestine, tisse les liens entre ses personnages, promène le lecteur entre les différentes époques de son récit. Elle réussit à l'emmener en voyage !
Son ton à la fois grave et percutant sait aussi se faire plus léger. Il sonne toujours juste.
Un bon moment de lecture !

Lien : http://www.chantaki.fr

« Les hommes-couleurs » est une fresque épique qui prend parfois des allures de policier à suspens. Ce roman intense est particulièrement original, de par sa forme, sa construction et le ton employé. Chaque page est subtilement entourée de mystère ; des interrogations qui comme une brume, s'éclaircissent par moment avant de redevenir beaucoup plus denses et énigmatiques quelques lignes plus loin.
Le lecteur découvre le destin pour le moins singulier de Florence et Georges Bernache, expatriés dans un village mexicain par une grande société américaine qui les laissera pour ainsi-dire livrés à eux-mêmes.
A travers leur mission, conduire un chantier de tunnel passant sous la frontière avec les Etats-Unis, officiellement pour un train devenu fantôme, le lecteur plonge dans le monde de ces villageois, prêts à tout pour traverser et atteindre l'Eldorado. Leur monde fait de traditions et de croyances paraît impénétrable, même aux Bernache pourtant installés là depuis des années. Ces hommes feraient l'impossible pour rejoindre un pays plein de promesses mais où les désillusions seront immenses.
Dans ce récit incroyable, leurs histoires se mêlent à celle, également tragique, de la famille Bernache, symbole d'une certaine époque, d'une mondialisation débutante, empreinte de colonialisme à laquelle se mêlent les grandes migrations et les absurdités de l'Histoire et de l'expansion incontrôlée des grandes corporations américaines de l'après-guerre.
Ce récit est donc particulièrement riche et admirablement mené. Si les descriptions quelque peu alambiquées peuvent rendre la lecture parfois fastidieuse, celle-ci devient plus aisée à l'approche du dénouement, tant on voudrait comprendre, répondre à toutes ces questions que l'on se pose depuis le début.
Et lorsque l'on sait qu'il s'agit d'un premier roman, on ne peut qu'admirer le talent de Cloé Korman.

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