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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Donetsk, Donbass, Sébastopol, Zaporijjia, Marioupol, Crimée, Louhansk … Des noms désormais connus, des villes et des régions que je peux situer sur une carte de l'Europe.

Sergueï habite la « zone grise », c'est-à-dire le territoire entre l'Ukraine et les terres occupées par les séparatistes pro-russes, sous les tirs des uns et des autres. Bientôt ce sera le printemps et Sergueï devra emmener ses six ruches là où il n'y a pas de guerre, « là où les champs n'étaient pas creusés de trous d'obus mais semés de fleurs sauvages ou de sarrasin, où l'on pouvait marcher aisément et sans peur dans la forêt, dans les prés et sur les chemins de traverse, un lieu habité où, même si les gens ne souriaient pas au premier venu, leur nombre et leur insouciance faisaient paraitre la vie plus douce ».

L'Ukrainien nous emporte dans son périple de l'Ukraine de 2017, avec une guerre larvée qui ne dit pas son nom, à la recherche d'un peux de paix, de douceur et d'humanité… notamment auprès de Galia, une jeune femme d'un village voisin, très chaleureuse, et surtout qui prépare un délicieux bortch « mijoté à feu doux avec des gros haricots blancs, dont la peau d'abord éclatait sous la dent, puis qui fondaient dans la bouche », bien sûr arrosé de vodka.

Les abeilles grises ou comment la guerre déboule dans une vie ordinaire et chamboule tout ! Au-delà de ce constat, un livre qui ne m'aura pas passionnée …
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La Crimée, le Donbass, Kherson et Marioupol, Donesk et Zaporijia.
Autant de villes et de localités que j'étais incapable, il y a quelques temps encore, de situer sur une carte.
Autant de territoires que je croyais lointains, autant de noms propres aux consonances vaguement exotiques dont j'aurais préféré ne jamais entendre parler.

Hélas l'actualité s'est tristement chargée de m'instruire, moi le cancre en géographie.
J'ai vu à la TV le cinglé moscovite et ses lubies d'annexion, j'ai vu les mouvements de blindés et les immeubles en ruines, j'ai vu les civils hagards. J'ai pris conscience alors que l'instabilité de cette zone-tampon de l'est ukrainien, qui a récemment ému toute la communauté internationale, ne datait pas d'hier... Depuis 2014 en effet, la frontière entre l'Ukraine et l'ogre Russe est en effet mouvante, soumise aux aléas d'une guerre qui s'éternise, et quand nous rencontrons Sergueïtch, l'apiculteur en charge des ces "abeilles grises" (dont on m'a dit le plus grand bien !), cela fait bientôt trois ans qu'il végète en "zone grise", ce quasi-no man's land abandonné de tous. Avec son voisin Pachka, avec qui les relations furent toujours fraîches, il fait figure d'irréductible et refuse de quitter son village. Qu'importe les quelques obus tirés par les séparatistes prorusses, qu'importent les rares ripostes des forces ukrainiennes : seules comptent les ruches et le bien-être des petites butineuses innocentes.

Deux-cents pages durant, nous voilà donc avec eux, Sergueïtch et Pachka, coincés dans un quotidien fait de bombardements intermittents et de ravitaillements sporadiques. Aucune nouvelle du front, plus d'électricité, des réserves qui s'amenuisent et parfois des vitres qui tremblent, mais toujours les heures qui passent et les jours qui défilent. On s'habitue à tout.
Et moi j'ai plutôt bien aimé cette première partie ! J'ai apprécié cette atmosphère étrange, cette chape d'absurdité recouvrant le hameau désert, ces conversations parfois lunaires entre nos deux quinquagénaires contraints de s'entendre pour cohabiter, l'incongruité de ce conflit auquel ni l'un ni l'autre ne comprend grand chose. J'ai goûté cette façon de tenir la guerre à distance sans jamais véritablement entrer dans le "vif du sujet", de vivre dans l'instant en observant le passage des saisons avant celui des soldats au loin, de se remémorer les temps anciens où chaque maison du village était occupée. C'était beau et mélancolique, un peu décalé par moment, et j'avais hâte de savoir où la plume experte d'Andreï Kourkov allait me conduire.

Et puis finalement, à l'approche du printemps, Sergueïtch décide de quitter sa zone grise pour emmener ses ruches en balade.
Commence alors un long périple à travers l'Ukraine, fait de rencontres improbables, de passages de check-points plus ou moins délicats (gardes frontières obtus, procédures kafkaïennes, intimidations à peine voilées), et de haltes aléatoires - toujours avec les ruches en remorque - dans le but de rendre visite à un vieil ami apiculteur de Crimée. Si l'écriture est toujours fine, empreinte de douceur et de poésie, j'avoue m'être un peu ennuyé, et avoir eu parfois envie de secouer ce pauvre Sergueïtch, dont la candeur et la naïve passivité m'ont par moment exaspéré.
À la manière d'un bourdon au vol erratique, difficile à suivre du regard, le brave homme zigzague d'une péripétie à l'autre et j'ai eu bien du mal à décoder sa trajectoire, sur laquelle plane en permanence l'ombre une menace diffuse. Certains éléments de l'intrigue m'ont semblé complètement sous-exploités et d'autres sont carrément abandonnés en cours de route, comme si l'auteur ne savait pas lui-même quelle serait l'issue de ce road-movie apiaire un peu poussif et bizarrement conçu.

"Les abeilles grises" ne fut donc pas pour moi la révélation promise par les nombreuses critiques enthousiastes lues ici et là.
Je reconnais pourtant volontiers le talent de conteur d'Andreï Kourkov ! En racontant les mésaventures un peu farfelues d'un citoyen ordinaire, rêveur et nostalgique, qui cherche à se glisser sans bruit dans ces petits interstices entre guerre et paix, il aborde de façon originale le sujet éminemment dramatique du conflit russo-ukrainien, et livre finalement un texte plus profond et plus engagé qu'il n'y paraît.
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Des abeilles et des obus.

Dans la zone grise, entre les armées ukrainiennes et séparatistes, subsiste un village où sont restés deux habitants. Sergueïtch est apiculteur, Pachka est son ennemi d'enfance. le printemps venu, Sergueïtch décide de déménager ses abeilles.

J'ai décidé de lire ce roman suite à de nombreux échos positifs. Toutefois j'en ressors plutôt mitigée. L'idée de base est très bonne : suivre des civils lors de la guerre du Donbass (2014-2022). La guerre reste en arrière-plan et nous suivons notre "héros" dans sa vie de tous les jours.

J'ai trouvé que la première partie était trop longue. Il ne se passe pas grand chose et les événements sont répétitifs. J'avais du mal à voir où voulait en venir l'auteur. La seconde partie est bien plus intéressante. Sergueïtch déménage ses abeilles en Crimée. C'est une bonne occasion de voir comment la guerre du Donbass est vue par les autres Ukrainiens. Mais aussi d'aborder la déchirante situation des Tatars de Crimée.

Ce roman est globalement triste. Une très forte résignation imprègne tous les personnages du roman. La fin est d'autant plus triste, à posteriori, car notre protagoniste espère que la guerre s'arrêtera bientôt (le roman a été publié en ukrainien en 2019).

Bref, une lecture en demi-teinte même si le sujet était intéressant.
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Abandonné par sa femme dans un village du Donetsk dont les habitants ont fui, Sergueïtch s'accommode d'une vie rétractée avec ses chères abeilles, lesquelles hibernent placidement dans leurs ruches. Il n'a qu'un voisin de l'autre camp, ami-ennemi depuis l'enfance, également solitaire : Sergueïtch est Ukrainien, Pachka est prorusse. Tous deux vivent sous les bombes qui passent au-dessus d'eux et n'ont que le souci de vivre et de partager un peu de réassurance : un feu de charbon, une cuisine de célibataire, une maigre conversation. On échange les impressions sur la guerre (le roman est antérieur à l'invasion russe), le miel, la charcuterie, et surtout la vodka, base solide d'une culture commune. Quand la guerre se rapproche, Sergueïtch migre avec ses ruches et revient.

Maigre odyssée, lente expérience sensorielle, humble routine avec de brèves irruptions de l'horreur de la guerre.
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La guerre, les tracasseries de la police russe ne sont pas vraiment le sujet de ce roman, m'a-t-il semblé. Ce serait plutôt l'histoire du temps qui glisse sur Sergueïtch comme sur ses abeilles. Où qu'il aille c'est toujours le même rythme : vérifier ses ruches, se nourrir, dormir, et parfois faire des rencontres. La paix de cette vie est à peine entamée par des péripéties plus ou moins dramatiques, les émotions sont juste esquissées, elles finissent par glisser.
Cette sorte de sérénité intérieure, toute simple, presque animale m'a imprégnée pendant toute ma lecture.
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Je n'ai pas accroché… J'ai abandonné à la page 60. J'ai eu le sentiment qu'il ne se passait rien. Deux hommes, seuls habitants d'un village vidé de sa population par la guerre entre Ukrainiens et séparatistes pro russe, ne s'aiment pas mais se rendent visite pour boire du thé, échanger des nouvelles, se prêter des jumelles…C'est lent, c'est gris… Vu les critiques élogieuses qu'a reçues ce livre, je dois être passée à côté de quelque chose… J'avoue ne pas avoir eu le courage de continuer ma lecture pour voir si la deuxième partie ( en Crimée ) était mieux, comme le disent certains Babeliotes. Note moyenne donc qui reflète le fait que ce livre ne me correspond pas plutôt que la qualité de celui-ci
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Le point de départ de ce roman est le choix de Serguei, face au conflit du Donbass depuis 2014, d'être l'un des deux seuls de son petit village de « zone grise » à rester pris entre deux feux (armée ukrainienne et séparatistes russes) dans son village. Plus étonnant, il laisse partir sa femme et sa fille qui s'en vont chercher à vivre dans une zone d'Ukraine en paix – ce que le bon sens a conduit tous les autres habitants du village à faire évidemment. Cerise sur le gâteau, son choix est dicté par le fait de ne pas abandonner… ses abeilles ! On se dit : un cas d'étude psychiatrique…
Effectivement, l'auteur rejoint le cas en essayant de nous convaincre que les abeilles ont quelque chose à apprendre aux humains, point de vue répété à plusieurs reprises sans aller jusqu'à préciser quoi. Et pour cause : comment un insecte dont la vie entière n'est que travail à l'identique au profit d'un autre, inlassablement et sans apprendre quoique ce soit de ses expériences, un insecte dont la ruche est un exemple typique de communautarisme restreint, vindicatif et sectaire vis-à-vis de ses congénères qui ne sont pas de la même ruche (les guêpes ou les frelons font pareil), aurait-il quelque chose à apprendre à l'homme, capable du pire comme du meilleur, mais surtout dont les capacités d'apprentissage sont les plus élaborées du monde animal ? Bon, c'est une métaphore animalière – sorte de marque de fabrique de l'auteur si j'ai bien compris – mais elle est ratée à mon avis ; d'ailleurs, vers la fin du livre, Serguei constate que sa tentative d'intégrer une abeille rescapée d'une de ses ruches au sein d'une autre de ses ruches se solde par une expulsion musclée de l'intrus : « Mais vous êtes donc comme les hommes !» découvre Serguei – le truc que n'importe quel apiculteur connait depuis ses débuts…
La guerre du Donbass n'est en rien le sujet du livre, on entend des bombardements, on côtoie des soldats des deux bords, mais les affrontements semblent plus un fond d'écran qu'un danger présent au quotidien et jamais serguei n'aura à se battre pour sa survie.
Finalement, au bout d'une première partie assez peu intéressante, Serguei décide de partir donner à ses abeilles un peu d'air nouveau – le bruit des bombardements risque de les déranger… le voilà donc parti pour un road-trip qui le conduira dans différentes zones (Ukraine, Crimée) où l'on croise les autorités des deux bords, surtout russes, sans vraiment approfondir le sujet politique – mais je reconnais que ça n'est pas le sujet du livre. Au final, il va revenir chez lui (son village), au dépend de sa femme, sa fille et même d'e Gallia avec qui il a une histoire d'amour en cours de route (un amour moins fort que celui pour ses abeilles bien sûr).
Il est évident qu'on peut apprécier le coté complètement absurde du personnage, mais de là à lui conférer des qualités humaniste ou naturaliste… se soigner en dormant sur des ruches, vision franchement puérile des bienfaits de la nature ; voir la ruche comme un modèle d'organisation, le dévouement de chacun au profit de la communauté, est-ce l'expression de la nostalgie de l'URSS de l'auteur 😉
Un livre qui se lit bien – malgré un début assez fastidieux et ennuyeux – mais qui laisse un peu dubitatif sur la vision qu'a l'auteur sur le Donbass et le conflit avec la Russie – sans parler de ses connaissances en apiculture…
Je mets 3* car je pense que cet auteur contemporain doit être lu, peut-être pour mieux situer l'évolution des mentalités entre Ukraine et Russie - je ne sais pas trop
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Sergueitch et Pachka sont les derniers habitants de leur village. Celui-ci est en zone grise coincé entre les armées ukrainienne.
et séparatistes prorusses.
Le début de cette histoire se passe en hiver, il y a peu, voir rien à faire qu'à attendre la fin de la journée. Comble de malchance, les deux hommes, bien qu'ayant grandi dans le même village, ne s'entendent pas.

L'idée de départ me plaisait bien, mais l'hiver c'est long quand on a rien à faire. Bref arrivé au printemps j'étais dubitative... Et j'ai fait une pause.
Le printemps m'a redonné courage et force, mais décidément je ne suis pas faite pour certains prix.
Le rôle des abeilles m'a posé problème : que veut nous dire l'auteur ?

Bref, à matrices, amateurs de prix littéraire ou pas je vous souhaite une bonne lecture... Et moi je vais de ce pas prêter ce livre à la personne qui me l'a offert pour avoir peut-être quelques éclaircissements
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Les abeilles grises de Andréï Kourkov traduction de Paul Lequesne
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UKRAINE– DONBASS - APICULTURE
AUTEUR
Andréï Kourkov est né à Boudogochtch dans l'Oblast de Leningrad, près de St Pétersbourg en 1961. Depuis sa petite enfance il vit à Kiev en Ukraine. Ses romans, de façon caustique et surréaliste décrivent le quotidien postsoviétique. Il utilise un humour décalé mais tendre. Il est traduit dans de nombreuses langues. Parmi ses nombreuses oeuvres il faut citer « le pingouin » oeuvre qui la fait connaitre en France. Il a reçu le prix Médicis en 2022 pour « les abeilles grises »
RESUME
Sergueï Sergueïtch dont la femme et sa fille l'ont quitté, vit à Mala Starogradivka, village du Donbass, en zone grise. Dernier habitant avec son meilleur ennemi du primaire, Pachka Khmelenko, ils n'ont plus ni électricité, ni TV, ni téléphone. Des missiles passent régulièrement, éventrant les maisons et les rues, qui viennent rappeler que la guerre est présente entre les séparatistes pro-russes et les Ukrainiens. La vie s'écoule, monotone, rythmée par le quotidien et la visite que chacun se fait, arrosé de vodka et de consommation de saucissons. Parfois des soldats leurs rendent visites, pas du même bord car nos deux compères ne sont pas de la même obédience.
Sergueï est apiculteur. Il doit envisager d'emmener dans un lieu idéal ses abeilles pour qu'elles puissent polliniser. Il part seul sur les routes. le passage des contrôles n'est pas simple, il vient du Dombass et arrive en Ukraine. Il y parvient et trouve un avre de paix où il rencontre une épicière avenante. Cependant contraint de partir il rejoint la Crimée où il se confronte à la présence délétère des Russes.
AVIS
Dans une langue poétique et fluide, Kourkov nous entraine dans la vie simple de Sergueï émaillée de souvenirs et de rêves. La guerre omniprésente est bien ressentie au milieu de la monotonie des jours qui passent. Un certain humour caustique se dégage plus proche de la tendresse que de la moquerie. On sent que l'auteur aime ses personnages simples mais tellement humains. La vie des abeilles et la structure de leur communauté sont mises en parallèle avec celles des humains et ce n'est pas à l'avantage de ces derniers.
J'ai moyennement aimé ce livre, certes bien écrit mais où la première partie par sa monotonie peut perdre de nombreux lecteurs, même si la deuxième partie rattrape largement le début.
 
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Avis un peu mitigé à la fin de cette lecture. Je ne suis pas aussi emballée que de nombreux lecteurs. C'est un livre d'actualité, de guerre, d'oppression des minorités par les russes. Mais c'est aussi un livre que j'ai trouvé un peu long.

C'est l'histoire d'un homme qui a trouvé sa raison de vivre dans ses abeilles. Il vit en zone grise, est désabusé par tout ce qui l'entoure et qu'il ne comprend pas. La guerre, les femmes, les amis d'enfance. Et puis il fait avec. Il vit avec ses peurs et ses angoisses. Grâce à ses abeilles.

Peut-être suis-je passée à côté. A essayer !
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