— Tar… Tartempion, balbutie le grand costaud, lui tendant une grosse patoche.
— Comment ça, tartempion ? demande Coquard, pressant la main tendue.
Celle-ci lui fait l’effet d’un ballon mou rempli d’eau.
— C’est mon…, prénom…, bégaie l’autre.
Et il retire prestement sa main.
— Désolé, susurre-t-il d’une manière à peine audible. Je ne voulais pas m’imposer.
Et secouant vivement la tête :
— Il ne faut pas faire attention à moi, je n’ai aucune valeur.
Comme Coquard le considère sans comprendre, la grande perche intervient :
— Il souffre de faible estime de soi, dit-elle. C’est une nouvelle maladie, de plus en plus courante, du fait de se sentir inutile. Ma cousine, Corrida, a les mêmes symptômes.
D’un geste, elle désigne la maigrichonne assise près de Coquard, de l’autre côté du siège inoccupé. En entendant son nom, cette dernière détourne rapidement la tête.
— Vous voyez, dit la grande perche, c’est ainsi qu’ils réagissent. Ils ne supportent pas d’attirer l’attention.
— Que vous arrive-t-il, bonnes gens ? Vous discutaillez pour savoir qui est le plus malade ? Au lieu de vous demander si, oui ou non, vous allez répondre à l’appel de Grande Aménité ? Pour moi, il n’y a pas photo, je vais me porter volontaire !
— Pfff ! Tu as tort de prendre l’invitation de la marraine au sérieux, lui répond la baigneuse vert anis.
— Tu n’as donc pas envie d’aider ton peuple ? l’interroge le collier de fleurs.
— On en a le droit. On fait ce qu’on veut ! La marraine a bien précisé qu’il s’agissait de volontariat. Moi, je n’y vais pas.
— Moi non plus, braille une autre baigneuse. Je ne rentre pas dans les combines du Grand Organisateur. Cela fait longtemps qu’il ne parvient plus à améliorer notre condition.