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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un texte court mais fort intéressant et actuel ! Tout le monde devrait le lire pour prendre conscience que, finalement, nous sommes tous des êtres plus ou moins esclaves (mais aussi nos propres esclavagistes). Un style fluide, compréhensible et des exemples croustillants. Trois mots : à lire urgemment.
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Pour sa taille et son contenu, ce livre mérite clairement d'être lu; notamment des jeunes lycéens. Relativement aisé dans son vocabulaire et sa structure, l'auteur (tout aussi jeune lors de la rédaction de ce "discours") tente d'expliquer en fonction de sa perception de la Nature Humaine les mécanismes guidant l'asservissement volontaire des masses.
Bien qu'on sente qu'un certain recul, le thème et le raisonnement du texte mériteraient d'être approfondis, on en termine pas moins la lecture avec l'intime conviction que, malgré son jeune âge et à cette époque, l'auteur a déjà bien cerné les rouages qui organisent (en partie donc) la hiérarchie sociale.
C'est une très bonne mise en jambe vers la Philosophie, le questionnement de l'ordre établi, que ce petit discours.
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La Boétie nous renvoie à la figure la responsabilité de la propagation de la tyrannie, par degrés, de la participation au premier cercle autour du tyran jusqu'à la banale servitude volontaire.
Enfin s'il n'est pas recommandé de fomenter la mort du tyran, le simple acte de désobéissance civile n'est pas sans conséquences. La longue introduction de la présente édition du Discours de la Boétie rappelle le contexte de la révolte des paysans contre la perception de la gabelle et la terrible répression qui s'en est suivie.
Mais l'idée est là, c'est la révolution non violente. Elle est déjà assez audacieuse pour que son ami Montaigne craigne et s'abstienne de publier le manuscrit à la mort de la Boétie. Heureusement d'autres s'en chargeront.
La désobéissance, dans le contexte qui nous intéresse, est une question de dignité. Un autre texte prolonge le Discours de la Boétie en soulignant ce moment particulier où quiconque ressent nécessairement l'humiliation. Mais passé ce cap, on peut s'attendre au pire de celui ou celle qui en prendra le parti.
L'actualité de tel personnage de l'extrême droite qui arrive ou approche du pouvoir, montre qu'il y a un problème de discernement. Je suis toujours frappé par cette phrase complice, à la clé de la propagation de la peste brune : « j'ai des amis qui ont des bonnes raisons pour voter pour un tel personnage ».
Alors, à ceux qui ne voient pas le rapport entre les menaces actuelles des nouvelles formes de fascisme et l'histoire récente, à quoi bon citer La Boétie avec ses histoires de tyrans sortis de l'antiquité ?
Il reste que le courage des héros des Lumières est aussi capable d'enclencher l'enthousiasme de proche en proche, pour remonter la pente et sortir des nouvelles formes de servitude volontaire.
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Nul doute que La Boétie était doué, rare sont les gamins de 18 ans s'amusant à décrypter la tyrannie humaine pour passer le temps, surtout au XVI siècle. L'ouvrage, par cela même, est déjà phénoménal.

Sur le fond, son analyse peut sembler simpliste : si l'homme se laisse assujettir, c'est qu'il "s'habitue" à l'être, et une fois asservi, sa lâcheté et son laxisme entretien sa servitude. Si un peuple entier est assujetti, c'est qu'un système pyramidal l'écrase à sa base. "six, en tiennent sous leur dépendance six mille qu'ils élèvent en dignité" et ainsi de suite...

Simple, sans doute, philosophiquement peu argumenté, assurément. Par contre, La Boétie prophétise l'avènement de la psycho-sociologie avec un talent certain. Quatre cents ans avant les ténébreuses années 30, tout était dit !

C'est cela qui fait frémir dans ce discours. Lire que la liberté est naturelle, qu'aucun animal ne la laissera filer à aucun prix, alors que l'homme lui, est largement disposé à s'assujettir volontairement. Quand on voit que l'histoire à mille fois donné raison à La Boétie, on se fiche de son simplisme argumentaire.

Un texte fondateur, un peu difficile sur la forme car formulé en français d'époque mais tellement beau qu'il fait du bien...
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La Boétie est un parfait humaniste de la Renaissance qui a traduit la Ménagerie de Xénophon et Les Règles de Mariage. L'auteur traite ici de l'honneur de la liberté contre les tyrans. C'est un discours efficace mais très difficile à lire, plusieurs faits historique comme l'Affaire de la Gabelle ont dû l'ébranler. La Boétie énonce la revendication libéral, il ne vise personne en particulier. On voit sa réflexion philosophique sur l'essence politique, il ne comprend pas pourquoi les peuples se soumettent volontairement à un seul et unique homme. Il nous soumet ses hypothèses comme l'habitude, la ruse des tyrans et la chaîne des gains. le texte est clair et bien écrit, cela peut même paraître choquant lorsqu'on sait que l'auteur n'avait que 18 ans lors de la rédaction du discours. le renoncement à la liberté consolide la tyrannie, il faut se révolter. le discours a été publié treize ans après sa mort par son grand ami Montaigne. Ce texte est à lire, La Boetie appelle à la liberté d'esprit. Un pur joyau de notre patrimoine !
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Étienne de la Boétie démontre la naturalité de la liberté et en déduit que l'état de servitude nait par habitude. Si les tyrans assujettissent les hommes par contrainte ou par tromperie, il est étonnant de constater combien la résistance est ensuite rare. (...)

Analyse très fine de l'armature même du pouvoir et invitation à la révolte contre l'oppression et l'exploitation, nullement démodées bien au contraire.

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Excellent ! Je me suis régalé à lire cet opuscule qui était passé entre mes griffes. C'est surprenant, qu'un essai politique aussi "vieux" puisse être aussi pertinent de nos jours, pour peu qu'on adapte légèrement le discours à nos problématiques contemporaines.


Du point de vue des idées, ce livre n'a rien à envier aux anarchistes de notre époque. Quant à l'écriture, elle est proprement jouissive (dans sa traduction récente), avec des tournures de phrases bien senties et des moments de foutage de gueule particulièrement réjouissants : je pense au passage faussement laudateur à l'égard du royaume de France. Bref, un classique et un indispensable !
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Ce cours texte écrit par LA BOETIE à l'âge de 18 ans (alors qu'il n'était encore ni magistrat au Parlement de Bordeaux, ni ami avec Montaigne) frappe le lecteur moderne pour plusieurs raisons.
D'abord et en premier lieu pour son propos subversif et sa défense de la liberté qu'il place en tête de toutes les valeurs pour lesquelles on peut risquer sa vie.
Fortement indigné par l'instauration d'un impot sur le sel, la gabelle, qui ruine les petits producteurs, et par la répression royale face à la révolte populaire, il condamne la servitude à laquelle les hommes consentent ce qui mène les tyrans à diriger le monde.et ce brûlot laisse dans son sillage un petit goût d'anarchisme.
Mais un second degré de lecture conduit à réfléchir sur ce qui fait accepter aux hommes les contraintes extérieures liées aux autorités diverses qui les régissent et que la domination peut prendre bien des visages
Ce texte présenté dans les lycées est propre à susciter des réflexions salutaires et notamment sur le niveau des étudiants. Quel jeune de 18 ans peut se vanter de nos jours de posséder une culture gréco-latine comparable à cette du jeune LA BOETIE ?
Avant de poursuivre votre réforme contestée,Mme NAJAT VALAUD.BELKACEM refléchissez bien et surtout plongez-vous dans la littérature antique et vous verrez qu'elle structure notre socièté et que ses idées et concept sont porteurs de NOTRE AVENIR.
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Etienne de la Boétie : de la servitude volontaire (traduction en français moderne et analyse par Alain Mahé, avec une traduction en arabe et en kabyle, éditions Bouchene)
Cette déclamation fameuse étonne par sa violence, une violence égale à l'encontre du tyran et de ceux qui acceptent sa tyrannie : Mais ô bon Dieu ! Que peut-être cela ? Comment dirons-nous que cela s'appelle ? Quel malheur est-ce ? Quel vice, ou plutôt quel vice malfaisant ? Voir un nombre infini de personnes, non pas obéir, mais servir, non pas être gouvernés mais tyrannisés ; n'ayant ni bien ni parents ni femme ni enfants, ni leur vie même, qui soit à eux? (p 35). le seul avantage [du tyran] c'est celui que vous lui faites pour vous détruire [...] Comment a-t-il le moindre pouvoir sur vous que par vous ? Comment oserait-il vous assaillir s'il n'était d'intelligence avec vous ? Que pourrait-il vous faire si vous n'étiez pas receleurs du voleur qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes? Vous semez vos champs afin qu'il les ravage. Vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pillages. Vous élevez vos filles afin qu'il ait de quoi assouvir sa luxure. Vous élevez vos enfants afin que, dans le meilleur des cas, il les envoie dans ses guerres et les conduise à la boucherie, qu'il les fasse les agents de ses convoitises et les exécuteurs de ses vengeances (p 41-3). Quand il est désigné, « vous » c'est le peuple: C'est le peuple qui s'asservit et qui se condamne de sa propre faute et qui, ayant le choix d'être serf ou d'être libre, repousse sa liberté et prends le joug. C'est le peuple qui consent à son mal ou plutôt le recherche (p 39). [Le peuple] sert si librement et si volontiers qu'on dirait à le voir qu'il a non pas perdu sa liberté mais gagné sa servitude (p 53).

Selon La Boétie, la force des armes n'est pas la cause de ce vice malfaisant, de cette intelligence avec le tyran: Ce ne sont pas les bandes de cavaliers, ce ne sont pas les compagnies de fantassins, ce ne sont pas les armes qui défendent le tyran. On ne le croira pas d'emblée mais c'est pourtant vrai. Ce sont toujours quatre ou cinq qui soutiennent le tyran, quatre ou cinq qui lui tiennent tout le pays en servage (p 79). Cependant la force des armes va étendre et maintenir la tyrannie dans une construction pyramidale: Ces six ont six cents qui profitent sous eux et font de leurs six cents ce que les six font au tyran. Ces six cents en tiennent six mille sous eux. Ils les ont élevés à une dignité leur conférant ou le gouvernement des provinces ou la gestion de la fiscalité […] En somme, qu'on en arrive là par les faveurs ou les avantages, par les gains ou les regains qu'on a avec les tyrans, il y a en fin de compte presque autant de gens auxquels la tyrannie semble être profitable que de ceux auxquels la liberté serait agréable (p 79).

Les causes de la servitude sont l'ignorance, l‘habitude et la religion : Il n'est pas croyable comme le peuple, dès qu'il est assujetti, tombe si soudain dans un tel et si profond oubli de la liberté qu'il n'est pas possible qu'il se réveille pour la recouvrer (p 50). Les tyrans eux-mêmes trouvaient bien étrange que les hommes puissent supporter un homme leur faisant mal. Il tenaient beaucoup à se parer de la religion et, s'il était possible, emprunter quelque parcelle de la divinité pour soutenir leur méchante vie [...] En France, les nôtres semèrent je ne sais quoi du même genre : des crapauds, des fleurs de lys, l'Ampoule et l'oriflamme... (p 75). Mais La Boétie va plus loin puisqu'il affirme que la servitude est volontaire: Il n'y a que la liberté que les hommes ne désirent pas. Uniquement, semble-t-il, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient : comme s'ils refusaient de faire cette belle acquisition parce qu'elle est trop facile (p 41). Voire. Est-ce le défi d'un jeune homme (La Boétie a écrit LSV à 18 ans), une façon de mettre l'asservi face à sa responsabilité quand il peut encore résister ? Ou est-ce la dénonciation d'un vice de la nature humaine, un désir de soumission, présent chez chacun et qu'on doit reconnaître et combattre ? On ne trouve pas littéralement dans LSV le désir d'être dominé, qui va plus loin que la passivité devant la domination, sinon dans le calcul servile et intéressé de l'entourage immédiat du tyran. Pourtant cette extrapolation a été formulée et Alain Mahé discute cette « interprétation exemplaire » de Claude Lefort p 302. Une vue plus réaliste est que la tyrannie est souvent installée par la force. Elle peut l'être par la ruse dans un coup d'état, mais en cas de succès le tyran dispose bientôt de la force économique et militaire. La Boétie écrit que : Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par l'élection du peuple, les autres par la force des armes, les autres par la succession de leur lignage (p 49). La première est illustrée par Napoléon III après sa période libérale, la seconde par la révolution russe, la troisième par la monarchie héréditaire de droit divin où les rois disposent non seulement de la force économique et militaire, mais aussi de la légitimité religieuse qui protège l'absolutisme et ouvre la voie à la tyrannie. Ces exemples sont bien sûr anachroniques, tout autant que les exemples antiques rapportés par La Boétie. Mais dans ces exemples et beaucoup d'autres (les fascismes, Pol Pot), il ne suffit pas de le vouloir pour être libre.

Quel remède ? La Boétie ne s'y attarde pas. Par autocensure il n'évoque ni la révolte armée ni le tyrannicide. Il donne comme moyen ou comme condition de résistance l'amitié, qui fait toujours défaut au tyran : L'amitié, c'est un nom sacré, c'est une chose sainte. Elle ne se met jamais qu'entre gens de bien et ne se cimente que par une mutuelle estime […] Il ne peut y avoir d'amitié là où il a cruauté, là où est la déloyauté, là où est l'injustice. Et entre les méchants, quand ils s'assemblent, c'est un complot, non une compagnie. Ils ne s'entr'aiment pas mais ils s'entr'craignent : ils ne sont pas amis mais ils sont complices (p 87). LSV est un monument énigmatique qui n'apporte pas de solution à l'opposition liberté-tyrannie, mais qui stimule la réflexion dans un style étincelant. Dans le monde présent de flottement politique, d'abandonnisme, de terrorisme et de contre-terrorisme, sa traduction en arabe et en kabyle l'ouvre à un autre monde culturel.
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Précurseur de la notion de désobéissance civile, ce petit discours écrit par un jeune bourgeois de 18 ans étonne par la « modernité » de son message. Si le style peut sembler désuet, les idées qui y sont développées ne le sont en aucun cas. Un classique de la philosophie à lire pour tout individu aspirant à davantage de conscience de soi.
Lien : https://unoceandelecture.wor..
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