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Critique de karmax211


Avec - le troisième mensongeAgota Kristof clôt sa Trilogie des jumeaux.
On se dit ou je me suis dit : enfin, je vais savoir le fin mot de l'histoire, comprendre à quoi ce puzzle une fois assemblé ressemble.
Et j'ai cru comprendre... même si chacun des jumeaux "dit la sienne"...
Qu'il y avait bien des jumeaux, séparés très tôt dans l'enfance à cause de "la chose"... un drame de la jalousie entre le père de Claus et de Lucas, lequel s'apprête à quitter leur mère pour vivre avec sa maîtresse à laquelle il a fait un enfant... une fille.
La mère des jumeaux ne l'entend pas ainsi.
Après s'être emparée d'une arme à feu, elle en vide le chargeur sur le chef de famille adultérin... qui expire non sans qu'une balle n'ait auparavant ricoché pour pénétrer dans le dos de Lucas.
Le jumeau grièvement blessé est transporté à l'hôpital, sauvé et envoyé dans un centre de rééducation où il ne finira plus que par claudiquer...
Entre-temps, leur mère est enfermée dans un établissement psychiatrique, Claus quant à lui est recueilli par la maîtresse de son père et élevé pendant quelques années avec sa demi-soeur ; l'un et l'autre devenant indissociables, un aigle à deux têtes, "deux âmes battant dans une même poitrine"...arrête Patrick, tu t'exposes à "l'escalatoire" !
Bref, "deux" jumeaux réunis par le cordon invisible de la passion ; une passion incestueuse, impossible à vivre...
Lucas et Claus ( anagramme ) sont donc séparés et vont passer cinquante ans à se chercher, à se croiser sans se voir...
Leur mère de retour à la maison n'aura de cesse d'attendre l'éternel retour de l'enfant blessé.
Claus souffrira de l'amour maternel confisqué par "la chose" et conséquemment par son frère.
Pendant un demi-siècle, ils vont avoir un point commun : l'écriture.
Et lorsqu'ils se retrouveront, Claus refusera de reconnaître Lucas, lequel lui confiera ses cahiers avant de disparaître...

Ce qu'il y a de "plausible" dans cette interprétation, c'est que de manière palimpseste, elle copie-colle assez bien les deux premiers volets de la Trilogie.
C'est du moins ce que j'avais cru comprendre ; les différentes pièces du puzzle s'intriquant assez bien, les personnages et les situations s'expliquant.

Et puis j'ai lu les commentaires babéliens, ceux d'autres sites, d'autres blogs, des analyses littéraires, une interview de l'auteure... et là, je suis arrivé à une conclusion : je sais qu'on ne sait jamais.
Ce que je sais, c'est qu'Agata Kristof était partie au début sur une intention autobiographique, dont elle s'est défaite progressivement.
Qu'elle voulait écrire un texte pour le théâtre ( ça, je l'avais repéré...) qu'elle y a renoncé également, sans toutefois parvenir à complètement s'en détacher... sur la forme et sur le fond...
Que ce "troisième mensonge" ne peut être la vérité à moins que tout soit mensonge et qu'il n'y ait pas de vérité ou bien encore que la vérité ait besoin du mensonge pour exister ou que... - Ciascuno a suo modo – si l'on veut se référer à Luigi Pirandello... traduit littéralemet... chacun à sa facon, c'est-à-dire à chacun sa vérité.

Il n'est pas impossible que je revienne un jour sur cette Trilogie ( j'ai peur de manquer de temps...), persuadé ou pas que je la lirai et la comprendrai différemment.

Ce dont je reste certain, c'est qu'elle est en soi une expérience littéraire unique, d'une exceptionnelle originalité.
Qu'elle nous prend et qu'on se laisse prendre et sur-prendre.
Qu'elle est multithème, mais qu'outre le mystère Claus-Lucas, subsistent ces étranges sensations, ce ressenti troublant d'où émergent de manière oppressante et obsédante, la guerre, l'occupation, le mal, l'absurdité, le non-sens, la solitude, la mort.

Une Trilogie incontournable sur le "mentir-vrai" !

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