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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il y a le sujet, bien sûr, cette belle étape, cette page magnifique dans le grand livre de la construction par l'esprit humain d'un humanisme universel, cette dénonciation de la tyrannie, pathologie du lien politique et social, avec une lucidité qui en fait un texte incroyablement prescient et moderne, aux prolongements multiples dans des domaines aussi variés que la sociologie, la science politique, la psychologie etc.
Il y a cet auteur, génie fascinant, mort bien trop tôt, qui écrivit ce texte alors qu'il n'était probablement âgé que de seize ou dix-sept ans, qui réussit le prodige d'avoir formulé cet hymne à la liberté en plein coeur du XVIème siècle.
Et puis il y a cette langue, langue ancienne et exigeante bien sûr mais aussi riche et truculente, par laquelle cet esprit brillant, supérieur, nous transmet par sa poésie, même au travers des siècles, des vérités éternelles.
Trois exemples au hasard ?
L'autoportrait en relief : « l'ardeur de la franchise fait mépriser le péril »
puis en creux : « les gens asservis (…) perdent (…) la vivacité et ont le coeur bas et mol, et incapable de toute chose grande. »
Et enfin, la dénonciation mordante, acérée, limpide et implacable d'un effet collatéral de la tyrannie : « (...) dès lors qu'un roi s'est déclaré tyran, tout le mauvais, toute la lie du Royaume, je ne dis pas un tas de larronneaux et essorillés qui ne peuvent guère en une république faire mal ni bien, mais ceux qui sont tachés d'une ardente ambition et d'une notable avarice, s'amassent autour de lui et le soutiennent pour avoir part au butin et être, sous le grand tyran, tyranneaux eux-mêmes. »
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Comme tous les commentaires les plus élogieux ont déjà été faits à l'égard de cette oeuvre, je vais tempérer le propos :

De La Boétie était jeune au moment de l'écriture, et aussi grande soit son intelligence, cela ne l'empêche pas de tomber sur des écueils tels que son manque d'expérience des rapports humains. Il n'est pas mention, à un seul passage, de psychologie ; il en parle sous un biais factuel.

J'attendais un texte qui sorte de la dimension purement politique ; de la Boétie ne parle pas des allégeances humaines telles que celles que l'ont fait à son entourage, à ses amis… il est uniquement question d'un asservissement d'un citoyen par l'État.

Sur la forme : chaque démonstration ne complète pas forcément le propos ; de la Boétie a tendance à se répéter.

Il en reste que c'est une bonne démonstration — militante — des différents piliers de la tyrannie.


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Montaigne assure que La Boétie avait entre seize et dix-huit ans lorsqu'il a écrit le Discours de la Servitude Volontaire.
Si certaines personnes en ont douter, pour ma part, il ne me viendrait pas un seul instant d'avoir le moindre doute à ce sujet : mon ressenti vis-à-vis du Discours de la Servitude Volontaire a en effet été celui d'avoir en face de moi une réflexion intéressante sur la tyrannie, mais loin d'être mûre.
Il y a là des réflexions intéressantes ; un certain nombre d'idées qui préfigurent celles de Rousseau. L'une des choses qui m'a frappée est l'importance donnée à l'éducation de l'homme, et les passages à ce sujet ne sont pas des moins intéressants.
Cependant, comme je l'ai dit précédemment, cette réflexion est loin d'être mûre. Il y a souvent de la confusion, et le texte manque de développement. le Discours de la Servitude Volontaire est une réflexion intéressante, qui donne à réfléchir, mais qui reste incomplète et à travailler.
Des pistes intéressantes de réflexion, qui préfigurent les Lumières, mais rien d'autre que des pistes.
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Un livre qui répond au Prince de Machiavel. A savoir, comment résister à un souverain despotique. Ce livre parait toujours autant d'actualité.
La Boétie nous offre un récit fluide, qui se lit d'une traite tellement c'est bien écrit et percutant !
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Un ouvrage très intéressant de par la réflexion de l'auteur.
Certes, l'écriture peut apporter une difficulté à la compréhension de l'oeuvre, mais cela apporte également une certaine esthétique. Bien que ce livre ait été écrit au XVI siècle, le thème abordé reste d'actualité ce qui en est d'autant plus frappant.
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Ce n'est qu'à l'âge de 18 ans que Etienne de la Boetie écrit ce court essai philosophique qui est Discours de la servitude volontaire.
A travers ce texte l'auteur veut analyser quel mécanisme fait que les populations se font dominer en tout temps par des maîtres, et des Tyrans. Etienne de la Boetie arrive assez rapidement la conclusion que si le peuple sont dominer, c'est qu'ils y consentent. En effet si le peuple voulait s'affranchir définitivement des ses chaînes, face à leur nombre les maîtres ne feraient pas long feu. Il en conclue donc que si le peuple, si les gens se laisse dominer c'est qu'il y trouve satisfaction. Il résume donc cela à la fameuse devise: "Du pain et des jeux".

Cependant, cette oeuvre, lut à notre époque manque d'approfondissement, ce qu'on ne peut imputer à l'auteur, qui ayant vécu au 16ème siècle, n'avait donc pas de notion de psychologie et de sociologie. En effet pour moi résumer le mécanisme qui fait que dans l'ensemble les peuples sont dominé ne se résume pas simplement à "du pain et des jeux". Selon moi cette état des choses est bien plus profond que cela. Même si ce dont parle Etienne de la Boétie.
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Etienne de la Boétie écrivit ce texte entre 16 et 18 ans...Grand ami de Montaigne, il eut une vie courte (mort à 32 ans) et bien remplie.

Ce texte nous révèle deux choses, selon moi, de son auteur : il avait une grande érudition, il n'était donc pas de basse extraction, et il était "indigné", sans doute, mais prudent, l'ensemble des références avancées dans son "Discours de la Servitude Volontaire" remontant à l'antiquité. Bref, pas de mesquinerie excessive, je sais bien qu'il faut dissocier l'oeuvre de son auteur...mais quand même, celle-ci ne l'a pas empêché d'être autorisé par le roi à devenir magistrat avant l'âge légal.
Historiquement, ce texte préfigure un peu ce que seront les réflexions de philosophes ultérieurs (Locke, Rousseau), s'emparant de la chose politique. Il ne faut donc pas lui retirer, malgré sa brièveté, son caractère "avant-gardiste" et audacieux, en un sens.

La Boétie analyse les rapports entre tyrannie (du pouvoir politique) et soumission du peuple et avance l'idée que, si la tyrannie peut être imposée par la force elle ne perdure que par la "complicité tacite" du peuple, qui s'y soumet, en quelque sorte, volontairement. Comment ? Par la force de l'habitude et par l'emploi de techniques "vieilles comme le monde" (du pain et des jeux). Et comme dirait Napoléon "le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude".
Ceci est bien malheureux pour La Boétie car, pour lui, la liberté et l'égalité sont des "droits naturels". Alors, oui, c'est facile car j'ai le recul historique, mais moi, cette notion de droit naturel, ça me chiffonne et j'en viens à me demander, dans ce cas là, pourquoi en est-on arrivé à PROCLAMER la déclaration universelle des droits de l'homme ? C'est-à-dire, pourquoi passer par le droit positif si c'est si naturel que ça ? Et donc pourquoi a-t-il fallu tout ce temps à l'humanité pour se rendre compte de cette chose si incomprehensible et inadmissible qu'est la "servitude volontaire"?

Je suis désolé mais la réponse "la force de l'habitude" a du mal à me satisfaire...Si encore on m'avançait la force de l'ignorance, là pourquoi pas...Ah oui et puis le "on ne regrette pas ce que l'on a jamais connu"...Mouais...là aussi, j'ai du mal à souscrire. Par contre j'entends très bien le "par intérêt"...Oui, parce que, voyez-vous, le pain et les jeux ça ne marche qu'avec le bas peuple, l'élite il lui en faut plus, il lui faut de la thune et des privilèges...auquel cas elle ne dédaigne pas de faire fonction de clique au tyran, allant même jusqu'à servir de paratonnerre en cas de foudre populaire.

"le Discours de la Servitude Volontaire" est, finalement, malgré la maturité que l'on prête à son auteur, empreint d'une certaine inexpérience des rapports humains, de la nature humaine, même s'il repère parfaitement les mécanismes de perpétuation du pouvoir. On ne peut, néanmoins, lui reprocher d'omettre des outils (inconnus alors) dans sa réflexion, telle que la psychologie, ou la sociologie...Son importance, d'un point de vue historique, est certaine...c'est sans doute une graine parmi d'autres.
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Selon La Boétie, l'état naturel de l'homme le pousse à lutter sans cesse pour sa liberté. Cependant, l'homme se trouve constamment asservi par le pouvoir, très rarement bienveillant, et se résigne à cette condition. Il met en évidence trois points à l'origine de ce renoncement: l'habitude qui anesthésie ses besoins naturels, une tendance à se laisser bercer par les distractions pour oublier sa condition et une faiblesse individuelle qui le pousse à la compromission avec le pouvoir pour s'assurer une meilleure position. Analyse claire et fondée.
La Boétie nous propose trois réflexions pour notre monde d'aujourd'hui:
- N'ai-je pas accepté par habitude ou conformisme une situation (personnelle ou professionnelle) dans laquelle je ne me sens pas vraiment libre et épanoui?
- Que m'apportent les innombrables divertissements de notre époque?
- Suis-je complice d'un système par intérêt matériel en risquant d'en être la victime demain?
Un texte court écrit vers 1548 et d'actualité pour de nombreuses années.
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Etienne de la Boétie n'est pas seulement un nom sur la plaque d'une élégante rue du VIIIème arrondissement de Paris, débouchant sur la nom moins luxueuse Avenue des Champs-Elysées. C'est aussi, et surtout, le nom d'un auteur qui a tout fait très vite, même vivre. Né en 1530, La Boétie est un humaniste, un vrai, qui a traduit Plutarque et Xénophon avant l'âge de 18 ans. Licencié et magistrat avant l'âge légal, il était aussi le meilleur ami de Montaigne qui lui consacre d'ailleurs un beau passage dans le chapitre "de l'amitié" des Essais. Fin lettré, latiniste, helléniste et humaniste, La Boétie est mort à 32 ans mais il aura eu le temps d'écrire un de ses textes les plus connus: "De la servitude volontaire". Oeuvre politique mais également littéraire et morale, La Boétie y étudie les rapports maître-esclave qui régissent le monde. L'Homme est par nature né libre et il est donc dénaturé (au sens propre) lorsqu'il obéit à un maître, un roi, un tyran. Dans ce court essai, le jeune auteur réfléchit au comportement du peuple, bien trop souvent soumis, et à l'attitude du tyran. Il exhorte à la rébellion (pacifiste).
Ce texte, ô combien actuel, a inspiré grand nombre de personnalités, de Marat à nos jours. Toutefois il n'est pas seulement à lire avec un regard politique, il faut aussi y voir la science d'un homme cultivé du 16ème siècle qui va puiser ses exemples dans l'Antiquité, et la plume aiguisée d'un homme de lettres.
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Ma critique porte, il est important de le préciser, sur l'édition de Nadia Gontarbert dans la collection Tel de Gallimard. Elle explique ses choix pour l'établissement du texte de la Boétie, qu'elle propose dans sa version originale. Si la lecture est souvent hésitante dans les premiers paragraphes, l'oeil se familiarise petit à petit à l'orthographe et à la syntaxe du XVIe siècle, et donne pleinement à entendre la musique et le rythme De La Renaissance. Mais l'analyse qui suit, linguistique et stylistique, de Nadia Gontarbert, est particulièrement indigeste pour moi. Elle s'adresse véritablement à un public de spécialiste. Mais elle a eu le mérite de m'interroger sur le rapport que peuvent entretenir ces spécialistes avec des oeuvres magnifiques ayant traversées les temps par leur portée universelle. Car ils établissent un décalage de lecture entre, d'un côté, l'intelligence et l'exigence associées au plaisir de la lecture et, de l'autre, l'intelligence et l'exigence associées à l'ennui. Je ne remets pas en cause le caractère remarquable de leurs recherches, mais seulement le peu de cas qu'ils font de la portée de leurs travaux.
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