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Citations sur Le géographe des brindilles (19)

Lorsqu'un éditeur me confia la direction d'une collection sur la nature, mon premier soin fut de rééditer un ouvrage introuvable qui avait fait le bonheur de mon adolescence : Pourquoi les oiseaux chantent, de Jacques Delamain. Soucieux d'ajouter à l'ouvrage un texte inédit ou oublié, je publiais donc à sa suite des extraits du journal tenu par l'auteur pendant la Première Guerre mondiale et notamment les pages consacrées à Verdun.
Lecture surprenante, stupéfiante : au coeur du plus infernal des vacarmes et de la plus affreuse des tueries, au milieu du bruit des obus et de l'éclatement des bombes, l'auteur n'avait qu'un souci en tête : écouter et identifier le chant des oiseaux ! Car les oiseaux, ceux du moins qui se trouvaient survivre, continuaient de chanter imperturbablement entre deux attaques de bombes ! On trouve ainsi dans ce journal des remarques comme celles-ci : "Un obus vient d'éclater à quelques mètres de notre tranchée. La terre et la boue ont à peine fini de retomber qu'une mésange charbonnière entonne un chant d'amour de quelque invisible buisson."
Les amis à qui je montrai le livre à l'époque eurent des réactions inattendues et très significatives. Les uns - un petit nombre - trouvèrent indécent ou au moins déplacé de s'occuper d'oiseaux alors que les hommes mouraient autour de vous comme des mouches. D'autres - plus nombreux - s'émerveillèrent au contraire de cette capacité d'attention à la vie au coeur même de la mort.
J'ai souvent repensé à ce livre et à ses anecdotes sur la guerre et les oiseaux, à l'enseignement implicite, inconscient même, qu'il nous donne : ne jamais abdiquer, surtout quand se déchaînent les haines, les guerres et les horreurs en tous genres, ne jamais abdiquer le goût et le désir du monde, même s'ils s'expriment sous des formes futiles en apparence. Mais les renforcer et prendre appui sur eux au coeur de la tourmente. Au sein de la pire détresse, ne renoncez jamais au chant d'un seul oiseau. Ce serait renoncer à vous-même. Notre monde regorge de technocrates et de politologues. Mais c'est d'ornithologues dont nous avons besoin. Ne peut-on rêver à un monde, une Europe où ils seraient rois ?

Quand les oiseaux chantent, p. 207-208
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Savez-vous que, lorsque les Grecs ont inventé la démocratie, n'ayant pas de mots pour définir ce nouveau type de rapports, ils se sont servis du vocabulaire marin. Gouvernement vient de gouvernail, et "kubernètès" (en grec) désignait à la fois le pilote de navire et le gouverneur de la Cité, celui qui mène à bon port son embarcation, par tous les temps en évitant les écueils.

Turbulences climatiques, p. 188.
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Dès qu'il eût terminé la création des animaux - au soir du cinquième jour - Dieu se tourna vers l'archange Gabriel, son assistant, et demanda :
- Alors où en sommes-nous ?
Gabriel compulsa son computer cosmique, décoda la réponse sur l'écran du ciel et répondit :
- 30 000 espèces de protozoaires
80 000 espèces de mollusques
750 000 espèces de d'arthropodes
70 000 espèces de vertébrés. On continue ?
Dieu eut un geste las :
- Non ça suffit pour aujourd'hui.
Et, l'oeil ému, il contempla les résultats de l'admirable Création : à peine formés, à peine surgis, Cnidaires, Coelenthérés, Chélicérates, Pycnogonides, Myriapodes, Pogonophores, Céphalocordés, sans oublier les Acantocéphales et les Némathelminthes, s'adonnaient déjà aux joies de la lutte pour la vie et s'entre-dévoraient grâce aux maxilles, mandibules, trompes, pédipalpes, tentacules, crochets, becs, tarières, serres et chélicères dont ils étaient pourvus pour broyer, sucer, saisir, serrer, pincer, hacher, trouer, perforer, triturer... Quel merveilleux spectacle !

L'animal-somme, p. 271
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Le désert tremble toujours à l'instant de rencontrer l'aube comme s'il devait, juste avant l'élan du soleil, se délivrer des lourds aveux de la rosée. Et l'horizon frissonne de cette fièvre fraîche, de cette heure égrotante, habitée par l'indécision des buissons. (p.99)
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Le cyprès est une exigence verticale, un théorème végétal. Arbre juste, parce qu'ajusté à la lumière. (p.131)
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Au sein de la pire détresse , ne renoncez pas au chant d'un seul oiseau.
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Souffler est un acte sérieux. Pousser, déplacer, condenser, disperser, rassembler, diriger des milliers de nuages, en foule, en fleuves ou en troupeaux implique chez le vent un désir pastoral, une vocation nomade. (p.63)
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L’arbre est le frère de l’arbre ou son bon voisin.
Le grand se penche sur le petit et lui fournit l’ombre qui lui manque.
Le grand se penche sur le petit et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit.
Aucun arbre ne met la main sur le fruit d’un autre ou ne se moque de lui s’il est stérile.
Aucun arbre, imitant le bûcheron, ne tue un autre arbre.
Devenu barque, l’arbre apprend à nager.
Devenu porte, il protège en permanence les secrets.
Devenu chaise, il n’oublie pas son ciel précédent.
Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron.
Poème de Mahmoud Darwich dans le Géographe des brindilles
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Sur la toile intitulée La Naissance de Vénus peinte par Sandro Boticelli en 1485, on voit un couple vêtu de légers voiles et nanti d’ailes puissantes voler en direction de la déesse, tout juste surgie des flots. De la bouche de l’homme et de celle de la femme sort un souffle ténu suggérant la caresse d’une brise ou l’effleurement d’un zéphyr.
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Nous sommes en présence de cet instant unique et à jamais précieux où l’Amour et la Beauté viennent d’apparaître sur la terre sous les traits d’une déesse nue au sourire sensuel. Et les premiers témoins je dirai même les premiers complices de ce moment de grâce, ce sont les Souffles, ce sont les Vents.
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