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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
" Soyez résolu de ne servir plus, et vous voilà libres. "
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Retour au programme de l'agrèg, avec une nouvelle fois le genre d'oeuvres dont on entendrait jamais parler sans la confection de ces programmes académiques quelques fois inspirés comme cette année... Beaucoup d'ados, fougueux contestataires, tels que je le fus, ont dû adorer ce très court essai, qui fustige la tyrannie et, comme l'indique le titre, le processus de servitude volontaire qui s'instaure.

En le découvrant maintenant, outre l'obstacle de la langue de l'époque (car je le lis en langue originale) à laquelle on finit par s'habituer mais qui conserve de temps à autre une certaine obscurité, je n'adhère pas entièrement à l'ensemble du propos et du texte, même si je dois quand même louer pour l'époque l'audace de la pensée, de l'exercice, ainsi que la dernière partie. Elle aborde en effet les tentations humaines, et La Boétie s'éloigne alors de ce qui ressemblait jusque-là à un discours de hippie post-68ard caricatural qui en fait des caisses et qui en devient ridicule. C'est l'hugolien qui écrit ça, mais oui, il y a quelques fois des complexés du messie lourdingues, dans leur mission, dans leur sacerdoce de sauveurs idéologiques de la masse, nonobstant la noblesse de leur cause.

Anyway, lorsque La Boétie arrête de vouloir secouer comme des pruniers les paysans, et réfléchit à l'exercice du vice, de la récompense, des biens sur les serviteurs faibles face à l'or ou au pouvoir, ou nous instruit d'anecdotes antiques d'autorité, on comprend mieux l'influence du texte et son passage à la postérité, même s'il demeure relativement peu connu aujourd'hui. Si vous voulez découvrir les prémices de la littérature politique, juste après L'Utopie de Thomas More, un ancêtre (lointain, hein!) de la véhémence hugolienne, une sorte de premier exercice en la chose, avec une langue en devenir, encore imprégnée du latin dans le participe présent et certaines structures, prenez l'occasion, surtout que c'est très court, 50 pages à tout casser!!
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Hier soir, la bibliothèque de D., où j'ai fait mon stage, proposait une lecture autour du Discours, lecture assurée par M. Hervé Colin, de la compagnie du Globe.

Une très bonne soirée à écouter l'adaptation de ce texte (car trop difficile à lire dans sa langue originale, le français du XVIème siècle) et évidemment raccourci.

Pourtant, le Discours est plutôt bref, dans mon édition GF, si on enlève la préface et l'appareil critique, il doit faire une quarantaine de pages.

Selon son ami Montaigne, La Boétie écrivit ce texte à l'âge de 16 ans (voir ses Essais, mais Etienne devait avoir plutôt 18 ou 19 ans), probablement à la suite du soulèvement de la Guyenne contre la gabelle, impitoyablement réprimé.

Si ce texte est toujours d'actualité, c'est certainement parce que, non seulement le monde n'a pas changé depuis 1561 (ou si peu...), mais aussi parce que l'auteur utilisait l'histoire ancienne pour réfléchir sur sa propre actualité, artifice régulièrement employé quelle que soit l'époque.

La Boétie ne pouvait évidemment pas faire allusion à des événements récents, à sa propre époque, par peur des représailles, il utilisait donc avec habileté les exemples du monde antique entre autres, pour inciter son lecteur à la réflexion.

J'ai étudié ce texte l'année dernière, en 2ème année de licence en lettres modernes, dans le cadre de mon cours sur l'éloquence. le DIscours relève de l'éloquence politique, et du genre judiciaire. La Boétie démontre en effet de manière imparable comment des peuples entiers en arrivent à se soumettre à l'autorité d'un seul homme, le tyran.

Si le désir d'être libre fait défaut, on est donc esclave parce que l'on consent à cette servitude. Point de lâcheté ou de couardise ici, La Boétie part du principe que la servitude s'installe par le biais de la coutume. Des habitudes. Mais cela seul ne suffit pas à asservir un peuple.

Point besoin d'une armée pour rendre docile, le tyran impose efficacement sa volonté grâce à un réseau. Cette fameuse chaîne de la servitude, la pyramide la tyrannie qui s'exerce encore aujourd'hui, jusque dans nos démocraties.

Par effet de ricochet, la servitude amollit le courage. le tyran compte également sur un autre moyen pour asservir ses sujets : l'abêtissement. du pain et des jeux...et la télévision !

La Boétie place tout de même quelques hommes au-dessus de la plèbe. Seuls les intellectuels, et les plus courageux sont les plus aptes à se dresser contre la tyrannie. Tout n'est pas perdu, ouf...

Bref, une lecture qui n'a rien perdu de son attrait, une oeuvre qui devrait inciter chaque citoyen à repenser profondément sa manière de peser sur les décisions politiques. pour ma part, je crois que ce sont cette apathie, cette faiblesse qui nous enchainent et qui sont la cause de tous nos maux, de ce mal-être en société, de cette absence de volonté politique.

Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Oeuvre d'un auteur d'à peine 18 ans en 1576. Et pourtant très actuelle. Analyse des rapports maître-esclave dans le monde. Peur, humiliation... Belle leçon d'éthique et de morale.
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Écrit lors de sa prime jeunesse, ce discours sous forme de dissertation de la Boétie n'en est que plus authentique. C'est entre 16 et 18 ans que lui prend la rédaction de cet ouvrage destiné à rentrer dans le patrimoine littéraire et philosophique de son pays dont il estimait les habitants trop serviles.
L'histoire du texte est déjà intéressante, car s'il est aujourd'hui aussi reconnu, c'est également en partie grâce à Montaigne, qui sera le compagnon de l'une des amitiés les plus pures de l'histoire de l'humanité.


"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres", cette phrase à elle seule résume admirablement la pensée de ce livre. La Boétie nous fait relativiser notre position de dominé face au pouvoir, car ce pouvoir -royal à l'époque-, c'est bien nous qui l'asseyons sur son trône. S'il s'en empare sans notre consentement, il peut se targuer de posséder ce dernier en ce qui concerne sa conservation.
Fidèle à son éducation très tournée vers l'antiquité gréco-romaine, La Boétie nous illustre son chant pour la liberté de nombreux exemples de tyrannie qui n'ont été que renforcée par des peuples pourtant plaintifs. Une liberté accessible à qui veut bien la prendre, voilà ce qui nous est proposé, et pourtant, seuls quelques uns osent s'en emparer, les autres en auraient la paresse.
Une lecture indispensable à tous, d'abord pour sa renommée et la pensée qu'elle véhicule, mais également pour son esthétique, car bien que certaines tournures de phrases soient évidemment dépassées aujourd'hui, il est impossible de nier l'éloquence évidente qui se dégage et qui permet une meilleure assimilation des idées exposées, en plus de placer la liberté sur le trône qu'elle mérite -infiniment plus que les tyrans dont le fessier trop imposant ne lui permet pas de l'occuper suffisamment. le texte ne présente aucune difficulté d'interprétation malgré la forme de l'essai, il est clair et agréable.
Cela étant, il est vrai que si la lecture de ce type d'ouvrage argumentatif est une habitude, l'on peut regretter que, face à cette érudition évidente de son auteur, ce dernier n'ait pas poussé davantage son analyse.

Pour ce qui est de l'édition, c'est avec celle qui illustre le livre dans la base de données que j'ai découvert le texte (GF). Intéressante car en plus du texte intégrale, son histoire -et quelle histoire !- y est détaillée en préface, rajoutez à cela le fait que Simone Goyard-Fabre, qui présente l'ouvrage, arrive très bien à nous communiquer son enthousiasme quant à celui-ci et vous comprendrez que ce soit cette édition que je vous recommande.


Un très beau livre "à l'honneur de la liberté contre les tyrans".
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Petit essai qui décortique en quelques pages les mécanismes qui font qu'un peuple reste sous le joug d'un tyran sans se révolter. Tout d'abord, l'habitude : si le passage de la liberté à la servitude est dure à vivre, les gens qui naissent esclaves ne peuvent pas regretter ce qu'ils ne connaissent pas. Les divertissements et les quelques largesses que distribuent le tyran rendent les gens plus disposés à se soumettre, pourvu qu'on continue à les amuser. Et enfin, une structure de soumission pyramidal, qui encourage les citoyens à rentrer dans le système en espérant grappiller quelques miettes de richesse plutôt que de tout risquer pour défendre leur liberté.
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C'est un jeune de 18 ans, né il y a presque 500 ans qui nous nous donne une leçon de vie et d'éthique. le principe est simple : pour être dominé il faut se soumettre à cette domination. Il est donc vain d'accuser les tyrans si l'on se résigne. La Boétie nous invite à nous révolter en premier lieu contre nous-même afin de nous libérer du joug des intérêts secondaires et de refuser l'aliénation que constitue la soumission à autrui. Par facilité ou par peur l'homme s'assujettit, pour vivre libre il lui faut donc placer les faveurs et les craintes au second plan. Servitude volontaire, corruption, favoritisme et leur corolaire l'absence de liberté constituent le corps de ce pamphlet. La liberté a un prix, le choix. !
Et c'est plus que toujours d'actualité comme le dit gigi55...
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La Boétie nous montre que la servitude réside en nous, dans l'acceptation de la tyrannie et le renoncement à la nature profonde de l'homme qui est l'amour franc de la liberté.
Tout ceci reste ma foi d'une parfaite actualité !
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