Romy purge une double peine à perpétuité dans une prison californienne. Elle a laissé son fils de 5 ans à la garde de sa mère, avec qui elle n'a plus vraiment de contact. Comme pour toutes ses co-détenues, c'est la vie qui l'a amenée là.
Entre les moments mornes et tristes passés en cellule, au réfectoire, dans la cour, dans l'atelier... Romy se remémore la vie d'avant; celle où elle vivotait à San Francisco et où elle était danseuse au Mars Club.
Cette lecture était assez déconcertante...
Rachel Kushner dresse de sa plume habile l'univers carcéral américain sans jamais tomber dans le pathos. Ce qui nous empêche de nous attacher aux personnages et nous oblige à regarder froidement la vie de l'héroïne s'écouler sans que rien ne parvienne à la retenir. Et Romy se souvient, par bribes décousues, de son passé, pas plus glorieux que son présent. Ces bribes font effets de suffocations dans un environnement oppressant, déshumanisé, sans espoir,...
L'auteur nous invite à suivre aussi quelques tranches de vie d'autres protagonistes, plus ou moins proches de Romy, mais sans début, sans fin; dans un ordre totalement décousu. de nombreuses portes sont ouvertes, nombreuses seront celles qui ne seront pas refermées. Ce qui laisse au lecteur un sentiment de malaise, d'incompréhension parfois, d'inachevé souvent. Un peu à l'image de la vie de l'héroïne; c'est sans doute un point fort du livre tout en restant son point faible si on ne prend pas de recul sur sa lecture. Et on tournera la dernière page en ne sachant pas, dans l'immédiat, que penser réellement de ce prix Médicis étranger.