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Citations sur Bloody Valentine (38)

Au coucher du soleil, Theodora gravit les marches d'une petite église du nord de la cité. Elle avait fait le trajet seule, comme le voulait la coutume, posant légèrement sur les pavés de ses sandales de cuir neuves.
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Oliver l'avait prise à part pendant le trajet entre le palazzo et le restaurant, glissant son bras sous le sien.

-Il ne va pas le prendre mal,hein ? dit-il en souriant avec un geste en direction de Jack.

Theodora secoua négativement la tête et lui pressa le bras.

-Bien sûr que non, Ollie. C'est tellement bon de te revoir.
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Lorsqu’Oliver Hazard-Perry fit son entrée sur le coup de dix-sept heures trente ce soir-là, les lieux étaient bondés. Oliver fréquentait ce bar depuis son premier permis de conduire falsifié1, à quatorze ans. Il remonta son col et passa d’un pas traînant devant la petite troupe des habitués, à la mine chagrine et à la voix basse, qui sirotaient leur verre aussi lentement qu’ils ressassaient leurs déceptions.
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Oliver caressait le petit carton dissimulé au fond de sa poche, passant les doigts sur les caractères imprimés en relief. C’était la carte d’un lieu secret, réservé aux humains tels que lui : les sang-rouge abandonnés par leur vampire, les familiers humains en état de manque. Il avait fait bonne figure devant Mimi, le soir de leur première visite là-bas ; il se souvenait bien de sa fausse assurance. Mais ce n’était qu’un mensonge. Il savait déjà, à ce moment-là, qu’il y échouerait un jour ou l’autre. Il lui fallait une dose, rien qu’une morsure… tant pis si ce n’était pas Theo qui la lui administrait : tout ce qu’il voulait, c’était se sentir à nouveau entier. Il voulait que quelqu’un efface la douleur. L’aide à oublier. Bien sûr, il connaissait les dangers : schizophrénie, infection, dépendance ; le risque de ne plus vouloir partir, dès le premier soir.
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Elle avait toujours travaillé là, depuis qu’il avait commencé à venir, en quatrième, et Oliver remarqua pour la première fois qu’elle ne semblait pas vieillir : on lui donnait toujours dix-huit ans, avec ses longs cheveux bouclés et ses yeux d’un vert intense. Son minuscule débardeur en coton côtelé blanc laissait entrapercevoir un ventre plat et bronzé. Oliver avait toujours eu un petit faible pour elle, mais sa timidité l’avait empêché de faire quoi que ce soit, à part lui laisser de généreux pourboires. La situation n’était pas tout à fait sans espoir, mais c’était comme être attiré par une star de cinéma : la possibilité que le sentiment soit réciproque était très proche de zéro.À sa grande surprise, elle sembla s’intéresser à lui.
– Moi, c’est Freya, dit-elle en lui tendant la main.
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Il était incapable de protéger son amour. Il sut alors ce qu’il avait à faire. Il contempla la bague à son doigt.

Le Venator reprit la parole.

- Tu as le choix. Rends-toi, et nous les libérons. Bats-toi, et ils mourront.

Jack n’hésita pas. Ouvrant le poing, il libéra la fureur sauvage des créatures. Il regarda son ennemi droit dans les yeux et rugit :

- SOIT, QU’ILS MEURENT !

Bliss hurla, et Oliver se retourna brusquement vers l’homme qui le retenait pour le frapper maladroitement en pleine poitrine. Mais Theodora, elle, resta un instant sans bouger.

Elle ne savait plus que penser. Il fallait qu’elle se fie à Jack. Il fallait qu’elle croie qu’il avait une bonne raison de faire cela. Donc, il lui fallait accepter l’idée que leur sacrifice faisait partie de son plan. Elle lui avait juré de lui faire confiance. Quoi qu’il arrive. Même s’il se passait quelque chose qu’elle ne comprenait pas.

- Tuez-la en premier, cracha Jack en la désignant.

Elle contempla les traits furieux et déformés de son amoureux. Pendant une seconde, ils se regardèrent droit dans les yeux, et la haine qu’elle y vit la fit frémir.

C’était une ruse. C’était forcément une ruse. Il mentait. N’est-ce pas ? Elle était au bord de la panique, mais se força à réfléchir. C’était assurément un mensonge, mais pour une raison qui lui échappait, Jack voulait lui faire croire qu’il ne l’aimait pas. Là, elle comprit. Jack savait. Il était au courant pour la bague et le pouvoir qu’elle avait sur lui, un pouvoir alimenté par l’émotion la plus profonde de son âme : son amour pour lui. Donc, il fallait qu’elle trouve le moyen de ne plus l’aimer. Elle n’avait jamais affronté une épreuve aussi difficile, mais elle se força, se persuada de croire au mensonge. Elle y crut de tout son cœur. Jack ne l’aimait pas. Jack ne l’avait jamais aimée. Jack voulait sa mort. Jack…

Et, comme elle le voulait, son amour pour lui chancela un bref instant.

Le charme était rompu, et l’anneau tomba au sol en fumant. La transformation fut instantanée. Jack se volatilisa, et il n’y eut plus qu’Abbadon, l’Ange de la Destruction, relevant sa tête terrifiante, ses ailes noires battant dans le vent.

[…]Theodora, pliée en deux, tentait de reprendre son souffle lorsque Jack posa tendrement la main sur son épaule.

- C’est terminé, dit-il. Nous ne risquons plus rien. Partons.

- Jack…

Elle ne trouvait pas les mots. Même si la bataille était gagnée, elle avait le sentiment de l’avoir trahi. Même si c’était une ruse, même si elle avait dû le faire pour restaurer sa puissance, elle tenait à ce qu’il sache qu’elle n’avait jamais cessé de l’aimer. Pas même en cet instant. Elle avait réussi à berner le maléfice pour rompre le sortilège, mais son cœur était inébranlable.

- Je sais, dit-il tout bas. Et j’espère que tu sais…

- Tu n’as pas besoin de le dire, chuchota-t-elle, les larmes aux yeux à la vue de l’étincelle dans ceux de Jack, qui avaient retrouvé toute leur chaleur.

Ç’avait été terrifiant de croire à sa colère et à son indifférence. Cela avait remué sa crainte la plus profonde : que les sentiments de Jack pour elle soient faux, que leur amour ne soit qu’un rêve. Mais à présent, serrée dans ses bras, elle comprenait que c’étaient ses craintes qui étaient fausses, et leur amour bien réel.

- Désolé de t’avoir fait vivre une chose pareille. Pardonne-moi, dit-il, le nez plongé dans ses cheveux.

La main de Jack tenait sa nuque avec tendresse, mais en y appliquant cette pression possessive qui donnait toujours à Theodora un frisson secret.

Elle secoua la tête. L’épreuve avait été dure, mais ils l’avaient affrontée ensemble. Leurs amis étaient sains et saufs, et leur amour triomphait de tous les maléfices. Désormais, plus rien ne pouvait les retenir.
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Oliver approuva de la tête, quelque peu flatté d’avoir été reconnu. C’était la première fois que cela lui arrivait, mais il faut dire que jusqu’à la semaine précédente, il n’avait jamais été très assidu. La serveuse lui fit glisser un verre du fameux whisky du Holiday. Oliver le descendit cul sec, puis en commanda un autre, et un troisième. Boire du whisky lui rappelait le jour où Theodora lui avait dit que c’était le goût le plus proche de celui du sang. Une saveur de sel et de feu. Il ne pouvait s’empêcher d’entretenir sa tristesse, comme les croûtes qu’il avait dans le cou. Il aimait les gratter jusqu’à les faire saigner, pour pousser la douleur à son maximum. Il aurait vraiment dû cesser de boire du whisky. Cela lui faisait trop penser à elle. Mais d’un autre côté, tout, dans cette fichue ville, lui faisait penser à elle.
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Je sais, répondit-elle en riant. Le gamin avec le faux permis d’Hawaï. Pourquoi toujours Hawaï ? Parce que ces permis sont plus faciles à falsifier ? C’est sans doute ça. Oh, ne prends pas cet air ahuri, je suis au courant depuis des années.– Les flics ne font jamais de descentes ?– Qu’ils essaient ! répliqua-t-elle avec un clin d’œil. Bon, alors. Ça doit faire un an que je ne t’avais pas vu, et soudain tu viens tous les soirs. Qu’est-ce qui t’arrive ?Il secoua la tête.– Où est passée ta copine ? insista-t-elle. Vous veniez toujours ensemble
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Il ne pouvait s’empêcher d’entretenir sa tristesse, comme les croûtes qu’il avait dans le cou. Il aimait les gratter jusqu’à les faire saigner, pour pousser la douleur à son maximum. Il aurait vraiment dû cesser de boire du whisky. Cela lui faisait trop penser à elle. Mais d’un autre côté, tout, dans cette fichue ville, lui faisait penser à elle. Il n’y avait pas d’échappatoire. La nuit, il rêvait d’elle, de leur année vécue ensemble, de leurs nuits passées dos à dos. Il se souvenait de l’odeur de ses cheveux après la douche, du pli de ses yeux quand elle souriait. Le matin, au réveil, il était un vrai zombie, fébrile, dépourvu d’énergie. Elle n’était partie que depuis un mois, et c’était un départ sans retour. Oliver l’avait pratiquement donnée à l’autre – non qu’il lui appartînt de la donner, mais elle ne serait jamais partie sans cela. Il savait jusqu’où pouvait aller la loyauté de Theodora, car elle était aussi profonde que la sienne. Il avait fait ce qu’il fallait – il n’avait aucun doute sur ce point –, mais c’était douloureux quand même. Douloureux parce qu’il savait qu’elle l’aimait ; elle le lui avait dit. Mais ce n’était pas… suffisant, pas comme avec l’autre. Oliver ne voulait pas être un deuxième choix, un lot de consolation ; il ne voulait pas de sa loyauté ni de son amitié. Il voulait son cœur entier, et savoir qu’il ne l’aurait jamais était une croix bien lourde à porter.
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- La défamiliarisation, c’est-à-dire la désactivation des marqueurs de votre vampire d’origine, n’est pas un processus physique, lui expliqua celui-ci. Le poison présent dans votre sang est la manifestation de l’amour que vous éprouvez pour l’être en question. Ce que nous faisons ici, c’est éradiquer cet amour et désavouer son influence sur votre psychisme, ce qui élimine le poison. L’expérience peut être douloureuse, et son issue est imprévisible. Certains familiers se retrouvent si désemparés qu’ils passent très près de la mort. D’autres perdent tout souvenir de leur vampire. Chaque cas est unique, comme l’est chaque relation entre vampire et familier. Pouvez-vous me parler un peu de votre relation ?

- Nous étions amis. Je la connais depuis toujours. J’étais son Intermédiaire. Oliver constata avec soulagement que le médecin ne semblait pas désapprouver cette révélation. Je l’aimais, poursuivit-il. Je l’aime toujours. Pas seulement parce qu’elle est mon vampire … C’est bien davantage que cela.

- Que voulez-vous dire ?

- Je veux dire que je l’aimais déjà avant qu’elle m’ait mordu. Il repensa à la manière dont il avait voulu se convaincre qu’il ne l’avait aimée qu’après sa transformation. C’était faux. Il l’avait aimée toute sa vie. Il ne s’était menti à lui-même que pour se sentir moins mal.

- Je vois. Commençons par le commencement. Vous allez reprendre tous vos souvenirs heureux, un par un, puis les rejeter. Vous allez lâcher prise. Les paroles du psychiatre résonnaient directement dans sa tête. Il comprit que c’était une compulsion. Tu n’es pas lié à elle. Tu ne lui appartiens plus. Tandis que la voix calme du médecin continuait à bourdonner, des images se succédèrent dans l’esprit d’Oliver. Theodora à cinq ans : timide et mutique. Theodora à neuf ans : taquine et enjouée. Theodora à quinze ans : belle et calme. L’hôtel Mercer. Les gestes maladroits. Puis sa chambre d’enfance, où cela s’était finalement produit. Sa senteur douce, son parfum de jasmin et de chèvrefeuille. Ses crocs acérés lui perçant la peau. Oliver sentit que ses joues étaient mouillées. Il pleurait. C’était trop. Theodora occupait chaque recoin de son âme, de son sang ; elle lui était aussi nécessaire que sa propre peau. Il ne pouvait pas lâcher prise. Que se passait-il ? Il n’avait rien à faire là. C’était contraire au Code. Si le Sanctuaire l’apprenait, il serait renvoyé de son poste. Ce serait une humiliation pour sa famille ; leur réputation serait ruinée. Il ne se rappelait même pas pourquoi il était venu. Il commença à paniquer et se mit à chercher une issue, mais la litanie continuait et martelait la compulsion dans sa tête. Tu n’es plus son familier. Tu n’es personne. Non. Non. Ce n’est pas vrai. Oliver se sentait misérable et perdu. Il ne voulait pas lâcher son amour pour Theodora. Même si le chagrin l’empêchait de dormir et de manger. Il voulait s’accrocher à ces souvenirs. Son seizième anniversaire, où Theo avait peint son portrait et lui avait apporté un gâteau décoré de deux cœurs. Non. Il devait retenir tout cela… Il le fallait… Il le fallait… Non… il pouvait lâcher prise. Il pouvait écouter cette voix agréable, apaisante, et lâcher prise. Tout lâcher. Il n’était personne. Il n’était rien. Le cauchemar touchait à sa fin.
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