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EAN : 9782081375017
240 pages
Flammarion (01/06/2016)
3.73/5   71 notes
Résumé :
Le renom d'Etienne de La Boétie s'attache à un écrit composé dans sa jeunesse, "à l'honneur de la liberté contre les tyrans". Aux périodes troubles de l'histoire de France et, en particulier, chaque fois que la nation se dressait contre l'autorité souveraine, il fut utilisé comme appel à la sédition.
Comment expliquer qu'un peuple entier puisse ployer sous le joug d'un seul homme, qui n'a ni force ni prestige ? La servitude des peuples est volontair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre fut écrit il y a cinq siècles. Pourtant, chez tous ceux pour qui le mot Liberté a encore du sens et qui accessoirement savent lire, son actualité s'impose cruellement. Car si la domination a changé de visage, il reste que: « Toujours s'en trouvent-ils quelques-uns qui sentent le poids du joug et ne peuvent tenir de le secouer ; qui ne s'apprivoisent jamais de la sujétion et qui toujours ne se peuvent tenir d'aviser à leurs naturels privilèges ; ce sont volontiers ceux-là qui, ayant l'entendement net et l'esprit clairvoyant, ne se contentent pas de regarder ce qui est devant leurs pieds ; ce sont ceux qui, ayant la tête d'eux-mêmes bien faite, l'ont encore polie par l'étude et la connaissance.
Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et toute hors du monde, l'imaginent et la sentent en leur esprit, et encore la savourent, et la servitude ne leur est de goût, pour tant bien qu'on l'accoutre. »
Quelques-uns trouveront donc dans ce livre un précieux soutien ...
D'autres qui n'imaginent ni ne sentent plus rien n'y verront probablement qu'une relique du passé.
Avec les siècles, la servitude volontaire a donc changé de nombreuses fois de formes et de visages ainsi, bien sur, que la domination qui l'accompagne comme son ombre. Ainsi, à la Théologie qui justifiait les structures hiérarchiques du temps de la Boétie, s'est progressivement substituée l'Économie politique, comme pseudoscience, comme gestion des affaires humaines, comme nouvelle religion encore plus aliénante.
A la liberté des êtres humains, demeurant pour leur plus grande part dans l'asservissement, s'est substituée la liberté du Marché s'avançant le plus souvent masquée sous la rassurante appellation de libéralisme ou, plus drôle encore, de socialisme.
Dans notre belle modernité, loin de nous libérer de l'État, le Marché s'est intimement associé à celui-ci dans une subtile répartition des taches ; à l'État les fonctions régaliennes, police, répression, surveillance, défense des intérêts des possédants ; au Marché, la savante organisation de la dépossession du plus grand nombre au profit d'une poignée de mafieux à l'avidité sans limites. L'interpénétration entre les structures étatiques à leur sommet et les gestionnaires du capital étant désormais presque totale et quelques soient les gouvernements en place. Pour couronner le tout, c'est le plus souvent dans un système annoncé comme « démocratique » que se déploie ce « meilleur des mondes ». Seuls quelques mauvais esprits remarqueront que cette démocratie là a littéralement été vidée de toute substance ; qu'à la place de citoyens ne demeurent que des spectateurs, ridiculement réduits à l'impuissance et que, comble d'humiliation, on culpabilisera devant leur manque d'enthousiasme à voter bleu ou rose.

C'est à l'aune de cette réalité là qu'il faut relire La Boétie et s'interroger sur Notre servitude volontaire.
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Dans cette édition destinées aux classes préparatoires 2017, une longue présentation dévoile le contexte de l'époque, les immanquables controverses sur l'origine même du texte (qui d'ailleurs ne mènent à rien à part qu'elles ont occupé quelques exégètes pendant quelques années), la résonance de ce texte dans les années et les siècles, les critiques qui en ont été faites.
Vient l'analyse du texte, que j'ai préféré sauter, pour découvrir ce discours sans guide...quitte à y revenir.
Le texte est fouilli, dense, truffé de références à l'histoire grecque qui nécessitent de se reporter aux notes ; il semble traduit qu'en partie seulement et garde des phrases de tournure ancienne et des notes de bas de page indispensables associées. Lecture ardue assurée !
Passé ces obstacles il est vrai que l'analyse politique et surtout psychologique est étonnamment moderne, et relève d'une intuition et d'une clairvoyance qui en font un texte intemporel et universel. Rien n'a changé, sous l'habillage de démocraties plus ou moins truquée ou de dictatures, les tyrans se portent bien et les populations asservies ont toujours cette attitude de résignation ou au contraire d'admiration qui le maintient au pouvoir.
Le dossier final de cette édition met le texte en perspective des écrits ultérieurs, et met en valeur cette universalité, au travers de citations de Montaigne, Gandhi, Rousseau, Freud....
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La Boétie, avec “La servitude volontaire”, nous offre une réflexion ciselée sur la liberté. C'est un cri de coeur, un appel à l'insurrection des âmes contre l'oppression. La Boétie, dans sa jeunesse fougueuse, questionne l'énigme de notre docilité face à la tyrannie. Avec une lucidité presque cruelle, il déshabille l'homme de ses illusions et le confronte à sa propre complicité dans ses chaînes. C'est un texte qui, tel un miroir, reflète les abysses de notre consentement et nous défie de réclamer notre droit inné à la liberté. Un classique intemporel qui continue de résonner avec une pertinence troublante.
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A la base de tout système politique, de toute organisation, de toute hiérarchie, du concept même de la liberté, se pose la question de l'obéissance. D'où vient cet étrange constat que le très grand nombre se soumette à un seul ou au petit nombre ?
Pour la Boétie, il n'y a qu'une seule explication plausible celle de la « servitude volontaire ».
A votre productive réflexion...
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Pour les besoins d'un atelier de réflexion et de construction de spectacle, j'avais besoin de trouver des sources d'inspiration sur le servage, ou la servitude... le sujet qui m'intéresse est la version moderne, mais je me suis dit, autant partir à la source et prendre un texte de référence sur le sujet.... Je n'avais jamais imaginé me lancer dans ce type de lecture..... Et bien que je sois parfaitement consciente du scandale que ce texte à pu être à l'époque de sa publication, et surtout je dois aussi reconnaître mon admiration pour ce jeune homme de 18 ans qui a été capable de produire ces lignes... mais malheureusement, cette lecture n'apporte pas autant d'eau à mon moulin que je l'espérais.
Mais heureusement je me suis offert une version commentée et documentée, et j'ai maintenant une multitude d'autres pistes à explorer.... j'espère juste avoir assez de temps.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les causes qui maintiennent les peuples dans l'état de tutelle sont donc analogues aux causes qui font que certains adolescents refusent de devenir eux-mêmes adultes : il s'agit de la paresse et de la lâcheté, car la liberté consistant à penser par soi-même requiert des efforts (en vue de ne pas sombrer simplement dans le caprice ou l'extravagance) et du courage (au moins celui de s'opposer virtuellement à ce que l'on nous aura enseigné).
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... c'est un extrême malheur d'être sujet à un maître, duquel on ne se peut jamais assurer qu'il soit bon, puisqu'il est toujours en sa puissance d'être mauvais quand il voudra...
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Celui qui vous maîtrise tant n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps et n'a d'autre chose que ce qu'a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon qu'il a plus que vous tous : c'est l'avantage que vous lui faites pour vous détruire. D'où a-t-il pris tant d'yeux dont il vous épie si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper s'il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-il s'ils ne sont les vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous ? Comment vous oserait-il courir sus s'il n'avait rapport avec vous? Que vous pourrait-il faire si vous n'étiez receleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? Vous semez vos fruits afin qu'il en fasse le dégât ; vous meublez et remplissez vos maisons afin de fournir à ses pillages ; vous élevez vos filles afin qu'il ait de quoi soûler sa luxure ; vous nourrissez vos enfants afin que, pour le mieux qu'il saurait faire, il les mène en ses guerres, qu'il les conduise à la boucherie, qu'il les fasse ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances ; vous rompez à la peine vos personnes afin qu'il se puisse mignarder en ses délices et se vautrer dans ses sales et vilains plaisirs ; vous vous affaiblissez afin de le rendre plus fort et ferme à vous tenir plus courte bride ; et, de tant d'indignités que les bêtes mêmes ou ne sentiraient point, ou ne l'endureraient point, vous pouvez vous en délivrer si vous essayez non pas de vous en délivrer, mais seulement de le vouloir faire.
Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez, ni l'ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé la base, de son poids même s'effondrer et se rompre.
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De façon générale - que l'on ne s'y trompe pas, insiste La Boétie -, le tyran met toutes les hypocrisies au service de sa puissance personnelle. Ainsi, les largesses de type paternaliste - la distribution d'un quart de blé, d'une coupe de vin ou d'un sesterce - ne signifient pas du tout qu'il aime son peuple : d'ailleurs, il ne peut ni aimer ni étre aimé : il n'y a d'amitié ou d'estime qu'entre gens de bien. Elles signifient quil est un sordide et froid calcula- teur pour qui la bonne foi, l'intégrité, la constance n'ont pas de sens. Dès lors, soucieux uniquement de sa cote de popularité, il mendie par tous les moyens - fût-il, en les employant, déloyal ou injuste, mais ces mots-là ne veulent rien dire pour lui - les pitoyables vivats qui le saluent. En définitive, sa puissance est triste.
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Si l’on ne donne rien aux tyrans et si on ne leur obéit plus, alors, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits et ne sont plus rien ; comme une racine qui ne trouve plus d’humidité ni de nourriture, devient un morceau de bois sec et mort.
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Videos de Étienne de La Boétie (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Étienne de La Boétie
« […] La Boétie (1530-1563) […] est […] considéré par beaucoup comme un précurseur intellectuel de l'anarchisme et de la désobéissance civile. Également, et surtout, comme l'un des tout premiers théoriciens de l'aliénation. Pour comprendre les intentions qui conduisent Étienne de la Boétie à écrire le « Discours de la Servitude Volontaire ou le Contr'un », il faut remonter au drame qui a lieu vers 1548. « En 1539, François 1er (1494-1547), roi de France, tente d'unifier la gabelle (impôt royal). Il impose des greniers à sel près de la frontière espagnole, dans les régions qui en sont dépourvues. En réaction de cette tentative, des soulèvements ont lieu. le premier en 1542, puis le plus grand en 1548 à Bordeaux ». le connétable de Montmorency (1493-1567) rétablit l'ordre de manière impitoyable. […] ce serait sous l'impression de ces horreurs et cruautés commises à Bordeaux, que la Boétie compose le « Discours de la Servitude Volontaire ». […] »
« […] Étienne de la Boétie grandit dans un milieu éclairé. […] […] Au début de ses études universitaires ce jeune homme âgé de dix-huit ans seulement, écrit son premier ouvrage, qui deviendra plus tard la plus célèbre de ses oeuvres, le fameux « Discours de la Servitude Volontaire ou le Contr'un ». […] en 1554, il est nommé conseiller au Parlement de Bordeaux. […] Vers le milieu de l'année 1563, un mal terrible terrasse La Boétie […]. Il s'agit d'une dysenterie qui s'aggrave rapidement. La peste et la famine avaient éclaté dans le Périgord. […] […] C'est chez son collègue au Parlement, Richard de Lestonnac, beau-frère de Montaigne (1533-1592) qu'il se repose. Il meurt peu après […]. » (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_de_La_Bo%C3%A9tie)
« […] ce que nous appelons ordinairement amis et amitié, ce ne sont qu'acquoinctances et familiarité nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de laquelle je parle, elles se mêlent et se confondent l'une et l'autre, d'un mélange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en respondant : Par ce que c'estoit lui, par ce que c'estoit moy ». (Montaigne, Les Essais, livre 1, chapitre 28).
0:00 - Discours de la servitude volontaire 11:16 - Générique
Référence bibliographique : Étienne de la Boétie, Discours de la Servitude Volontaire ou le Contr'un, français modernisé par Charles Teste, Institut Coppet, 2011
https://www.institutcoppet.org/la-boetie-discours-de-la-servitude-volontaire/
Image d'illustration : https://twitter.com/EtienneLaBoetie/photo
Bande sonore originale : Hawkin - Week 3 - star Week 3 - star by Hawkin is licensed under a Attribution-NonCommercial License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/Hawkin/Thoughts_On_Weeks/Hawkin_-_03_-_Week_3_-_star
#ÉtienneDeLaBoétie #DiscoursDeLaServitudeVolontaire #LittératureFrançaise
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