Obscuritas

C'est une étrange histoire avec de curieux protagonistes. Il y d'abord Hans Rekke, un professeur en psychologie schizophrène et dépressif, musicien à ses heures, qui donne des leçons d'enquête à la police (!). Il y a aussi Micaela, chilienne, policière au caractère bien trempé, mais aux agissements bizarres, comme dormir chez un suicidaire pour l'empêcher de se suicider(!?). Elle est vite écartée de l'enquête. Il y a son chef Fransson, autoritaire, qui veut toujours avoir raison et écoute bien peu les membres de son équipe. Il y a le divisionnaire Falkegren qui aux dires même de Micaela est un "con", et garde pour lui ce qui est important. On se dit qu'avec une telle équipe de policiers, il y a bien peu de chances de trouver le meurtrier de Jamal Sabir, arbitre de football, dans un quartier défavorisé de Stockholm. Et effectivement au bout de 10 mois l'enquête n'a pas avancé d'un pouce.

Arrivé à cet endroit du roman, le ton change. On part ailleurs, chez les talibans, la CIA, et leurs méthodes… Et pour un homme sensible comme moi, la lecture me met tout d'un coup mal à l'aise, devient même pénible. Je ne dis pas que c'est un mauvais roman, je dis que c'est un roman que je n'aurais pas dû acheter et dont je n'ai pas envie de continuer la lecture. Lecture arrêtée page 124 en édition Harper Collins poche.

C'est le premier roman que je lis de David Lagercrantz. Il s'est fait connaître en écrivant les suites de l'excellentissime trilogie Millenium écrite par le regretté Stieg Larsson, décédé en 2004, celui qui m'a fait découvrir la littérature scandinave. Merci Stieg. Je n'aime pas l'idée que pour des raisons purement commerciales, un éditeur, une famille laissent un autre auteur s'emparer des héros créés par un écrivain talentueux pour leur inventer une suite. J'ai toujours pensé que l'auteur est le seul maître de ses héros et que le revenu de la vente des livres ne doit pas passer avant la morale littéraire. D'ailleurs David Lagercrantz n'a pas rencontré le même succès que son prédécesseur. En particulier, le volume 6 'La fille qui doit mourir' a fait l'objet d'un accueil critique mitigé. “C'est une fin tout à fait acceptable [...], mais maintenant ça suffit”, avait jugé le quotidien suédois Svenska Dagblade. Et il parait qu'un second auteur va reprendre la série et nous sortir un volume 7! Sans moi.