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Comme le narrateur, on pourrait être tenté d'essayer de tout décrire pour peut-être arriver à tout expliquer, tout en omettant l'essentiel.
Comme le narrateur, on pourrait faire référence à d'autres textes de l'auteur, créant ainsi une familiarité de sens, une mise en abîme du réel, sortie d'un rayonnage de librairie comme une ligne imaginaire déjà franchie, du papier en plus grand que la vie.
Comme le narrateur, on pourrait recommencer à dire « je », on pourrait s'interroger sur beaucoup de choses, les unes à la suite des autres. On pourrait écrire que la critique de Belle Sara avec un 5 comme un S suffit amplement.
Comme le narrateur, je suis probablement enfermé quelque part dans ma tête, et peut-être aussi dans la tienne, à dire des trucs que je n'ai pas encore bien compris, mais que toi tu trouves jolis.

J'ai mal à la tête.
Ce livre est très bien.
Ces deux informations n'ont rien en commun.
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Difficile de nommer ce livre, tant sa forme est originale et déroutante. Un narrateur, le seul à s'exprimer dans le livre, prononce trois conférences, devant un mystérieux et indéfini auditoire. le narrateur lui-même, bien que parlant abondamment de lui, reste mystérieux : même s'il nous raconte des épisodes très précis de son existence, qu'il donne ses opinions et ses analyses, nous savons finalement peu de lui. Il rappelle un peu le personnage du Dernier loup, philosophe déchu, se voyant proposer un voyage dans un but vague : ici aussi le conférencier d'occasion, ne comprend pas bien pourquoi il a été invité et qu'est-ce qu'on attend précisément de lui. Il le dit de suite : il n'est pas conférencier. Il se prête toutefois au jeu, sans que la raison de son acceptation, tout au moins pour la première conférence ne soit claire. Il est au final personne et tout le monde à la fois.

Conférences étranges par leurs thèmes : la tristesse, la révolte, la possession, et surtout étrange façon d'évoquer ces thèmes. Discursive, pleine de parenthèses, évoquant soit le personnage qui parle, soit le monde. Dès la deuxième conférence, et surtout dans la troisième, le personnage fait comprendre qu'il parle sous la contrainte, une contrainte sans visage, d'autant plus inquiétante qu'incompréhensible. Les conférences lient d'une façon brillante des questionnements métaphysiques, avec un vécu personnel, et une situation dans un monde imprécis, mais qui semble effrayant. Rien n'est vraiment clair, mais tout suscite la réflexion, le questionnement, peut-être parce que rien n'est univoque. Il y a aussi des références, la plus importante se rapporte à un autre livre de l'auteur, La mélancolie de la résistance, dans lequel les trois thèmes de notre conférencier trouvent une illustration complexe et forte.

L‘ensemble n'est pas dépourvu d'un certain humour, qui allège quelque peu la tristesse et l'effroi que pourrait provoquer le monde suggéré et l'image quelque peu désespérée de la condition humaine. Tout cela est à la fois étourdissant, et d'une grande richesse, à explorer à petites doses et à reprendre régulièrement, en espérant trouver un fil solide pour découvrir un chemin sûr dans le labyrinthe.
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lE mal existe : il tient dans la distance entre deux quais de métro, à un télégramme sans destinataire, au discours peut-être. Court roman, Thésée Universel est sans doute le livre le plus explicite de Laszlo Krasznahorkai. L'auteur y emprunte ses chemins, reprises et insistances, son style lancinant, y fixe ses obsessions. La tristesse, la révolte et la possession, trois sujets de réflexion, trois focales sur une certaine déréliction.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Devant un mystérieux auditoire, un orateur livre des vues saisissantes sur la condition humaine. Évoluant dans un univers à la fois réel et étrange, repoussant ses propres limites et celles du langage aux confins de l'hallucination, il entraîne, par ses assauts répétés, le lecteur dans une troublante confrontation avec les lois de l'imagination.
Utilisant le mode narratif du discours, László Krasznahorkai explore dans cette fiction composée de trois mouvements des thèmes fondateurs de la littérature : la tristesse, la révolte, la possession. Face à l'escalade de la peur et du mépris, tel un anatomiste de l'apocalypse des désirs, il tisse une trame burlesque et acérée où l'invention jubilatoire se conjugue aux effets les plus périlleux.
László Krasznahorkai est l'auteur de Tango de Satan, La Mélancolie de la résistance et Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par des chemins, à l'est par un cours d'eau, romans traduits par Joëlle Dufeuilly.

Lien : http://leslivresetlemonde.bl..
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Un homme, un auditoire, un lieu indéfini, trois conférences sur trois thématiques différentes.
De cet orateur nous ignorons beaucoup de choses: son identité, sa profession, son âge. Cependant, le fait que toutes ses prises de parole suivent un schéma narratif identique dévoile des aspects immuables de sa personnalité : son caractère méthodique, sa persévérance, sa perspicacité et son intelligence. Chacun de ses monologues commence par une convocation, suivie alors par un relatif étonnement (un certaine résistance) de la part de l'orateur qui poursuit pourtant en développant un discours minutieux qui s'appuie sur du vécu. Et même si chaque conférence est initiée par "l'institution" -un auditoire dont on ignore précisément qui la compose, chacune d'elle permet à son auteur de développer une réflexion métaphysique libre et assumée à travers trois problématiques universelles : la tristesse, la révolte et la possession (le premier discours faisant directement référence à un épisode de Mélancolie de la résistance). Non seulement ces discours font écho à une situation tangible mais ils évoquent ce qui se passe ailleurs, à l'extérieur de ce lieu dont on ignore quasiment tout.
Tel Thésée, notre conférencier se sacrifie pour sortir l'humanité de son labyrinthe (la peur, la bêtise, la vulgarité, l'individualisme, le matérialisme, la soumission, l'aveuglement...) porté à la fois par "la douceur mortelle de la tristesse et l'envie irrésistible de [se] révolter" même si cela semble finalement vain. Car s'il est libre de ses propos, notre personnage ne l'est pas de ses agissements. Rapidement nous comprenons qu'il est contraint d'intervenir et qu'après chacune de ses prises de parole sa liberté se réduit comme peau de chagrin. La corrélation entre sa liberté de ton et de propos et la contrainte physique qui menace cet homme se fait de plus en plus pesante au fil des pages. L'ensemble constitue ainsi une réflexion sur la condition humaine mais encore sur la littérature et le statut des romanciers, notamment dans un pays où la parole a longtemps été "surveillée" comme l'est celle de notre protagoniste.

Plus d'infos sur http://lebruitdeslivres.blogspot.fr/2016/03/thesee-universel.html
Lien : http://lebruitdeslivres.blog..
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Quelque part entre la fiction et l'essai, dans ces zones brumeuses où la philosophie se love avec bonheur, se situe Thésée universel, oeuvre en trois discours de Lázló Krasznahorkai publiée en 1993 en Hongrie et enfin traduite (un travail exemplaire de Joëlle Dufeuilly) en France pour être publiée aux éditions Vagabonde.
Si nous parlons de brumes, c'est que Thésée universel entretient un flou sur le lieu et la destination exacts des trois discours qui le composent, sur la nature même du texte qu'on a entre les mains ; et nous parlons de philosophie, car de cet espace indéfini, Lázló Krasznahorkai tire une puissance cachée pour nous parler de l'homme et du monde.


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Thésée universel (A Théseus-általános), récit, Vagabonde, 11, 95 pp.
Fiction en trois mouvements dans laquelle un orateur expose des vues surprenantes sur la condition humaine, le tout devant un mystérieux public. La conférence est retransmise sur trois écrans depuis une salle invisible pour le public ou depuis un espace entouré de paravents. « J'ignore qui vous êtes » entame du premier discours. C'est un Thésée contemporain qui prononce trois discours d'adieu sur les thèmes de la tristesse, de la révolte, et de la possession. Il cherche à découvrir les points communs qui relient les «vagabonds de l'existence» et les approches scientifiques essayant de «désenchanter» les conquêtes de l'esprit humain.

Le premier discours est consacré à la tristesse « la tristesse était à l'ordre du jour », même s'il évoque directement La Mélancolie de la résistance, notamment son plus fameux épisode : les conséquences de l'arrivée, dans une petite ville, d'une immense remorque convoyant le cadavre d'une baleine, a une portée universelle, véritablement métaphysique. « ils savaient déjà, par la rumeur, qu'à l'intérieur de la gigantesque remorque, désormais installée sur la place du marché, se trouvait la plus grande baleine géante du monde ». D'où il devrait s'ensuivre une série de choses bizarres et terrifiantes pour la population. « il existe un livre qui raconte explicitement qu'à partir de cet instant tout se transforma en enfer sur terre, dans cette petite vile, au sens le plus strict du terme ».
Le deuxième discours est consacré à la révolte, « cette fois la révolte était à l'ordre du jour », mais uniquement dans le cas où, nous dit l'auteur, tous les parias du monde uniraient leur force pour venir à bout des forces de l'ordre. « le bien n'atteint jamais le mal puisqu'il n'existe entre eux aucune forme d'espoir ».
Dans son troisième discours, le conférencier admet la défaite universelle du « noble » face au « vulgaire ». « Mes besoins élémentaires [ ] ayant refait surface, réclament ce qui suit. 1. L'ensemble des documents et objets ayant trait à mon enfance. 2. Deux cent vingt mille mètres de fil. 3. Un revolver » [ ] « Vous n'avez qu'à considérer qu'il s'agit de mes dernières volontés. Pourquoi ces trois choses là ? [ ] les réponses relèvent strictement de ma vie privée. ». le tout se termine par des considérations sur « le râle d'Okinawa », oiseau spécifique à l'archipel, et de son inaptitude au vol.
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Il serait absolument faux de prétendre que Thésée universel est un de ces étranges petits ouvrages de facture parabolique (comme celui de William Gaddis, Agonie d'Agapé, Branimir Šćepanović, La Bouche pleine de terre, celui de Laszlo F. Földenyi, que je rapproche dans cette note de mon Maudit soit Andreas Werckmeister !, dont le titre est une référence directe aux oeuvres de Tarr et Krasznahorkai) que seuls les lecteurs des deux grands romans traduits en français (1) de l'auteur apprécieront. Finalement, le plus grand secours, la meilleure réponse qu'un livre puisse espérer, c'est un autre livre.
Lien : http://stalker.hautetfort.co..
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