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Critique de chrysalde


Une narration particulière pour ce livre, faite de flash back réguliers, heureusement clairement identifiés.
Le premier chapitre est finalement une sorte d'épilogue, et c'est à partir de cette date Paris, la nuit du 1er au 2 avril 1951 que nous allons effectuer un parcours rétroactif.

Luce Notte, fille de personne, fille née de père inconnu, élevé par le compagnon de sa mère qu'elle affectionne particulièrement, rêve d'écrire une thèse mais de basse extraction, ses chances de devenir docteur ès lettre sont minces. Etudiante enragée, grâce à ses excellentes notes au baccalauréat, elle obtient une bourse et part étudier à Prague. Bien qu'elle soit boursière, elle doit travailler pour réussir à payer ses études. Et c'est ainsi qu'elle débarque comme jeune fille au pair dans la famille de Kafka. Elle se lie d'amitié rapidement avec Franz, jeune homme de son âge et lui aussi plus intéressé par les études littéraires que par un travail de gratte papier dans une compagnie d'assurance.

On retrouve Luce 40 ans plus tard à Paris. Elle a réalisé sa thèse, a ouvert une librairie dans laquelle, un soir, par hasard, elle rencontre Sadegh Hedayat, écrivain iranien, fuyant la censure de son pays.

Voilà grosso modo la trame du roman.

Parce que finalement cette histoire n'est qu'un prétexte pour écrire de merveilleuses pages sur les affres de la création, la douleur des auteurs obligés de travailler le jour pour gagner de quoi vivre, et tenter d'écrire le soir, la nuit, pour se réaliser réellement dans ce qui est leur vraie vie, la littérature.

C'est un roman totalement inclassable, tant l'autrice nous parle avec fougue et justesse de la difficulté d'écrire, de l'incompréhension des proches, de la douleur de la censure, du doute qui assaille les auteurs, qui parfois en viennent à brûler leurs manuscrits persuadés qu'ils ne valent pas la peine d'être lus.
C'est un texte foisonnant, complexe, écrit dans une langue riche. Elle nous fait entrer dans la psyché des auteurs, il m'est arrivé de relire certains passages plusieurs fois pour m'imprégner totalement de leur détresse, j'aurais pu noter des pages entières d'extraits tant j'ai été happée par ses mots.
J'ai repensé à ma découverte l'an dernier d'Antonin Artaud par le biais du livre de Justine Levy, son fils.

J'ai redécouvert la vie de doute et de souffrance de Franz Kafka, j'ai totalement découvert celle de Sadegh Hedayat dont je n'avais jamais entendu parler, inutile de préciser que j'ai maintenant une furieuse envie de le lire.

Je n'avais jamais entendu parler de Cécile Ladjali, je l'ai découverte par l'intermédiaire de l'excellente émission de Cécile Coulon : la source, sur France Inter. Je ne peux que vous recommander de vous intéresser à elle et de la découvrir, sa plume ne vous laissera pas indifférent.
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