Aucun des protecteurs n’aimait qu’on vante son courage. Peut-être avaient-ils raison : le courage est une décision qui se manifeste face au danger, à un moment précis. Leur courage, lui, se raconte au pluriel ; ce sont des courages, une étendue de courages, de chaque matin et de tous les soirs, deux années durant, à chaque fois qu’ils poussaient la porte de la cachette.
Quand la foi tragique qu’Otto Frank a placée dans son pays d’adoption lui apparaît-elle enfin comme une erreur ?
Les Pays-bas ne se contentent pas d’obéir aux ordres de l’occupant, ils participent activement à la mise en place des mesures antijuives.
Dès le mois de décembre 1940, les nazis excluent les juifs de la fonction publique, leur interdisent l’exercice des professions libérales : il faut « déjudaïser » l’économie.
Les enfants ont tout le temps du monde
C'est tout petit, l'amour, ça rend jaloux et inquiet
S'habitue-t-on à être en danger?
Certaines rencontres commencent au moment où on se quitte, quand le temps presse. Alors les mots battent au cœur de l'essentiel
Le flou est une espèce en voie de disparition dans un monde où règne l’exigence de transparence. On y vante la limpidité , la clarté d’une intervention médiatique. Savoir résumer son propos en quelques mots est un savoir contemporain, un idéal d’agence immobilière.
Plutôt que savoir, il faudrait dire que je connais cette histoire, qui est aussi celle de ma famille. Savoir impliquerait qu’on me l’ait racontée, transmise. Mais une histoire à laquelle il manque des paragraphes entiers ne peut être racontée. Et l’histoire que je connais est un récit troué de silences, dont la troisième génération après la Shoah, la mienne, a hérité.
Je sais l’histoire de ces familles élevées dans l’amour d’une France de fiction, celle d’Hugo, de Jaurès et de la Déclaration des droits de l’homme. Je sais que, loin du havre qu’ils espéraient y trouver, ils y ont été humiliés, pourchassés, déportés.
Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe.
Je suis venue en éprouver l’espace car on ne peut éprouver le temps. On ne peut pas se représenter la lourdeur des heures, l’épaisseur des semaines. Comment imaginer vingt-cinq mois de vie cachés à huit dans ces pièces exiguës ?