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EAN : 9782808308670
143 pages
Le Livre en papier (01/04/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
Elle est libre, drôle, généreuse. Elle se trouve face à une mort annoncée.
Il l’aime, lui parle et l’écoute pour trouver un sens à ce combat perdu d’avance.
Il veut comprendre comment elle a su, durant de longs mois, créer tous ces moments de bonheur, de rire, de gai désespoir.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je viens de lire un livre important. C'est un témoignage intime et bouleversant, les derniers mois d'une femme atteinte d'une tumeur au cerveau, racontés par son compagnon. Cet homme, Guy Krettels, je le connais, je voulais le lire par amitié. Sa compagne, Christine, je l'avais croisée quelque fois et jamais pendant sa trop longue maladie dont je n'avais été au courant que très tard. Je ne savais pas à quoi m'attendre hormis que j'éprouvais de la sympathie pour cette démarche de témoignage. J'ai reçu bien plus que ce à quoi je m'attendais. Moi qui suis sans cesse à la recherche de livres inspirants qui permettent de mieux approcher la condition humaine, j'ai trouvé ici une pépite qui m'a touché par son humanité et sa simplicité.

« "On ne doit rien oublier". C'est par cette injonction que se termine "Patrimoine", le très beau récit de Philip Roth consacré à la lente maladie de son père, mort à 86 ans d'une tumeur au cerveau. Toi, tu en es morte à 51 ans !
"Si un homme n'est pas fait de mémoire, il n'est fait de rien." »

Guy est un grand lecteur. Avec modestie, il se place d'emblée sous le regard des auteurs qu'il aime, avec des citations qui élargissent son propos et offrent comme des balises à son récit de vie, des points d'ancrage avec le reste de l'humanité et la culture qui nous relie. Sa langue à lui reste toujours la plus accessible et la plus fluide possible. Pas de fioriture, Guy raconte l'essentiel : la mémoire de sa compagne, son énergie, son combat, l'arrivée de la maladie, la relation au corps médical, l'indispensable négociation avec l'inéluctable et le sens de la vie face à la mort.

Guy a une quête très claire : rendre hommage à Christine avec amour et honnêteté, témoigner de son combat contre la maladie, sans jamais ni édulcorer ni imposer sa propre interprétation. Quand il parle de lui, de ses émotions, il est d'une pudeur extrême. Quand il parle d'elle, il s'en tient à ses faits, ses gestes, ses paroles, ses choix et leurs conséquences. Il est fidèle aux détails les plus précis et il choisit avec soin les messages de sa compagne ou de ses amis qu'il intègre à son texte. En racontant sur la pointe des pieds, il laisse toute la place aux lecteurs pour qu'ils éprouvent eux-mêmes leurs propres émotions. Il parvient ainsi à nous faire ressentir des réactions et des variations d'humeur subtiles au gré de l'évolution de la situation sans jamais recourir à des images toutes faites.

« Je veux être présente, debout, avec vous et en forme pour mon anniversaire ; pour partir deux semaines avec toi en vacances cet été ; et pour fêter le Nouvel An avec les mêmes personnes que cette année. »

La quête de Christine a l'évidence de la vie quand elle se concentre sur l'essentiel, profiter de ses proches et être fidèle à ses engagements. Cette énergie constructive et bienveillante, tournée vers les autres et bien ancrée à l'intérieur, est le moteur de son action. Pourtant, comme ce combat est rude et sans concession, entre la lourdeur des traitements médicaux, les séquelles physiques et psychiques, la dépendance aux autres. le récit n'épargne aucun des moments de vertige, de chute, de doute, de désespoir. C'est rude, éprouvant, émouvant et sans cesse parsemé d'étincelles d'espoir grâce aux gestes d'amitié, d'amour et de création. Malgré l'avancée inexorable de la tumeur incurable, les succès sont au rendez-vous : papote avec les amies, complicité avec sa fille, sortie dans la nature, exposition de peintures et quelques poèmes. La liste est longue et belle de ces petits moments qui en valent la peine, aussi longue et terrible que les coups durs de la maladie.

Puis vient l'ascension finale, le face à face avec la mort et toutes ces questions que notre société repousse le plus loin possible ou délègue à des spécialistes, les soins palliatifs et l'accompagnement en fin de vie. Comme cela semble simple de reporter les réponses à plus tard et d'imaginer que ça ne concerne que les personnes âgées. Comment à 50 ans, accepter de quitter son lieu de vie pour terminer ses jours dans un service médical spécialisé, négocier avec une équipe soignante les conditions de sa fin de vie quand ils ne partagent pas vos valeurs et votre volonté de choisir le moment et la manière de son départ. Enfin, comment vivre cela sans s'effondrer, sans être mis à nu face à sa fragilité et ses contradictions, quand tout s'effondre autour de soi, à commencer par son propre cerveau ? le récit que Guy livre des derniers jours de sa compagne invite à la fois à la réflexion, à la méditation, à la détermination et à l'humilité. En étant extrêmement concret, son témoignage touche à des questions existentielles.

« Je danserai parmi les arabesques des palais Moghols.
Ai-je été capable de contourner la table ?
Vous ai-je assez bien embrassés ?
Je ne veux plus avoir besoin de vous
Ni vous attirer contre ma peau.
Je veux vous laisser valser sous l'immense forêt que je serai »

Le récit de Guy dans le dénuement et l'authenticité parvient à produire ce que la littérature a de plus précieux : faire entendre la voix de quelqu'un qui n'est pas soi, la voix de Christine, sa compagne avec qui il avait encore des projets, des mots à partager.
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