Cosplay est étonnant. C'est un jeu, sorte de jeu de rôle fantasy de prime abord semblable, au moins en termes de genre, à un Hunger Games par exemple. Là s'arrête l'analyse pour le non spécialiste tant l'ouvrage est déroutant !
1T est une entreprise bien loin de sa gloire ancienne, en déclin faute d'avoir été audacieusement gouvernée ; elle a perdu en chemin l'imagination, la créativité qui en avaient fait un navire insubmersible, avec elle sa solidité financière. S'infiltrant dans sa faiblesse, Adamas, un sombre homme d'affaire, froid et détesté, craint et admiré pour son talent d'investisseur, fond sur l'entreprise. Pour la démanteler, comme le titrera d'abord La Gazette ? Non, pour contraindre ses employés à jouer au
Cosplay.
Le jeu ne doit pas être "spoilé" pour ne pas trop en dévoiler. Il nous entraîne dans une autre réalité, fantastique, une mythologie moderne dans laquelle chaque colonne évoque un pilier de notre monde contemporain. C'est donc à la faveur d'une réalité alternative que se déploie l'argument, mais l'altérité construite est en réalité double : le jeu agit comme une méga-dimension à une réalité (celle du roman) qui consiste déjà en un avatar futuriste moralisant de notre propre monde. L'univers dans lequel s'installent (longuement d'ailleurs, à un rythme heureusement enlevé) les personnages, est ancré dans une époque post-apocalyptique, avec ses "murs géants", et toutes ces Institutions que l'on nomme avec une Majuscule, comme la Capitale etc... Ressort un peu classique, presqu'éculé, de l'écriture d'anticipation et qui évoque aujourd'hui de trop nombreuses séries télé (on est en plein Dark Angel et Katie Dûma, le personnage central de
Cosplay, serait magnifiquement incarnée par Jessica Alba...).
Cette dualité est un double tranchant, en réalité (tiens, une troisième !) : à nous déconnecter parfaitement de notre réalité en modelant à l'extrême le contexte politique et social, bien qu'en peu de pages finalement pour un si ambitieux projet, l'auteur assure l'efficacité d'une intrigue construite en "page turning". Mais le manque parfois de subtilité attaché à cette destruction-reconstruction peu s'avérer bancal pour qui n'est pas instantanément happé dans cette faille.