Phaenomen, Tome 2 : Plus près du secret

Dire les choses, c'est déjà un peu y répondre. (p.142)

Mon premier fait des blagues incompréhensibles. Mon deuxième est sérieux comme un pape. Mon troisième est plus bancal qu'un tabouret à deux pieds. Mon quatrième a la délicatesse d'un bulldozer. Mon cinquième est un médecin qui ne sait pas s'il sauve ou s'il condamne quatre gamins. Mon tout ressemble au Radeau de la Méduse...

- C'est la première fois que je vais prendre l'avion, dit Nicolas. C'est flippant !
- Pour tout le monde c'est la première fois, précisa Arthur. Il faut bien des premières fois.
- Oui, continua Nicolas, mais de temps en temps, les premières fois sont aussi les dernières. Regarde, les salsifis par exemple, je n'en ai mangé qu'une seule fois. Imagine que l'avion s'écrase ? Ou qu'il explose en vol ?
- Quel rapport avec les salsifis ?
- Aucun, c'était un exemple de première et de dernière fois.

Les adultes e désespèrent. Ils ont des yeux et ils sont incapables de voir...

Nicolas a découvert un poème qui l'a bouleversé: c'était voyelles, d'Arthur Rimbaud. Rimbaud, ai-je commenté, qui aurait pu s'appeler Rainbow tant sa poésie contient de couleurs

A Paris, l'obscurité n'existe pas, elle est tuée par les réverbères, les enseignes clignotantes, les bâtiments qui se goinfrent d'énergie électrique. D'accord, les hommes ont peur du noir, ce n'est pas une nouveauté, mais il ne faut pas exagérer. Pas tricher, plutôt. Parce qu'ils ont peur du noir, c'est vrai, mais également de la pleine lumière. Celle qui montre les gens et les choses tels qu'ils sont vraiment.
(page 179)

Elle était bien. Heureuse, peut-être. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait protégée, non, elle se sentait ... aimée.

Et puis on a découvert qu'on était bien ensemble, qu'on formait un groupe et qu'on était différents des autres. C'est pour cela, pour comprendre pourquoi on est différents, qu'on a suivi la piste donnée par Goodfellow. Mais c'est toujours par rapport à nous ! C'est ça que j'ai compris, c'est ça que je retire : en suivant ces pistes, on se découvre nous-mêmes. En remontant le passé, on se construit un avenir. (p.219)

Comment établir une relation cohérente de cause à effet ? Pourtant, savoir qu'à ma façon je suis responsable de mes amis atténue mes maux de tête. Penser à eux m'empêche de ne penser qu'à moi. Comme une porte vers l'extérieur pour que la pression intérieure retombe. S'oublier pour se retrouver, et si c'était ça ? (p.215)

- Tu ne supportes pas l'idée de faire du mal à ceux que tu aimes. Tu manques en crever, même ! C'est une sacrée preuve d'amitié, non ? (p.200)