Citations sur Discours de la servitude volontaire - Prépas scientifiq.. (13)
... c'est un extrême malheur d'être sujet à un maître, duquel on ne se peut jamais assurer qu'il soit bon, puisqu'il est toujours en sa puissance d'être mauvais quand il voudra...
Certes, je ne dis pas que le pays ou le terrain y soient pour quelque chose, car en tous lieux, quel qu'en soit l'air, il est amer d'être assujetti et doux d'être libre... P24
Si l’on ne donne rien aux tyrans et si on ne leur obéit plus, alors, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits et ne sont plus rien ; comme une racine qui ne trouve plus d’humidité ni de nourriture, devient un morceau de bois sec et mort.
De façon générale - que l'on ne s'y trompe pas, insiste La Boétie -, le tyran met toutes les hypocrisies au service de sa puissance personnelle. Ainsi, les largesses de type paternaliste - la distribution d'un quart de blé, d'une coupe de vin ou d'un sesterce - ne signifient pas du tout qu'il aime son peuple : d'ailleurs, il ne peut ni aimer ni étre aimé : il n'y a d'amitié ou d'estime qu'entre gens de bien. Elles signifient quil est un sordide et froid calcula- teur pour qui la bonne foi, l'intégrité, la constance n'ont pas de sens. Dès lors, soucieux uniquement de sa cote de popularité, il mendie par tous les moyens - fût-il, en les employant, déloyal ou injuste, mais ces mots-là ne veulent rien dire pour lui - les pitoyables vivats qui le saluent. En définitive, sa puissance est triste.
Les causes qui maintiennent les peuples dans l'état de tutelle sont donc analogues aux causes qui font que certains adolescents refusent de devenir eux-mêmes adultes : il s'agit de la paresse et de la lâcheté, car la liberté consistant à penser par soi-même requiert des efforts (en vue de ne pas sombrer simplement dans le caprice ou l'extravagance) et du courage (au moins celui de s'opposer virtuellement à ce que l'on nous aura enseigné).
Il n'est pas croyable comme le peuple, dès lors qu'il est assujetti, tombe si soudain en un tel et si profond oubli de la franchise, qu'il n'est pas possible qu'il se réveille pour la ravoir, servant si franchement et tant volontiers qu'on dirait, à le voir, qu'il a non pas perdu sa liberté, mais gagné sa servitude.
Celui qui vous maîtrise tant n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps et n'a d'autre chose que ce qu'a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon qu'il a plus que vous tous : c'est l'avantage que vous lui faites pour vous détruire. D'où a-t-il pris tant d'yeux dont il vous épie si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper s'il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-il s'ils ne sont les vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous ? Comment vous oserait-il courir sus s'il n'avait rapport avec vous? Que vous pourrait-il faire si vous n'étiez receleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? Vous semez vos fruits afin qu'il en fasse le dégât ; vous meublez et remplissez vos maisons afin de fournir à ses pillages ; vous élevez vos filles afin qu'il ait de quoi soûler sa luxure ; vous nourrissez vos enfants afin que, pour le mieux qu'il saurait faire, il les mène en ses guerres, qu'il les conduise à la boucherie, qu'il les fasse ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances ; vous rompez à la peine vos personnes afin qu'il se puisse mignarder en ses délices et se vautrer dans ses sales et vilains plaisirs ; vous vous affaiblissez afin de le rendre plus fort et ferme à vous tenir plus courte bride ; et, de tant d'indignités que les bêtes mêmes ou ne sentiraient point, ou ne l'endureraient point, vous pouvez vous en délivrer si vous essayez non pas de vous en délivrer, mais seulement de le vouloir faire.
Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez, ni l'ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé la base, de son poids même s'effondrer et se rompre.
le peuple qui perdu, longtemps a, toute connaissance, et duquel, puisqu'il ne sent plus son mal, cela montre assez que sa maladie est mortelle. Cherchons donc par conjec- ture, si nous en pouvons trouver, comment s'est ainsi si avant enracinée cette opiniâtre volonté de servir, qu'il semble maintenant que l'amour même de la liberté ne soit pas si naturel.
Par tromperie perdent t ils souvent la liberté
Il me prend souvent ebahissement de leur méchanceté et quelque fois pitié de leur sottise.