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EAN : 9782330098834
272 pages
Actes Sud (03/01/2018)
3.99/5   38 notes
Résumé :
Bénédict, enfant d'une mère iranienne et d'un pasteur suisse, a grandi entre l'Orient et l'Occident, bercé par la poésie soufie et le souffle de l'Apocalypse, debout au milieu des contraires. Plus tard, devenu Maître Laudes pour ses étudiants, professant la littérature comparée à l'université de Lausanne et, un semestre sur deux, à celle de Téhéran, son enseignement singulier et sa mystérieuse personne inspirent passions et sentiments contradictoires à son public. C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Enfant d'un pasteur suisse et d'une mère iranienne, Bénédict Laudes enseigne un semestre sur deux la littérature comparée à la faculté de Lausanne puis en tant que professeur invité à l'université de Téhéran. Vu au travers des yeux de Nadir et Angélique, deux de ses étudiants dont il dirige les travaux de thèse, et de tous ceux qui l'approchent, Bénédict n'en finit pas d'éveiller leur curiosité, leur cédant peu de sa personne. Entre sentiments d'admiration, de jalousie et de méfiance aussi, la personnalité de Maître Laudes (ainsi est-il appelé par ses élèves) ne laisse décidément pas de place à l'indifférence.
À son caractère, il faut ajouter son apparence éminemment androgyne. Bénédict joue sur les apparences et cultive l'ambiguïté jusque devant le regard et la conscience des autres.

Mais, un fait particulier interviendra rapidement dans le cours de son histoire. Alors, qu'il s'apprête à prendre un vol pour Téhéran, le contrôle d'identité à l'embarquement suscite l'étonnement de la douanière en poste. La photo sur le passeport tout d'abord. Puis la mention Sexe: F.
Bénédict est Bénédicte.

Son arrivée à Téhéran ouvre une autre pan de sa personnalité, de son passé. Née en Iran, Bénédicte retrouve un pays où elle a vécu avec ses parents jusqu'à l'âge de treize ans. Dans la capitale comme dans la société iranienne dans son ensemble, règne une vraie fascination pour l'Occident, un intérêt qui ne va cependant pas sans une méfiance, voire un mépris, de ce même monde occidental, jugé dévoyé. Pour y vivre et y enseigner, Bénédicte est obligée de porter le hijab, de se dissimuler, de se conformer aux stricts usages d'une société religieuse et policée, de subir les vexations, les humiliations et la surveillance méfiante des Basidji, ces miliciens volontaires islamiques qui font régner l'ordre et la peur dans tous les pans de la société.

Fidèle à son idéal de libéralité, à l'instruction comme moyen de résistance et d'émancipation, attachée à sa mère qu'elle va retrouver en Iran, Bénédicte est dans son être, dans sa chair, dans son métier d'enseignante comme un trait d'union tracé entre les cultures orientale et occidentale. Un petit trait fragile, qu'un rien peut effacer. Être androgyne, elle est aussi le puissant révélateur dans la société iranienne de tous les rapports entre femmes et hommes.

Roman de l'altérité, roman sur la différence, "Bénédict" de Cécile Ladjali est un livre foisonnant et passionnant. L'androgynie de benédicte, ce caractère qui l'oblige au travestissement de la parole, du geste et du corps se révèle être, entre choix et nécessité, un acte personnel mais aussi politique, un acte ambigu plein de sensualité, de désir mais aussi de violence.
Le rapprochement jamais achevé entre l'Orient et l'Occident, l'éloge du savoir et de sa transmission, ce savoir qui instruit, émancipe ici mais qui est là-bas condamné et interdit, ce rapport de maître à élève, de l'autre à soi, de soi vers l'autre sont les autres thèmes de ce très beau roman.

Il y a dans "Bénédict" de Cécile Ladjali un peu de son histoire personnelle, un passé et un présent rapportés avec ironie, tendresse et lucidité, avec colère et dépit mais aussi avec bienveillance et un incessant espoir dans le pouvoir, dans la rencontre des mots et des cultures.

Au-delà des thèmes de ses romans, j'apprécie dans l'écriture de Cécile Ladjali ce rapport étroit, compulsif, indéfectible qu'elle a avec les mots, le langage, ce rapport enthousiaste et savant qu'elle entretient avec les histoires, les mythes, les références littéraires. Une écriture intuitive, édifiante et généreuse, toute à l'image de son auteure.
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"Cécile Ladjali nous propose un titre en miroir : Bénédict, tcidénéB. le reflet dans le miroir pose la question d'une identité et d'une différence, d'une possible inadéquation entre l'être et sa représentation. Par le dialogue entre soi et l'autre ou l'autre soi-même, il deviendra outil de connaissance. Bénédict est professeur de littérature comparée. Ses amis l'appellent Ben. Il enseigne à l'université de Lausanne en hiver et à l'université de Téhéran au printemps, où il arrive « avec les nuages de huppes dans le ciel ». Parents aimés, une mère iranienne, Afsaneh, et un père pasteur suisse, Philippe.(...)
L'écriture est douce, intense, grave. Cécile Ladjali fouille, cherche l'intime, le secret. Dans ce récit, jour et nuit s'affrontent. C'est dans l'épreuve ultime, celle qui jette au fond du gouffre, que Bénédict pourra revenir vers la lumière, pour que « Chaque chose coïncide ainsi que les contraires. Enfin ! » "
Elisabeth Dong in DM (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/bene..
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Ce merveilleux roman, dédié à Mahnaz Mohammadi, réalisatrice iranienne féministe, fouille avec exigence et poésie la dualité de l'humain : féminin/masculin ; orient/occident. le personnage ne vient pas à bout de sa quête mystique, mais franchit une étape décisive sur la voie de la vérité qui n'est autre que la réconciliation des contraires dans le coeur de chacun.
Ce livre est violent, souvent, mais il s'en dégage une telle volonté d'élévation spirituelle et une telle indulgence, un tel espoir aussi qu'il laisse une trace douce dans l'âme.
C'est aussi très bien écrit, le style est soutenu sans pédanterie.
Et, merveille des merveilles, il y a un dénouement heureux que rien de laissait présager.
L'auteure, Cécile Ladjali, mérite d'être écoutée dans sa voix originale, ferme et douce.
Je ne comprends pas que l'on ne parle pas davantage de cette oeuvre qui surclasse de beaucoup à mes yeux la plupart des romans de rentrées littéraires, y compris de romans primés.
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Quelle audace déjà dans ce titre qui, évidemment, interpelle! Qui est ce Benedict, qui au début du livre nous apparaît comme étrange, ce "Maître Laudes "qui enseigne à l'université de Lausanne , et ne cesse d'intriguer les étudiants qui cherchent à percer le mystère qui l'entoure. Nous le retrouvons ensuite à Téhéran, où vit sa mère. La lecture de cet ouvrage de Cécile Ladjali - dont j'avais beaucoup apprécié " illettré" nous mène à la recherche de l'identité profonde de chacun de nous, et dévoile ce à quoi nous aspirons, la liberté d'être, bien au-delà de l' identité sexuelle que nous impose notre société.
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Je ne connaissais pas du tout Cécile Ladjali avant ce roman, ni vraiment ce type de littérature, je suis donc partie en territoire inconnu. En fait, j'ai légèrement pensé à François-Henri Désérable, qui écrit de l'historique contrairement à Ladjali mais qui est peu accessible pour un public large. Je vous propose de faire cette chronique de manière très scolaire, en parlant d'abord du fond et ensuite de la forme !

L'histoire m'a beaucoup plu. L'autrice met en lumière un protagoniste éminemment androgyne, professeur de littérature comparée qui exerce le premier semestre en Suisse et le second en Iran. A travers son propre regard et celui de certains élèves, proches ou membres de la famille, nous découvrons ce personnage singulier, à la croisée des genres et des cultures. Cécile Ladjali ancre son roman dans une vraie contemporanéité, abordant le sujet des migrants, diablement actuel, et celui de la place de la femme en Iran (ce qui peut bien évidemment s'étendre au-delà des frontières de ce pays), tristement moderne. Ce roman est l'histoire d'une libération progressive du genre et d'une construction identitaire. Les questions soulevées, sur la sexualité et le genre, m'ont interpellée et ont créé autour de moi quelques conversations passionnantes sur l'identité. La condition féminine du Moyen-Orient m'a fait bondir de mon canapé (bon, il fallait s'y attendre, évidemment) et je m'en retrouve encore touchée après la fermeture du livre. J'ai appris beaucoup de choses, et je me suis souvenue de certaines autres qui, parfois, sont bonnes à rappeler : le sort réservé aux homosexuels, la (non) place des femmes dans la société, les diktats imposés aux hommes. Tout cela est amené avec finesse (à part pour quelques scènes qui m'ont un peu choquée, j'avoue) et ce n'est clairement pas un roman que l'on lit pour se détendre, c'est vraiment un roman qui amène des réflexions.

Bénédict, on me l'a conseillé et pourtant j'ai l'impression que ce roman n'a pas fait grand bruit. Probablement parce que ce n'est pas une écriture très accessible. C'est la première chose qui m'a vraiment frappée, et à ce niveau-là on peut se rapprocher d'Hélène Gaudy avec son Plein hiver ; Cécile Ladjali écrit bien, très bien. le style est poétique, parfois assez soutenu, ce qui est à la fois positif (c'est beau, on peut le lire à voix haute et se délecter des jolies phrases) et négatif (ce n'est pas très accessible). Ce qui m'ennuie vraiment avec ce type d'écriture, c'est que je trouve que les personnages y perdent. Ici, Bénédict et les deux étudiants parlent comme personne ne parle ; ils ont de longues phrases ampoulées, un peu ronflantes… Alors oui, Bénédict est professeur de littérature comparée et les étudiants préparent une thèse, mais je ne crois pas avoir déjà entendu quelqu'un parler de cette manière. Peut-être que c'est une question de milieu social, je ne sais pas, en tout cas j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages à cause de cette mise à distance induite par le langage. Même si c'est beau, ok.

C'est compliqué pour moi de parler d'un roman de ce genre, parce que je suis toujours hyper partagée entre l'intérêt que j'ai pour les sujets abordés et la rudesse de l'expression écrite. D'un point de vue professionnel, je ne conseillerais pas ce roman à beaucoup de lecteurs...
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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critiques presse (1)
Actualitte
05 décembre 2018
Prose poétique et engagée, Bénédict est un roman de la réconciliation qui s’attache avec grâce et courage à remettre en cause les fondements de nos sociétés. Un livre délicat qui souffle le changement.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Enfant, Bénédict était étrange. Et c’est son étrangeté qui nous émerveillait, son père et moi. (…) Quand nous regardions Bénédict lire sous les arbres, près du lac, nous songions aux jardins de Nichapour (…) et nous pensions que notre petit amour réalisait la synthèse sublime entre nos deux continents, gommant les frontières, pour ne paraître qu’un seul bloc ardent de tendresse et d’intelligence. Comme un défi lancé au monde.
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Il est des territoires où il vaut mieux vivre que d’autres, comme il est des corps qu’il semble préférable d’habiter. Or, moi, je pense qu’il n’y a ni territoires ni corps mais un monde qui englobe tout. Un genre qui résume les deux autres genres connus. Ce sont nos faibles consciences qui inventent des démarcations, des lignes en pointillé, des barrières, des check-points pour se rassurer.
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Quand il conte une légende dans l’amphithéâtre (…) toujours il est question d’un don de soi. Il devient alors le poème récité, la chair brûlante des mots offerts aux étudiants, car ces mots sont la trace sensible de sa rencontre avec l’autre. Et cette communion, les disciples l’attendent. Ouvrant la bouche, avalant la substance du Maître. Ils le dévorent. Ils s’enivrent de lui.
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Les chansons de Bowie, il les connaît par cœur. Elles vivent en lui et n’ont pas besoin du commentaire contrit des nécrologues. Cette tristesse médiatique, attendue, l’indispose. La voix des hommes ordinaires sonne trop juste. Elle ne dit pas la vérité. Bénédict cherche la dissonance. C’est dans la fausse note, le quart de ton qui fait mouche, que se niche l’évidence. Son évidence. Celle de chaque matin dans le miroir embué. Celle du beau visage émacié aux yeux clairs. Celle du front où est tombée à la naissance une petite tache brune en forme d’étoile. Celle du corps blanc, trop mince, et des cheveux courts, cendrés, dont quelques mèches un peu plus longues effleurent les maxillaires puissants.
I
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La musique est un charme. Un principe dilué, nocturne, insaisissable, sans contour ni consistance. L'énigme de la beauté n'est jamais résolue par la musique, au contraire : elle l'énonce à l'infini.
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