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Critique de Lucie_Ash


Je ne connaissais pas du tout Cécile Ladjali avant ce roman, ni vraiment ce type de littérature, je suis donc partie en territoire inconnu. En fait, j'ai légèrement pensé à François-Henri Désérable, qui écrit de l'historique contrairement à Ladjali mais qui est peu accessible pour un public large. Je vous propose de faire cette chronique de manière très scolaire, en parlant d'abord du fond et ensuite de la forme !

L'histoire m'a beaucoup plu. L'autrice met en lumière un protagoniste éminemment androgyne, professeur de littérature comparée qui exerce le premier semestre en Suisse et le second en Iran. A travers son propre regard et celui de certains élèves, proches ou membres de la famille, nous découvrons ce personnage singulier, à la croisée des genres et des cultures. Cécile Ladjali ancre son roman dans une vraie contemporanéité, abordant le sujet des migrants, diablement actuel, et celui de la place de la femme en Iran (ce qui peut bien évidemment s'étendre au-delà des frontières de ce pays), tristement moderne. Ce roman est l'histoire d'une libération progressive du genre et d'une construction identitaire. Les questions soulevées, sur la sexualité et le genre, m'ont interpellée et ont créé autour de moi quelques conversations passionnantes sur l'identité. La condition féminine du Moyen-Orient m'a fait bondir de mon canapé (bon, il fallait s'y attendre, évidemment) et je m'en retrouve encore touchée après la fermeture du livre. J'ai appris beaucoup de choses, et je me suis souvenue de certaines autres qui, parfois, sont bonnes à rappeler : le sort réservé aux homosexuels, la (non) place des femmes dans la société, les diktats imposés aux hommes. Tout cela est amené avec finesse (à part pour quelques scènes qui m'ont un peu choquée, j'avoue) et ce n'est clairement pas un roman que l'on lit pour se détendre, c'est vraiment un roman qui amène des réflexions.

Bénédict, on me l'a conseillé et pourtant j'ai l'impression que ce roman n'a pas fait grand bruit. Probablement parce que ce n'est pas une écriture très accessible. C'est la première chose qui m'a vraiment frappée, et à ce niveau-là on peut se rapprocher d'Hélène Gaudy avec son Plein hiver ; Cécile Ladjali écrit bien, très bien. le style est poétique, parfois assez soutenu, ce qui est à la fois positif (c'est beau, on peut le lire à voix haute et se délecter des jolies phrases) et négatif (ce n'est pas très accessible). Ce qui m'ennuie vraiment avec ce type d'écriture, c'est que je trouve que les personnages y perdent. Ici, Bénédict et les deux étudiants parlent comme personne ne parle ; ils ont de longues phrases ampoulées, un peu ronflantes… Alors oui, Bénédict est professeur de littérature comparée et les étudiants préparent une thèse, mais je ne crois pas avoir déjà entendu quelqu'un parler de cette manière. Peut-être que c'est une question de milieu social, je ne sais pas, en tout cas j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages à cause de cette mise à distance induite par le langage. Même si c'est beau, ok.

C'est compliqué pour moi de parler d'un roman de ce genre, parce que je suis toujours hyper partagée entre l'intérêt que j'ai pour les sujets abordés et la rudesse de l'expression écrite. D'un point de vue professionnel, je ne conseillerais pas ce roman à beaucoup de lecteurs...
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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